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[OAXACA] Nouvelles du prisonnier anarchiste Miguel Betanzos : 25 jours en grève de la faim

Posted in anti-carcéral, Communiqués, compas anarquistas, Oaxaca, prisonnier-e-s en lutte on 14 octobre 2019 by liberonsles

Lettre depuis la prison de Cuicatlan Oaxaca. Reçue le 11 octobre 2019.

15 jours ouvrables et le juge Modesto Isaías Santiago Martínez n’a pas tenu son engagement.

Le 19 septembre lorsqu’à eu lieu l’audience finale, le Juge du Tribunal Mixte de Huautla de Jiménez, s’est engagé verbalement à se prononcer dans les 15 jours ouvrables à venir or il n’a pas tenu son engagement.

Aujourd’hui 10 octobre, les 15 jours ouvrables que le juge avait pour se prononcer sur ma situation juridique, selon le code pénal de l’État de Oaxaca, se sont écoulés et il n’a pas non plus tenu son engagement.

Aujourd’hui, moi par contre oui, cela fait 4 ans 5 mois et 10 jours que je suis en prison pour un procès fabriqué de toutes pièces, aujourd’hui voilà 22 jours que je n’ai pas ingéré un seul aliment, car je sais pertinemment qu’il n’y a pas le moindre motif pour rester un jour de plus en prison et je proteste avec mon corps, pour exiger de façon déterminée ma liberté en échange de la mise en danger de ma santé.

Aujourd’hui le juge annonce qu’il peut prendre tout le temps qu’il lui plaît pour prononcer la sentence, mais ce temps est mon temps, mon temps volé, mon temps emprisonné, mon temps a des jours ouvrables et des jours non ouvrables, mon temps ne répond pas à leurs codes ou à leurs lois, auxquels pourtant ils prétendent continuer à le soumettre.

En même temps, dans toutes les instances chargées de faire respecter et de permettre l’accès à un « système de justice rapide, objective, rendue de façon impartiale » ils prétendent qu’ils ne sont pas compétents, qu’ils ne peuvent rien faire, qu’il faut prendre patience, alors je réaffirme la chose suivante, votre fonction publique est un simulacre, une farce en votre nom. Il est évident que le pouvoir d’une députée règne sur ces institutions. Avec de telles réponses, le retard et les irrégularités juridiques tout au long de mon enfermement, ils continuent de démontrer que leurs institutions sont seulement au service du caciquisme, de ceux et celles qui nous dépouillent, de ceux qui mentent pour occuper des fonctions publiques, des ambitieux.ses, des corrompu.e.s.

Aujourd’hui, je dois également dire que la raison pour laquelle j’ai rompu la grève du silence que je menais depuis le 12 septembre, a été lorsqu’ils ont décidé de ne pas me présenter à mon audience sous des prétextes grotesques. Je dois dire que je remercie avec toute l’énergie qui me fait résister, tous et toutes celle.s.x qui sont restés attentifs, qui ont fait écho à mon silence et sont parvenus à faire du bruit autour de leurs mensonges. Mais je dois aussi dire, insister même que ni la députée Elisa Zepeda Lagunas ni son père le tortionnaire Manuel Zepeda Cortés, ne peuvent plus continuer à soutenir ni juridiquement ni médiatiquement leurs accusations à mon encontre. Elisa et Manuel, ceux qui me dénoncent dans le dossier 02/2015, on fabriqué les faits de telle sorte que le seul pilier qui leur reste et sur lequel ils peuvent s’appuyer est l’impunité, le trafic d’influences et la manipulation du Pouvoir Judiciaire. De leurs six témoins à charge, un n’a pas reconnu sa déclaration, les déclarations des deux autres ne sont qu’une copie de celle de Manuel Zepeda, deux n’étaient pas sur les lieux (ils ont rapporté ce qu’on leur a raconté) et l’autre témoin dit que les personnes étaient masquées. Il n’y a rien d’autre dans le dossier, ces témoignages contradictoires, vagues et déjà controversés, c’est tout ce que le juge doit prendre en considération, il n’y a rien qui demande un temps indéfini, car malgré l’argument selon lequel il ne peut prononcer ma mise en liberté parce que mon dossier comporte six tomes et s’il y a six tomes c’est qu’ils sont remplis de pages d’arrêts accumulés par les irrégularités et les violations tout au long de la procédure. Le juge le sait parfaitement, car c’est lui-même qui était chargé du Tribunal au début du montage du dossier et c’est lui qui a émis les mandats d’arrêts ; lui en tant que spécialiste des lois sait pertinemment que les témoins à charge n’ont aucune valeur de preuve et que l’argumentaire juridique que nous avons présenté pour ma défense le démontre pleinement. En tant que juge incorruptible il devrait agir de façon impartiale en dictant la sentence de ma mise en liberté immédiate sans délais et sans poursuivre cette farce fabriquée et utilisée par la famille de caciques des Zepeda Lagunas.

Je termine en disant que je poursuis ma grève de la faim pour exiger qu’ils cessent de retarder ma mise en liberté.

Miguel Peralta 

Prisonnier en grève de la faim.

Source : anglais et espagnol  

Traduction Amparo

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, Miguel a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de 20 policiers « ministériels » de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis 2010 par le groupe cacique dirigé par la famille Zepeda et à présent par Elisa Zepeda, l’actuelle députée locale, présidente de la Commission de Justice du Congrès d’Oaxaca du parti au pouvoir de MORENA*.

Miguel est l’un des 7 prisonniers indigènes membres de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, qui se trouvent enfermés dans les différentes geôles de cet état Mexicain. Plus de 23 membres de l’Assemblée d’Eloxochitlán, hommes et femmes, sont sous mandats d’arrêts et ont été criminalisés pour avoir défendu « les us et coutumes communautaires » qui prévoient une autre façon de choisir ses représentants, s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux qui essaient d’imposer à tout prix leur pouvoir afin de mieux contrôler la communauté par la peur et la prison.

Le 26 octobre 2018, Miguel a été condamné à 50 ans de prison.

Le 12 septembre 2019, Miguel aurait dû être présenté devant le Tribunal Mixte de Première Instance de Huautla de Jiménez, Oaxaca, pour une nouvelle comparution définitive, droit qui lui a été encore une fois refusé par la Cour, l’audience a été reportée au 19 septembre 2019.

Note : MORENA (Movimiento de Regeneración Nacional) parti politique de l’actuel Président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador.

Le 19 septembre 2019, Miguel annonçait sa grève de la faim.

Miguel Betanzos condamné à 50 ans de prison. Prise de position

[Oaxaca] Lettre sur la situation que nous vivons mon compagnon Miguel Peralta et moi-même.

Posted in anti-carcéral, événements, Communiqués, compas anarquistas, Des femmes face à la prison on 15 février 2019 by liberonsles

Lettre de Mariana envoyée pour la projection-discussion sur les luttes contre la taule, le samedi 2 Février 2019 à Lyon.

Un salut très chaleureux à toutes celles et à tous ceux qui partagent avec nous ce documentaire que nous avons réussi à réaliser avec l’amour, le soutien et beaucoup de travail solidaire de compas de ces latitudes. Un abrazo à tous ces compas qui résistent en prison et qui aujourd’hui rompent ces barreaux pour partager leurs expériences lors de ces rencontres. Merci pour la force que vous nous donnez.

Je m’appelle Mariana et même si nous ne nous connaissons pas personnellement, une partie de moi-même est déjà parvenue jusque dans vos terres grâce à ce documentaire. À travers ces quelques lignes je veux essayer de partager un peu avec vous la situation que nous vivons mon compagnon Miguel Peralta et moi-même, résultat de quatre années de prison et de procès judiciaires qui nous ont arraché notre liberté. Je pense que le documentaire est un matériel important qui permet d’ouvrir des espaces pour présenter les cas de compagnons qui sont encore en prison, mais également pour mettre en lumière comment cette prison nous submerge et est vécue par des gens comme nous, placé.e.s dans cette situation d’enfermement pour des raisons diverses.

Cela nous permet de rendre visibles les conséquences du système pénitentiaire au Mexique, qui est certainement très semblable partout ailleurs, mais également notre situation spécifique en tant que femmes, que ce soit en tant que mère, détenue/ex-prisonnière, compagne ou fille de prisonnier. J’aimerais donc vous parler d’abord du cas de Miguel, puis un peu plus de l’expérience que j’ai vécue dans cet accompagnement en tant que partenaire.

Il est l’un des sept prisonniers Mazatecas de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón (1), une municipalité située dans la Sierra Mazateca de Oaxaca. Il est accusé, avec 35 autres membres de l’Assemblée, d’homicide aggravé et de tentative d’homicide sur la base d’une accusation fabriquée de toutes pièces, qui s’appuie sur sept témoignages contradictoires et peu crédibles. Le contexte dans lequel ils ont été accusés est le résultat d’un conflit sociopolitique que la communauté d’Eloxochitlán connaît depuis huit ans, pour avoir défendu ses formes d’organisation interne et d’élection des représentants, or un groupe de caciques a tenté d’imposer le système des partis politiques et a pillé nos ressources naturelles. L’Assemblée communautaire s’y est opposée et, de ce fait, le harcèlement, la répression, les déplacements forcés, la confiscation, la violence et la fabrication de crimes contre les personnes qui composent l’assemblée ont augmenté ces dernières années.

Cela a été constant jusqu’au 14 décembre 2014, date à laquelle l’Assemblée Communautaire, en collaboration avec le conseil municipal, a tenté d’organiser une assemblée pour élire un représentant traditionnel de la communauté, qui a été attaqué par le groupe de caciques faisant usage d’armes à feu et blessant 8 personnes, alors que le Conseil municipal arrêtait l’un des agresseurs, Manuel Zepeda Lagunas, fils de Manuel Zepeda Cortés, (l’un des principaux répresseurs). Celui-ci a été remis vivant aux autorités afin de poursuivre l’enquête correspondante. Quelques heures plus tard, ceux qui ont remis Manuel Zepeda Lagunas, y compris la police municipale et le président municipal (autorités élues par l’Assemblée), ont été arrêtés et transférés dans une prison à Oaxaca sans en connaître la raison. À partir de ce moment, des mandats d’arrêt, des déplacements forcés et des violences accrues contre les membres de la communauté ont commencé, accusés de la mort de Manuel Zepeda Lagunas (une mort encore incertaine, puisqu’il a été remis vivant aux autorités de l’état).

Il y a eu jusqu’à 14 détenus, mais il y en reste aujourd’hui 7, les autres ayant réussi à obtenir leur acquittement par différents moyens légaux lorsqu’il a été démontré que l’accusation était fausse et qu’il n’y avait aucune preuve pour les garder en prison. Au contraire, c’est une consigne politique de la part de la famille du cacique qui non seulement a du pouvoir au niveau local, mais qui est parvenu à faire élire la fille de Manuel Zepeda, Elisa Zepeda, la députée locale de MORENA (2), alors qu’elle est l’une des principales responsables de l’accusation portée contre les membres de cette Assemblée.

Miguel a été arrêté le 30 avril 2015 dans le District Fédéral et emmené dans une prison à Oaxaca, où il a été officiellement détenu et un mois plus tard, a été transféré dans un pénitencier qui se trouve à trois heures de sa ville. Il est enfermé pour purger 3 ans et 10 mois dans la prison de Cuicatlán et depuis son arrestation, nous avons dû passer par un processus juridique très compliqué, avec de nombreux obstacles, des audiences annulées parce que les témoins présumés ne se présentaient pas, le refus du tribunal de prendre en compte un certain nombre de documents pourtant conformes… Comme souvent dans ce type de cas, ce sont de nombreuses irrégularités et complications qui en réalité servent seulement à allonger les délais et jouer avec le délai légal pour repousser le procès. Jusqu’à ce que finalement, le 26 octobre 2018, après que Miguel eut entamé une grève de la faim de huit jours, le juge Juan León Montiel, en charge du procès, le condamne à 50 ans de prison et à 152 mille pesos mexicains de réparation (3). Face à cette sentence, sentence aux ordres, car il n’y a aucun élément pour qu’il soit considéré comme responsable des crimes qui lui sont imputés, le groupe d’avocats qui s’occupe de son cas, Los Otros Abogadoz, a fait appel de cette sentence, qui devra être examinée par la Cour supérieure de l’État de Oaxaca. Cet appel est l’action juridique que nous menons actuellement et nous avons également lancé un appel à la solidarité pour continuer à exiger la liberté de Miguel, nous vous invitons donc à lire la déclaration et à vous joindre à cet appel…

Je m’en tiendrai là concernant les motifs pour lesquels Miguel est détenu et je vais maintenant essayer de parler de l’expérience et de ce que l’accompagnement et la prison elle-même ont signifié pour moi. Pour reprendre le titre du documentaire Nos Robaron las Noches (Ils nous ont volé nos nuits), non seulement comme une métaphore, mais comme une petite partie de notre vie qui nous a été arrachée et qui nous a laissé un vide très profond dans notre être et notre faire, parce que ce trou, ce morceau de jour/de nuit, nous le portons en nous constamment, à tout moment, à chaque instant de notre vie quotidienne. Mais ce fossé présente de nombreuses nuances, qui dépendent de comment nous nous y confrontons, de la manière dont nous le comblons et surtout de la manière dont nous y faisons face.

Parce que nous ne sommes pas seulement confrontées aux implications du système carcéral (règles, horaires, humeurs, c’est-à-dire tout ce que les compagnonnes disent dans le documentaire) ; au système judiciaire (l’imposture des juges, du personnel des tribunaux, le retard dans les procès, les maux de ventre à cause de la rage qui nous submerge) ; mais aussi, et c’est ce qui a été pour moi beaucoup plus fort et douloureux, ce sont les critiques, accusations et questions que nous font les familles, les compas et les amis. Chaque jour, tout comme nos compagnons se battent à l’intérieur, nous, nous battons ici, débordant ces murs, nous nous battons aussi pour ne pas tomber, pour affronter nos propres amertumes et pour trouver des moyens d’avancer et de lutter malgré le fait que ton compagnon, ton partenaire, ne soit pas là, dans la rue, à côté de toi.

Il est très difficile d’affronter le fait que ton compagnon soit en prison, qu’il est déjà condamné à 50 ans, que la procédure judiciaire est très pernicieuse, qu’elle t’épuise, te confronte, te divise, parce que tu entres dans un espace-temps (celui dont parle Miguel dans ses écrits), qui est absorbant, qui te pompe et joue comme un yoyo avec les hauts et bas de tes émotions. Cette « Nuit volée » est une ABSENCE PRÉSENTE, c’est un trou profond, c’est une bataille constante qui, tout comme elle nous a été volée, chaque jour, sans cesse nous essayons de la retrouver.

Et dans ce cheminement pour récupérer ce qui nous a été arraché, je réaffirme dans des événements comme celui-ci, où vous partagez une partie de votre temps avec moi quand vous m’écoutez, dans des actions concrètes, vos encouragements, dans une étreinte réconfortante, que le SOUTIEN et la SOLIDARITÉ sont les clés pour résister et pouvoir affronter la prison, l’enfermement ; elles sont les clés qui vous tiennent en vie, déterminées, debout. Car si dans cette lutte les relations, les amitiés, les émotions sont fragmentées, d’autres relations aussi se tissent et se renforcent.

Voilà ce qu’est notre bataille quotidienne, essayer de renverser cette fragmentation, qui tente de nous briser, de nous contrôler, de nous paralyser, et parvenir à réinventer d’autres moyens qui nous permettent de nous lever et de continuer. Parce que oui,c’est un fait, le TEMPS-PRISON a des conséquences sur nous, sur notre santé physique et émotionnelle, dans notre relation avec notre compagnon, dans tous tes liens et dans ta propre intimité en tant que femme, mais aussi dans la solidarité et le soutien qui t’enveloppe, qui t’étreint et t’aide à affronter ces conséquences…

La détention, la prison, les murs, te font vivre une expérience très forte, rien d’agréable, qui te remplit de froideur, de colère, de beaucoup de rage, de tristesse, et qu’il en coûte énormément de l’affronter, car le temps passe et il y a toujours cette incertitude de ce qui va arriver ; mais il y a quelque chose de plus fort que cela, c’est l’espoir de leur arracher notre liberté et de récupérer ce qui nous a été volé, l’espoir que la prochaine fois que tu rentreras entre ces murs pour rendre visite à ton compagnon, ce sera la dernière, la dernière où tu mettras le pied dedans, parce que cette fois-ci, quand tu ressortiras, ton compagnon, Miguel, rentrera avec toi…

Salut et liberté !
À bas les murs de la prison !
Brûlons les murs de la prison !

Mariana
Trois mois après la sentence qui nous a été imposée.

[Oaxaca] Communiqué de femmes d’Eloxochitlán, pour la liberté de tous les comuneros prisonniers.

 

________________________

(1) Eloxochitlán de Flores Magón est le berceau de l’anarchiste mexicain Ricardo Flores Magón. C’est une commune d’environ cinq mille habitants qui se trouve dans la région appelée Cañada, dans l’État d’Oaxaca au Mexique. Comme les deux tiers des communes de l’État d’Oaxaca, elle est régie par le système des « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée est l’organe de prise de décisions s’opposant aux partis politiques. À la différence d’autres communes de l’État d’Oaxaca, à Eloxochitlán, les femmes participent aussi à la prise de décisions.

(2) Le Mouvement de Régénération Nationale (MORENA) est un parti politique mexicain de centre gauche, créé en 2011 à l’initiative d’Andrés Manuel López Obrador, le président du Mexique depuis le 1 er décembre 2018.

(3) L’équivalent de 7000 Euros environ

Traduction :  Amparo, Ju, les trois passants

Nos Robaron las Noches, Mujeres ante la carcel ( Projet )

 

[Mexique] Miguel Betanzos condamné à 50 ans de prison. Prise de position

Posted in Communiqués, compas anarquistas, Oaxaca, prisonnier-e-s de la guerre sociale. on 15 février 2019 by liberonsles

Prise de position de notre compagnon Miguel Peralta
Depuis la prison de Cuicatlán
Janvier 2019

Il y a trois mois, j’ai été condamné à 50 ans de prison par le néfaste juge Juan León Montiel, du Tribunal Mixte de Première Instance de Huautla de Jiménez. La semaine dernière, nous avons appris que l’enquête 08/2019 a d’ores et déjà été ouverte, et qu’elle dépend de la Troisième Salle d’Audience du Tribunal de Justice de l’État de Oaxaca. Mais la salle n’a pas fixé de date pour la célébration de l’audience, qui doit consister en la présentation de la plaidoirie en appel, parce que le dossier pénal 02/2015 a été envoyé incomplet au Tribunal : en effet, il a été « nécessaire » que le juge Juan León fasse part de la condamnation à Elisa Zepeda et à son père Manuel Zepeda, personnages qui tirent les ficelles du système juridique comme s’il s’agissait d’une vile marionnette, pour faire durer notre réclusion.

Je suis pleinement conscient que la prison et l’isolement que nous vivons relèvent des actions, des omissions et des mécanismes juridiques et politiques sciemment mis en place par les représentants de la « justice » grâce aux marionnettes qui œuvrent au sein du Tribunal Supérieur et du Tribunal Mixte, sachant que la consigne et le désir de la Chargée de Commission de Justice du Congrès Local de Oaxaca est de nous maintenir loin de notre communauté. Je parle de la députée locale de Morena, Elisa Zepeda Lagunas, qui ne cesse de mentir aux médias et achète des communiqués de presse à des journaux comme El Imparcial de Oaxaca, Noticias Voz e Imagen de Oaxaca, El Universal, Milenio, et tant d’autres qui, à coup de formules sensationnalistes et sans réelle investigation journalistique de fond, persistent à relayer ce mensonge et à donner crédit à la farce montée par cette soi-disant défenseuse des droits de l’homme, qui en réalité n’a rien fait d’autre que s’enrichir et prendre le pouvoir. On croit peut-être que la classe politique ne se forme que dans des espace sociaux larges comme le sont les métropoles ou les villes, où ses membres peuvent facilement s’éclipser et disparaître, mais il n’en est pas ainsi, dans les petits villages aussi elle prolifère avec les mêmes intentions : s’approprier les territoires en imposant ses gouvernements, toujours contre l’auto-détermination des peuples.

Il est aussi certain que ces tactiques de manipulation farcesques ne se cantonnent pas au niveau municipal et étatique, mais qu’elles innervent toutes les institutions qui fonctionnent hors de la représentativité communautaire. Depuis la scène où il opère par des actes symboliques, par la recréation du passé, l’exagération démagogique et le montage virtuel, le gouvernement entrant tente de donner une bonne image de lui, tandis que, par derrière, il cimente la militarisation du pays et maintient l’armée dans les rues pour remplir des soi-disant tâches de « sécurité ». Les grands projets sont déjà décidés malgré les résultats des études environnementales et l’opposition des communautés, mais on met pourtant en scène des référendums de pacotille qui n’ont d’autre fin que de légitimer les projets en question. Voilà pourquoi le saccage historique des ressources naturelles se poursuivra, tout comme l’appropriation culturelle des connaissances ancestrales, tout comme la production de déchets toxiques qui mettent en péril la vie des peuples et provoquent leur déplacement forcé.

Les traités et les recommandations internationales, ils s’en lavent les mains. Ce qui les intéresse, c’est que le secteur des affaires soit à son aise. La défense de la vie, du territoire, de l’eau, et nos formes d’organisation sont et continueront à être criminalisées par tout gouvernement qui impose ses structures par la violence et l’utilisation du pouvoir judiciaire pour essayer de nous réduire au silence. Ainsi, nous ne voyons aucune transparence dans ce nouveau gouvernement, et encore moins une quelconque volonté de libérer les compagnon.ne.s emprisonnés pour avoir défendu tout cela, comme c’est le cas de ceux et de celle de Tlanixco, qui sont enfermé.e.s dans les prisons d’État depuis plus de dix ans déjà et dont le procès a de nouveau été reporté, ce qui retarde encore leur sortie ; ou bien le cas d’un autre compagnon, Luis Fernando Sotelo, qui s’est aussi vu refuser récemment sa mise en liberté. Comment veulent-ils que nous ne doutions pas du gouvernement et de ses paroles, si leurs actions nous démontrent qu’ils ne cesseront pas de piétiner les peuples, les collectivités et les personnes qui résistent ?

Il ne me semble pas juste qu’ils utilisent notre nom et qu’il leur serve de butin politique, parce que notre réclusion sert à défendre nos territoires, l’organisation communautaire et l’auto-détermination. Nous partageons entre nous tous et toutes, en tant que prisonnier.e.s, la fabrication de délits qui pour la majorité sont structurés de la même manière puisqu’ils ont été inventés par l’État, par des individus puissants et par des entreprises transnationales. Récemment, le gouvernement a mentionné la possibilité d’une libération par loi d’amnistie, ou quelque chose du genre, ce qui n’a pas été légiféré et encore moins adopté, tandis que nous autres nous continuons à affronter les déficiences et les négligences du système juridique. Chaque jour nous livrons bataille contre le système pénitentiaire qui tente de nous déshumaniser, nous réinventons et nous reconstruisons notre identité parce qu’aucun libre développement de notre personnalité n’est permis. Nous nous voyons obligés de consommer les « aliments » qu’ils nous imposent, ils nous forcent à acheter des uniformes que nous abhorrons, nous nous battons contre l’esclavisation du travail, et il existe en somme un nombre incalculable de conséquences à l’isolement et à la limitation de tout ce qui nous plaît. Acheter un morceau d’ananas de contrebande devient un délit simplement parce que ça fermente, la taule nous épuise, mais malgré tout cela, nous respirons, nous imaginons, et nous restons debout. Même si la couleur de la prison nous déprime, nous anesthésie, nous continuons à résister à l’obstacle en partageant des moments avec notre famille, avec nos ami.e.s, avec notre compagnon.ne. Les conflits que la prison provoque en nous, les indifférences et le manque de communication qui rend impossible toute prise de décision concernant notre détention, l’État s’en moque absolument ; ils essayent de nous faire croire qu’ils vont régler nos affaires, que la critique n’est pas nécessaire, et encore moins la mobilisation, car plus isolés nous sommes et moins mobilisés, mieux cela vaut pour eux ; c’est le meilleur moyen de nous diviser et de nous soumettre.

Mais nous ne nous tairons jamais, avec nos mots et nos actions nous persévérerons dans l’effort jusqu’à faire s’effondrer les murs. Nous pensons que la passivité du peuple ne nous mènera nulle part et que la résistance est la proposition. Parce qu’au fond, aucun individu et aucun peuple ne peut être privé de ses moyens de résistance culturelle, sociale, économique et politique. La lutte des peuples n’est pas respectée, la criminalisation de celles et ceux qui luttent continue, ce qui prouve que la volonté réelle d’une « quatrième transformation » dont on a tant entendu parler n’existe pas : le pouvoir n’a fait que changer de mains, de couleur, de personnages, mais ni de forme, ni de fond. Bien que nous ayons face à nous un groupe d’ennemis puissants, par le poste politique et patronal qu’ils occupent, secondé par les institutions d’État, la solidarité et les batailles que nous livrerons seront encore plus fortes, portées jusque dans les rues, elle ne seront pas négociées et nous ne mendieront jamais notre liberté parce que nous avons la force de lutter pour elle, chaque minute de chaque jour et à chaque instant de notre vie, et parce que nous sommes conscients que les délits qui nous tiennent enfermés ont été fabriqués.

Nous continuerons d’exiger et de lutter pour que le processus juridique cesse ses atermoiements, nous continuerons à dénoncer les vices de forme et les croche-pieds que l’on nous fait à chaque pas, nous en appelons à la solidarité pour continuer à agir ensemble dans la lutte anti-carcérale, rien ne nous arrêtera, nous leur arracherons des mains notre liberté !

Miguel Peralta
Depuis la prison de Cuicatlán
Janvier 2019

 

Traduction Louise

 

miguelflomMiguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de 20 policiers « ministériels » de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis 5 ans par Manuel Zepeda Cortéz. Cet ex-président municipal siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée est l’organe de prise de décisions.

[Mexique] Miguel Peralta Betanzos condamné à 50 ans de prison. Déclaration de Miguel en réaction à la décision du tribunal – Depuis la prison de Cuicatlán, Oaxaca

Plus d’infos

[OAXACA] Miguel Peralta Betanzos en grève de la faim

Posted in anti-carcéral, Communiqués, compas anarquistas, Oaxaca, prisonnier-e-s de la guerre sociale. on 6 novembre 2018 by liberonsles

 

Prison de Cuicacatlan Oaxaca

Miguel Peralta Betanzos en grève de la faim depuis le 19 octobre 2018

Grève pour la liberté !

Faim pour la vérité !

J’utilise mon corps comme matériel de guerre

Mes anticorps seront l’arme de cette bataille

La solidarité sera roc et l’eau bouclier du naxinandá*,

sillonneront le temps purifiant les mensonges.

Aujourd’hui je continuerai à résister sans aliments jusqu’à retourner les fausses informations.

Mais la rage et le feu survolant les frontières abriteront mon esprit tout en l’animant

Nous ne céderons pas jusqu’à récupérer la liberté

A bas les murs de toutes les prisons !

Miguel Peralta

__________

*naxinanda : commune mazatèque.

Lundi 22 octobre 2018 15 jours ouvrables se sont écoulés durant lesquels le juge Juan León Montiel s’était engagé à dicter la sentence du jugement de Miguel. IL NE L’A PAS FAIT.

Pendant ce temps, depuis 4 jours que Miguel ne s’aliment plus qu’en ingérant de l’eau, du sérum et du miel.

C’est pourquoi nous lançons un appel afin que vous contactiez le juge de la juridiction mixte du Tribunal de première instance de Huautla de Jiménez pour exiger qu’il cesse de retarder la mise en liberté de Miguel Peralta.

Vous pouvez également contacter le pouvoir judiciaire de l’État de Oaxaca, puisqu’ils ont également au courant de sa grève de la faim et qu’ils n’ont rien fait jusqu’à maintenant pour exiger que le juge Huautla s’acquitte de son travail.

Nous les rendons responsables de ne pas tenir leur promesse mettant ainsi en danger la santé de notre compagnon ; car chaque jour qui passe affecte un peu plus sa santé.

Ils lui ont déjà volé 3 ans et cinq mois, il n’y a aucune raison pour continuer à retarder sa sortie.

Miguel continuera en grève de la faim jusqu’à leur arracher sa liberté.

Sources : Cruz Negra Anarquista de Mexico

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Plus d’infos

 

 (texte)

[Oaxaca] Miguel Betanzos : Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison

[Mexico] Infos sur la bibliothèque Xosé Tarrio et répression contre le collectif CIMARRON

Posted in anti-carcéral, Collectif CIMARRON, Communiqués, compas anarquistas, El Canero, prisonnier-e-s de la guerre sociale., Ville de Mexico on 11 juillet 2018 by liberonsles

Les autorités pénitentiaires saccagent et détruisent la bibliothèque autonome Xosé Tarrio dans la prison nord de Mexico. Répression contre le collectif CIMARRON

Depuis le mois de novembre 2017, Fernando Barcenas (qui est sorti de prison le 11 juin dernier) et d’autres prisonniers du collectif Cimarron* lançaient l’idée de mettre en place une bibliothèque autonome gérée par les prisonniers eux-mêmes à l’intérieur de la prison Nord de Mexico. Après plusieurs mois de travail et de construction à l’intérieur, d’organisation et de soutien de l’extérieur, la bibliothèque « Xosé Tarrío González » ** est inaugurée le 28 avril 2018, non sans difficultés. La bibliothèque grandit peu à peu, elle se dote de 1000 documents et livres environ, jusqu’à ce que, le 5 juillet 2018, les autorités pénitentiaires décident de mettre fin à cette initiative.

« Construire une bibliothèque à l’intérieur de la prison va bien au-delà du fait de créer un simple espace « culturel » ou de « loisirs », cela implique d’assumer le fait qu’il y aura des tensions et des affrontements parce que, pour les sbires de l’administration pénitentiaire, il est inconcevable que les prisonniers soient capables d’autodétermination. » [Écrivait Fer Barcenas au mois de février 2018, depuis la prison Nord]

Communiqué envoyé par la Croix Noire Anarchiste de Mexico, 6 juillet 2018 :

Jeudi 5 juillet 2018, les compagnons incarcérés dans la prison nord, qui font partie du projet collectif CIMARRON ayant mis en place une bibliothèque alternative [à l’intérieur de la prison] nous ont informé que cette dernière avait été attaquée par les gardiens sous les ordres des commandant Hormigo (chargé de la sous-direction de la sécurité ) et Campos. Ces derniers ont obligé, mardi dernier, les compagnons à se couper les cheveux, en les menaçant d’être punis et envoyés dans le module de sécurité maximale de cette prison. Face à cette menace, les compagnons ont accepté de se couper les cheveux. Cependant, ils ont porté plainte contre les méthodes autoritaires du personnel de sécurité.

C’est pour cette raison que les commandants les ont convoqués à la direction pour renouveler leurs menaces. Cette fois-ci, ils ont dit que s’ils ne retiraient pas leur plainte, ils seraient transférés au module de sécurité maximale. Suite à tout cela, des fouilles violentes des cellules des compagnons ont été effectuées par les gardiens. Cela s’est fini par le saccage et la destruction de la bibliothèque alternative Xosé Tarrío González et le transfert du compagnon Gerardo Ramírez Valenzuela au dortoir de punition numéro 1 sous des prétextes absurdes.

Il faut rappeler que ce harcèlement dure depuis des mois. En effet, les autorités voient cette bibliothèque comme un danger pour leurs intérêts économiques.

Nous dénonçons l’attaque d’un espace culturel où les prisonniers peuvent s’exprimer librement. Nous mettons en question la duplicité morale et l’hypocrisie de l’administration pénitentiaire.

En effet, d’un côté, elle attaque des espaces culturels et artistiques, criminalise ceux qui refusent de se soumettre docilement à sa politique d’extermination et de mort, tout en autorisant et protégeant des entreprises criminelles auxquelles ces hauts fonctionnaires appartiennent.

Suite à ces faits, nous rendons responsables le directeur de la prison Enrique Serrano Flores, ainsi que Mónica Mandujano Rosillo la responsable de l’auditorium (où se trouve la bibliothèque) et les commandants Hormigo et Campos, des dégâts causés à la bibliothèque et à l’intégrité physique des compagnons du collectif Cimarron: Luis Lázaro Urgell, Alejandro N, Gerardo Ramírez Valenzuela. Nous exigeons que soit levée la punition de Gerardo et qu’il soit ramené à son dortoir.

Proyecto ambulante, Cruz Negra Anarquista Mexico

Notes :

*Le collectif CIMARRON est formé par plusieurs prisonniers en résistance de la ville de Mexico dont : Fernando Barcenas Castillo [qui est sorti de prison le 11 juin 2018], Gerardo Ramirez Valenzuela, Luis Lazaro Urgell et Alejandro N. Il s’agit d’un petit groupe de personnes qui ont décidé eux-mêmes d’appeler « cimarrón » «  cimarrón pouvant être tout animal domestiqué qui échappe à ses maîtres et redevient sauvage. Ce collectif a entamé un vaste travail de re-signification et de ré-appropriation de la vie à partir de la résistance culturelle, ignorant les espaces institutionnels pour mettre concrètement en place des ateliers, des discussions, une bibliothèque alternative, pour construire de la sorte une vie communautaire en marge du temps et des restrictions de la prison. En effet, la majorité de ceux d’entre nous considérés comme des « criminels » nous avons démontré que nous sommes capables d’assurer la subsistance avec intelligence, instinct et force physique en les combinant parfaitement entre eux, c’est ce qui fait de nous un ennemi en puissance à écarter par ceux qui nous dominent. C’est d’ailleurs pour ce motif qu’ils nous enferment dans des cages et qu’ils nous combattent de façon si brutale… Nombreux sont les « criminels » qui ne sont pas conscients de cela, mais d’autres comme nous l’ont perçu et sont prêts à livrer bataille contre le monstre carcéral et contre tout forme de domination… »

**Xosé Tarrío González est né en 1968 à la Coruña. A onze ans il est enfermé dans un internat, puis en maison de redressement pour se retrouver à 17 ans en prison où il contracte le SIDA. En prison, il met en œuvre l’anarchisme et la rébellion, menant de nombreuses tentatives d’évasions, pratiquant la solidarité réelle entre les prisonniers, luttant résolument contre la prison et les gardiens de prisons ; toutes ces attitudes entraînent humiliations, mises à l’isolement et il est de nombreuses fois torturé. En 2004, son état de santé se dégrade une nouvelle fois à cause de la maladie et finalement, le 2 janvier 2005 il meurt victime de l’institution carcérale et de la société qui la soutient. Xosé était un prisonnier du régime spécial FIES (Fichier Interne de Suivi Spécial) et auteur du livre « Huye, hombre, huye ».

Traduit par nos soins / correction Louise

[Mexico] Journal indépendant de combat : El Canero, numéro 5

[Oaxaca] Miguel Peralta : Déclaration solidaire avec les prisonnie·eres anarchistes de longue peine.

Posted in anti-carcéral, Communiqués, compas anarquistas, prisonnier-e-s en lutte on 2 juillet 2018 by liberonsles

11 juin 2018 : Journée internationale de solidarité avec tout·es les prisonnie·eres anarchistes de longue peine.

Déclaration solidaire de Miguel Peralta Betanzos (Prisonnier de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, Mexique)

Traduction de l’Audio de Miguel en espagnol

Salutations à tous les compas qui permettent de transmettre ces paroles sincères.

Il n’est en rien facile de faire mention de ces deux grands mots, LONGUE PEINE, quand d’avance nous savons que leurs systèmes de justice et pénitentiaire ne servent à rien ; le système judiciaire et les personnes néfastes qui dissimulent leur visage derrière la balance, avides de chair à enfermer, tergiversent et fabriquent des expédients poussiéreux pour la justice en se basant à chaque fois sur des critères personnels, moraux et sur commande, pour condamner les compas qui sont en lutte contre l’ordre établi.

De la même manière, il est très compliqué d’assimiler le temps quand on se trouve à l’isolement, et nous ne pouvons pas seulement nous arrêter de vivre en regardant comment passent les jours, les mois, les années du calendrier, et supporter l’humiliation, combattre les peurs générées par la prison, les maladies que nous contractons au fil des jours, et rechercher des alternatives, improviser la résistance pour ne pas se retrouver « la botte sur le cou » tous les jours, tout ceci est, pareillement, une tâche difficile.

La réponse à ce qui nous est imposé pourrait être une résistance accrue, une longue lutte, bien que parfois nous n’ayons plus de forces. Je crois que notre esprit résistera et se maintiendra battant, comme battent nos cœurs enragés, désireux de marcher, libres ! Un jour nous réussirons à leur arracher les nuits et les jours qu’ils nous ont  volés, compañer@s.

Les prisonniers dans la rue !
À bas les murs de toutes les prisons !

San Juan Bautista Cuicatlan, Oaxaca

 

Traduit par Ju

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Plus d’infos

 

Dernière lettre (texte)

[Oaxaca] Miguel Betanzos : Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison

 

 

[Oaxaca] Communiqué de femmes d’Eloxochitlán, pour la liberté de tous les comuneros prisonniers.

Posted in Communiqués, Des femmes face à la prison, Oaxaca on 2 juillet 2018 by liberonsles

Communiqué de femmes d’Eloxochitlán.
Pour la liberté de tous les comuneros prisonniers.
16 mai 2018.

Nous, femmes indigènes mazatèques, filles, sœurs, mères et compagnes des 7 de l’Assemblée Communautaire de Eloxochitlán de Flores Magón*, prisonniers et poursuivis depuis le 14 décembre 2014, levons de nouveau la voix aujourd’hui pour dénoncer : pendant 3 ans et 5 mois, nous avons subi un climat de harcèlement et de persécution mis en œuvre par la famille Zepeda Lagunas, dont les membres se sont approprié un certain nombre de postes municipaux (s’imposant en faisant fi de notre système d’organisation), et usé des moyens de communication de masse, ainsi que de leurs relations politiques et de leur richesse économique pour tenter d’effacer, par tous les moyens possibles, la mémoire de ce qui se passe et de ce qui s’est réellement passé dans notre village.

Nous et nos compagnons prisonniers et poursuivis en justice vivons depuis plus de 3 ans et 5 mois déjà l’injustice de l’enfermement et l’usure émotionnelle et physique qu’elle suppose. Nos familles en pâtissent depuis que l’on nous a privés de la tranquillité de pouvoir marcher librement dans notre communauté. Nous, en tant que femmes indigènes, avons dû faire face aux rudoiements, aux attitudes désagréables et aux grossièretés des membres de ce tribunal, le Tribunal Mixte de Première Instance du District de Huautla de Jiménez. Nous, en tant que femmes indigènes de N´guixo, avons eu affaire au népotisme et à la corruption de ceux qui se présentent comme les représentants de la Justice. Cela fait maintenant 3 ans et 5 mois que nous exigeons la liberté de nos compagnons. On a cherché à nous écraser en faisant circuler de fausses rumeurs par-delà nos montagnes. Pourtant, vous, membres du Tribunal, n’ignorez pas que dans le dossier qui a été monté de toutes pièces ne figure pas une seule preuve qui justifie de garder nos compagnons en détention ni de maintenir les poursuites contre eux.

Si bien qu’au jour d’aujourd’hui, il existe plus de 5 résolutions qui jouent comme protection juridique, des procédures d’appel, et même une sentence qui a acté la remise en liberté de 7 de nos compagnons. Cessez de relayer les mensonges d’une famille qui n’a d’autre intention que celle de s’approprier notre naxinanda** et nos ressources naturelles. Cessez de faire tremper les mains de la Justice dans le jeu de la corruption et cessez de vous moquer de nous plus longtemps, cessez de retarder la liberté de nos pères, de nos fils, de nos frères et de nos compagnons.

En tant que femmes indigènes de N´guixo, nous exigeons de nouveau de vous que vous cessiez de couvrir la famille Zepeda Lagunas, que vous cessiez de servir les caciques qui se sont approprié notre communauté grâce à des discours trompeurs. Nous exigeons de vous la libération de nos compagnons, car vous savez pertinemment que dans aucun des six tomes du dossier 02/2015 ne figure la moindre raison valable pour faire durer ce mensonge plus longtemps.

C’est au nom de cette douleur et de cette rage que nous portons en nous, qu’aujourd’hui nous disons : cette plaisanterie a assez duré, ¡basta ! Aujourd’hui, mercredi 16 mai 2018, nous sommes là, en grève de la faim en solidarité avec nos compagnons prisonniers et pour exiger leur libération. Notre présence au tribunal est notre manière d’exhiber ses mensonges, et de dénoncer que le procès mené à bien jusqu’ici viole les promesses du tribunal et dément celle d’une justice soi-disant rapide et efficace. Jusqu’à aujourd’hui, ce tribunal a retardé de bien des manières la libération de nos compagnons, mais aujourd’hui nous l’affirmons : nous ne le permettrons plus. Notre voix doit être entendue et nous lutterons jusqu’à ce qu’elle le soit. Nous ne laisserons pas les mensonges continuer de grever nos vies.

Les femmes, les filles, les mères les sœurs, les compagnes d’Herminio, Alfredo, Jaime, Omar, Fernando, Isaías, Miguel et les 16 poursuivis en justice.

__________________

*Eloxochitlán de Flores Magón est le berceau de l’anarchiste mexicain Ricardo Flores Magón. C’est une commune d’environ cinq mille habitants qui se trouve dans la région appelée Cañada, dans l’État d’Oaxaca. Comme les deux tiers des communes de l’État d’Oaxaca, elle est régie par le système des us et coutumes ou système normatif des communautés indigènes. À la différence d’autres communes de l’État d’Oaxaca, à Eloxochitlán, les femmes participent aussi à la prise de décisions.

** naxinanda : commune mazatèque.

Traduction Louise

Source (espagnol) Cruz Negra Anarquista de Mexico

[Oaxaca] La lutte pour l’autonomie à Eloxochitlán de Flores Magón (deuxième partie)

[Depuis la prison Sud- Mexico] Lettre de Luis Fernando Sotelo

Posted in anti-carcéral, Archives, Communiqués, Fanzines, prisonnier-e-s de la guerre sociale., prisonnier-e-s en lutte, Ville de Mexico on 20 décembre 2017 by liberonsles

Lettre de Luis Fernando Sotelo
Envoyé par la Croix noire anarchiste de México
11 décembre 2017

Depuis la prison Sud du DF

À ceux et celles qui résistent aux stratégies et aux dispositifs du pouvoir capitaliste.

Aux compagnonnes du monde qui se rebellent et refusent d’accepter les formes de domination.

M’appuyant sur la réciprocité qui, je crois, est à la base de la solidarité véritablement révolutionnaire, je veux partager un chapitre de ma vie et y ajouter une réflexion, bien qu’étant toujours derrière les grilles de la prison, ici face aux bureaux de l’appareil judiciaire, bras de l’État, où la défense de la liberté pour la justice n’est de fait qu’un commerce de valeurs économiques.

Je vais donc vous raconter : aux environs de midi, sans surprise, j’entends le coursier « estafeta » (individu, lui aussi détenu, chargé de présenter les tickets de circulation interne, qui permettent de se rendre aux tribunaux).

Il se met à crier mon nom, je sais alors que je vais recevoir des nouvelles de la quatrième chambre du tribunal pénal et que celle-ci a déjà émis une nouvelle sentence. La notification m’est donnée à travers les grilles du tribunal n° 32. La personne qui me lit le verdict est, je suppose puisqu’il ne s’est pas identifié, secrétaire. Je n’ai vu que lui.

La sentence a été modifiée : la condamnation pour atteinte à la propriété a été supprimée, la seule de toutes ces forces juridiques du cirque de privilégiés patronaux. Cela ne m’enlève donc approximativement que neuf années, en insistant sur le fait que l’on me demande une somme supérieure à huit millions de pesos mexicains pour sortir dès aujourd’hui, si tel est « mon désir », et effectuer le reste de la peine, vingt mois, en conditionnelle.

En somme, on me condamne disant que je suis « pénalement coupable des délits de troubles à l’ordre public et d’attaques aggravées aux voies de communication », et l’on m’« impose une peine de 4 ans 8 mois et 7 jours de prison avec une amende de 71 865,72 pesos mexicains (3,151 euros environ)  ». Je suis condamné au paiement pour réparations de dommages matériels et l’on me « concède la peine substitutive à la détention par le Traitement en Liberté » ; en résumé, le bénéfice de la suspension conditionnelle de la peine est lié à la réparation préalable des dommages (qui est de huit millions de pesos mexicains si je comprends bien) ainsi qu’une caution de 20,000 pesos. (1000 euros environ). Lire la suite

[Prison Nord – Mexico] Une bibliothèque autonome

Posted in anti-carcéral, Archives, Communiqués, compas anarquistas, prisonnier-e-s de la guerre sociale., Ville de Mexico on 30 novembre 2017 by liberonsles

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[Mexico] Lettre du compagnon Fernando Bárcenas, 02/08/2017

Posted in anti-carcéral, Communiqués, compas anarquistas, prisonnier-e-s de la guerre sociale., Ville de Mexico on 7 août 2017 by liberonsles

« Ce qui fait la force d’un·e prisonnier·e en guerre, c’est la conscience qu’il/elle a de se savoir faire partie de la révolte ».

Chers compagnons :

Même avec les derniers événements éprouvants, et l’inquiétude et le désespoir, je suis aujourd’hui content d’entendre les cris de guerre qui résonnent contre les murs de pierre.

Un·e prisonnier·e en guerre ne peut être consideré·e comme un étendard et, pour cette raison, en dépit de la force de ma volonté individuelle, je dois accepter que j’ai besoin de vous pour sortir de cette routine asphyxiante.

Ce qui fait la force d’un·e prisonnier·e qui demeure en état de guerre à l’intérieur de la prison provient principalement du fait de se sentir faire partie d’une extension permanente de la révolte, et je dois admettre que, toutes ces années, je n’ai rien ressenti de plus que de l’apathie, produit peut-être de la fatigue et de l’impuissance de savoir que nous sommes moins nombreux·ses celles et ceux qui, en réalité, cherchent quelque chose de meilleur.

Il n’y a pas de mal à avoir peur, mais il faut admettre qu’il n’existe presque pas de communication. Nous ne devons pas nous désolidariser, il est triste de se souvenir d’une compagnonne seulement au moment où elle est en danger, ou quand la situation se complique.

Ceci est un bref message qui a pour seule intention d’inciter à la réflexion sur ce que nous considérons comme « accompagnement » ou « lutter contre la prison ».

Même avec tout cela, il faut continuer, toujours, à être fort·e·s dans le combat pour récupérer nos vies et amplifier toutes les contradictions qui nous font coïncider dans cette guerre ouvertement déclarée à la société et aux personnes qui ne correspondent pas à la forme de vie qu’ils essayent de nous imposer.

J’en profite aussi pour vous informer que la date de l’audience sera le prochain 10 août à 10h du matin dans la première salle pénale. Je vous remercie pour vos marques de solidarité et fais un appel à continuer de faire pression sur cette instance, car il est important de ne pas laisser de coté les alternatives pour sortir de ce lieu.

Avec beaucoup d’amour et de force
Votre compagnon
Fernando Bárcenas.

 

Communiqué reçu par la CNA Mexico le 02/08/2017 

Traduction Juliette et Amparo

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Chronologie – Correspondance (lettres + infos) juin-août 2017 :

♦ Le compagnon Fernando Bárcenas sort du quartier d’isolement.(25 juillet 2017)

Depuis la prison nord, lettre de Fernando Bárcenas (20 juillet 2017)

Mise à jour de la situation de Fernando Bárcenas par la Croix Noire Anarchiste Mexico (19 juillet 2017)

Depuis la prison nord : Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas + infos (16 juillet 2017)

Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas : Situation actuelle (4 juin 2017)

♦ Plus d’infos sur Fer Barcenas