[Mexique] Luis Fernando Sotelo sort de prison !
Fernando Sotelo est sorti de prison le 12 juilliet 2019.

Apres 4 ans, 8 mois et 7 jours, Luis Fernando Sotelo Zambrano est sorti de la prison sud de la ville de Mexico le 12 juillet 2019. Arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus, il avait été accusé d’attaques à la paix publique et d’attaques aux voies de communication et condamné à 33 ans de prison, suite à plusieurs appels Fer a été re-condamné à 13 ans de prison et à une amende de 26 000€ puis sa peine a baissé à 4 ans, peine qu’il a purgée jusqu’au 12 juillet 2019, jour de sa sortie de prison.
Luis Fernando n’a jamais bénéficié de la fameuse amnistie promulguée par l’actuel gouvernement de gauche, Fer Sotelo écrivait alors [le 5 novembre 2016] un long texte sur sa position à ce sujet, texte que nous transcrivons ici :
[Mexico] Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir » : Lettre de Luis Fernando Sotelo
Depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico
Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?

Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir »
Lettre de Luis Fernando Sotelo
Il est de mon devoir de défendre la position que j’ai prise pour résister, que vous le vouliez ou non. Je sais que cela peut paraître difficile, mais je vois que ça l’est uniquement parce que vous ne pouvez négocier mes décisions, ni mes actions.
Alors, que veulent de moi ou de mes proches les gens des partis politiques ? Simplement parce qu’ils ont réussi à obtenir une photo qui virtuellement me rapproche de leur position.
Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?
Auparavant, j’ai essayé d’être critique, maintenant je veux être direct : je ne veux pas que quiconque, membres de partis politiques ou non, mette la pression ou sollicite la promulgation d’une loi d’amnistie ou de « pardon » pour me libérer. Si vous continuez à le faire, n’espérez de moi que mon désaccord. Et si vous l’obtenez, c’est-à-dire, si réellement il est possible qu’à travers la séparation des pouvoirs – législatif, exécutif, fédéral – on me libère : sachez qu’ils m’auront donné raison de dire que pour la totalité des organismes instances gouvernementales, une solution réelle et transformatrice ne présente aucun intérêt.
Pourquoi ? puisqu’ils savent dans quel état, ou plutôt, dans quelle situation se trouve la structure de l’État ? On favorise l’instauration de politiques policières, il y a autour de celles-ci des courants de « néo-fascisme » et de « néo-conservatisme ». Et tous veulent oublier comment cela a commencé ? C’est-à-dire qu’ils veulent oublier que déléguer à un juge la vie (ou des vies) est la première erreur ? Oublier que déléguer c’est aliéner ? et plus… Ils veulent encore plus de délégation de responsabilités ?… Plus d’autels pour la politique d’en haut ? Cette politique qui normalise ma séquestration ?
Cela a déjà été dit et je l’assume : si je voulais m’asseoir pour parler ( ou si quelqu’un le faisait à ma place…) je le ferais par mes propres moyens. Mais en attendant, la position merdique de parler à ma place, me « représente » déjà comme une image du désespoir.
C’est pourri de dire que la seule chose que je veuille soit sortir de prison. J’ai confiance en la défense juridique ( qui est menée par de vrais compagnons ), j’ai complètement confiance dans la stratégie qui consiste à épuiser toutes les voies [juridiques] possibles. C’est pour cela que je ne vais pas favoriser la paresse de véritables parasites sociaux, qu’ils soient députés ou ministres. Si leur « travail » est de me libérer, qu’ils arrêtent d’empêcher ma libération. Que les premiers cessent de chercher ma famille et mes compagnon-ne-s ? Et les seconds, qu’ils n’essaient pas de nous tromper : nous savons qui tire les ficelles de la répression, nous savons que si la volonté de me libérer existe, elle se concrétisera par la pression des personnes solidaires, de compagnons réels, et cette volonté sera due à l’existence de ces personnes et parce que la vérité et la raison seront de mon côté.
Assez de spéculation sur la « cause » des prisonniers !
Je ne vais pas me prêter au jeu de la mode ou de la conjoncture. Personne, membre d’un parti ou d’un gouvernement ne se préoccupe de moi. La preuve en est que cela fait 2 ans que je suis en prison accusé, et maintenant même plus cela, de quelque chose que je n’ai pas fait, parce que je suis considéré comme un ennemi de l’ordre répressif, parce que je suis de trop à cause de mes idées dans un monde pratique gouverné par la finance, parce que je n’ai pas honte mais que j’ai beaucoup de dignité. Arrêtez d’utiliser mon image pour vos « télé-novela » du système. Et si je ne me suis pas vendu, si je ne me suis rendu, si je n’ai pas renoncé, c’est parce que je ne suis pas comme vous. Je ne veux pas que vous vous battiez pour moi, je sais très bien que vous vous battez contre moi – parce que vous savez que je ne suis pas de votre famille.
Arrêtez de chercher ma famille et arrêtez de vous prononcer pour une sortie politique de la prison, faible ou feinte. Comprenez que votre conception du droit n’envie en rien la conception qu’en a , n’importe quel policier, dont le travail est de frapper le faible ou celui qui est différent… Vous êtes les complices et les co-auteurs de cette expérimentation de vie sociale.
C’est pour cela que je déclare :
Alejandro Lugo, Rosa Isela Martínez, Luna Flores et Francisco Estrada NE SONT PAS mes compagnons. Ils mettent la pression, proposent et appuient l’élaboration d’une loi d’amnistie en faisant semblant de se préoccuper pour ma libération. Et, concernant la campagne pour ma libération, ils ne font que mentir et harceler ma famille et mes compagnon-ne-s pour qu’ils assistent à des réunions qui n’ont aucun sens (meeting « pro-amnistie », interview, etc.) malgré le fait que j’ai clairement donné mon point de vue sur l’amnistie.
Rosa Isela a submergé d’appels téléphonique une compagnonne de la campagne [Ndt : pour la libération de Fernando Sotelo]. Elle voulait qu’elle participe avec ma mère à une réunion, à base de mensonges, disant à ma mère que le collectif de la campagne pour ma libération était au courant de la dite réunion et mentant à la compagnonne en lui disant que ma mère était déjà présente à la réunion.
Luna Flores : Tu te vantes de dire que tu me rends visite pour gagner des « like » ou des amis ?
Alejandro Lugo et Francisco Estrada, arrêtez de supplanter ma parole… ou au moins, Avez-vous lu ma dernière lettre où je parle de votre foutue amnistie ?
Mort à leur système d’oppression !
5 Novembre 2016
Luis Fernando Sotelo Zambrano
Fuente : Fer Sotelo: A los borrachos de poder, pero más a los “picados por ese poder”
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Lettre de Luis Fernando Sotelo, depuis la prison sud
Luis Fernando Sotelo, âgé de 26 ans, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après plus de deux ans de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné à 13 ans de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€) après plusieurs appels, sa peine a baissé à 4 ans, Fer devrait sortir dans 6 mois environ (mise à jour, janvier 2019).
[Depuis la prison Sud- Mexico] Lettre de Luis Fernando
Lettre de Luis Fernando Sotelo
Envoyé par la Croix noire anarchiste de México
11 décembre 2017
Depuis la prison Sud du DF
À ceux et celles qui résistent aux stratégies et aux dispositifs du pouvoir capitaliste.
Aux compagnonnes du monde qui se rebellent et refusent d’accepter les formes de domination.
M’appuyant sur la réciprocité qui, je crois, est à la base de la solidarité véritablement révolutionnaire, je veux partager un chapitre de ma vie et y ajouter une réflexion, bien qu’étant toujours derrière les grilles de la prison, ici face aux bureaux de l’appareil judiciaire, bras de l’État, où la défense de la liberté pour la justice n’est de fait qu’un commerce de valeurs économiques.
Je vais donc vous raconter : aux environs de midi, sans surprise, j’entends le coursier « estafeta » (individu, lui aussi détenu, chargé de présenter les tickets de circulation interne, qui permettent de se rendre aux tribunaux).
Il se met à crier mon nom, je sais alors que je vais recevoir des nouvelles de la quatrième chambre du tribunal pénal et que celle-ci a déjà émis une nouvelle sentence. La notification m’est donnée à travers les grilles du tribunal n° 32. La personne qui me lit le verdict est, je suppose puisqu’il ne s’est pas identifié, secrétaire. Je n’ai vu que lui.
La sentence a été modifiée : la condamnation pour atteinte à la propriété a été supprimée, la seule de toutes ces forces juridiques du cirque de privilégiés patronaux. Cela ne m’enlève donc approximativement que neuf années, en insistant sur le fait que l’on me demande une somme supérieure à huit millions de pesos mexicains pour sortir dès aujourd’hui, si tel est « mon désir », et effectuer le reste de la peine, vingt mois, en conditionnelle.
En somme, on me condamne disant que je suis « pénalement coupable des délits de troubles à l’ordre public et d’attaques aggravées aux voies de communication », et l’on m’« impose une peine de 4 ans 8 mois et 7 jours de prison avec une amende de 71 865,72 pesos mexicains (3,151 euros environ) ». Je suis condamné au paiement pour réparations de dommages matériels et l’on me « concède la peine substitutive à la détention par le Traitement en Liberté » ; en résumé, le bénéfice de la suspension conditionnelle de la peine est lié à la réparation préalable des dommages (qui est de huit millions de pesos mexicains si je comprends bien) ainsi qu’une caution de 20,000 pesos. (1000 euros environ).
Pourquoi, si la peine de prison est passée de 13 ans 15 jours à 4 ans 8 mois et 7 jours (c’est-à-dire qu’elle a diminué de 8 ans 4 mois et 8 jours), la réparation des dommages est-elle aussi ridiculement excessive ?
Il s’agit du langage technique (ou non) de la logique dominante qui ne se cache plus : minimiser la dimension humaine de la situation. Certes, on ne nie plus les dommages portés au tram et on ne « juge/condamne » plus deux fois (pour atteinte à la propriété et pour troubles à l’ordre public), mais on criminalise la revendication sociale.
Il est vrai, selon moi, que « toutes les révolutions ont connu leurs excès, inutile de le nier, mais cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à une révolution par peur que ces excès ne se produisent », « ni qu’il faille y prendre part allègrement ».
Ce que je veux dire, c’est que si la logique du pouvoir capitaliste est de criminaliser les manifestations sociales en accentuant la répression contre nous qui sommes sortis dans les rues, et qu’elle trouve son expression d’abord dans des procès judiciaires tortueux et ensuite dans des sentences absurdes, c’est parce qu’il s’agit là d’une logique qui ne se justifie pas socialement mais politiquement.
Les jours que nous vivons actuellement sont des jours aux perspectives révolutionnaires.
Aujourd’hui, on peut dire, depuis l’horizontalité avec les autres et depuis l’appartenance, comme toute espèce animale, aux écosystèmes, que ni notre civilisation ni ses œuvres ne survivront à la destruction de la nature elle-même. De la même façon, on ne peut pas continuer à penser actuellement que l’accumulation d’argent serve à un quelconque bien-être commun. On nous terrorise avec des balles, des féminicides ou des cages, sans parler des milliers de violences organisées conjointement avec le système capitaliste.
Le même individu qui m’a lu la décision judiciaire aujourd’hui m’a dit : « eh bien, dis à tes compagnons qu’ils organisent une collecte pour que tu puisses payer la caution », ce que j’ai ressenti comme un sarcasme à mon encontre et qui m’a fait rire, parce que j’ai compris immédiatement qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que le monde est en train de changer pour des temps qui, peu à peu, mettent en discussion et en construction des approches révolutionnaires.
Mais j’ai surtout ri parce qu’il n’a jamais été question de payer pour les ouvrages qui représentent l’exploitation, le mépris, la répression et le pillage et qui ont été brûlés dans la rage.
Juridiquement, je souhaite l’affrontement avec les institutions qui défendent et représentent le capitalisme, non pas parce qu’une personne honnête à l’intérieur même du pouvoir pourrait prendre une décision qui me serait favorable, mais parce que c’est ma façon, depuis ma détention, d’avancer pour rendre visible l’injustice. Et en même temps, je comprends pourquoi je suis toujours prisonnier et pourquoi je continuerai de l’être.
C’est un chemin difficile et complexe, marqué par la violence envers ma liberté, et envers la liberté de celles et ceux qui m’accompagnent.
Un salut à tou-te-s et comme dit l’histoire (plus ou moins) : « si les chiens aboient, c’est parce que nous avançons ».
vendredi 8 décembre 2017
– Fer –
*lettre de Luis Fernando Sotelo au sujet de la dernière décision de la quatrième chambre du tribunal pénal.
fanzine : écrits de prison.
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Plus d’infos
____________
Aux personnes conscientes, aux collectifs qui mettent toute leur force pour démonter la réalité mécanisée.
A tous ceux qui comprennent que la vie est la vie et que le capitalisme est la mort.
A ceux qui m’ont accompagné depuis le premier jour de ma détention.
Et à ceux qui ont embrassé, empoigné les diverses formes d’exprimer le NON ! A l’emprisonnement et à celui de la liberté :
salutations et abrazos à tous et à toutes.
Premièrement : Le lundi 3 juillet aura lieu un meeting à l’extérieur du Tribunal Deuxième chambre en Matière pénale, où se déroulera l’Appel de ma dernière sentence (décembre 2016 me condamnant à 13 ans et 15 jours) afin que pendant ces deux semaines convoquées, par leur présence, ceux qui se solidarisent et s’impliquent dans les procès du peuple organisé, puissent se manifester.
Pour ceux qui n’ont toujours pas décidé de participer à cette initiative je leur dis soyez attentifs malgré tout au résultat de ce procès et aux signes que la liberté envoie à l’ombre des Institutions, parce que les ombres remplissent la nuit et le jour est loin d’être d’un seul bloc, de même que la raison rutilante de l’État ne l’est pas davantage.
Malgré tout, je vous demande d’assister au meeting, qui est un outil pour faire pression dans la lutte contre les motifs pour lesquels on me punit, comme cela se fait depuis longtemps. Étant donné que le motif judiciaire n’est pas suffisant (celui qui m’a conduit en détention) pour être libre dehors de la prison ; parce que plus d’un juge, – dans mon cas comme dans d’autres – considère que la justice est une dame aux yeux bandés tenant dans la main gauche une épée et dans la droite un chien de garde, c’est ainsi qu’ils prétendent faire respecter leurs sentences. Et parce que même si la stabilité cohérente des lois de l’État dépend de ce que les acteurs judiciaires m’emprisonnent/m’absolvent; je sais aussi que la domination exercée par l’État ne garantit le bien-être de personne et n’a d’autre objectif que d’imposer son ordre par la force. C’est pourquoi j’en appelle à la solidarité pour mon cas, pour démentir l’impuissance antiétatique et anticapitaliste, car seule la force de ceux d’en bas peut me rendre libre.
Deuxièmement : quel que soit le résultat de mon appel, je vous demande de continuer à me soutenir aussi bien dans les sentiments que dans la pratique qui consiste à attaquer les différentes formes de domination.
Troisièmement : je veux partager avec vous ce que j’ai appris en tant que prisonnier, ce que m’a apporté cette expérience. J’ai appris que je suis libre pour m’assumer en tant qu’ennemi de la domination capitaliste.
– parce que je suis jeune
– parce que j’écoute de la musique et pas seulement de la musique commerciale
– parce que je ne vénère pas la richesse du riche
– parce que bien que n’étant pas zapatiste je suis adhérent à “Sexta” Sixième Déclaration de la forêt Lacandone
– parce que je n’accepte pas que l’État Mexicain criminalise en se servant de ma personne
– parce que je n’accepte pas ma punition sans auparavant me savoir en condition de guerre contre les entrepreneurs parasites de la Société Bourgeoise
– parce que je me suis retrouvé dans le surplus de ce modèle idéal et moderne de société de ces gouvernements officiels.
– parce que par mes paroles je cherche le respect des autres luttes anticapitalistes
– parce que sans être anarchiste je partage des idées avec l’anarchisme
– parce que marchant sur un chemin aussi étroit que celui du judiciaire, je ne me rends pas, je ne me vends pas, je ne lâche rien.
– parce qu’il est plus que possible et probable que je rêve à d’autres chemins pour la libération des peuples
– parce que je cherche à me faire entendre et à me rendre visible loin des moyens de communication vendus et de désinformation, chez lesquels je figure comme ennemi du bien commun
– parce que je crois chaque jour un peu moins que ma nature dépend de critères civilisés mais qu’elle dépend par contre beaucoup plus de mes envies profondes de créer, aussi bien que de mes envies de détruire ce qui nous est imposé
– parce que sans appartenir à aucun parti, je réfléchis à la politique utilitariste de ceux d’en haut de là où je vis
– parce que je préfère voir une tempête dans le ciel plutôt qu’une télé-novela à l’échelle nationale
– parce que je reconnais que la lutte n’existe pas seulement à l’extérieur de moi, mais que je peux aussi la nourrir de l’intérieur
Aujourd’hui je suis un ennemi des structures capitalistes. C’est pour cela que mes ennemis à travers la prison et leurs sentences démesurées tentent inutilement de faire en sorte que leurs ennemis potentiels de demain ne se rebellent pas. Après tout, la revanche contre la prison ne concerne pas que moi.
Mon plus sincère Amour et ma plus sincère Gratitude aux compagnons.
Luis Fernando Sotelo Zambrano
Juin 2017
Traduction Amparo, Les trois passants / correction Lucio
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Qui est Luis Fernando Sotelo ?
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
Le 10 novembre 2014, le juge lui a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique, d’attaques aux voies de communications et dégradations. Cela signifie que le compagnon sera sujet à un procès judiciaire qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico, car ce type de délit ne permet pas la liberté sous caution.
Antécédents :
Lors de la journée globale en solidarité avec Ayotzinapa, Guerrero, qui a eu lieu le 5 novembre dernier, plus de 150 000 personnes sont sorties dans la rue pour exiger la présentation en vie des 43 étudiants de l’École Normale “Raúl Isidro Burgos”, disparus depuis le 26 septembre dernier. Diverses activités ont eu lieu parallèlement, telle une grève nationale générale et partielle à laquelle ont participé plus de 184 écoles au niveau national, des blocages de routes et des principales artères dans différentes villes, des piquets de protestation, des événements et de nombreuses actions de solidarité avec les étudiants disparus, leurs familles et le village d’Ayotzinapa.
Dans ce contexte, une dizaine des personnes ont été arrêtées par la police fédérale, deux arrestations ont été rapidement signalées, celles de Luis Fernando Sotelo Zambrano de l’école préparatoire 6, et celle de Sergio Pérez Landeros, étudiant de l’Université Nationale Autonome du Mexique. Tous les deux ont été arrêtés quand, en violation de l’autonomie universitaire, la police fédérale est rentrée à l’université pour les arrêter et les accuser de délits d’attaques à la paix publique, attaques aux voies de communication, dommages aggravés, port d’explosifs en bande.
Sergio Pérez Landeros a été libéré faute de preuves. Mais pour ce qui est de Fernando Sotelo, sous prétexte de révision médicale, il a été transféré à la prison masculine Sud.
Roberto López Miguel est l’un des avocats qui suit son cas par solidarité. Pour lui, cette détention est « un cas de plus de criminalisation de la jeunesse, des étudiants et des mouvements de protestation, menée au pas de charge par le gouvernement de Miguel Ángel Mancera et exécutée au pied de la lettre et avec une tolérance zéro de la part du procureur ».
López Miguel, membre du Collectif des avocats zapatistes (CAZ), insiste sur les irrégularités qui se sont produites depuis le début de la détention : Luis Fernando a été frappé par la police, et les lésions ont même été constatées par la Commission des Droits Humains de la capitale. De plus, il a été transféré dans un véhicule banalisé du Ministère public numéro 1 à Coyoacán vers la prison préventive – Reclusorio Sud, avant même le délai légal de 48h et sans que ses avocats en soient informés. Il a ainsi été présenté à 11h du soir, 4 heures après avoir été sorti du Ministère Public.
Les accusations portées contre Fernando se basent uniquement sur la déclaration du chauffeur du bus incendié lors de la troisième journée de solidarité avec les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le chauffeur a signalé que Fernando avait participé aux faits. Pour son avocat, cela n’a plus de raison d’être puisque, « dès lors qu’une autre personne arrêtée au même moment que Fernando a été libérée, la fausse déclaration du chauffeur du bus est caduque ».
Traduit par les trois passants / correction Valérie
Sources :
Cruz Negra Anarquista – Mexico
Quien es Luis Fernando Sotelo
Enlace zapatista et (RvsR)
[Mexico] Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir » : Lettre de Luis Fernando Sotelo
Depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico
Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?

Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir »
Lettre de Luis Fernando Sotelo
Il est de mon devoir de défendre la position que j’ai prise pour résister, que vous le vouliez ou non. Je sais que cela peut paraître difficile, mais je vois que ça l’est uniquement parce que vous ne pouvez négocier mes décisions, ni mes actions.
Alors, que veulent de moi ou de mes proches les gens des partis politiques ? Simplement parce qu’ils ont réussi à obtenir une photo qui virtuellement me rapproche de leur position.
Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?
Auparavant, j’ai essayé d’être critique, maintenant je veux être direct : je ne veux pas que quiconque, membres de partis politiques ou non, mette la pression ou sollicite la promulgation d’une loi d’amnistie ou de « pardon » pour me libérer. Si vous continuez à le faire, n’espérez de moi que mon désaccord. Et si vous l’obtenez, c’est-à-dire, si réellement il est possible qu’à travers la séparation des pouvoirs – législatif, exécutif, fédéral – on me libère : sachez qu’ils m’auront donné raison de dire que pour la totalité des organismes instances gouvernementales, une solution réelle et transformatrice ne présente aucun intérêt.
Pourquoi ? puisqu’ils savent dans quel état, ou plutôt, dans quelle situation se trouve la structure de l’État ? On favorise l’instauration de politiques policières, il y a autour de celles-ci des courants de « néo-fascisme » et de « néo-conservatisme ». Et tous veulent oublier comment cela a commencé ? C’est-à-dire qu’ils veulent oublier que déléguer à un juge la vie (ou des vies) est la première erreur ? Oublier que déléguer c’est aliéner ? et plus… Ils veulent encore plus de délégation de responsabilités ?… Plus d’autels pour la politique d’en haut ? Cette politique qui normalise ma séquestration ?
Cela a déjà été dit et je l’assume : si je voulais m’asseoir pour parler ( ou si quelqu’un le faisait à ma place…) je le ferais par mes propres moyens. Mais en attendant, la position merdique de parler à ma place, me « représente » déjà comme une image du désespoir.
C’est pourri de dire que la seule chose que je veuille soit sortir de prison. J’ai confiance en la défense juridique ( qui est menée par de vrais compagnons ), j’ai complètement confiance dans la stratégie qui consiste à épuiser toutes les voies [juridiques] possibles. C’est pour cela que je ne vais pas favoriser la paresse de véritables parasites sociaux, qu’ils soient députés ou ministres. Si leur « travail » est de me libérer, qu’ils arrêtent d’empêcher ma libération. Que les premiers cessent de chercher ma famille et mes compagnon-ne-s ? Et les seconds, qu’ils n’essaient pas de nous tromper : nous savons qui tire les ficelles de la répression, nous savons que si la volonté de me libérer existe, elle se concrétisera par la pression des personnes solidaires, de compagnons réels, et cette volonté sera due à l’existence de ces personnes et parce que la vérité et la raison seront de mon côté.
Assez de spéculation sur la « cause » des prisonniers !
Je ne vais pas me prêter au jeu de la mode ou de la conjoncture. Personne, membre d’un parti ou d’un gouvernement ne se préoccupe de moi. La preuve en est que cela fait 2 ans que je suis en prison accusé, et maintenant même plus cela, de quelque chose que je n’ai pas fait, parce que je suis considéré comme un ennemi de l’ordre répressif, parce que je suis de trop à cause de mes idées dans un monde pratique gouverné par la finance, parce que je n’ai pas honte mais que j’ai beaucoup de dignité. Arrêtez d’utiliser mon image pour vos « télé-novela » du système. Et si je ne me suis pas vendu, si je ne me suis rendu, si je n’ai pas renoncé, c’est parce que je ne suis pas comme vous. Je ne veux pas que vous vous battiez pour moi, je sais très bien que vous vous battez contre moi – parce que vous savez que je ne suis pas de votre famille.
Arrêtez de chercher ma famille et arrêtez de vous prononcer pour une sortie politique de la prison, faible ou feinte. Comprenez que votre conception du droit n’envie en rien la conception qu’en a , n’importe quel policier, dont le travail est de frapper le faible ou celui qui est différent… Vous êtes les complices et les co-auteurs de cette expérimentation de vie sociale.
C’est pour cela que je déclare :
Alejandro Lugo, Rosa Isela Martínez, Luna Flores et Francisco Estrada NE SONT PAS mes compagnons. Ils mettent la pression, proposent et appuient l’élaboration d’une loi d’amnistie en faisant semblant de se préoccuper pour ma libération. Et, concernant la campagne pour ma libération, ils ne font que mentir et harceler ma famille et mes compagnon-ne-s pour qu’ils assistent à des réunions qui n’ont aucun sens (meeting « pro-amnistie », interview, etc.) malgré le fait que j’ai clairement donné mon point de vue sur l’amnistie.
Rosa Isela a submergé d’appels téléphonique une compagnonne de la campagne [Ndt : pour la libération de Fernando Sotelo]. Elle voulait qu’elle participe avec ma mère à une réunion, à base de mensonges, disant à ma mère que le collectif de la campagne pour ma libération était au courant de la dite réunion et mentant à la compagnonne en lui disant que ma mère était déjà présente à la réunion.
Luna Flores : Tu te vantes de dire que tu me rends visite pour gagner des « like » ou des amis ?
Alejandro Lugo et Francisco Estrada, arrêtez de supplanter ma parole… ou au moins, Avez-vous lu ma dernière lettre où je parle de votre foutue amnistie ?
Mort à leur système d’oppression !
5 Novembre 2016
Luis Fernando Sotelo Zambrano
Traduit par Les trois passants, correction Amparo
Sources Proyecto Ambulante, CGT- Estado español, Adherentes a la Sexta Barcelona
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€). Plus d’infos
A lire également : [Mexico] Fernando Barcenas: nous n’avons pas besoin d’amnistie parce que nous n’avons pas besoin de lois qui régentent nos vies
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[Ville de Mexico] Luis Fernando Sotelo condamné à 33 ans et 5 mois de prison. Que commence la tempête !
Luis Fernando Sotelo condamné à 33 ans et 5 mois de prison.
Que commence la tempête !
Ce mardi 20 Septembre, après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€) pour les délit d’attaques aux voix de communication, d’attaques à la paix publique qualifiées et dommages qualifiés.
Cette sentence est le reflet de la politique de répression et de criminalisation de l’État mexicain, en commençant par celle du Chef du Gouvernement Miguel Ángel Mancera* qui prétend condamner notre compagnon sans aucune preuve en lui assignant une peine ridicule et démesurée.
Face à sa politique de terreur nous lui disons que nous n’avons pas peur, que ses sentences s’effondreront parce que nous avons la raison et l’organisation de notre côté.
Aujourd’hui nous réaffirmons et nous renforçons notre solidarité avec notre compagnon, qu’ils sachent qu’il n’est pas seul, nous marcherons et nous lutterons jusqu’à faire s’écrouler les murs de leurs prisons, nous lutterons inlassablement jusqu’à ce nous soyons tous et toutes libres !
Que notre rage ne fasse qu’une, que le vent souffle, que commence la tempête !
Campagne Luis Fernando Libre.
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* Miguel Ángel Mancera est le chef du gouvernement de la ville de Mexico.
Source : Croix Noire Anarchiste de Mexico
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€).
Voir : Dernière Lettre envoyée par Fernando Sotelo depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico (lettre publique)
Fanzine – Écrits de Prison, Fer Sotelo
[Mexique] À bas la prison !
Bulletin irrégulier – Septembre 2016

À bas la prison ! Bulletin irrégulier – Septembre 2016
Rappel
À deux ans des mobilisations en solidarité avec les étudiants disparus d’Ayotzinapa, Guerrero, on se souvient aussi des compagnons qui se trouvent actuellement en prison pour le simple fait d’avoir manifesté et mené des actions dans la rue pour la présentation en vie des étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Cela fait deux ans de manifestations, actions, piquets de protestation et pour quelques compagnons, il s’agit aussi de deux ans d’incarcération. Le gouvernemet, lui, n’a répondu que par le silence, la mascarade, la répression et la manipulation de la loi et ses médias au détriment des personnes arrêtées.
À ce jour, un compagnon se trouve derrière les barreaux Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, il a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
Depuis 2012, le gouvernement de Mexico a approuvé et mis en place des mesures qui renforcent la machine du contrôle social : l’installation de plus de 20 mille caméras de surveillance dans toute la ville, la mise en place du Protocole de Contention des Foules, les réformes du code pénal local afin de durcir les peines, la fermeture du zocalo (place centrale) de la capitale pour empêcher l’arrivée de manifestations, l’augmentation toujours plus forte dela présence policière dans les rues, tout ceci n’est qu’une partie de ce contrôle. Le bilan de cette politique, plus de 500 personnes détenues durant différentes manifestations, actions et mobilisations (…)
Dès 2013, le gouvernement mexicain, de concert avec l’investissement privé, a démarré un projet économique permettant la construction et l’administration de prisons. Depuis lors, des sommes millionnaires commencent à concrétiser ce projet carcéral mené par les hommes d’affaires Carlos Slim, Olegario Vázquez Raña, les familles Hank Rhon et Quintana, tous bien déterminés à assurer le bon déroulement de cette affaire… Lire la suite sur : À bas la prison ! Bulletin irrégulier – Septembre 2016
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Bonne lecture à tous et à toutes !
Les trois passants.
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♦ Répression / Prison
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Mexique : Journée de lutte en prison ; Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas et Abraham Cortés en grève de la faim. Miguel Peralta Betanzos entame un jeûne.

Depuis le 28 septembre les compagnons Fernando Bárcenas et Abraham Cortes, détenus à la prison préventive Nord, Luis Fernando Sotelo, détenu à la prison préventive Sud de la ville de Mexico et Miguel Peralta Betanzos dans la prison de Cuicatlán de l’état de Oaxaca ont débuté une journée de lutte anti-carcérale depuis l’intérieur de la prison.
Les trois compagnons à Mexico se sont déclarés en grève de la faim, alors que Miguel lui, entamera un jeûne.
Nous reproduisons ci-dessous le communiqué signé par notre compagnon anarchiste Fernando Bárcenas et Abraham Cortés.
28 septembre 2016
Aux compagnon-ne-s rebelles
Aux peuples et communautés sur le pied de guerre
Aux esclaves émancipé-e-s
A ceux et celles qui se sentent concerné-e-s par ses positions et ces paroles…
Pour une libération totale, nous déclarons aujourd’hui une grève de la faim indéfinie comme acte d’autodétermination et d’incitation à la révolte généralisée. Parce que tout simplement, nous ne pouvons plus continuer à assister jour après jour, au génocide de nos communautés et de nos peuples.
Il existe dans cette société une réalité occulte ; la démocratie est un coup d’état qui n’embusque pas ses tanks dans les lézardes mais les remplace par des caméras de télévision et des micros de journalistes. La démocratie gouverne par le pouvoir de sa propagande et c’est pour cela que nous soutenons que la démocratie est la technique et la science qu’utilise le pouvoir pour qu’elle ne soit pas perçue comme une oppression, le capitalisme en est le chef et la démocratie son attaché de presse.
C’est pour cette raison que nous ne nous adressons ni aux médias ni aux classes dominantes, nous parlons et nous nous adressons à nos compagnon-ne-s de l’immense bagne appelé Terre, à ceux qui comme nous, sont les fils de la guerre dû au simple fait qu’ils sont nés dépourvus de tout.
Mais ces paroles n’ont aucune intention d’instrumentaliser leurs forces rebelles et encore moins de les unifier sous un quelconque drapeau, mais bien plutôt d’ouvrir un lien de communication, un espace de syntonie de luttes et de tout ce qui peut émerger de toutes parts comme contestation et actes d’auto-détermination.
Il nous semble et dans notre perspective, que là où il y a autorité la prison existe et c’est pour cette raison que la prison est bien plus qu’une simple structure physique qui s’impose à nous par l’image des murs et des barbelés. La prison, de notre point de vue est constituée par la société toute entière alors que les prisons physiques ne sont qu’une expression concrète de l’isolement social qui nourrit et légitime le pouvoir.
L’urbanisme (par exemple) est la représentation même de l’emprisonnement massif ou, ce qui revient au même, de la fortification de l’espace urbain qui s’accompagne de l’extermination des classes populaires les plus marginalisées et qui se présente aujourd’hui comme partie intégrante de la phase ultime géo-historique du capitalisme techno-industriel. (Ultime effort de restructuration dans cette étape de crise durant laquelle, la seule façon de consolider sa domination est la guerre).
Désormais nous ne pouvons plus croire à leurs mensonges parce que leur « monde merveilleux » n’existe pas autour de nous ; ils nous traitent de délinquants comme ils ont appelé sauvages les premiers habitants de l’Amérique justifiant ainsi leur génocide ; ce qui se passe quotidiennement dans nos quartiers est une guerre coloniale qui cherche à apaiser l’effervescence révolutionnaire de nos semblables par des tactiques aussi viles que le déversement massif de drogues et d’armes entraînant immanquablement l’arrivée de troupes d’occupation toujours plus nombreuses dans nos quartiers et nos communautés. Tout cela est en relation directe avec l’augmentation de la pauvreté et de la carence éducative et sanitaire dans les communautés et les quartiers populaires. Entraînant comme résultat une hausse de l’indice de criminalité ce qui justifie alors la répression par l’appareil politico-militaire de l’État, la prison devenant un monument au massacre, immense décharge sociale où l’on y élimine tout ce qui déplaît ou dérange le système capitaliste….
Il y a actuellement 226 mille prisonniers dans le pays et bien que les prisons soient surpeuplées, le taux de criminalité ne baisse pas, bien au contraire, il augmente ou reste stable. Par conséquent le problème n’est pas dans les 226 mille personnes détenues mais bien dans la société techno-industrielle qui a besoin de justifier le massacre
La prison est une entreprise qui légitime la guerre contre les pauvres et protège de l’extermination la société basée sur l’accumulation capitaliste.
Et quel est le prétexte pour mener cette intervention de façon masquée ? Il suffit que les quartiers soient dévastés par le crime, les braquages, les vols, les meurtres et les troubles, « les rues ne sont pas sûres », alors les mairies, les conseils municipaux se retrouvent d’accord avec les résidents qui demandent « plus de protection », sans prendre la peine d’analyser le contexte de cette guerre sale.
C’est un fait évident que les victimes du fléau de la drogue sont les responsables des crimes qui ont lieu dans les quartiers, on ne peut nier ce fait. Mais avant de réclamer en sautant de désespoir « plus de protection policière » souvenons-nous plutôt qui a imposé ce fléau dans nos quartiers et communautés. Il vaudrait mieux se souvenir à qui, en dernière instance, sert l’addiction des gens aux drogues ; il vaudrait mieux se souvenir que la police sont des troupes d’occupation envoyées dans nos communautés par la classe dominante, non pas pour protéger la vie des gens pauvres mais bien pour protéger les intérêts et la propriété privée des capitalistes.
La police, les politiciens et les chefs des grandes entreprises sont ravis de voir les jeunes prolétaires être victimes de ce fléau, et cela pour deux raisons, la première parce que le trafic de drogues est une entreprise économiquement rentable, la deuxième est qu’ils se rendent compte que tant qu’ils peuvent maintenir nos jeunes aux coins des rues « charbonnant » pour une dose, ils n’auront pas à s’inquiéter de nous voir livrer une bataille efficace de libération.
La police ne peut résoudre le problème car elle fait partie du problème, pas plus que les institutions du système ne peuvent résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques de la population, parce que ce sont eux qui les fabriquent et s’en nourrissent. La « guerre contre les drogues » n’est rien d’autre qu’une doctrine de contre-révolution chargée de maintenir et renforcer la domination, l’exploitation, l’emprisonnement des classes sociales les plus opprimées du prolétariat.
Nous sommes les seuls à être capables d’éradiquer le fléau de nos communautés et c’est pour cela qu’au lieu de collaborer avec cette société malade et décadente nous avons décidé d’y vivre en marge pour construire un monde de nos propres mains et cela passe nécessairement par l’organisation révolutionnaire du peuple.
Libère un espace, oKupe, arme-toi et prends soin de tes proches.
Plus il y aura d’actes de ce type, fragmentés et désordonnés sans aucun centre, mais faisant référence à mille centres, chacun auto-déterminé, alors ils sera beaucoup plus difficile de les réduire à une formalité et récupérables par le système technologique.
Nous vivons une ère technologique dans laquelle le capitalisme se restructure au travers d’applications technologiques du système de contrôle social et tout cela a modifié le monde de façon déterminante.
La réalité virtuelle de besoins fictifs s’est déjà imposée, les intérêts du prolétariat ont été brisés en mille morceaux et se perdent dans les méandres de la réalité virtuelle. La démocratie elle-même est une de ces réalités virtuelles comme toutes les autres.
Il est évident qu’un système de ce type ne peut être sauvegardé qu’à travers la transmutation des habitants du territoire en agents police du système, aucun autre appareil répressif ne saurait mieux en garantir la défense.
C’est pour cela que l’État/capital technologique/moderne ne peut être détruit sur le territoire que par la montée généralisée de l’insurrection.
La réponse est donc, on ne la trouvera pas dans les théories, mais concrètement dans les exigences et nécessités des exclus du système, les insoumis, enfin dans les lynchages sociaux qui sont les fruits naturels d’une société divisée entre privilégiés d’un côté et asservis de l’autre.
La rébellion aussi est un fait naturel qui ne vient pas d’être découvert par les anarchistes ni les autres révolutionnaires.
Mais cette rébellion n’est pas directement transposable aux vieux programmes et manuels « révolutionnaires » la rébellion de nos jours est atomisée, désordonnée, une fin en soi.
Pour nous, en tant que rebelles sociaux, l’insurrection est un rejet total des idéologies tant qu’elles font partie du système qui nous opprime.
Pourvus de cette méthodologie basée sur la pratique de l’action directe, dans le conflit permanent et l’auto-organisation des luttes, sans acceptation aucune de modérateurs, alors de larges possibilités de débouchés insurrectionnels restent ouvertes.
De ce point de vue, il est clair que l’anarchisme n’est pas une idéologie mais une forme concrète de s’opposer à ce qui existe pour en obtenir sa destruction totale et définitive.
Nous sommes donc pour la révolte permanente, pour l’insurrection généralisée, seule façon de rendre impossible l’émergence d’un pouvoir centralisé.
Nous lançons ce cri de guerre, comme une forme de défense de la lutte des prisonniers étasuniens et par là-même de solidarité avec les compas afro-américains qui comme nous, vivent le génocide de la drogue.
Solidarité avec les peuples et les communautés rebelles
Solidarité totale avec notre compagnon Luis Fernando Sotelo Zambrano.
Pour la libération totale! Pour la destruction de la société carcérale !
Trois ans après l’enfermement de Abraham Cortés Ávila, le 2 de Octobre 2013.
Fernando Bárcenas.
Abraham Cortés Ávila.
Traduit par Amparo et Les trois passants
Source Croix Noire Anarchiste de Mexico
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Fernando Bárcenas Castillo
est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.
Miguel Á
ngel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico.
Plus d’infos
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€). Plus d’infos
Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, il est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham faisait face à une accusation de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour attaques à la paix publique en bande. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à une procédure en appel (Amparo) qu’il a mené, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour le délit d’attaques à la paix publique en bande, car l’accusation de tentative d’homicide a été rejetée. Abraham se trouve dans la Prison Nord de la Ville de Mexico. Plus d’infos
[Mexico] Voix depuis la prison : Luis Fernando Sotelo

Lettre envoyée pour la Journée de Solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au Mexique organisée à Besançon (9 avril 2016)
Depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico ( lettre publique )
Bonjour, compagnones et compagnons solidaires de Caracol Solidario, du Groupe Proudhon, du Resto Trottoir, des trois passants :
Je m’étais précédemment engagé à vous écrire, il me semble honnête de m’excuser.
L’information que je souhaitais partager avec vous quand je vous ai dit que je vous écrirais concernait la vie quotidienne.
Mais après une punition imposée par les autorités du Conseil Technique Inter-disciplinaire – organe administratif de la prison – et suite à notre contestation (articles dans la presse et recours en révision), ils nous proposent maintenant d’avoir des activités comme du sport, la tenue d’un séminaire de philosophie avec un autre compagnon, le Dr. Felix Hoyo, ou encore la participation à un cinéclub.
Ce qui est en train de se passer est ce qui se passe au niveau de beaucoup de processus d’organisations et de luttes : l’autorité en place essaie de réduire les autonomies.
Je pense qu’avec deux compagnons je pourrais réaliser certains projets. Et cela bien que les autorités nous surveillent particulièrement et nous traitent différemment de la majorité de la population (carcérale). Mais nous voyons que le problème est l’imposition – de quoi ? D’une exploitation subie. La corruption de la loi et de l’ordre est soutenue par les structures même du pouvoir en place.
Nous, avec nos petits efforts, nous avons dû commencer par ne pas oublier.
En effet, bien qu’aujourd’hui ils nous traitent mieux ou simplement avec plus de respect (sachant que les puissants aussi ont peur), nous savons que les « concessions du pouvoir » ne sont que des moqueries pour nos rêves et nos dignités.
Cependant nous nous félicitons et nous apprenons à nous développer avec d’autres compagnons prisonniers d’une autre façon – sans autorisation – et sans matériel : tables, télés, salles, chaises, ballons de l’institution – c’est plus ou moins un plan sans concession.
Nous savons que la logistique fait défaut à nos projets mais nous ne voyons pas pourquoi nous devrions mettre en place un scénario de conciliation avec ceux qui sont responsables de l’injustice carcérale…
C’est ainsi que je partage avec les prisonniers la routine.
En attendant qu’un jour nous soyons toutes et tous libres.
Luttant tous les jours avec l’ennemi numéro un : soi-même.
PS : Ma situation juridique, telle que je la vois depuis ma perspective, laisse penser que le procès sert à justifier l’insoutenable (une prise d’otage de ma vie). Avec le climat de la politique d’en haut, on voit que la pantomime – démocratie s’intéresse plus à ses poches pleines d’argent qu’à la participation de tous.
Ma liberté n’a pas de prix, mais elle a une grande valeur et beaucoup de gens luttent pour la même chose : pas uniquement pour ma liberté mais, à travers elle, pour la liberté qui nous appartient à toutes et tous. Cette liberté autonome digne et rebelle que nous apprenons à semer mais aussi à récupérer des mains de l’oppresseur. Je suis content de votre soutien, compas. Et savoir que la libération des prisonnier-e-s quelles qu’ils/elles soient fait partie du projet que l’on nomme liberté m’incite à être heureux.
Fer, 20 Mars 2016.
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Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste,a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’atteinte à la paix publique, d’attaques aux voies de communication et dégradations. Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire. Plus d’infos
Fanzine – Écrits de Prison, Sotelo
[Mexico] Lettre de Fernando Sotelo : Jusqu’à ce que nous soyons toutes et tous libres !
Salut à toutes et à tous les compagnonnes et compagnons organisé-e-s autour de cette rencontre [mobilisations internationales intitulées : « Jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres » ] et dans d’autres encore, qui brisent l’imposition de cette « réalité »…Je vous salue avec la joie de savoir que vous lisez ces mots, là-bas dans d’autres endroits lointains où la rébellion s’organise.
À un peu plus d’un an de mon emprisonnement, j’aurais pu seulement m’exprimer du point de vue de la « justice » à laquelle ils me soumettent en raison de ma présumée « délinquance ». Cependant la prétendue leçon donnée par l’appareil judiciaire et ses serviteurs (juges, commissariats, policiers, matons) est beaucoup plus vaste. Il faut vivre dans une prison de la ville de Mexico pour se rendre compte d’une réalité pourrie et très similaire à la liberté relative que vit la société du dehors. En tant que prisonnier, ils m’ont séparé de la population et je survis relativement et meurs par lassitude. Dehors, c’est pareil. Je vis la violence systématique des matons et celle de la classe « délinquante » qui, au final, n’est que la reproduction de la merde de là-haut. Malgré tout cela, la solidarité ne disparaît pas, car elle est une option nécessaire et souhaitable.
Chaque argument défendu par le maton, pour justifier sa corruption et sa médiocrité, avec des mots « d’ordre social » contre le prisonnier, laisse voir l’incohérence de son éthique. Une éthique promue dans des relations « officielles » entre le maton et le prisonnier-e. Avec la capacité d’exploiter les prisonnier-e-s dans un ordre économique qui inclut les déshérités à cette participation. Le truc c’est que s’ils participent, ils le font en jouant le rôle du consommateur moderne- tel un spectateur - et le spectacle se joue sur la même scène que celle où agit le gouvernement « comme il se doit », « justement », « normalement » sur demande de la société ou, au mieux, en veillant aux intérêts de celle-ci.
Avec mon emprisonnement, ils m’obligent à vivre dans un miroir du monde-global (comme système social) représenté par ceux qui s’acquittent de leur tâche au prétexte que c’est à eux que l’on a délégué le problème de la délinquance. On dit aux gens que rendre la justice est un métier ; or ce métier ne s’exerce pas avec la conviction d’en finir avec l’inégalité, bien au contraire : on oublie cette prétendue qualité de ce qui est juste et on la vide ainsi de son humanité. Finalement, on remplit les vides laissés par l’absence de conviction au moyen de subterfuges destinés à encenser et renforcer les liens avec l’état de droit, pour :
1.-Restreindre a priori le champ de la « liberté » au choix d’être exploité par telle ou telle autre entreprise ou bureaucratie …être libre d’aimer l’esclavage au travail aliéné, être libre de remplir tous les vides que nous avons (puisque à l’intérieur de chacun se reproduit aussi le consumérisme) de produits tout aussi vides.
2.-Violenter avec les moyens officiels (ministères, juges, policiers, médias commerciaux) ceux et celles qui dénoncent la réalité de l’état actuel de cette parcelle de pouvoir capitaliste.
Accepter la délégation des problèmes sociaux aux institutions gouvernementales, c’est être complice du pillage massif dont celles-ci se nourrissent. Pour comprendre cette situation, il faut accepter que l’usage de la force, de l’économie et de la « qualité de vie » ont toujours été des instruments à disposition des institutions afin de rendre les populations indifférentes et apathiques.
Si nous ne comprenons pas que l’État mène une guerre sociale pour nous anéantir, nous resterons dans le rôle de victimes. En revanche, si nous réussissons à nous défaire de cette carcasse de victime, nous pourrons peut-être relever le défi de créer quelque chose qui en finisse avec cette civilisation pourrie qui nous a créés. La solution ne vient pas de celui qui opprime. Ce système institutionnel pourri est le leur, ce n’est pas le nôtre, ce n’est pas celui de nous toutes et tous.
Organisons la rage pour défendre la vie !
Depuis la prison préventive masculine du Sud de la ville de Mexico.
Luis Fernando Sotelo
Traduction Les trois passants, Amparo / correction Val
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Source espagnol
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Voix depuis la prison: Fernando Sotelo
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
Lettre de Luis Fernando Sotelo depuis la Prison Sud de la Ville de México
14 octobre 2015

En guise de mise en commun à partager,
Alors qu’aujourd’hui l’État dans sa forme matérielle (son personnel et ses bureaux) contribue au spectacle de « JUSTICE », une audience se tient pour me donner un espace en guise de réponse (application de peine) … bien que je n’ai pas à me soumettre (justifier) aux moyens (de « moyens » et « fin ») en dehors des tribunaux car ce que ce dernier aimerait entendre de ma bouche c’est que je suis coupable d’être délinquant. Cependant et comme conséquence de mon refus de participer à leurs accusations forgées et préfabriquées à mon encontre, je tiens à signaler que pour moi, ce tribunal représente une pierre angulaire (la plus visible de l’édifice) de la répression en ville, s’agissant, de fait, d’un moyen « a priori » de consensus social ; la distribution de la justice comme moyen de contenir la violence non officielle (celle qui n’est pas capitaliste) n’est, selon mon expérience empirique, qu’un marché supplémentaire, un autre marché de consommation (relativement) à la portée de la majorité dépendant du niveau d’assistanat aux inégalités… c’est pour cela que demander justice à ces tribunaux n’est pas une revendication d’un quelconque droit humain (« qui serait toujours respecté »), mais ce serait revendiquer la domination des choses (bureaucratie, capital, pouvoir, autorité) sur les humain-e-s.
Au contraire, en portant ce « regard » deux chemins pourraient alors surgir, celui de continuer à donner toujours plus de pouvoir et moyens à l’État (avec des votes, des opinions, des juges ou avec des policiers) pour rêver à un réformisme qui amputerait encore le mal qu’ils nous font (notre douleur) ou un autre qui serait celui de s’armer pour combattre l’irrationalité de leur domination.
Je remercie solidairement et salue avec respect qui a écouté ou a bien voulu écouter ma parole ; avec humilité mais avec beaucoup de joie je laisse cette petite contribution à partager.
La répression est un phénomène qui souvent se transforme dans la pensée des personnes (disons des prisonnier-e-s) en quelque chose d’abstrait, peut-être un peu comme on transforme l’exploitation pour être plus supportable. La vérité c’est que c’est la répression elle-même qui nous maintient immobiles dans ce même système de pensée.
Nous ne luttons pas pour des chefs, nous ne le faisons pas pour faire de la politique, la politique si c’est un travail rémunéré nous dégoûte, la politique n’est qu’un aspect de la vie, qui attend encore d’être libéré au niveau individuel et collectif, parce que nous luttons non pour un morceau de vie mais pour la vie, pour l’autodétermination et la liberté.
Luis Fernando Sotelo Zambrano
***
Lettre de Luis Fernando Sotelo depuis la Prison Sud de la Ville de México
4 Octobre 2015.
Aux compas solidaires :
Tout d’abord un salut très respectueux pour vos luttes de résistance, je suis très heureux de la dynamique qui se crée à partir de la mise en commun de ma parole..
Depuis mon emprisonnement, je regarde le monde à travers les lunettes de la rage, de la douleur, de l’indignation, la soi-disant garantie d’une vie plus ou moins « digne » à l’intérieur du capitalisme (et bien sûr ce n’est pas seulement depuis que je suis enfermé). Une rage, une douleur, une indignation tellement banales comme est devenu banal (expérience de tous les jours) ce crime appelé capitalisme. Et c’est là que ma rage et mon indignation marchent et qu’elles rencontrent la solidarité et la résistance tout au long de ces presque 11 mois sans oublier ces douleurs qui sont mes sœurs.
Je considère la systématisation de la société comme cause des inégalités, pour autant que la classe politique feigne d’ignorer la dégradation subie par toutes et tous les individus de la société… Enfin, si nous ne nous basons que sur « les objectifs de vie » promus par la mentalité bourgeoise et sa condition matérielle, jamais au grand jamais nous ne parviendrons à nous émanciper des erreurs du passé ; il vaut mieux parier que les luttes anti capitalistes se poursuivront avec conscience, critique et beaucoup de joie ; c’est sur ce terrain là que je grandis. (Awww! jeje).
Saluts et amitiés rebelles à:
La Red vs la Represión, La Sexta, La Sexta Barcelona, Okupa Che, La Cruz Negra, Les Trois Passants, La Cabra Libertaria, La Comunidad de San Francisco Xochicuahutla, La Comunidad Nahua de San Pedro Tlanixco, Radio Regeneración, FPFVI-UNOPII, Los Brújulos, Los Cafetos, Pan tierra y Libertad, CCH Vallejo.
Prison Sud de la Ville de México, 4 Octobre 2015.
Luis Fernándo Sotelo Z.
Traduit par Amparo
Plus d’infos
Source CNA- MX (Cruz Negra Anarquista de Mexico)
***
Mexico: Paroles de Luis Fernando Sotelo Zambrano
Paroles de Luis Fernando Sotelo Zambrano, prisonnier dans la prison Sud de la ville de Mexico pendant la présentation du livre « La pensée critique face à l’hydre capitaliste » ( El Pensamiento Crítico frente a la Hidra Capitalista)*

Tout d’abord, je vais commencer par saluer mes compagnons et mes compagnonnes, mais également ceux et celles qui ne le sont pas ; bonjour et merci pour votre temps. On m’a invité à parler de ce que je vois : de ce que je vois ici où je me trouve, en espérant que ce que je dis (ces idées) puisse servir de graines. J’espère que ce que je vais vous dire ne sera pas perçu comme des mots vides mais comme des paroles qui puissent être utiles dans différents espaces.
Bon, le livre « La pensée critique face à l’hydre capitaliste » ( El Pensamiento Crítico frente a la Hidra Capitalista) je l’ai lu de mardi à vendredi . A cause du peu de temps dont je dispose, je ne sais pas si je pourrais transmettre l’essentiel ; si ce n’était pas le cas, je veux partager avec vous qu’il s’agit d’un message parmi d’autres et non du seul message que je pourrais envoyer sous forme de lettre publique.
A propos de la géographie où je vis actuellement
Sans que cela soit une évidence ou un fait accompli, je veux partager avec vous ma vision de notre société, comment elle bouge, se reproduit et prend forme en ses fondements qui, pour l’essentiel à travers le monde, s’appellent capitalisme. Ces fondements génèrent des problèmes essentiels dans notre « société ». L’un d’entre eux est que les personnes produisent de manière isolée leurs outils ou moyens.
Au niveau de la société et du terrain, la société se polarise. C’est-à-dire, qu’il y a deux types de personnes : ceux qui ont l’argent et qui commandent, et les autres, ceux qui travaillent pour les premiers. Et ces derniers collaborent sans se poser de question, par convenance, par ignorance ou parce qu’ils préfèrent l’ignorer parce que l’existence quotidienne elle-même est très souvent insupportable, crue ou moche à tel point que l’on se demande si ce n’est pas une conspiration. Mais cette fois-ci, il est nécessaire, si l’on veut sortir de l’immobilité, de se poser la question : Pourquoi je vis dans cette situation ?
Revenant sur comment est configurée la société, je ne peux que penser que « ce n’est pas une situation isolée ». La manière dont les institutions font les choses doit répondre à une logique, qui actuellement répond à l’économie qui domine le monde. Les bénéfices au dessus de la vie. L’ordre au-dessus de la dignité. La paix et la vie de ceux, qui même s’il ne le veulent pas, donnent leur vie ou vivent au profit du nouvel ordre : l’ordre capitaliste.
Bon, j’espère qu’il n’est pas trop tard pour me présenter. Je suis Luis et cela fait huit mois que je suis prisonnier ; je pense que ma situation dépend aussi de comment tourne la société et comment fonctionne le capitalisme. Laissez-moi vous dire pourquoi je pense cela ; avant cela, je veux signaler que les responsables de ce que je vis sont les administrations gouvernementales. A cause d’elles, plus que prisonnier, j’affirme être séquestré. Mes preneurs d’otage évitent de le présenter ainsi ; ce qu’ils font c’est de le présenter comme une procédure judiciaire, pour selon eux faire appliquer la justice.
Ici la question – pourquoi alors s’il s’agit de justice est-elle sélective ? – vient d’en haut, de ceux qui nous vendent le « progrès ». Cette justice vient des mêmes cercles politiques qui manipulent les lois pour dire « nous sommes sur le bon chemin » ; mais en réalité ils administrent le pillage, le mépris, la répression et l’exploitation.
Parce que tout ce dont je parle ne m’affecte pas seulement moi personnellement, et de la même façon que je vois les choses, d’autres aussi les voit comme moi. Ce ne sont pas non plus des choses aussi isolées que l’on pourrait croire… Parce que bon, pour certains et certaines d’entre vous, vous êtes déjà organisés et je me rends compte de la portée que cela constitue, et selon moi s’organiser est la première des choses.
Depuis que j’y pense – Bon, je suis prisonnier, et maintenant ? Je ne peux pas faire comme si je ne connaissais pas la réponse. Il est très facile d’assembler le puzzle de la réalité, la regarder ou l’analyser pourvu qu’on le veuille bien. C’est évident qu’actuellement nous ne décidons pas tous comment devrait être la société, c’est pour cela qu’il est important de retrouver une organisation.
Et oui, cela peut être répétitif, mais si je ne vois pas ce qu’il y a de commun entre moi et les autres prisonniers, c’est-à-dire la corruption, l’oubli et la solitude qui se cachent derrière la procédure légale, alors oui je pourrais faire semblant de voir et ne rien voir.
Corruption parce que on sait que l’on peut sortir en payant le juge ou le MP (Ministère Public) pour qu’ils arrêtent de t’emmerder…
Solitude, parce que pour tous les fonctionnaires impliqués, policiers, MP [Ministère Public], juges, techniciens, gardiens, le procès n’est que la justification de leurs salaires et donc ils ne se préoccupent pas de la justice mais plutôt de continuer à se faire grassement payer pour leur soit-disant « travail ».
De mon point de vue c’est ainsi parce que, dans le capitalisme, le pouvoir judiciaire ne sert pas à régler les problèmes sinon à les contenir. Dans son code pénal, il est écrit que la prison a pour objectif la réhabilitation du condamné au moyen d’un type de traitement pénitentiaire. Mensonges et encore plus de mensonges pour justifier qu’ils volent à quelqu’un sa vie, son temps et ses relations.
Peut-être que je ne questionnerais pas la manière dont « ils appliquent la loi » ou sa propre nature si je n’étais pas prisonnier.
Et je critique aussi cette partie : en effet la plupart du temps ceux d’en haut (gouvernements et riches) font des lois pour maintenir, comme ils le disent, l’économie, la politique ou quoi que ce soit, en ordre. Et le peuple parfois l’ignore parce qu’abrutis ou distraits, ils oublient ce qu’ils étaient en train de faire : Vendre la patrie ! C’est à dire la terre, ceux qui travaillent, leur culture, leur histoire et beaucoup d’autres choses. Ne vous trompez pas sur ce que je dis , je ne suis pas en train de dire avec d’autres mots que je suis un patriote et je ne le prétendrai pas pour gagner en sympathie.
A propos de ce qui fait mal mais aussi réveille
Des résistances naissent pour diverses raisons face à la logique de la globalisation-néolibérale-capitaliste et il y a aussi de la répression mais je vois qu’il est nécessaire de voir où on prétend aller. Organiser une autre société est très loin de nous, mais elle le sera encore plus si nous ne nous préoccupons pas du comment. Effectivement cette société fonctionne déjà, si excluante et si éphémère dans ses accords qui, à mon avis, n’ont ni les arguments ni la force pour contre-attaquer la pensée critique face à l’hydre capitaliste. Mais ce scénario, dans lequel la résistance à ce monde a un espoir, est uniquement formé par d’autres relations telles que la solidarité.
Enfin, je souhaite partager avec vous que ce que je dis de la solidarité est vérifiable. Se voir depuis l’intérieur et aussi se demander d’où on vient, vers où on chemine et avec qui, va définir la solidarité. Bien, en vérité tout le monde peut le vérifier dans ses propres espaces. Je l’ai vu parce qu’on résiste aussi par engagement éthique en voyant d’autres luttes.
Pardonnez-moi si à nouveau je me dirige vers vous avec des idées partielles et sans relation. J’ai du mal, après avoir lu le livre, à poser comme un fait accompli qu’en s’organisant on répond à la question : et maintenant ?
Merci pour votre attention.
Luis Fernando Sotelo Zambrano
Prisonniers politiques Liberté !
18 juillet 2015.
(Participation du compagnon lu par sa mère, Mme Celia Zambrano)
Traduit par Les trois passants et Amparo
Source Croix Noire Anarchiste Mexico
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*La pensée critique face à l’hydre capitaliste » (el pensamiento critico frente a la hidra capitalista) est le titre d’un séminaire convoqué par les zapatistes du 3 au 9 mai 2015 qui a eu lieu au CIDECI-Université de la Terre, à San Cristóbal de las Casas, Chiapas et où un peu plus de 1500 participants et participantes sont venus de différentes régions du Chiapas et du monde.
[Mexico] Une lettre pour Sotelo
Une lettre pour Luis Fernando Sotelo Zambrano !
Dernièrement, une campagne de solidarité a été lancée par le Réseau contre la Répression et pour la solidarité [qui regroupe des organisations, collectifs et individus adhérents à la Sexta au Mexique]. Celui-ci appelle à poursuivre des actions solidaires pour notre compagnon. Dans ce cadre, une campagne graphique pour sa liberté a été lancée en février au niveau national. Pendant le mois de mars, le Réseau contre la Répression a lancée une campagne contre l’isolement.
Si vous voulez écrire à Luis Fernando Sotelo Zambrano, envoyer vos messages à fernandosotelolibre@riseup.net 
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