Voix depuis la prison (chroniques carcérales)

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Sus palabras, sus alas – leurs paroles, leurs ailes

mises à jour

(octobre, 2019. CDMX)

Fernando Barcenas (est sorti de prison le 11 juin 2018)

Luis Fernando Sotelo (est sorti de prison le 12 juilliet 2019)

 Miguel Betanzos ( est sorti de prison ce mardi 15 octobre 2019)

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Fanzines

Miguel Peralta Betanzos

 

Agitation (en cours de traduction)

[Cliquez sur l’image pour télécharger les fanzines]

Fernando Barcenas

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[Mexique] Miguel Peralta Betanzos condamné à 50 ans de prison.

Déclaration de Miguel en réaction à la décision du tribunal

Depuis la prison de Cuicatlán, Oaxaca

Une nouvelle fois, nous avons pu vérifier de quel bord se situait la loi, de celui de l’ambition, du pouvoir et de l’argent. Le cynisme de la « justice » a soufflé sur les braises rageuses de nos cœurs et nous encourage à continuer la bataille contre le pouvoir. Aujourd’hui, les sentiments se démêlent, mais la raison de la liberté pousse avec plus d’empressement dans ce sac de nœuds. Nous nous débarrassons du goût amer que nous a laissé cette hypocrisie de la part du procureur du tribunal de Huautla de Jiménez, Juan León Montiel, qui répétait à l’envi que le corrompu n’était pas corrompu, et que son travail pendant 18 ans au sein de ce système en était la preuve, maintenant, il n’y a que lui pour affirmer cela. Nous continuerons à aller de l’avant, à reprendre des forces, à embrasser l’essence de la liberté. Nous ne céderons pas avant d’avoir retrouvé l’harmonie dans notre communauté, à Eloxochtilań de Flores Magón, nous ne céderons pas avant d’avoir fait respecter nos formes d’organisation, avant d’avoir démantelé les mensonges qui nous maintiennent prisonniers et persécutés, avant d’avoir fait éclater la vérité. Bien qu’ils essaient de nous faire taire en nous gardant enfermés, nous n’abdiquerons jamais.

Miguel Peralta
Depuis la prison de Cuicatlán, Oaxaca
Avec toute ma rage

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07/11/2018

Le 26 octobre, notre compagnon Miguel Peralta a été personnellement informé que le juge Juan León Montiel le considérait pénalement responsable d’avoir commis le délit de tentative d’homicide qualifié, avec circonstances aggravantes, sur la personne d’Eliza Zepeda Lagunas (ex-présidente municipale d’Eloxochitlán et actuellement députée locale de MORENA pour le district 04 de Teotitlán, Oaxaca), ainsi que de son frère Manela Zepeda Lagunas ; prononçant une sentence de 50 années de prison, en plus du paiement en réparation du dommage subi, estimé à cent cinquante mille pesos. Pour cette raison, Miguel a décidé de mettre un terme à sa grève de la faim initiée le 19 octobre dernier, afin de recouvrer des forces et de continuer dans cette deuxième étape de la lutte pour l’obtention de sa liberté.

Le processus pénal initié à l’encontre de Miguel, qui culmine maintenant avec cette sentence, a été parsemé d’irrégularités et d’inconsistances juridiques depuis son début, le tout orchestré et subordonné par la famille Zepeda Lagunas, caciques et répresseurs d’Eloxochitlán.

Sources : Instinto Salvaje  CNA  Sentencia Instinto Salvaje

Entretien de Voices in Movement avec Miguel Peralta Betanzos, prisonnier anarchiste d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca ici

 

Prison de Cuicacatlan Oaxaca

Miguel Peralta Betanzos en grève de la faim depuis le 19 octobre 2018

Grève pour la liberté !

Faim pour la vérité !

J’utilise mon corps comme matériel de guerre

Mes anticorps seront l’arme de cette bataille

La solidarité sera roc et l’eau bouclier du naxinandá*,

sillonneront le temps purifiant les mensonges.

Aujourd’hui je continuerai à résister sans aliments jusqu’à retourner les fausses informations.

Mais la rage et le feu survolant les frontières abriteront mon esprit tout en l’animant

Nous ne céderons pas jusqu’à récupérer la liberté

A bas les murs de toutes les prisons !

Miguel Peralta

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*naxinanda : commune mazatèque.

Lundi 22 octobre 2018 15 jours ouvrables se sont écoulés durant lesquels le juge Juan León Montiel s’était engagé à dicter la sentence du jugement de Miguel. IL NE L’A PAS FAIT.

Pendant ce temps, depuis 4 jours que Miguel ne s’aliment plus qu’en ingérant de l’eau, du sérum et du miel.

C’est pourquoi nous lançons un appel afin que vous contactiez le juge de la juridiction mixte du Tribunal de première instance de Huautla de Jiménez pour exiger qu’il cesse de retarder la mise en liberté de Miguel Peralta.

Vous pouvez également contacter le pouvoir judiciaire de l’État de Oaxaca, puisqu’ils ont également au courant de sa grève de la faim et qu’ils n’ont rien fait jusqu’à maintenant pour exiger que le juge Huautla s’acquitte de son travail.

Nous les rendons responsables de ne pas tenir leur promesse mettant ainsi en danger la santé de notre compagnon ; car chaque jour qui passe affecte un peu plus sa santé.

Ils lui ont déjà volé 3 ans et cinq mois, il n’y a aucune raison pour continuer à retarder sa sortie.

Miguel continuera en grève de la faim jusqu’à leur arracher sa liberté.

Sources : Cruz Negra Anarquista de Mexico

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Plus d’infos

 

(texte)

[Oaxaca] Miguel Betanzos : Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison

[Oaxaca] Miguel Peralta : Déclaration solidaire avec les prisonnie·eres anarchistes de longue peine.

11 juin : Journée internationale de solidarité avec tout·es les prisonnie·eres anarchistes de longue peine.

Déclaration solidaire de Miguel Peralta Betanzos (Prisonnier de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, Mexique)

Traduction de l’Audio de Miguel en espagnol

Salutations à tous les compas qui permettent de transmettre ces paroles sincères.

Il n’est en rien facile de faire mention de ces deux grands mots, LONGUE PEINE, quand d’avance nous savons que leurs systèmes de justice et pénitentiaire ne servent à rien ; le système judiciaire et les personnes néfastes qui dissimulent leur visage derrière la balance, avides de chair à enfermer, tergiversent et fabriquent des expédients poussiéreux pour la justice en se basant à chaque fois sur des critères personnels, moraux et sur commande, pour condamner les compas qui sont en lutte contre l’ordre établi.

De la même manière, il est très compliqué d’assimiler le temps quand on se trouve à l’isolement, et nous ne pouvons pas seulement nous arrêter de vivre en regardant comment passent les jours, les mois, les années du calendrier, et supporter l’humiliation, combattre les peurs générées par la prison, les maladies que nous contractons au fil des jours, et rechercher des alternatives, improviser la résistance pour ne pas se retrouver « la botte sur le cou » tous les jours, tout ceci est, pareillement, une tâche difficile.

La réponse à ce qui nous est imposé pourrait être une résistance accrue, une longue lutte, bien que parfois nous n’ayons plus de forces. Je crois que notre esprit résistera et se maintiendra battant, comme battent nos cœurs enragés, désireux de marcher, libres ! Un jour nous réussirons à leur arracher les nuits et les jours qu’ils nous ont volés, compañer@s.

Les prisonniers dans la rue !
À bas les murs de toutes les prisons !

San Juan Bautista Cuicatlan, Oaxaca

 

Traduit par Ju

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Plus d’info

Dernière lettre (texte)

[Oaxaca] Miguel Betanzos : Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison

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[D.F, Mexico] Lettres de Fernando Bárcenas Castillo : A propos de la bibliothèque Xosé Tarrio González* à l’intérieur de la prison Nord

novembre 2017 – avril 2018

Construire une bibliothèque à l’intérieur de la prison va bien au-delà du fait de créer un simple espace « culturel » ou de « loisirs », cela implique assumer le fait qu’il y aura des tensions et des affrontements parce que pour les sbires de l’administration pénitentiaire il est inconcevable que les prisonniers soient capables d’autodétermination.

En tant que représentants du pouvoir et de la machine mortifère, ils ne peuvent supporter l’idée qu’une poignée de « délinquants » (pour eux) remette en question leur mode de vie… Parce que remettre en question ce lieu qu’est la prison, signifie mettre en cause toute leur société avec son armement, ses valeurs et ses modes de relations…

C’est pour cela que nous nous adressons à vous, ceux de « l’extérieur » pour faire écho à nos luttes et résistances quotidiennes, mais aussi pour tisser des liens de solidarité et de soutien, car notre position est toujours aussi déterminée. Nous n’accepterons rien de l’institution parce que nous ne permettrons pas qu’elle essaie d’absorber et de s’approprier ce projet…

C’est pour cela que maintenant que nous avons réussi à obtenir un espace pour établir la bibliothèque, NOUS LANÇONS UN APPEL À TOUS LES COMPAGNONS ET À TOUTES LES COMPAGNONNES POUR AIDER À LA COLLECTE DE FONDS POUR ACQUÉRIR LE MATÉRIEL AVEC LEQUEL SERA CONSTRUITE LA BIBLIOTHÈQUE, c’est pour cela que nous cherchons à établir des dynamiques de façon conjointe aussi bien dedans que dehors, qui poussent les contradictions et les tensions jusqu’au point de rupture insurrectionnelle.

La prison est un espace commun à tous dans cette ère technologique, et c’est pour cela que nous devons savoir inventer des chemins qui nous conduisent à expérimenter de nouvelles formes de vivre et lutter, de sorte que lorsque l’incendie se propagera il ne restera pas d’autres possibilités incertaines que celles de construire nos vies en nous les réappropriant.

En guerre jusqu’à ce nous soyons tous libres !
Avec rage et amour !!

– Fernando Bárcenas-

Source espagnol

NOTE : Xosé Tarrío González est né en 1968 à la Coruña. A onze ans il est enfermé dans un internat, puis en maison de redressement pour se retrouver à 17 ans en prison où il contracte le SIDA. En prison, il met en oeuvre l’anarchisme et la rébellion, menant de nombreuses tentatives d‘évasions, pratiquant la solidarité réelle entre les prisonniers, luttant résolument contre la prison et les gardiens de prisons ; toutes ces attitudes entraînent humiliations, mises à l’isolement et il est de nombreuses fois torturé. En 2004, son état de santé se dégrade une nouvelle fois dû à sa maladie et finalement, le 2 janvier 2005 il meurt victime de l’institution carcérale et de la société qui la soutient. Xosé était un prisonnier du régime spécial FIES (Fichier Interne de Suivi Spécial) et auteur du livre « Huye, hombre, huye »

La lutte des prisonniers en Espagne et contre les FIES

Inauguration de la bibliothèque Xosé Tarrío González à l’intérieur de la prison Nord

Lettre ouverte aux compagnon·nes prisonnier·es de la taule extérieure.

Nous envoyons un salut fraternel à tous ceux et toutes celles qui pendant toutes ces dernières années sont resté·es attentif·ves tant aux luttes qui se menaient ici à l’intérieur des prisons physiques mais surtout à celles qui avaient lieu dans cette grande prison à ciel ouvert que d’aucuns appellent société.

Parce qu’ici « à l’intérieur » de ces murailles, nous nous assumons aussi en tant que partie prenante de cette guerre, une guerre dont nous ne voulons pas mais qui nous a été imposée par la condition sociale à laquelle nous appartenons.

C’est dans ce sens que je viens vous transmettre ces paroles, parce que comme beaucoup d’entre vous, nous nous opposons à cette gigantesque machine qui tente de nous dépersonnaliser, de nous enlever nos rêves et nos désirs les plus profonds, pour faire de ce monde tout entier une prison de haute sécurité.

Parce que nous croyons fermement qu’il n’existe pas de solution pacifique et qu’à l’intérieur de ce scenario la seule façon d’obtenir la liberté est de construire de nouvelles réalités en dehors du système économique d’exploitation.

C’est pour cela donc qu’à l’intérieur de ce centre d’extermination appelé pénitencier nord nous avons décidé de mettre un terme à l’attitude de victimes pour affronter la nécessité de construire un espace différent dans lequel nous pourrons tisser des réseaux de solidarité et, par l’organisation de nos petites forces, combattre les désastres de la machine de contrôle.

Nous n’allons plus continuer dans la vieille dynamique d’exiger quoi que ce soit de ceux qui administrent notre mort parce ce que nous ne voulons pas être entendus des puissants, nous ne voulons pas être acceptés ni ne voulons qu’ils nous donnent une participation à leur pouvoir.

Nous nous opposons catégoriquement à cette logique qui, plutôt que de créer des fissures dans la machine, la renforce en lui donnant un aspect plus « humain » comme diraient de nombreux·ses hommes et femmes de la « gauche humaniste » .

C’est pour cela que nous vous avons sollicité votre solidarité, parce que c’est avec vous que nous discutons et c’est à vous que nous disons que nous sommes présents avec nos petites forces pour résister à l’anéantissement auquel ils nous ont condamnés parce que différents du prototype citoyen.

Nous savons qu’illes sont nombreux·ses partout à se sentir en danger, menacé·es face à l’extension de la technologie du contrôle… et c’est pour cela que nous les invitons à continuer sur le sentier de la liberté, chacun·e dans son lieu et avec ses modalités et possibilités, mais qu’en nous synchronisant nous fassions écho en une seule révolte qui enflammera le moindre recoin de l’empire.

C’est pourquoi nous vous invitons de participer à cette guerre, vous proposant une action simultanée le 28 avril. Ce jour-là aura lieu un rassemblement à l’extérieur du pénitencier nord afin de présenter toutes les donations de livres pour la bibliothèque Xosé Tarrío González tandis qu’à l’intérieur nous mènerons une action anti-carcérale en inaugurant cet espace…

C’est pour cela donc que nous invitons tous ceux et toutes celles qui ont du matériel et des livres à les apporter ce 28 avril 2018 à l’extérieur du pénitencier nord où seront rassemblés tous les livres collectés afin de les faire entrer en une seule fois.

Notre lutte quotidienne est celle de la destruction de toute forme de domination et pour la démystification de la prison mettant en évidence que la prison est dans tout, pour l’attaquer de toutes parts ; c’est donc une invitation ouverte non seulement à celles et ceux qui veulent participer à l’événement du 28 avril mais également à tous ceux et toutes celles qui veulent ce jour-là ou n’importe quel autre jour étendre la révolte et démontrer leur rage et leur ras-le bol contre la machine de domination, que ce soit en organisant un événement, en taguant ou en faisant une petite action de sabotage, peu importe, car ce qui compte c’est d’amplifier les contradictions et faire écho à la révolte qui enfle jusqu’à l’insurrection généralisée qui devra détruire le pouvoir central… joug commun que nous tous et toutes supportons sur nos épaules.

Nous continuons en guerre jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres…
Avec amour et force !

– Fernando Barcenas-

version espagnol

L’idée de fonder une bibliothèque autonome dans l’auditorium de la prison Nord

Aux compagnon-e-s rebelles

À tous ceux qui construisent leur chemin d’autonomie, j’écris pour rappeler qu’à l’intérieur de ces murs nous tentons d’arracher notre temps vital à la machinerie en créant des moments de lucidité dans ce monde asphyxiant.

C’est ainsi que durant ces années ont surgi des propositions de résistance, de combats isolés en cris qui se perdent dans l’obscurité jusqu’aux moments d’organisation collective informelle dans le quotidien de la vie en régime ouvert, c’est à dire la population carcérale en général. C’est là qu’a surgi depuis presque trois ans l’idée de créer un espace différent où les prisonnier·e·s puissent crier que toute cette destruction doit cesser. Nous savons que le système carcéral est conçu pour soumettre nos corps et nos esprits aux lois du commerce, c’est pour cette raison que nous n’allons pas leur demander de changer. Nous savons que l’argent est le langage des puissants et nous n’avons donc aucune requête à leur faire. Désormais, nous voulons auto-gérer nos vies à l’intérieur de ces murs, contrôler nous-mêmes nos mentalités, puisque ce que visent leurs programmes de réadaptation sociale est la création d’êtres soumis, repentis, coupables et qui de ce fait acceptent le travail, esclaves aux mains des fonctionnaires de la prison.

C’est ainsi qu’est née l’idée de fonder une bibliothèque alternative dans l’auditorium de la prison Nord mais, pour que ce projet d’autonomie grandisse et qu’il puisse fonctionner, nous avons besoin de votre appui et de votre solidarité car, à intérieur, nous sommes réprimé·e·s de façon méthodique. C’est pourquoi nous lançons cet appel à tous ceux qui se savent en guerre, nous avons besoin de vous_!!! Car c’est seulement ensemble que nous réussirons à trouver la force d’affronter la logique de ce système de putréfaction.

Ne nous laissez pas seuls dans la construction d’un espace supplémentaire d’autonomie. Notre lutte est tout aussi importante, nous aussi sommes esclaves, enfants d’une guerre, nous sommes pauvres, ils nous appellent délinquants et pour cela nous marginalisent, mais ensemble avec vous, nous démontrerons que nous sommes capables de vivre la liberté ici et maintenant, même entre ces murs de pierre.

C’est pour poursuivre ce projet que nous vous demandons de nous soutenir.

« La bibliothèque autonome » dans la prison Nord

Avec amour et force pour tous et toutes.

– Fernando Bárcenas –

version espagnol

 

Situation actuelle du projet de bibliothèque autonome à l’intérieur de la prison.

Cher-e-s Compagnon-ne-s

Quelques mots pour vous informer de la situation actuelle du projet de bibliothèque autonome à l’intérieur de la prison.

Tout d’abord, merci de votre participation et, par les pressions exercées, de nous avoir permis d’obtenir un espace qui a rendu possible l’acceptation du projet de bibliothèque. Votre soutien est toujours nécessaire puisque, maintenant, il nous faut construire les meubles et aménager l’espace. Jusqu’à présent en effet, nous n’avons eu les moyens d’acheter ni les matériaux ni les outils nécessaires.

J’ai entendu dire qu’il y avait des personnes disposées à soutenir économiquement et en donnant des livres. C’est pourquoi il est important de dire que, pour l’instant, le principal est de collecter des fonds afin de pouvoir acheter le matériel nécessaire_: des planches de bois, des tire-fonds et des vis, des chevilles expansées, en bois, des clous, des agrafes industrielles, etc. Tout ceci est primordial car il ne sert à rien d’entasser des livres si nous n’avons pas auparavant un endroit aménagé avec des meubles pour les ranger…

L’idée est de travailler pendant ce temps de façon à ce que la bibliothèque puisse être inaugurée à la mi-décembre. Ce sera ainsi un lieu où s’exerce l’autonomie à l’intérieur de ces murs, comme un espace culturel pour la population en général de cette prison, la mise à disposition d’outils destinés à transformer la réalité de cet univers carcéral.

Loin des dogmes idéologiques, religieux et scientifiques, la proposition est d’ouvrir un espace réel pour se retrouver soi-même.

Ceux qui participent à ce projet remettent profondément en question l’assistanat, la « charité » et les fétichismes qui conduisent différentes associations et collectifs du dehors à participer à des projets de diverses sortes à l’intérieur de la prison.

C’est pour cela que nous rappelons à toutes celles et ceux qui ont l’intention d’entrer à l’intérieur de ces murs que nous nous opposons à ce type d’activités. Car la prison est partout ; la lutte anti-carcérale ne doit pas être centrée sur « les prisonnier-e-s » des « prisons physiques » mais doit amener chacun d’entre nous à reconnaître son enfermement quotidien. Et c’est par la rupture insurrectionnelle que nous parviendrons à prendre soin de nous, chacun incendiant ses propres prisons.

Assez de prisonnierisme* ! Construisons de réelles alternatives pour qu’à nouveau nous soyons ceux qui attaquent ce système… Car on ne doit pas se souvenir de façon nostalgique « d’un-e compagnon-ne prisonnier-e » mais le revendiquer dans chaque acte de guerre qui accélèrera le déclenchement de l’insurrection généralisée.

Beaucoup de courage
– Fernando Bárcenas –

* presismo en espagnol : assistanat carcéral

Version espagnol

Traductions Amparo, Juliette, Les trois passants

Plus d’infos sur Fer Barcenas

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[Oaxaca] Miguel Betanzos : Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison

Reçu par mail, mars 2018

Quelques reflexions sur les changements physiques et émotionnels*

Depuis la Maison d’arrêt San Juan Bautista, Cuicatlán, Oaxaca

Miguel Peralta Betanzos

Pendant ma détention, une des premières affections dont j’ai souffert a été mon poignet gauche, cassé par les policiers qui m’avaient frappé. En raison de mon incarcération, ma blessure n’a jamais été soignée, ce qui a entraîné une limitation de la mobilité de ma main, pour développer des activités sportives, mais surtout là où je le ressens le plus c’est dans le travail, notamment lorsque je tisse.

Lorsque j’étais dehors j’étais rarement malade. Maintenant, j’ai développé des maladies telles que la sinusite, des gastrites et des migraines qui ont augmenté je pense à cause du climat, qui est chaud et humide, mais aussi du stress, des préoccupations, de l’anxiété, qui sont des sentiments dont je n’avais pas l’habitude. Je souffre désormais de maladies respiratoires et comme il est rare que le système carcéral fasse un suivi médical, ce sont ma famille, mes compagnons qui s’occupent de mon cas, qui se chargent de m’apporter des médicaments pour tenter de soulager un peu ces maux. Cette situation m’a conduit à consommer des médicaments car en prison on ne nous permet pas de nous soigner avec la médecine traditionnelle de nos peuples, et c’est vrai que je n’étais pas habitué à prendre ces médicaments. Par exemple, je n’ai pas eu le droit de faire rentrer des plantes ou d’autres remèdes pour me soigner alors que dehors j’aurais pu le faire, et, de fait, ceci a aussi engendré une perte, une rupture de mon identité.

Nous sommes limités dans notre épanouissement plein et entier, par exemple concernant l’habillement, je regrette la diversité des couleurs, de ne pouvoir porter une casquette, de me laisser pousser la barbe. Tout cela m’empêche de me sentir comme un être qui se réalise totalement.

Ça me paraît bizarre et incongru, de savoir qu’une sensation qui auparavant pouvait me procurer du plaisir quand j’étais dehors, je me réfère à la nourriture, comment aujourd’hui cela me rend aigri et comment je peux être de mauvaise humeur en ressentant le mal du pays.

J’ai changé mes habitudes de sommeil, maintenant je ne peux plus dormir avec cette tranquillité qui me reposait comme lorsque j’étais dehors. Avant je dormais six heures aux côtés de ma compagne et maintenant je dors trois ou quatre heures par nuit avec cinq compagnons de cellule.

J’en ai jusque par-dessus la tête d’entendre le cliquetis des clefs et le bruit des bottes qui ouvrent et ferment les portes et les cadenas. Tous ces bruits ne me procurent aucun repos et encore moins confiance. Plein de choses me manquent comme prendre un coq dans les bras, écouter une chanson qui me plaise, fouler la terre aux pieds, la sentir et fumer. J’ai la nostalgie de mes marches sous la pluie, du brouillard, de sentir ce climat de la montagne et d’entendre ces bruits. Les bruits des oiseaux, des rivières, du moulin à maïs, à café. Toucher les plantes, récolter le café et le maïs, toucher la terre, l’eau, manger des fruits, danser.

Toute cette surveillance et cette sécurité m’ont, paradoxalement, rendu méfiant à plus d’un titre. Comme, par exemple, pour des choses concernant des échanges au travail, ou acquérir des objets pour la toilette, et dans les relations affectives j’en suis arrivé ycompris à douter de mes compagnons, de ma compagne non du point de vue politique mais au niveau des sentiments, émotionnel, ce qui me met de mauvaise humeur et déclenche une lutte interne pour ne pas me laisser emporter par ces sentiments.

Mais malgré ce que je vous raconte, je cherche à exercer non seulement mon corps mais également mes sens et mon esprit grâce à l’imagination, et en profiter lorsque je sors pour les audiences (même si ce ne sont que quelques moments, car dès mon retour en prison ils me les reprennent). Je tiens à souligner que depuis que je suis enfermé, quelque chose dans ma façon d’être n’a pas souffert des conséquences, et qu’ils n’ont pas non plus réussi à transformer négativement, c’est ma conscience et ma lutte constante pour maintenir ce en quoi je crois, qui je suis et surtout les personnes que j’apprécie.

– Miguel Peralta Betanzos –

*Extrait du livret / fanzine : « Reflexions sur les changements physiques et émotionnels en prison »

Traduit par nos soins

Miguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, a été arrêté au centre-ville de Mexico.

Plus d’infos

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Le monde du « dehorsdedans » (Fanzine) II

Natacha Lopvet, française, a passé dix ans dans la prison pour femmes de Santa Martha Acatitla dans la ville de Mexico ; elle est sortie de prison en mai 2017. Natacha s’est accrochée à l’art pour résister à l’isolement et au lent écoulement des jours ; en prison, elle a rejoint la troupe de théâtre “Sabandija”, encouragée et lancée par sa compagne Maye Moreno. En prison, elle faisait également partie d’un collectif d’artistes qui a pour objectif d’aider d’autres femmes à s’exprimer à travers les arts. Elle s’est engagée à partager avec les autres détenues la joie de la création artistique et, pour ce faire, elle participait à plusieurs ateliers de lecture, écriture, peinture, théâtre ainsi qu’à de nombreuses manifestations culturelles. Natacha a également élaboré plusieurs fanzines qui rendent compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance à travers l’art. Après dix ans de prison, Natacha continue de créer des projets artistiques divers à l’extérieur, elle écrit ses vécus, son parcours et continue à rendre visite à sa compagne Maye Moreno tout en menant de nombreux projets ensemble. Pour se rapprocher malgré les murs qui les séparent, Natacha et Maye ont ouvert le blog « Fueradentro » « dehorsdedans ».

« Fueradentro » « dehorsdedans » II

Technologie par Natacha Lopvet

« Je reste parfois surprise et amusée de voir l’attitude des gens dans la rue, les mains pleines de technologie !!! Dix ans sans technologie, j’arrive avec des yeux tout neufs et ça donne ça … »

Du théâtre en prison par Maye Moreno

« Cela fait 12 ans que je fais du théâtre en prison. Ici il n’y a pas de professionnels. Tout se fait de manière empirique, selon les besoins de s’exprimer, de raconter et d’écouter d’autres histoires pour nous redéfinir. Ceci est important pour nous autres car nous sommes en « voie de ré-insertion » … Faire du théâtre dans ces lieux ne nous donne pas de quoi manger, parce qu’ici tout doit être acheté ; exactement comme dehors, d’ailleurs, mais en plus il faut obligatoirement partager son temps entre les cours, les ateliers, le travail, les repas et les heures d’enfermement. Il reste peu de temps pour se consacrer au théâtre. Mais nous le faisons … Le théâtre est un puissant moyen d’expression. J’ai dirigé deux groupes « Sabandija » et « Las Intratables » ; j’ai essayé d’en contaminer d’autres par mon enthousiasme et je les ai invitées à venir raconter leurs histoires. »

 

Cliquez sur l’image pour télécharger le fanzine

[Ville de Mexico] Lettre de Natacha Lopvet envoyée pour la 4ème journée « Des femmes face à la prison » : regards croisés, vécus et luttes.

Fanzine – Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla [Cliquez sur l’image pour télécharger le fanzine]

« …Tresser des idées, des projets, des rêves, pour réaliser des objectifs reliés à notre vie, parvenir à défaire les nœuds emmêlés que nous n’avons pas réussi à dénouer. Et avec le temps, l’attente, la patience nous éviterons les blessures en chemin, en regardant le monde avec des sourires pour réaliser les fanzines qui accompagnent notre pensée » (…) « Tresser signifie s’emmêler, se rassembler, se mélanger, mais cela signifie aussi se séparer à certains moments (pour faire une tresse, il faut séparer les cheveux) et vivre avec des nœuds qui ne peuvent pas toujours se dénouer aussi facilement que l’on aimerait, il s’agit de tisser différents chemins (les mèches de cheveux) pour les croiser alternativement et former ainsi un seul corps allongé » …

[Ville de Mexico] Lettre de Natacha Lopvet envoyée pour la 4ème journée « Des femmes face à la prison » : regards croisés, vécus et luttes.

Mexico, le 8 février 2018,

Bonjour,

Merci les Trois Passants, El Cambuche, Bruits de Tôles ainsi que les Toulousain·es et tous les amis présents et solidaires avec ceux et celles qui vivent dans et à l’extérieur des prisons.*

J’envoie toujours mes textes à la dernière minute, de la même manière que je vis à la minute, je prends des décisions à la minute, et c’est toujours à la dernière minute que les choses changent, que les événements se créent ou s’annulent. Et c’est comme ça depuis que je suis sortie.

Je tente depuis quelques semaines de jouer le jeu de la « ré-insertion », de frapper aux portes des institutions, des écoles privées, bien peignée, bien coiffée, propre sur moi. Et que croyez-vous ? Cela ne fonctionne pas. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’au fond, je ne veux pas. Le rejet total. Parce que cela empeste l’arrogance et l’arnaque.

Quand on passe dix ans dans un milieu, malgré tout hostile, à réapprendre le respect de soi, de ses désirs, de ses idéaux et de ses codétenu·e·s, on ne peut que constater que la société que l’on rencontre en sortant est complètement dysfonctionnelle. Les valeurs sur lesquelles se basent les sociétés d’aujourd’hui ne peuvent qu’engendrer des drames.

Confinés dans des rêves équivoques, enfants, adolescents et adultes ne peuvent qu’être voués à l’échec, et parce qu’ils veulent sauver ou accéder à des rêves impossibles à matérialiser ils terminent en prison, drogués, obèses, alcooliques ou malades. L’objectif de vouloir ré-insérer des prisonniers dans la société est un leurre. La société est malade, dénuée d’esprit, de poésie et d’empathie.

Comment peut-on se sentir à l’aise au sein d’une communauté qui est régie par la peur, la manipulation, la répression, le dédain, l’ambition et le mensonge ?

J’ai toujours pensé que la prison rendait ses hôtes lucides, en ce sens que l’expérience quelle qu’elle soit doit nous guider et nous ouvrir l’esprit, et je dois avouer que ce que j’observe et expérimente depuis neuf mois me fait un peu vomir. Évidemment, tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir, la liberté a plus que jamais une saveur exquise.

Seulement, mon cerveau aujourd’hui fonctionne différemment, j’observe depuis une autre perspective, vivre dans la vérité, pour de vrai, sans masque, dans le respect, le compañerismo, l’empathie : tous, des concepts que l’on remet au goût du jour en prison, si on veut survivre et se sentir un peu libre de respirer. Dehors, on rencontre le contraire, c’est choquant. Je comprends maintenant pourquoi ceux qui ont passé de nombreuses années dedans ont du mal à ré-intégrer l’environnement (le monde) extérieur.

Je ne peux me résigner à penser que la vie, dehors, est un enfer… Ce serait invivable.

Alors, je vais faire comme dedans, dépasser l’environnement dans lequel je suis, et ne pas autoriser que ce dernier me domine et me ramène dans un enfer quelconque. Je privilégierai mes critères, mes désirs, mon rythme, mes choix, même si je dérange et je bouscule.

Ne pas redevenir un esclave du rêve global.
Je ferai de mon passe-temps mon gagne-pain.
Ne sommes-nous pas sur terre pour nous divertir et jouir de l’existence ?
Un être humain digne est un être humain heureux.

On n’arrive pas en prison pour avoir enfreint la loi, mais pour avoir voulu cesser d’être un esclave, pour avoir voulu rencontrer un espace de liberté.

C’était : l’humeur du jour.

Je vous recommande de vous procurer ce documentaire (Coraje), fait par une Allemande et tourné dans une correctionnelle pour mineures de la ville de Mexico. Où là, même les jeunes issues de cette prison après quelques mois ou années trouvent la vie triste et monotone à l’extérieur, puisque pour ces jeunes, elle consiste uniquement dans la recherche d’emploi, sinon d’argent pour subsister et oublier des activités nouvelles et enrichissantes rencontrées en prison comme le théâtre, entre autres.

Allez, bon vent !

Bon courage et encore merci. Un jour les prisons disparaîtront !!!!

– Natacha Lopvet –

PS : Un clin d’œil à ma mère, aujourd’hui, 11 février, c’est son anniversaire.

*Lettre de Natacha Lopvet envoyée pour la 4ème journée « Des femmes face à la prison » : regards croisés, vécus et luttes.

Plus d’infos Natacha et Maye

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[Depuis la prison Sud- Mexico] Lettre de Luis Fernando Sotelo

Lettre de Luis Fernando Sotelo
Envoyé par la Croix noire anarchiste de México
11 décembre 2017

Depuis la prison Sud du DF

À ceux et celles qui résistent aux stratégies et aux dispositifs du pouvoir capitaliste.

Aux compagnonnes du monde qui se rebellent et refusent d’accepter les formes de domination.

M’appuyant sur la réciprocité qui, je crois, est à la base de la solidarité véritablement révolutionnaire, je veux partager un chapitre de ma vie et y ajouter une réflexion, bien qu’étant toujours derrière les grilles de la prison, ici face aux bureaux de l’appareil judiciaire, bras de l’État, où la défense de la liberté pour la justice n’est de fait qu’un commerce de valeurs économiques.

Je vais donc vous raconter : aux environs de midi, sans surprise, j’entends le coursier « estafeta » (individu, lui aussi détenu, chargé de présenter les tickets de circulation interne, qui permettent de se rendre aux tribunaux).

Il se met à crier mon nom, je sais alors que je vais recevoir des nouvelles de la quatrième chambre du tribunal pénal et que celle-ci a déjà émis une nouvelle sentence. La notification m’est donnée à travers les grilles du tribunal n° 32. La personne qui me lit le verdict est, je suppose puisqu’il ne s’est pas identifié, secrétaire. Je n’ai vu que lui.

La sentence a été modifiée : la condamnation pour atteinte à la propriété a été supprimée, la seule de toutes ces forces juridiques du cirque de privilégiés patronaux. Cela ne m’enlève donc approximativement que neuf années, en insistant sur le fait que l’on me demande une somme supérieure à huit millions de pesos mexicains pour sortir dès aujourd’hui, si tel est « mon désir », et effectuer le reste de la peine, vingt mois, en conditionnelle.

En somme, on me condamne disant que je suis « pénalement coupable des délits de troubles à l’ordre public et d’attaques aggravées aux voies de communication », et l’on m’« impose une peine de 4 ans 8 mois et 7 jours de prison avec une amende de 71 865,72 pesos mexicains (3,151 euros environ) ». Je suis condamné au paiement pour réparations de dommages matériels et l’on me « concède la peine substitutive à la détention par le Traitement en Liberté » ; en résumé, le bénéfice de la suspension conditionnelle de la peine est lié à la réparation préalable des dommages (qui est de huit millions de pesos mexicains si je comprends bien) ainsi qu’une caution de 20,000 pesos. (1000 euros environ).

Pourquoi, si la peine de prison est passée de 13 ans 15 jours à 4 ans 8 mois et 7 jours (c’est-à-dire qu’elle a diminué de 8 ans 4 mois et 8 jours), la réparation des dommages est-elle aussi ridiculement excessive ?

Il s’agit du langage technique (ou non) de la logique dominante qui ne se cache plus : minimiser la dimension humaine de la situation. Certes, on ne nie plus les dommages portés au tram et on ne « juge/condamne » plus deux fois (pour atteinte à la propriété et pour troubles à l’ordre public), mais on criminalise la revendication sociale.

Il est vrai, selon moi, que « toutes les révolutions ont connu leurs excès, inutile de le nier, mais cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à une révolution par peur que ces excès ne se produisent », « ni qu’il faille y prendre part allègrement ».

Ce que je veux dire, c’est que si la logique du pouvoir capitaliste est de criminaliser les manifestations sociales en accentuant la répression contre nous qui sommes sortis dans les rues, et qu’elle trouve son expression d’abord dans des procès judiciaires tortueux et ensuite dans des sentences absurdes, c’est parce qu’il s’agit là d’une logique qui ne se justifie pas socialement mais politiquement.

Les jours que nous vivons actuellement sont des jours aux perspectives révolutionnaires.

Aujourd’hui, on peut dire, depuis l’horizontalité avec les autres et depuis l’appartenance, comme toute espèce animale, aux écosystèmes, que ni notre civilisation ni ses œuvres ne survivront à la destruction de la nature elle-même. De la même façon, on ne peut pas continuer à penser actuellement que l’accumulation d’argent serve à un quelconque bien-être commun. On nous terrorise avec des balles, des féminicides ou des cages, sans parler des milliers de violences organisées conjointement avec le système capitaliste.

Le même individu qui m’a lu la décision judiciaire aujourd’hui m’a dit : « eh bien, dis à tes compagnons qu’ils organisent une collecte pour que tu puisses payer la caution », ce que j’ai ressenti comme un sarcasme à mon encontre et qui m’a fait rire, parce que j’ai compris immédiatement qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que le monde est en train de changer pour des temps qui, peu à peu, mettent en discussion et en construction des approches révolutionnaires.

Mais j’ai surtout ri parce qu’il n’a jamais été question de payer pour les ouvrages qui représentent l’exploitation, le mépris, la répression et le pillage et qui ont été brûlés dans la rage.

Juridiquement, je souhaite l’affrontement avec les institutions qui défendent et représentent le capitalisme, non pas parce qu’une personne honnête à l’intérieur même du pouvoir pourrait prendre une décision qui me serait favorable, mais parce que c’est ma façon, depuis ma détention, d’avancer pour rendre visible l’injustice. Et en même temps, je comprends pourquoi je suis toujours prisonnier et pourquoi je continuerai de l’être.

C’est un chemin difficile et complexe, marqué par la violence envers ma liberté, et envers la liberté de celles et ceux qui m’accompagnent.

Un salut à tou-te-s et comme dit l’histoire (plus ou moins) : « si les chiens aboient, c’est parce que nous avançons ».

vendredi 8 décembre 2017
– Fer –

*lettre de Luis Fernando Sotelo au sujet de la dernière décision de la quatrième chambre du tribunal pénal.

fanzine : écrits de prison.

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[Prison Nord – Mexico] Une bibliothèque autonome

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Le monde du dehorsdedans (Fanzine)

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[Ville de Mexico] Natacha: Le lesbianisme est-il une forme de résistance à l’enfermement ?

Natacha Lopvet, française, a passé dix ans dans la prison pour femmes de Santa Martha Acatitla dans la ville de Mexico ; elle est sortie de prison en mai 2017.

Natacha s’est accrochée à l’art pour résister à l’isolement et au lent écoulement des jours ; en prison, elle a rejoint la troupe de théâtre “Sabandija”, encouragée et lancée par sa compagne Maye. En prison, elle faisait également partie d’un collectif d’artistes qui a pour objectif d’aider d’autres femmes à s’exprimer à travers les arts. Elle s’est engagée à partager avec les autres détenues la joie de la création artistique et, pour ce faire, elle participait à plusieurs ateliers de lecture, écriture, peinture, théâtre ainsi qu’à de nombreuses manifestations culturelles. Natacha a également élaboré plusieurs fanzines qui rendent compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance à travers l’art. Après dix ans de prison, Natacha continue de créer des projets artistiques divers à l’extérieur, elle écrit ses vécus, son parcours et continue à rendre visite à sa compagne tout en menant de nombreux projets ensemble.

« Le lesbianisme est-il une forme de résistance à l’enfermement ? » est le dernier texte qu’elle a écrit pour participer à la 3ème journée de rencontres, d’échanges et de débats « Des femmes face à la prison » : regards croisés, vécus et luttes qui a eu lieu en Ariège le 28 octobre 2017. Nous diffusons ici son texte :

Le lesbianisme est-il une forme de résistance à l’enfermement ?

En prison il y a des femmes qui étaient lesbiennes avant d’y entrer et puis il y a toutes les autres qui, à 90 %, le deviennent, ou qui expérimentent le lesbianisme, depuis la coquetterie en passant par les relations platoniques, jusqu’au projet de mariage et de vie commune, pendant et après la prison. Certaines, après la sortie, retournent avec des hommes mais d’autres restent lesbiennes pour avoir découvert une tendance ou une préférence sexuelle qu’elles ignoraient auparavant.

Des femmes (jeunes en général) entrent en prison et optent pour un rôle d’homme, changent leur aspect, leur façon de se vêtir, de se raser les cheveux, de marcher ou de parler, essentiellement pour se protéger et surtout être maintenue par une femme au niveau économique et affectif : on les appelle les “machin” (petit macho). Elles attirent des femmes, des filles qui cherchent en elles un mari perdu, un père autoritaire, en somme qui cherchent à reproduire un schéma de vie abandonné à leur entrée en prison.

Le lesbianisme est très certainement, entre autres, une forme de résistance à l’enfermement, à l’isolement, à la solitude, à l’abandon, et il est aussi provoqué par une grande promiscuité, des carences matérielles et affectives de grande envergure, une telle adversité rapprochant forcément les êtres.

Malgré les efforts d’ouverture faits ici au Mexique à la communauté LGBTTI* à l’intérieur et à l’extérieur des prisons, il y a encore beaucoup de discriminations autant de la part des prisonnières que des autorités, dues à l’ignorance, au déni de soi. Je n’étais pas lesbienne en entrant en prison mais au bout de sept ans, je me suis mariée avec une femme qui s’appelle Maye, nous sommes très heureuses.

– Natacha –

* comunidad Lésbico Gay, Bisexual, Transexual, Transgenero e Intersexual (LGBTTI)

Nouvelles du dehorsdedans

Natacha et Maye ont ouvert un blog « Fueradentro » « dehordedans »

https://fueradentro1.blogspot.fr/

« Aujourd’hui c’est jour de visite. Le ciel est bleu et l’air est tiède, même s’il n’est pas des plus limpides. À onze heures tapantes je sors en courant du couloir jusqu’à la salle des visites : Natacha est là, elle est arrivée par surprise, sans me prévenir, et elle m’attend avec une rose à la main, du pain frais et le journal du jour. Nous nous embrassons fort et mon cœur commence à s’emballer. Nous nous asseyons et nous mettons à parler, au début de tout et de rien à la fois, et puis nous nous laissons emporter par l’émotion, nos idées se multiplient et les heures se mettent alors à passer trop vite, à peine sont-elles suffisantes pour défaire et refaire notre monde qui est le monde des anciens et celui des enfants, des enseignants et des ouvriers, des jeunes et de ceux qui sont libres. Le monde qui m’attend dehors et celui dans lequel je vis pour l’instant : celui de dedans. Natacha et moi faisons mille projets pour parcourir sans cesse, pour explorer à fond le monde du dehorsdedans. »

– Maye Moreno –

« Difficile d’être complètement dehors quand quelqu’un est dedans, c’est comme cultiver les deux facettes des sentiments de liberté et d’enfermement, et d’un autre côté c’est résister à l’enfermement en maintenant des pensées infinies. Chacun se situe où il veut ou où il peut, que ce soit dedans ou dehors !!! »

– Natacha Lopvet –

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Fanzine – Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla

Nous vous présentons ici un fanzine intitulé « Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla. »

Natacha, Maye, Nancy font partie des 1500 femmes prisonnières qui vivent jour après jour dans la prison de femmes de la ville de Mexico. Avec d’autres prisonnières, elles ont participé par leurs écrits, poèmes et réflexions au fanzine collectif intitulé « LEELATU », qui rend compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de l’attente, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance, du fonctionnement de la hiérarchie carcérale et des classifications du travail en prison, entre autres thématiques liées à l’enfermement.

Nous avons traduit en français quelques réflexions, écrits et poèmes en essayant de faire voyager leur parole et de commencer ainsi à tisser un lien de solidarité avec elles.

Les dessins et les fresques recueillis dans ce fanzine ont également été élaborés par les prisonnières de Santa Martha Acatitla.

… « Tresser des idées, des projets, des rêves, pour réaliser des objectifs reliés à notre vie, parvenir à défaire les nœuds emmêlés que nous n’avons pas réussi à dénouer. Et avec le temps, l’attente, la patience nous éviterons les blessures en chemin, en regardant le monde avec des sourires pour réaliser les fanzines qui accompagnent notre pensée »(…)« Tresser signifie s’emmêler, se rassembler, se mélanger, mais cela signifie aussi se séparer à certains moments (pour faire une tresse, il faut séparer les cheveux) et vivre avec des nœuds qui ne peuvent pas toujours se dénouer aussi facilement que l’on aimerait, il s’agit de tisser différents chemins (les mèches de cheveux) pour les croiser alternativement et former ainsi un seul corps allongé » …

fanzinezantamarwebCliquez sur l’image pour télécharger le fanzine

Quelque part dans la ville de Mexico, la ville monstre.

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Écrit de Natacha Lopvet Mrikhi, une semaine après sa sortie de prison.

Voici un texte de Natacha Lopvet Mrikhi, écrit une semaine après sa sortie du Centre Féminin de Réadaptation Sociale de Santa Martha Acatitla, Ville de Mexico. Lorsque Natacha était en prison, elle a écrit le texte « Les odeurs » [en prison]. Ce nouveau texte fait référence aux odeurs du…Dehors.

Natacha Lopvet, française, a passé 10 ans dans la prison pour femmes de Santa Martha Acatitla. Elle s’est jointe à la troupe de théâtre Sabandija encouragée et lancée par sa compagne. En prison, elle faisait également partie d’un collectif d’artistes qui a pour objectif d’aider d’autres femmes à s’exprimer à travers les arts. Elle s’est engagée à partager avec les autres détenues la joie de la création artistique, et, pour ce faire, elle participait à plusieurs ateliers de lecture, écriture, peinture, théâtre ainsi qu’à de nombreuses manifestations culturelles. Natacha a également élaboré plusieurs fanzines qui rendent compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance à travers l’art. Après 10 ans de prison, Natacha continue de créer des projets artistiques divers à l’extérieur.

ODEURS DU … DEHORS

L’odeur des churros là juste au coin de la rue
Excitant l’odorat, l’appétit et les souvenirs
Odeur de goyave, de mangue, de papaye, de noix de coco et de fraise
Mélangée aux odeurs de viande grillée, de sauces et de tortillas
Odeur de liberté, d’expansion et de vitesse
Odeur d’abondance et de fraîcheur ;
Odeurs de parfums, de crèmes, de savons et d’essence
Odeurs variées, nombreuses, savoureuses et plus encore
Odeur de pluie, de terre mouillée, de pin, de village,
De tissus, de fils, de sofas, de maisons
Odeurs de famille, d’amis, de rencontres, d’unité
Odeur de torréfaction, qui t’arrête et te fait revenir en arrière
Odeur de spontanéité, d’immensité, d’infini,
Odeurs du connu, de l’inconnu,
Odeurs de tentation, de provocation et d’extase,
Odeur d’avant-goût mélangée à la vue,
Au déjà vu, au vécu,
Les yeux agités, transformés en zoom
essayant de fixer une image
qui tout à coup n’a plus ni bords, ni rivages
S’approcher goulûment et reculer immédiatement
Prise par les sens prisonniers de la mémoire,
Exacerbés par la nouveauté du présent
Dans une explosion de bruits
Paralysants ou stimulants.
Où le temps perd du terrain,
Où l’espace et son volume
Embrument l’esprit, réveillent à nouveau
le mécanisme du désir et la stimulation de l’appétit
Écrasé si méticuleusement pour cultiver
La liberté ou le sentiment de liberté à l’intérieur
Du microcosme carcéral pendant dix ans.
C’est un peu comme aller à la fête foraine sans pouvoir monter dans les manèges
Sans manger de barbe à papa. Juste contempler, avec ivresse,
Laissant les sens vagabonder, voyager.

– Natacha Lopvet Mrikhi –

Les odeurs [à l’intérieur de prison]

L’odeur des égouts, l’odeur de la douche,
l’odeur des sanitaires, l’odeur des tuyaux, l’odeur de l’évier,
l’odeur persistante des poubelles, l’odeur pestilentielle des incinérateurs
des abords de la ville, l’odeur des produits chimiques
des industries de la région portée par le vent.
L’odeur de crasse, l’odeur de pieds,
l’odeur de sueur, l’odeur de graisse,
l’odeur qui sort de la cuisine,
l’odeur de la peur, du tourment, du dégoût, de l’impatience,
de l’intolérance, l’odeur de la répression, l’odeur de l’eau pourrie
qui sort tous les jours du robinet.
L’odeur de vomi, de pisse de chat et d’humain,
l’odeur du tabac froid, l’odeur des punaises,
des cafards, du linge mal lavé, l’odeur de vieux, d’humidité,
de champignons, de poussière, l’odeur du désespoir, de l’injustice,
l’odeur de l’inégalité, l’odeur du crack « la piedra » , du solvant, de la marijuana,
l’odeur de la pâte à modeler , de la colle 5000, l’odeur des ongles fraîchement collés,
l’odeur du polyester, l’odeur de l’huile brûlée, rance, de l’enfermement,
l’odeur des murs sales, des chewing-gums écrasés sur le sol par centaines,
l’odeur de l’essence, l’odeur des freins et des pneus cramés, l’odeur des pesticides.
Odeur de sexe sale, odeur de prostitution, odeur de lucre,
odeur d’adultère, de sans vergogne, odeur de pauvreté, odeur de médiocrité.
Ça sent toujours mauvais
sauf quand l’être se lave, se parfume ou nettoie son espace de vie
ou quand il cuisine un mets très savoureux et y ajoute beaucoup d’amour.
Mais parfois j’aime sentir l’herbe fraîchement coupée
ou bien les fleurs que mes amis viennent de m’apporter
ou les fruits frais (pas OGM) que les mères portent dans leurs paniers.

– Natacha Lopvet Mrikhi –

Traductions Amparo et les trois passants

[Mexico] Lettre du compagnon Fernando Bárcenas, 02/08/2017

« Ce qui fait la force d’un·e prisonnier·e en guerre, c’est la conscience qu’il/elle a de se savoir faire partie de la révolte ».

Chers compagnons :

Même avec les derniers événements éprouvants, et l’inquiétude et le désespoir, je suis aujourd’hui content d’entendre les cris de guerre qui résonnent contre les murs de pierre.

Un·e prisonnier·e en guerre ne peut être consideré·e comme un étendard et, pour cette raison, en dépit de la force de ma volonté individuelle, je dois accepter que j’ai besoin de vous pour sortir de cette routine asphyxiante.

Ce qui fait la force d’un·e prisonnier·e qui demeure en état de guerre à l’intérieur de la prison provient principalement du fait de se sentir faire partie d’une extension permanente de la révolte, et je dois admettre que, toutes ces années, je n’ai rien ressenti de plus que de l’apathie, produit peut-être de la fatigue et de l’impuissance de savoir que nous sommes moins nombreux·ses celles et ceux qui, en réalité, cherchent quelque chose de meilleur.

Il n’y a pas de mal à avoir peur, mais il faut admettre qu’il n’existe presque pas de communication. Nous ne devons pas nous désolidariser, il est triste de se souvenir d’une compagnonne seulement au moment où elle est en danger, ou quand la situation se complique.

Ceci est un bref message qui a pour seule intention d’inciter à la réflexion sur ce que nous considérons comme « accompagnement » ou « lutter contre la prison ».

Même avec tout cela, il faut continuer, toujours, à être fort·e·s dans le combat pour récupérer nos vies et amplifier toutes les contradictions qui nous font coïncider dans cette guerre ouvertement déclarée à la société et aux personnes qui ne correspondent pas à la forme de vie qu’ils essayent de nous imposer.

J’en profite aussi pour vous informer que la date de l’audience sera le prochain 10 août à 10h du matin dans la première salle pénale. Je vous remercie pour vos marques de solidarité et fais un appel à continuer de faire pression sur cette instance, car il est important de ne pas laisser de coté les alternatives pour sortir de ce lieu.

Avec beaucoup d’amour et de force
Votre compagnon
Fernando Bárcenas.

 

Communiqué reçu par la CNA Mexico le 02/08/2017

Traduction Juliette et Amparo

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Chronologie – Correspondance (lettres + infos) juin-août 2017 :

♦ Le compagnon Fernando Bárcenas sort du quartier d’isolement.(25 juillet 2017)

Depuis la prison nord, lettre de Fernando Bárcenas (20 juillet 2017)

Mise à jour de la situation de Fernando Bárcenas par la Croix Noire Anarchiste Mexico (19 juillet 2017)

Depuis la prison nord : Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas + infos (16 juillet 2017)

Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas : Situation actuelle (4 juin 2017)

♦ Plus d’infos sur Fer Barcenas

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[Mexico – prison Nord – ReNo] Le compagnon Fernando Bárcenas sort du quartier d’isolement.

Note : Selon les dernières informations données par la Croix Noir Anarchiste de Mexico, le mercredi 26 juillet 2017, le compagnon Fer a été transféré à la zone dite de « population générale » et ce grâce à la pression et à la mobilisation exercées par des personnes et des collectivités solidaires.

Lettre de Fernando Bárcenas, 25 juillet 2017 :

Chers-es ami-e-s

Je vous écris pour vous informer un peu sur ma situation actuelle. Après avoir été transféré dans le quartier de haute sécurité, où je suis à présent dans l’attente d’une décision du conseil technique interdisciplinaire concernant mon affectation. Auparavant, ils m’avaient placé dans ce quartier au prétexte d’assurer ma sécurité, en réalité il s’agissait d’assurer celle de l’institution.

Je remercie les gestes de solidarité des compagnon-nes qui se sont bougé-es pour mettre fin à cette ségrégation qui m’a été imposée en raison de mon refus à soumettre mes rêves de liberté et de continuer les projets qui jusqu’ici tiennent debout, tels que la bibliothèque alternative que des compagnons continuent à construire dans la salle polyvalente de la population générale, ainsi que le journal anti-carcéral de combat « El Canero » qui a été découvert par les matons lors d’une fouille de mes affaires ; il faut mentionner qu’après avoir été conduit au quartier de haute sécurité (QHS), ils m’ont prévenu qu’ils pourraient bien me tuer en raison de ce que je disais et que je devais cesser l’édition du journal, qui bien sûr, n’a pas vraiment plu au personnel de sécurité. Il est aussi important de signaler que pour réduire ma peine en prison, la demande de remise de peine que j’ai déposée [beneficio de libertad anticipada] à laquelle je peux prétendre, est toujours en cours. Ceci pourrait me permettre d’accomplir la fin de ma peine en « liberté » conditionnelle (dehors). A ce propos, je tiens à rappeler que je ne reconnais pas les outils légaux de l’État. Cependant, ma situation est devenue dangereuse en prison et mon intégrité est menacée, c’est pour cela que je cherche une voie pour retrouver la tranquillité.

C’est pourquoi je lance un appel à tous et toutes les compagnon-nes d’affinité et solidaires pour faire pression afin que cette solution soit celle recherchée car elle est de la plus haute importance pour ma sécurité.

Je voudrais aussi lancer un appel à ne pas laisser certaines choses de côté, à ne pas agir seulement quand quelque chose de grave se passe, nous ne devons pas baisser la garde, nous devons toujours rester vigilants puisque dans la prison le temps court différemment . La vie d’un-e prisonnier-e ne se compte pas en années, mais en heures, minutes, secondes …

Ceci est un cri ouvert à la réflexion sur la solidarité révolutionnaire qui manque beaucoup de nos jours.

La continuité de cette guerre déclarée contre tou.te.s et chacun.e d’entre nous doit passer par le fait d’assumer que la prison est partout. Nous devons prendre le risque de vivre et de sentir ou bien de perdre en se contentant du déroulement quotidien des jours sans vie, sans liberté et sans sens. C’est pour cela que nous sommes toujours en guerre, jusqu’à ce que tous et toutes soyons libres.

25 juillet 2017
Fernando Bárcenas.

Traduction Les trois passants / Correction Amparo

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Chronologie – Correspondance (lettres + infos) juin-juillet 2017 :

Depuis la prison nord, lettre de Fernando Bárcenas (20 juillet 2017)

Mise à jour de la situation de Fernando Bárcenas par la Croix Noire Anarchiste Mexico (19 juillet 2017)

Depuis la prison nord : Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas + infos (16 juillet 2017)

Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas : Situation actuelle (4 juin 2017)

♦ Plus d’infos sur Fer Barcenas

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Quelque part dans la ville de Mexico, la ville monstre.
Écrit de Natacha Lopvet Mrikhi, une semaine après sa sortie de prison.

Depuis déjà un certain temps, nous avons élargi notre solidarité et dernièrement nous sommes en relation avec des prisonnier-e-s dit-e-s de droit commun organisé-e-s dans la prison de Santa Martha Acatitla (Centre Féminin de Réadaptation Sociale de Santa Martha Acatitla, Ville de Mexico).

Voici un texte de Natacha Lopvet Mrikhi, écrit une semaine après sa sortie du Centre Féminin de Réadaptation Sociale de Santa Martha Acatitla, Ville de Mexico. Lorsque Natacha était en prison, elle a écrit le texte « Les odeurs » [en prison]. Ce nouveau texte fait référence aux odeurs du…Dehors.

Natacha Lopvet, française, a passé 10 ans dans la prison pour femmes de Santa Martha Acatitla. Elle s’est jointe à la troupe de théâtre Sabandija encouragée et lancée par sa compagne. En prison, elle faisait également partie d’un collectif d’artistes qui a pour objectif d’aider d’autres femmes à s’exprimer à travers les arts. Elle s’est engagée à partager avec les autres détenues la joie de la création artistique, et, pour ce faire, elle participait à plusieurs ateliers de lecture, écriture, peinture, théâtre ainsi qu’à de nombreuses manifestations culturelles. Natacha a également élaboré plusieurs fanzines qui rendent compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance à travers l’art. Après 10 ans de prison, Natacha continue de créer des projets artistiques divers à l’extérieur.

ODEURS DU … DEHORS

L’odeur des churros là juste au coin de la rue
Excitant l’odorat, l’appétit et les souvenirs
Odeur de goyave, de mangue, de papaye, de noix de coco et de fraise
Mélangée aux odeurs de viande grillée, de sauces et de tortillas
Odeur de liberté, d’expansion et de vitesse
Odeur d’abondance et de fraîcheur ;
Odeurs de parfums, de crèmes, de savons et d’essence
Odeurs variées, nombreuses, savoureuses et plus encore
Odeur de pluie, de terre mouillée, de pin, de village,
De tissus, de fils, de sofas, de maisons
Odeurs de famille, d’amis, de rencontres, d’unité
Odeur de torréfaction, qui t’arrête et te fait revenir en arrière
Odeur de spontanéité, d’immensité, d’infini,
Odeurs du connu, de l’inconnu,
Odeurs de tentation, de provocation et d’extase,
Odeur d’avant-goût mélangée à la vue,
Au déjà vu, au vécu,
Les yeux agités, transformés en zoom
essayant de fixer une image
qui tout à coup n’a plus ni bords, ni rivages
S’approcher goulûment et reculer immédiatement
Prise par les sens prisonniers de la mémoire,
Exacerbés par la nouveauté du présent
Dans une explosion de bruits
Paralysants ou stimulants.
Où le temps perd du terrain,
Où l’espace et son volume
Embrument l’esprit, réveillent à nouveau
le mécanisme du désir et la stimulation de l’appétit
Écrasé si méticuleusement pour cultiver
La liberté ou le sentiment de liberté à l’intérieur
Du microcosme carcéral pendant dix ans.
C’est un peu comme aller à la fête foraine sans pouvoir monter dans les manèges
Sans manger de barbe à papa. Juste contempler, avec ivresse,
Laissant les sens vagabonder, voyager.

– Natacha Lopvet Mrikhi –

Les odeurs [à l’intérieur de prison]

L’odeur des égouts, l’odeur de la douche,
l’odeur des sanitaires, l’odeur des tuyaux, l’odeur de l’évier,
l’odeur persistante des poubelles, l’odeur pestilentielle des incinérateurs
des abords de la ville, l’odeur des produits chimiques
des industries de la région portée par le vent.
L’odeur de crasse, l’odeur de pieds,
l’odeur de sueur, l’odeur de graisse,
l’odeur qui sort de la cuisine,
l’odeur de la peur, du tourment, du dégoût, de l’impatience,
de l’intolérance, l’odeur de la répression, l’odeur de l’eau pourrie
qui sort tous les jours du robinet.
L’odeur de vomi, de pisse de chat et d’humain,
l’odeur du tabac froid, l’odeur des punaises,
des cafards, du linge mal lavé, l’odeur de vieux, d’humidité,
de champignons, de poussière, l’odeur du désespoir, de l’injustice,
l’odeur de l’inégalité, l’odeur du crack « la piedra » , du solvant, de la marijuana,
l’odeur de la pâte à modeler , de la colle 5000, l’odeur des ongles fraîchement collés,
l’odeur du polyester, l’odeur de l’huile brûlée, rance, de l’enfermement,
l’odeur des murs sales, des chewing-gums écrasés sur le sol par centaines,
l’odeur de l’essence, l’odeur des freins et des pneus cramés, l’odeur des pesticides.
Odeur de sexe sale, odeur de prostitution, odeur de lucre,
odeur d’adultère, de sans vergogne, odeur de pauvreté, odeur de médiocrité.
Ça sent toujours mauvais
sauf quand l’être se lave, se parfume ou nettoie son espace de vie
ou quand il cuisine un mets très savoureux et y ajoute beaucoup d’amour.
Mais parfois j’aime sentir l’herbe fraîchement coupée
ou bien les fleurs que mes amis viennent de m’apporter
ou les fruits frais (pas OGM) que les mères portent dans leurs paniers.

– Natacha Lopvet Mrikhi –

Traductions Amparo et les trois passants

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Fanzine – Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla

… « Tresser des idées, des projets, des rêves, pour réaliser des objectifs reliés à notre vie, parvenir à défaire les nœuds emmêlés que nous n’avons pas réussi à dénouer. Et avec le temps, l’attente, la patience nous éviterons les blessures en chemin, en regardant le monde avec des sourires pour réaliser les fanzines qui accompagnent notre pensée »(…)

Nous vous présentons ici un fanzine intitulé « Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla. »

Natacha, Maye, Nancy font partie des 1500 femmes prisonnières qui vivent jour après jour dans la prison de femmes de la ville de Mexico. Avec d’autres prisonnières, elles ont participé par leurs écrits, poèmes et réflexions au fanzine collectif intitulé « LEELATU », qui rend compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de l’attente, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance, du fonctionnement de la hiérarchie carcérale et des classifications du travail en prison, entre autres thématiques liées à l’enfermement.

Nous avons traduit en français quelques réflexions, écrits et poèmes en essayant de faire voyager leur parole et de commencer ainsi à tisser un lien de solidarité avec elles.

Les dessins et les fresques recueillis dans ce fanzine ont également été élaborés par les prisonnières de Santa Martha Acatitla.

… « Tresser des idées, des projets, des rêves, pour réaliser des objectifs reliés à notre vie, parvenir à défaire les nœuds emmêlés que nous n’avons pas réussi à dénouer. Et avec le temps, l’attente, la patience nous éviterons les blessures en chemin, en regardant le monde avec des sourires pour réaliser les fanzines qui accompagnent notre pensée »(…)« Tresser signifie s’emmêler, se rassembler, se mélanger, mais cela signifie aussi se séparer à certains moments (pour faire une tresse, il faut séparer les cheveux) et vivre avec des nœuds qui ne peuvent pas toujours se dénouer aussi facilement que l’on aimerait, il s’agit de tisser différents chemins (les mèches de cheveux) pour les croiser alternativement et former ainsi un seul corps allongé » …

fanzinezantamarwebCliquez sur l’image pour télécharger le fanzine

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[Ville de Mexico] Lettre de Luis Fernando Sotelo, depuis la prison sud.

Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 22 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après plus de deux ans de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné à 13 ans de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€).

Lettre de Luis Fernando Sotelo, depuis la prison sud – juin 2017.

 

Aux personnes conscientes, aux collectifs qui mettent toute leur force pour démonter la réalité mécanisée.

A tous ceux qui comprennent que la vie est la vie et que le capitalisme est la mort.

A ceux qui m’ont accompagné depuis le premier jour de ma détention.

Et à ceux qui ont embrassé, empoigné les diverses formes d’exprimer le NON ! A l’emprisonnement et à celui de la liberté :

salutations et abrazos à tous et à toutes.

Premièrement : Le lundi 3 juillet aura lieu un meeting à l’extérieur du Tribunal Deuxième chambre en Matière pénale, où se déroulera l’Appel de ma dernière sentence (décembre 2016 me condamnant à 13 ans et 15 jours) afin que pendant ces deux semaines convoquées, par leur présence, ceux qui se solidarisent et s’impliquent dans les procès du peuple organisé, puissent se manifester.

Pour ceux qui n’ont toujours pas décidé de participer à cette initiative je leur dis soyez attentifs malgré tout au résultat de ce procès et aux signes que la liberté envoie à l’ombre des Institutions, parce que les ombres remplissent la nuit et le jour est loin d’être d’un seul bloc, de même que la raison rutilante de l’État ne l’est pas davantage.

Malgré tout, je vous demande d’assister au meeting, qui est un outil pour faire pression dans la lutte contre les motifs pour lesquels on me punit, comme cela se fait depuis longtemps. Étant donné que le motif judiciaire n’est pas suffisant (celui qui m’a conduit en détention) pour être libre dehors de la prison ; parce que plus d’un juge, – dans mon cas comme dans d’autres – considère que la justice est une dame aux yeux bandés tenant dans la main gauche une épée et dans la droite un chien de garde, c’est ainsi qu’ils prétendent faire respecter leurs sentences. Et parce que même si la stabilité cohérente des lois de l’État dépend de ce que les acteurs judiciaires m’emprisonnent/m’absolvent; je sais aussi que la domination exercée par l’État ne garantit le bien-être de personne et n’a d’autre objectif que d’imposer son ordre par la force. C’est pourquoi j’en appelle à la solidarité pour mon cas, pour démentir l’impuissance antiétatique et anticapitaliste, car seule la force de ceux d’en bas peut me rendre libre.

Deuxièmement : quel que soit le résultat de mon appel, je vous demande de continuer à me soutenir aussi bien dans les sentiments que dans la pratique qui consiste à attaquer les différentes formes de domination.

Troisièmement : je veux partager avec vous ce que j’ai appris en tant que prisonnier, ce que m’a apporté cette expérience. J’ai appris que je suis libre pour m’assumer en tant qu’ennemi de la domination capitaliste.

– parce que je suis jeune

– parce que j’écoute de la musique et pas seulement de la musique commerciale

– parce que je ne vénère pas la richesse du riche

– parce que bien que n’étant pas zapatiste je suis adhérent à “Sexta” Sixième Déclaration de la forêt Lacandone

– parce que je n’accepte pas que l’État Mexicain criminalise en se servant de ma personne

– parce que je n’accepte pas ma punition sans auparavant me savoir en condition de guerre contre les entrepreneurs parasites de la Société Bourgeoise

– parce que je me suis retrouvé dans le surplus de ce modèle idéal et moderne de société de ces gouvernements officiels.

– parce que par mes paroles je cherche le respect des autres luttes anticapitalistes

– parce que sans être anarchiste je partage des idées avec l’anarchisme

– parce que marchant sur un chemin aussi étroit que celui du judiciaire, je ne me rends pas, je ne me vends pas, je ne lâche rien.

– parce qu’il est plus que possible et probable que je rêve à d’autres chemins pour la libération des peuples

– parce que je cherche à me faire entendre et à me rendre visible loin des moyens de communication vendus et de désinformation, chez lesquels je figure comme ennemi du bien commun

– parce que je crois chaque jour un peu moins que ma nature dépend de critères civilisés mais qu’elle dépend par contre beaucoup plus de mes envies profondes de créer, aussi bien que de mes envies de détruire ce qui nous est imposé

– parce que sans appartenir à aucun parti, je réfléchis à la politique utilitariste de ceux d’en haut de là où je vis

– parce que je préfère voir une tempête dans le ciel plutôt qu’une télé-novela à l’échelle nationale

– parce que je reconnais que la lutte n’existe pas seulement à l’extérieur de moi, mais que je peux aussi la nourrir de l’intérieur

Aujourd’hui je suis un ennemi des structures capitalistes. C’est pour cela que mes ennemis à travers la prison et leurs sentences démesurées tentent inutilement de faire en sorte que leurs ennemis potentiels de demain ne se rebellent pas. Après tout, la revanche contre la prison ne concerne pas que moi.

Mon plus sincère Amour et ma plus sincère Gratitude aux compagnons.

Luis Fernando Sotelo Zambrano
Juin 2017

 

Traduction Amparo, Les trois passants / correction Lucio

Plus d’infos + fanzine : écrits de prison.

Fanzine à télécharger, cliquez sur l’image.

[Mexico] Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas : Situation actuelle et notification du paiement de l’amende

Depuis la prison nord
Ville de Mexico
Lettre de Fernando Bárcenas
en annexe sa lettre manuscrite

J’écris ces quelques lignes rapidement pour donner des informations sur ma situation actuelle…

Dernièrement il y a eu des tensions dans la zone de ségrégation, conflits internes, bagarres pour tout et en même temps pour rien.

Bien que somme toute il n’y a pas à avoir peur du conflit, puisqu’à la fin nous sommes obligés à vivre ensemble, et à travers les désaccords qui surgissent nous apprenons peu à peu à nous tolérer dans cette île.

Étant isolés du reste de la population il est difficile d’avoir des choses et des aliments, la bouffe n’arrive pratiquement pas et nous devons nous mutiner tous les quatre matins pour avoir le droit à la nourriture.

Cela se passe tous les jours, c’est une lutte silencieuse et quotidienne qui se mène sans que personne n’y prête la moindre attention, les surveillants sont d’habiles négociateurs qui étouffent les révoltes en un clin d’œil et une des choses qui contribue le plus à ce cercle vicieux c’est l’addiction aux drogues de la majorité des sanctionnés. C’est ce qui permet aux matons de faire du chantage aux prisonniers avec des punitions et récompenses : – si tu te comportes bien, je t’ouvre ta grille et tu pourras te procurer de l’argent et des drogues. – Si tu te comportes mal, je t’enferme et tu n’auras pas de drogues pas plus compliqué que ça, le système disciplinaire.

Et comme on abandonne l’idée d’agresser et de lutter contre l’autorité, le stress se décharge quotidiennement d’un prisonnier à l’autre, de tous contre tous. Même comme ça j’apprends des expériences qui se présentent.

Si je n’ai pas écrit dernièrement vers « l’extérieur » de ces murs c’est parce que je me suis fixé comme exercice d’apprentissage pratique, l’analyse et la tentative de chambouler mes relations quotidiennes et maintenant que j’ai l’impression d’avoir réfléchi suffisamment sur mes comportements sociaux je voudrais partager avec vous mes apprentissages. C’est d’ailleurs pour cela que j’en profite pour vous informer que le cinquième numéro du journal « El Canero » est presque prêt. Et c’est grâce à ce moyen que je pourrai mieux vous expliquer mes idées et propositions pour continuer l’offensive dans la lutte pour nous réapproprier nos vies.

Voilà à grands traits l’état dans lequel je me sens, plein de courage et d’envie de continuer à fomenter et inventer de nouvelles formes de rupture avec mes propres dogmes, peurs et préjugés.

Maintenant en ce qui concerne l’aspect juridique. J’ai reçu la notification du paiement de l’amende à laquelle j’ai été condamné lors de la sentence qui m’avise que le total à percevoir est de 35,550 pesos dans un délai de deux semaines, l’échéance fixée pour le paiement.

Cette amende doit être malheureusement payée sinon je devrai la payer en jours de prison c’est à dire 550 jours supplémentaires qui viendraient s’ajouter aux 6 ans de ma condamnation indépendamment de celle-ci.

Voilà pour l’instant ce qui s’est passé, de toutes manières, d’une façon ou d’une autre j’écrirai à nouveau ces jours-ci en espérant qu’il y ait des esprits rebelles.

Fernando Bárcenas
(4 juin, 2017)

Pour toute information complémentaire, virement bancaire et transfert international en soutien à Fernando Bárcenas contacter La Croix Noire Anarchiste de Mexico : cna.mex@gmail.com

Pour les virements bancaires au niveau national ( au Mexique ) envoyer votre soutien : compte bancaire 89641305400980 de Banco Azteca au nom de Ana Castillo (Mère de Fernando).

Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Source Croix Noire Anarchiste de Mexico

Fernando Bárcenas Castillo est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 21 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”; dernièrement il a mis en place une bibliothèque gérée par les propres prisonniers. Fer a également encouragé et lancé l’organisation des prisonnier-e-s en résistance, tout d’abord il encourage la formation du C.C.P.R (Coordination Combative de Prisonniers en Résistance) plus tard il participe à la coordination des grèves de la faim avec d’autres prisonniers anarchistes de la ville de Mexico. Par la suite Fer lance et encourage la formation de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) comme forme et espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire. La CIPRE étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle. Fer lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, le nom « cimarron » signifie «s’échapper, fuir». Le marronnage était le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître.

Plus d’infos (Ecrits de prison ) Fer Barcenas

Traduction Amparo et les trois passants

[Oaxaca] Deux ans de réclusion – Lettre de Miguel Betanzos

Le 30 avril, cela fera deux ans depuis mon arrestation et le début de ma réclusion. Deux longues années que je pourrais vous raconter : secondes, heures, minutes et nuits volées, jours d’angoisse et d’impuissance, de haine de l’État et de ses institutions. Le quotidien qui m’use. L’individualisme qu’on nous oblige à reproduire, et que j’abhorre. Les nécessités et les maladies que nous inoculent les murs de la prison. Est-ce du temps perdu ? Non, car ce furent aussi deux ans d’accompagnement par les compas, de solidarité, de résistance quotidienne, d’apprentissage en commun, d’appui de gens dont tu ne vois pas bien qui ils sont, et même aujourd’hui on ne se connaît pas personnellement, mais maintenant on sait qu’on est ensemble. Deux ans de rire, et deux ans où l’on ne cesse pas de regarder le nouveau soleil et de rêver, tandis qu’on s’oppose au contrôle de tous les faits et gestes.

Il est de notoriété publique que le système judiciaire officiel n’a pas été conçu pour les gens du peuple. La classe politique despotique veut nous faire croire qu’elle administre la justice grâce aux réformes élaborées selon son bon plaisir, alors qu’elle nous traite comme des délinquants, des terroristes ou des ennemis, faisant de nous un numéro de plus dans ses statistiques, tentant d’anesthésier nos consciences, décorant les archives et les dossiers couverts de poussière avec de nouveaux concepts. (De toute façon, à la fin t’es foutu si tu rentres pas dans leurs réformes.) Ça ne leur suffit pas de vérifier ton innocence, en plus ils prétendent te réadapter à leur manière de vivre, à toujours nous soumettre face à eux. Et pourtant, nous avons en nous cette petite goutte qui nous fait lutter et que nous essayons de répandre, ce que nous appelons liberté et qui jamais ne deviendra une loi ni ne pourra se réformer.

Tant que l’impunité continuera de régner, comme à Eloxochitlán de Flores Magón, nous chercherons les moyens de résister. Nous trouverons comment nous organiser pour détrôner ceux qui se croient intouchables et qui utilisent pour leurs fins propres les discours de défense de leur communauté, qui maîtrisent grâce à de l’argent volé, les publications et les médias de désinformation, tandis que dans leur village, tout ce qu’ils font est de flatter leur propre ego, s’en mettre plein les poches et renforcer leurs moyens de répression, en terrorisant à coups de menaces et de bâtons ceux qu’ils sont censés « défendre et représenter »…

Pour l’heure, dans le cadre de cette résistance quotidienne, nous appelons les individus, les collectifs et quiconque voudrait participer, à se réunir le 30 avril pour une journée de dénonciation afin d’exiger, avec les moyens dont ils disposent, notre libération. Nous proposons de fabriquer des pancartes, de peindre, de passer des appels téléphoniques au tribunal de Huautla (012363780324), d’organiser des manifestations politiques en tout genre. Enfin quoique ce soit qui puisse nous rendre visibles et faire entendre nos voix de ras-le-bol, l’exigence de la libération des prisonniers politiques de Oaxaca et du monde entier, ainsi que le retour dans leurs foyers de ceux qui continuent d’être persécutés et déplacés.

Je profite enfin de cette lettre pour saluer tous ceux qui ont été présent.e.s au cours de ces deux longues années. Je tiens à remercier spécialement le collectif Los otros abogados, qui a dû supporter les moqueries et le cynisme de la soi-disant justice. Solidarité avec la grève de la faim des prisonniers et prisonnières de Palestine en Israël, et avec les communautés nahuas et purépechas du Michoacán.

Liberté pour Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca.
Liberté pour Roque Coca et Alvaro Sebastián.
Liberté pour les prisonniers de Tlanixco et de l’Amate.
Liberté pour Fernando Bárcenas, Luis Fernando Sotelo, Abraham Cortés.
Liberté pour tous ceux faits prisonniers pour avoir lutté.
Prisonniers dans la rue.

Miguel Peralta
– Cuicatlán, Oaxaca –

Traduction Lucio / correction Patxi

Plus d’infos

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Miguel Peralta Betanzos est un membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca et militant anarchiste. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été exécutée sans identification et sans mandat d’arrêt, avec une grande violence. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui sont perpétrées depuis 5 ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions. Miguel se trouve dans la prison de Cuicatlan, Oaxaca.

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[Mexico] Fernando Barcenas : « Je ne reconnais pas la prison et je ne veux pas qu’elle soit améliorée ».

reclunorte

Depuis la prison Nord de la ville de Mexico – ReNo

Une fois de plus l’institution carcérale a cherché à me dissuader et à affaiblir mes convictions rebelles en ordonnant mon transfert au Centre d’Exécution des Sanctions Pénales. Cela s’est fait avec l’approbation du Tribunal pénal 43, qui a fait parvenir le jugement déterminant signifiant que je ne pouvais plus rester dans le Pénitencier Nord puisque ma condamnation était devenue définitive. Sous la direction de Rafael Oñate Farfán, l’administration précédente a eu de nombreux motifs de voir ses intérêts menacés par les troubles répétés ainsi que les protestations à l’intérieur de la prison ; il savaient parfaitement que quel que soit l’endroit où ils m’enverraient, ils rencontreraient le même conflit et la même remise en question permanente des normes quotidiennes, sachant que peu importait l’endroit, il y aurait toujours des tentatives d’insurrection.
Ils ont pu s’en rendre compte dans la zone 3 du module d’entrée et dans la zone 7 et 5 de « mise à l’écart et de sécurité institutionnelle » du module du C.O.C (Centre d’observation et de sélection).

Chaque fois que je me suis révolté ils ont essayé de jouer avec moi, essayant de me faire croire qu’ils étaient mes amis, jusqu’à ce que je sois parfaitement ferme et que je leur fasse clairement connaître ma position face aux circonstances auxquelles j’étais confronté ; l’agression contre les surveillants s’est avérée alors une obligation pour ma survie ici à l’intérieur, faire que la révolte consciente à l’intérieur de ces murs devienne une nécessité constante.

C’est ainsi qu’après deux ans de mise à l’écart dans les zones de « Sécurité Institutionnelle », ils m’ont servi un nouveau châtiment déguisé en « privilège » : mon transfert au Centre d’Exécution des Sanctions ou Annexe Nord, zone dans laquelle les prisonniers sont soumis au chantage avec la promesse de leur liberté en échange d’une parfaite obéissance au régime carcéral, qui inclut de façon obligatoire l’esclavage et les travaux forcés, car il est impossible de protester vu que le travail de domestication inclut aussi le lavage de cerveau, nous faisant croire de la sorte que c’est une chance qui nous est offerte. Mais pour cela, il est indispensabe que nous nous sentions coupables et que nous nous repentions tout le temps, tout en remerciant la miséricorde du système pénal. Par contre, si tu refuses d’accepter la domestication alors tu es menacé d’être transféré aux Tours de Haute Sécurité (équivalent des Q.H.S.) ou au pénitencier.

Pour toutes ces raison en arrivant et après avoir été présenté à l’administration, j’ai refusé le « traitement », en refusant de signer le contrat des droits et obligations, et en refusant également de recevoir un matelas, des vêtements et tout autre type de choses qui auraient pu me compromettre à respecter cette institution. Je ne reconnais pas la prison et je ne veux pas qu’elle soit améliorée.

Ces comportements ont provoqué mon nouveau transfert très tôt à l’aube pour être de nouveau conduit au pénitencier Nord, et à ma surprise on ne m’a pas conduit au module d’entrée comme c’est normalement le cas lors d’un retour avant d’être ensuite conduit vers la zone des dortoirs. J’ai en fait été directement conduit à la zone 7 de Sécurité Institutionnelle, où j’avais été jusqu’à présent mis à l’écart.

Tout cela me redonne envie d’écrire et donc de réfléchir sur la prison qui représente de fait nos relations quotidiennes et dont chaque conflit ouvre une infinité de possibilités pour la détruire.

Fernando Bárcenas
13 février, 2017

Lire également : [Mexico] Fernando Barcenas a été transféré au Centre Nord d’Exécution des Sanctions Pénales + Lettre

Traductions Amparo, Les trois passants / Corrections Valérie

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FERPORTLe 9 février 2017 Fernando Bárcenas Castillo a été transféré depuis le Pénitencier Préventif Nord pour hommes au Centre Nord pour hommes d’Exécution des Sanctions Pénales, c’est de cette prison que le compagnon n’a cessé d’exprimer son rejet du régime pénitentiaire ainsi que son clair refus de participer à ce que cette juridiction nomme “réinsertion sociale”.

[Mexico] Fernando Barcenas a été transféré au Centre Nord d’Exécution des Sanctions Pénales

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Le 9 février 2017 Fernando Bárcenas Castillo a été transféré depuis le Pénitencier Préventif Nord pour hommes au Centre Nord pour hommes d’Exécution des Sanctions Pénales, c’est de cette prison que le compagnon n’a cessé d’exprimer son rejet du régime pénitentiaire ainsi que son clair refus de participer à ce que cette juridiction nomme “réinsertion sociale”.

Fernando a été condamné à 6 ans de prison pour les délits d’atteinte à la paix publique et association de malfaiteurs; en décembre 2016, le recours qu’il a déposé a été rejeté par le pouvoir Judiciaire de la Fédération (Parquet), à la suite de quoi son procès juridique a été considéré comme définitif.

La plus grande partie du temps où il a été emprisonné, l’institution l’a maintenu à l’isolement dans différentes zones de la prison au prétexte qu’il constituait “un risque pour la sécurité institutionnelle”. En prison, Fernando a développé différents projets de lutte anti-carcérale dont le journal “El Canero” et d’autres initiatives collectives d’organisation.

N’oublions pas nos compagnon@s qui continuent la lutte à l’intérieur des prisons !

Solidarité avec Fernando Bárcenas !

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Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 21 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”; dernièrement il a mis en place une bibliothèque gérée par les propres prisonniers. Fer a également encouragé et lancé l’organisation des prisonnier-e-s en résistance, tout d’abord il encourage la formation du C.C.P.R (Coordination Combative de Prisonniers en Résistance) plus tard il participe à la coordination des grèves de la faim avec d’autres prisonniers anarchistes de la ville de Mexico. Par la suite Fer lance et encourage la formation de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) comme forme et espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire. La CIPRE étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle.  Fer lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, le nom « cimarron » signifie «s’échapper, fuir». Le marronnage était le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître.

Plus d’infos

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Dernière lettre envoyée pour la journée de solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au mexique, 4 février 2017 à Gaillac.

Depuis la prison Nord de la ville de Mexico.
Février 2017.

Lorsque la solitude s’empare de la cellule, il n’y a pas d’autre alternative que de divaguer entre les pensées et les idées, l’architecture carcérale fait son travail et l’on ressent une sensation de pesanteur dans l’environnement. Nul besoin de fantômes ou d’apparitions, ce sont ces couloirs qui génèrent la peur et la tristesse, les couloirs de la mort dans une zone divisée.

De l’autre côté des barreaux tous sont des étrangers, et peu à peu ils s’éteignent dans cette mort lente.

La zone 7 du module du COC (Centre d’observation et de sélection) est le lieu des mémoires coincées, oubliées par des années de punition et de coups et pourtant, aujourd’hui encore, en sortant se promener dans le couloir, on respire la douleur, les cris de ceux qui sont morts au milieu du couloir.

Parce qu’en fin de compte, pourquoi le gardien ou le technicien pénitencier devrait-il se déplacer dans un endroit destiné à ceux que l’on censure, les incorrigibles par leur insertion sociale quelle qu’elle soit ?

Et pourtant, le mépris est mutuel puisque les “incorrigibles” eux aussi haïssent toute forme de réglementation, à moins que ce ne soit celle qu’ils ont établie.

Voici les souvenirs d’une zone oubliée dans laquelle agonisent les restes de ceux qui, un jour, ont été des hommes, venus purger une punition de 15 jours, ou parce qu’il a été décidé qu’ils resteraient dans ce secteur en raison du risque supposé qu’ils représentent pour la sécurité institutionnelle… Rien d’autre à faire, sauf attendre l’ancienneté dans le secteur jusqu’au transfert qui sera décidé vers une autre centrale pénitentiaire…

Chair à prison qui jamais plus ne goûtera le soleil et l’air pur, mais qui demeure plus libre et digne que n’importe quel esclave citoyen.

Parce que pour être totalement libre, l’absence de barreaux ne suffit pas.

FERNANDO BARCENAS
Une forte embrassade et bien des salutations !

Traduit par Amparo et Les trois passants

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[Ville de Mexico] Fanzine – Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla

Nous avons élargi notre solidarité et dernièrement nous sommes en relation avec des prisonnier-e-s dit-e-s de droit commun organisé-e-s dans la prison de Santa Martha Acatitla (Centre Féminin de Réadaptation Sociale de Santa Martha Acatitla, Ville de Mexico) .

Nous vous présentons ici un fanzine intitulé « Écrits de prison : Depuis la prison de femmes de Santa Martha Acatitla. »

Natacha, Maye, Nancy font partie des 1500 femmes prisonnières qui vivent jour après jour dans la prison de femmes de la ville de Mexico. Avec d’autres prisonnières, elles ont participé par leurs écrits, poèmes et réflexions au fanzine collectif intitulé « LEELATU », qui rend compte de la vie et de la survie en prison, du temps, de l’attente, de ce que c’est qu’être une femme en prison, du travail, de l’enfermement, de la résistance, du fonctionnement de la hiérarchie carcérale et des classifications du travail en prison, entre autres thématiques liées à l’enfermement.

Nous avons traduit en français quelques réflexions, écrits et poèmes en essayant de faire voyager leur parole et de commencer ainsi à tisser un lien de solidarité avec elles.

Les dessins et les fresques recueillis dans ce fanzine ont également été élaborés par les prisonnières de Santa Martha Acatitla.

… « Tresser des idées, des projets, des rêves, pour réaliser des objectifs reliés à notre vie, parvenir à défaire les nœuds emmêlés que nous n’avons pas réussi à dénouer. Et avec le temps, l’attente, la patience nous éviterons les blessures en chemin, en regardant le monde avec des sourires pour réaliser les fanzines qui accompagnent notre pensée »(…)« Tresser signifie s’emmêler, se rassembler, se mélanger, mais cela signifie aussi se séparer à certains moments (pour faire une tresse, il faut séparer les cheveux) et vivre avec des nœuds qui ne peuvent pas toujours se dénouer aussi facilement que l’on aimerait, il s’agit de tisser différents chemins (les mèches de cheveux) pour les croiser alternativement et former ainsi un seul corps allongé » …

fanzinezantamarwebCliquez sur l’image pour télécharger le fanzine

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Texte de Fernando Barcenas envoyé pour le Festival de l’ABC (Anarchist Black Cross Festival 2016) Marseille

ferDepuis la prison Nord de la ville de Mexico
1er Décembre 2016

Dans les prisons de la ville de Mexico l’isolement est utilisé comme mesure disciplinaire massive afin d’extorquer et d’extirper aux âmes prisonnières jusqu’à leurs derniers centimes.

« À l’intérieur » de ces villes où vivent mal plus de 50.000 prisonnier-e-s, le capitalisme est tel qu’il est, il ne se déguise pas, ni ne porte de masques démocratiques. Et de nos jours il annonce clairement sa loi élémentaire : nous, les marginaux, nous serons exterminés. Mais pas avant d’avoir offert jusqu’à la dernière goutte de notre travail d’esclave, de notre sueur mal payée au goût amer, amer parce que nous savons que c’est contraire à notre propre volonté.

Cependant ils dictent les conditions de la participation à leur commerce : « Monte dans le fourgon, sinon il va te renverser ». Ils demandent cyniquement à ce que nombre de lâches rejoignent les rangs de la mafia, car ils savent qu’ils n’auront pas le courage d’abandonner leur confort.

Et pourtant la prison n’a pas toujours été comme ça…

Le déluge de drogues qui s’y abat en a fait une immense maison de fous, où les besoins des prisonnier-e-s sont attisés afin de mieux les escroquer, les poussant vers une vie d’automates aux ordres du commerce…

C’est pour cela qu’il est si important de ne pas cesser d’imaginer et d’être sensible. En effet ils essaient de nous convertir en machines de guerre.

Maintenant il ne reste que l’action et la solidarité, sachant que la prison n’est rien d’autre que la société dans laquelle nous vivons.

En guerre jusqu’à la liberté totale.

– Fernando Barcenas –
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Lettre de Miguel Ángel Peralta Betanzos envoyée pour le Festival de l’ABC Marseille

miguelflomDepuis la Maison d’Arrêt de Cuicatlán, Oaxaca.

Inadapté-e-s (Inadaptadxs)
Montagnes, plantations de café, sources qui jaillissent de la terre,
animaux sauvages de la forêt, arbres innombrables, masques, maisonnettes
que berce le vent, chemins, fleurs : tous enveloppés dans l’épais
brouillard de la nostalgie.

Je m’éveille, la pluie s’intensifie, mes ailes mouillées pèsent mais elles
continuent à voler.

Mon ombre lance des coups de pied contre les portes de la machine, passe
au travers des mailles, escalade les tours de contrôle, brouille les
radios de communication, croise les murs, tisse des rêves et habite dans
des frontières imaginaires.

Mon ombre se nourrit de la flamme de la pensée, elle parle une langue
ancestrale et ne se laisse pas domestiquer, elle se révèle à la lumière
du jour, et se grise de liberté.

Mon ombre est l’ombre de tous les hommes du nombril du monde et devient
escargot.

Mon ombre brise les charnières de l’État ;
Et jamais, plus jamais elle ne sera piétinée.

Miguel P.
Novembre 2016.

Traductions Les trois passants et Amparo / correction Myriam

[Marseille] Anarchist Black Cross Festival 2016 !

+ d’infos sur Miguel Betanzos et Fer Barcenas

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[Oaxaca] Depuis la Maison d’arrêt San Juan Bautista, Cuicatlán : Miguel Peralta Betanzos

Souvenir

 

cuicapenal

Souvenir (non pas comme ces dates de commémoration, mais comme une vie toute entière de révolte) de tous les êtres ingouvernables et inadapté-e-s qui ont combattu l’Etat dans sa plus pure essence, le capitalisme, le militarisme, la domination et l’oppression, l’industrialisation de la pensée sous toutes ses formes et modalités et, pourquoi le taire, l’injustice et la justice coercitive.

Faisant un bref bilan des dommages, nous pensons tout particulièrement aux compas à qui l’on a arraché la vie dans les cages de la misère humaine, ce sont d’eux et d’elles dont nous nous souvenons parce que leurs esprits se sont propagés sur le chemin de la liberté, et tout spécialement celui de Ricardo Flores Magón qui, comme nous le disait Librado Rivera dans un écrit de 1923 où il évoque l’assassinat de Magón dans le pénitencier de Leavenwort :

magonvive“ même si sa mort soudaine ne lui a pas permis de voir ses chers idéaux de liberté, d’amour et de justice se réaliser, ses rêves de bonheur n’ont pas disparu avec lui : ils vivent comme des phares lumineux qui éclairent les esprits d’une humanité qui souffre les tortures de la faim et de la misère. Et tant que sur la Terre existera un seul coeur meurtri, un seul oeil empli de larmes, déclara-t-il à ses bourreaux, mes rêves et mes visions devront continuer à vivre.”.

Et c’est ainsi que 94 ans après son assassinat, ses idéaux résonnent toujours en nous, notamment pour atteindre ceux de justice et bonheur, alors que nous marchons aux côtés de nos frères et soeurs qui aujourd’hui, partout sur le globe, vivent l’enfermement pénitentiaire et tentent de soutenir leurs ailes que l’on a voulu briser. A vous, sachez-le, nous ne vous oublions pas.

Aujourd’hui également, nous nous souvenons de tous ceux qui, jour après jour, combattent le grand enfermement à l’air libre, à elles, à eux vont ces paroles de souvenir, de mémoire, qui crient, et qui exigent…

Miguel Peralta Betanzos
Maison d’arrêt San Juan Bautista, Cuicatlán, Oaxaca
21/11/2016.

Traduction Amparo / Correction Myriam

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Plus d’infos :

MiguelPeraltaFanzineWeb

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Traduction collective

Ce bulletin a pour but de diffuser l’un des cas de répression qui ravagent le territoire dénommé Mexico, il a été réalisé dans le cadre de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonnier.e.s Anarchistes, qui a eu lieu du 26 au 30 août 2015. Ce bulletin a été réalisé par des personnes solidaires de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, alors que 12 de ses membres sont toujours emprisonnés pour avoir défendu leur territoire et les décisions politiques prises par l’Assemblée. Ce bulletin a été créé sans aucun but lucratif. Nous encourageons toute forme de solidarité envers nos compagnons et compagnonnes prisonnier.e.s.

Miguel Ámiguelflomngel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de vingt policiers. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis cinq ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions en s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux. Plus d’infos

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[Ville de Mexico] « L’ÉTAT M’APPELLE CRIMINEL » texte de Abraham Cortés

« L’ÉTAT M’APPELLE CRIMINEL » TEXTE DE ABRAHAM CORTÉS

abrahamdibujo

Prison Nord de la ville de Mexico, novembre 2016

Bonjour compagnon-ne-s,

Je vous salue par un fort cri de rage, de solidarité et d’anarchie car cela fait un peu plus de 94 608 000 000 secondes que je suis séquestré par ce sale fuck’in système et après 23 jours de solidarité avec les compagnon-ne-s et pour toutes les histoires qui ont lieu tous les jours dans ce monde, je crois qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer le pourquoi de cette grève de la faim qui est devenue maintenant un jeûne. Parce que nous y vivons quotidiennement où que l’on soit, ici ou là-bas, ce que nous appelons la rue. Partout nous sommes surveillés et on nous oblige à être serviles, mais cette même soumission est ce qui donne du pouvoir au pouvoir et la lutte à la lutte.

Qui suis-je ?

Mes parents m’appellent Abraham, l’État m’appelle criminel et les potes ça leur est égal, moi-même je m’appelle SERCKO mais en plus de cela, je suis seulement un être vivant et pensant, cimarron, comme un loup solitaire, sans maître ni dieux.

Compagnon-ne-s, je voudrais partager avec vous un peu de moi. Lorsque je remonte vers le plus ancien de mes souvenirs, je me rapelle qu’il y a toujours eu de la rancoeur, de la haine, de la tristesse, de la discrimination, de la dépression, de l’oubli, de l’oppression entre autres, observant et sentant tout, une vie accélérée de tous les côtés, et comme on dit en prison, je suis un « pagador » [quelqu’un qui doit payer].

Mais en tant « pagador » je n’ai pas de scrupules ; je n’ai pas choisi mes parents, ni ma situation économique ou mon statut social. Je n’ai pas demandé à vivre, mes parents m’ont fait uniquement pour rester unis, je pense que ce fut pour eux une poussée de fièvre. Mais bon, maintenant je suis là, et les années passant j’ai arrêté d’être un bouffeur et un chieur et je me suis domestiqué à la maison, j’étudie, j’apprends, je suis le meilleur et en échange de quoi ? Une mauvaise réponse, une raclée, une bonne réponse, une autre raclée, mais alors de quoi s’agit-il ?

Après, il y eut JésusCri “Chuchocraist” par ici et par là et je ne sais quelles autres religions et sectes qu’on nous met dessus, dans lesquelles je ne sens qu’une fausse espérance. Moi, ils ont essayé de m’inculquer le catholicisme, puis non, après ce fut le christianisme, mais après c’étaient eux qui doutaient.

Moi je crois ce que je sens, ce que je vois et jusqu’à présent être moi-même et savoir qui je suis est le mieux qui ait pu m’arriver. Parce que je n’ai pas d’attachements ou parce que je n’ai besoin d’aucun dieu, ou d’icônes, ou de sentiments pour être ou sentir que je peux mourir sans problème, c’est pour cela qu’ils nous ont faits. Depuis que j’ai coupé le cordon ombilical et brisé la chaîne familiale et que je ne suis pas rentré à la maison, je me suis débrouillé par moi-même, avec des hauts et des bas, « avec l’envie d’être quelqu’un », perdu dans le qui suis-je? Perdu dans le monde, reproduisant chaque gorgée amère apprise de cette « société », mais à la recherche de moi-même.

Parfois je me demande ce que je veux. Pour l’instant je veux être libre, comme des millions et des millions d’exploités, bien que pour moi la liberté soit une amie, la véritable liberté tu la vis après ta mort, parce que tu es à nouveau rien, mais pour l’instant on ne veut pas qu’ils nous fassent bouffer les pissenlits par la racine.

Pourquoi demander une liberté physique ou une amnistie, si partout où l’on va il y a toujours un oppresseur, des règles, des murs, des dieux, des systèmes de soumission, de l’argent, de l’esclavage, du travail, de l’esclavage, de la religion, de l’esclavage.

Il y a plusieurs manières de voir ces systèmes imposés par ceux qui s’appellent la haute société [NdT : écrit suciedad, saleté dans le texte original, jeu de mot sur le mot sociedad : société et suciedad : saleté]. Pareil pour le multi-mentioné narco-trafic qui, bien qu’il s’agisse d’un système dénoncé par les médias, est bien vu par l’État. Parce que c’est aussi un moyen d’avoir plus d’argent et de pouvoir, tout en contrôlant la population avec des sédatifs pas chers et addictifs, substances fabriquées par des mains humaines, les mêmes qui tuent tous les jours nos jeunes dans le monde entier, à n’importe quelle heure, n’importe où, bien que toutes les drogues à mon avis ne proviennent pas des narco-trafiquants. Les entreprises sortent leurs propres drogues, coca-cola, Bimbo, McDonald, les pizzas ou comme on dit la « mal-bouffe ».

Il y aussi les vêtements, les cosmétiques, les accessoires, des choses et des choses, un paquet de merdes qui sont inventées pour générer plus de déchets, pour polluer, aliéner et avoir le contrôle sur la population.

Compagnon-ne-s, c’est un peu de ce que je pense et ce que j’ai vécu, mais il y a quelque chose que j’ai toujours eu, comme beaucoup d’autres : la RÉBELLION, et cette rébellion est celle qui me maintient ferme face à cette folie sociale, cette rébellion, cette non-conformité face à ce que je vois et je ressens c’est celle qui me fait lutter. Ce n’est pas grave si on ne se voit pas, si nous n’agissons pas toujours ensemble, peu importe où que nous soyons, l’important est de lutter pour un idéal.

Compagnon-ne-s, santé et anarchie.

Votre compagnon.

SERCKO.

Source: Croix Noire Anarchiste de Mexico

Traduction Les trois passants / correction Amparo, Valérie.

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portabrahamAbraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, il est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham faisait face à une accusation de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour attaques à la paix publique en bande. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à une procédure en appel (Amparo) qu’il a mené, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour le délit d’attaques à la paix publique en bande, car l’accusation de tentative d’homicide a été rejetée. Abraham se trouve dans la Prison Nord de la Ville de Mexico. Plus d’infos

A lire également: Mexique : Journée de lutte en prison ; Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas et Abraham Cortés en grève de la faim.

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[Mexico] Chroniques Carcérales des prisonniers du collectif Cimarron

cuervos

Depuis la prison Nord de la Ville de Mexico [ReNo]
Extrait du livret [ fanzine ] Anthologie des chroniques carcérales, Mexico 2016.

Le collectif CIMARRON est formé par plusieurs prisonniers en résistance de la ville de Mexico :

Fernando Barcenas Castillo
Gerardo Ramirez Valenzuela
Luis Lazaro Urgell
Sinue Rafful
Hans Razo Alvarez
Compa Gato Punk
Compa Josh

Les textes de cette anthologie sont le produit de plusieurs séances informelles qui se sont tenues à l’intérieur de la prison Nord, durant lesquelles nous avons partagé des éléments d’écriture de ces chroniques. A chaque étape du processus de sélection, révision, édition et impression plusieurs mains anonymes sont intervenues et sont devenues les complices de cet effort.

Il n’y a pas d’ordre précis ou de thématique particulière des textes, d’ailleurs la plupart n’ont pas de titre; la seule chose que nous avons indiqué est la date où ils ont été écrits et l’auteur. Ce ne sont que de simples paroles/sensations directes des auteurs qui leur permettent de voler libres, et tentent d’échapper aux murs derrière lesquels ont entend les maintenir captifs.

En espérant que cette publication permette qu’il en soit ainsi, même pour un instant.

Quelques solidaires

Cliquez sur l’image pour télécharger le fanzine en français

fanzincimarronPlus d’infos du collectif CIMARRON

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[Mexico] Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir » : Lettre de Luis Fernando Sotelo

Depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico

Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?

reclusur

Aux accros du pouvoir, mais plus à ceux qui ont été « pourris par ce pouvoir »

Lettre de Luis Fernando Sotelo

Il est de mon devoir de défendre la position que j’ai prise pour résister, que vous le vouliez ou non. Je sais que cela peut paraître difficile, mais je vois que ça l’est uniquement parce que vous ne pouvez négocier mes décisions, ni mes actions.

Alors, que veulent de moi ou de mes proches les gens des partis politiques ? Simplement parce qu’ils ont réussi à obtenir une photo qui virtuellement me rapproche de leur position.

Vraiment ? personne ne se rend compte que je ne me manifeste pas en faveur de la loi d’amnistie ?

Auparavant, j’ai essayé d’être critique, maintenant je veux être direct : je ne veux pas que quiconque, membres de partis politiques ou non, mette la pression ou sollicite la promulgation d’une loi d’amnistie ou de « pardon » pour me libérer. Si vous continuez à le faire, n’espérez de moi que mon désaccord. Et si vous l’obtenez, c’est-à-dire, si réellement il est possible qu’à travers la séparation des pouvoirs – législatif, exécutif, fédéral – on me libère : sachez qu’ils m’auront donné raison de dire que pour la totalité des organismes instances gouvernementales, une solution réelle et transformatrice ne présente aucun intérêt.

Pourquoi ? puisqu’ils savent dans quel état, ou plutôt, dans quelle situation se trouve la structure de l’État ? On favorise l’instauration de politiques policières, il y a autour de celles-ci des courants de « néo-fascisme » et de « néo-conservatisme ». Et tous veulent oublier comment cela a commencé ? C’est-à-dire qu’ils veulent oublier que déléguer à un juge la vie (ou des vies) est la première erreur ? Oublier que déléguer c’est aliéner ? et plus… Ils veulent encore plus de délégation de responsabilités ?… Plus d’autels pour la politique d’en haut ? Cette politique qui normalise ma séquestration ?

Cela a déjà été dit et je l’assume : si je voulais m’asseoir pour parler ( ou si quelqu’un le faisait à ma place…) je le ferais par mes propres moyens. Mais en attendant, la position merdique de parler à ma place, me « représente » déjà comme une image du désespoir.

C’est pourri de dire que la seule chose que je veuille soit sortir de prison. J’ai confiance en la défense juridique ( qui est menée par de vrais compagnons ), j’ai complètement confiance dans la stratégie qui consiste à épuiser toutes les voies [juridiques] possibles. C’est pour cela que je ne vais pas favoriser la paresse de véritables parasites sociaux, qu’ils soient députés ou ministres. Si leur « travail » est de me libérer, qu’ils arrêtent d’empêcher ma libération. Que les premiers cessent de chercher ma famille et mes compagnon-ne-s ? Et les seconds, qu’ils n’essaient pas de nous tromper : nous savons qui tire les ficelles de la répression, nous savons que si la volonté de me libérer existe, elle se concrétisera par la pression des personnes solidaires, de compagnons réels, et cette volonté sera due à l’existence de ces personnes et parce que la vérité et la raison seront de mon côté.

Assez de spéculation sur la « cause » des prisonniers !

Je ne vais pas me prêter au jeu de la mode ou de la conjoncture. Personne, membre d’un parti ou d’un gouvernement ne se préoccupe de moi. La preuve en est que cela fait 2 ans que je suis en prison accusé, et maintenant même plus cela, de quelque chose que je n’ai pas fait, parce que je suis considéré comme un ennemi de l’ordre répressif, parce que je suis de trop à cause de mes idées dans un monde pratique gouverné par la finance, parce que je n’ai pas honte mais que j’ai beaucoup de dignité. Arrêtez d’utiliser mon image pour vos « télé-novela » du système. Et si je ne me suis pas vendu, si je ne me suis rendu, si je n’ai pas renoncé, c’est parce que je ne suis pas comme vous. Je ne veux pas que vous vous battiez pour moi, je sais très bien que vous vous battez contre moi – parce que vous savez que je ne suis pas de votre famille.

Arrêtez de chercher ma famille et arrêtez de vous prononcer pour une sortie politique de la prison, faible ou feinte. Comprenez que votre conception du droit n’envie en rien la conception qu’en a , n’importe quel policier, dont le travail est de frapper le faible ou celui qui est différent… Vous êtes les complices et les co-auteurs de cette expérimentation de vie sociale.

C’est pour cela que je déclare :

Alejandro Lugo, Rosa Isela Martínez, Luna Flores et Francisco Estrada NE SONT PAS mes compagnons. Ils mettent la pression, proposent et appuient l’élaboration d’une loi d’amnistie en faisant semblant de se préoccuper pour ma libération. Et, concernant la campagne pour ma libération, ils ne font que mentir et harceler ma famille et mes compagnon-ne-s pour qu’ils assistent à des réunions qui n’ont aucun sens (meeting « pro-amnistie », interview, etc.) malgré le fait que j’ai clairement donné mon point de vue sur l’amnistie.

Rosa Isela a submergé d’appels téléphonique une compagnonne de la campagne [Ndt : pour la libération de Fernando Sotelo]. Elle voulait qu’elle participe avec ma mère à une réunion, à base de mensonges, disant à ma mère que le collectif de la campagne pour ma libération était au courant de la dite réunion et mentant à la compagnonne en lui disant que ma mère était déjà présente à la réunion.

Luna Flores : Tu te vantes de dire que tu me rends visite pour gagner des « like » ou des amis ?

Alejandro Lugo et Francisco Estrada, arrêtez de supplanter ma parole… ou au moins, Avez-vous lu ma dernière lettre où je parle de votre foutue amnistie ?

Mort à leur système d’oppression !

5 Novembre 2016

Luis Fernando Sotelo Zambrano

Traduit par Les trois passants, correction Amparo

Sources Proyecto Ambulante, CGT- Estado español, Adherentes a la Sexta Barcelona

fersoteloLuis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€). Plus d’infos

A lire également : [Mexico] Fernando Barcenas: nous n’avons pas besoin d’amnistie parce que nous n’avons pas besoin de lois qui régentent nos vies

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[Mexico] Fernando Barcenas: nous n’avons pas besoin d’amnistie parce que nous n’avons pas besoin de lois qui régentent nos vies

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Prison Nord de la ville de Mexico, octobre 2016

Fernando Barcenas: nous n’avons pas besoin d’amnistie parce que nous n’avons pas besoin de lois qui régentent nos vies

La loi est un artifice qui castre les aptitudes humaines ; qui pense, dirige,invente nos vies à notre place et une telle conception implique la mutilation de la parcelle la plus unique et authentique de nous-mêmes.

C’est pour cette raison que celui qui décide de prendre sa vie en mains propres en marge de la machine pourrie est considéré comme “bizarre, “antisocial”, “criminel”, etc…

Nous ne pouvons envisager de solutions à l’intérieur du “cadre démocratique », qui par sa politique d’extermination épouvante les habitants avec les spoliations, la violence et la mort.

Des rumeurs concernant une amnistie promue par quelques partis et institutions politiques me sont parvenues. Il me semble nécessaire de préciser ici ma position de refus à toute forme d’instrumentalisation des énergies du peuple pour le maintenir aux ordres. Certains pensent qu’une amnistie pourrait assainir les intérêts du peuple, réduits en mille morceaux par l’imposition de la richesse et grâce à l’esclavage économique ; nous, nous ne voulons pas “sortir” de prison pour entrer dans une autre. Nous voulons être libres, libres véritablement, en dehors de toutes leurs réalités virtuelles et cela implique forcément détruire la société. Nous le ferons en pensant que quelque chose de neuf doit naître pour engloutir à jamais cette civilisation pourrie qui nous transforme en automates et rouages de sa machinerie.

Les “luttes politiques” ne nous intéressent pas, mais plutôt le conflit permanent qui existe partout ; ils peuvent nous emprisonner mais ils n’arrêteront pas la révolte. Les voisins mécontents descendent dans la rue pour rejeter les projets immobiliers cause du dépouillement et du déplacement forcé de milliers de famille qui n’ont pas les ressources suffisantes pour financer la privatisation de l’espace public. La privatisation de l’eau est également un autre symptôme criant, reflet de toute la considération que nous portent en réalité les puissants. Esclavage moderne, aliéné et édulcoré par le luxe, les drogues et autres aspirations capitalistes.

Nous n’avons pas besoin d’amnisties parce que nous n’avons pas besoin de règles qui régentent nos vies; le miroir aux alouettes du progrès nous fait croire que l’État et le gouvernement sont indispensables et du coup nous ne nous rendons pas compte directement des indices indiquant qu’ils nous convertissent en complices des massacres de nos peuples…

Nous voulons voir se propager partout l’insurrection qui détruira le pouvoir centralisé, joug commun sous lequel, nous, tous les pauvres nous souffrons.

Nous saluons tous les actes d’insubordination contre les standards de vie internationaux qui prétendent nous convertir en pièces indispensables à leur machinerie.

Nous autres les marginaux, sommes ceux qui supportons le poids de cette société et comme nous sommes désormais inutiles à cette société technologique ils justifient notre massacre par des guerres informelles contre la drogue qu’ils livrent justement dans les endroits où les personnes ont des traditions communautaires et mènent des vies différentes de celles imposées par l’État.

N’importe qui vivant dans un quartier pauvre sait depuis qu’il est petit que le trafic de drogue est géré par des organismes semi-publics, c’est à dire l’implantation de la mafia comme institution régulant le contrôle intérieur du territoire pendant que la police met en place une politique de deux poids deux mesures, ne ménageant pas ses efforts pour un bon fonctionnement de la mafia. Ainsi la mafia n’est rien d’autre qu’une sous police qui régule non seulement le trafic des drogues mais aussi les entreprises formelles et informelles qui existent sur le territoire.

Cependant si cette situation est devenue massive cela est dû au fait qu’à l’origine le trafic de drogues n’est rien d’autre qu’une activité supplémentaire de l’hydre capitaliste.

Un capitaliste sera toujours un monstre vorace et prédateur qu’il se consacre à des entreprises “légales”, ou bien à celles que l’on appelle “illégales”.

La seule motivation des capitalistes est leur désir insatiable de profits. Ils sont prêts à tout pour de l’argent c’est d’ailleurs pour cela que les rapports entre capitalistes “légaux” et le “crime organisé” sont si étroitement liés.

Nous ne pouvons remettre ni nos vies ni celles de nos êtres chers entre les mains de l’État/Mafia, car ce sont eux les responsables du génocide et des massacres que nous respirons quotidiennement. En tant qu’anarchistes nous menons une guerre contre le pouvoir, contre tout ce qui essaie de conditionner les individus et de les éloigner d’eux-mêmes.

C’est pour cela que nous mettons le feu à toutes leurs cages, que nous sabotons leurs marques commerciales que nous attaquons les symboles de leurs sociétés. Les villes, nous les prenons d’assaut parce que l’urbanisation est le summum de l’enfermement massif, de la privatisation des ressources économiques. Y compris les transports publics sont un symbole qui ne cesse de rappeler au marginalisé qu’il n’est pas le bienvenu dans les grands centres urbains. L’augmentation du prix du métro, le monopole par une seule et même entreprise qui tente d’accaparer tout le marché des transports en commun en ville, imposant son schéma terrestre de transport sont autant de symptômes de la privatisation totale des villes.

En ces temps d’ère technologique, la prison est un lieu banalisé pour tous, c’est pourquoi nous devons inventer des chemins et des voies qui nous aident à vivre en marge, réinventer nos vies chaque jour en nous les réappropriant.

En guerre, jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !
Fernando Bárcenas

Traduit par Amparo et Les trois passants

Source : Croix Noire Anarchiste de Mexico

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Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

Plus d’infos

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[Mexique] Journée de lutte en prison: Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas, Abraham Cortés et Miguel Betanzos

Mexique : Journée de lutte en prison ; Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas et Abraham Cortés en grève de la faim.
Miguel Peralta Betanzos entame un jeûne.

grevemxtous

Depuis le 28 septembre les compagnons Fernando Bárcenas et Abraham Cortes, détenus à la prison préventive Nord, Luis Fernando Sotelo, détenu à la prison préventive Sud de la ville de Mexico et Miguel Peralta Betanzos dans la prison de Cuicatlán de l’état de Oaxaca ont débuté une journée de lutte anti-carcérale depuis l’intérieur de la prison.

Les trois compagnons à Mexico se sont déclarés en grève de la faim, alors que Miguel lui, entamera un jeûne.

Nous reproduisons ci-dessous le communiqué signé par notre compagnon anarchiste Fernando Bárcenas et Abraham Cortés.

28 septembre 2016

Aux compagnon-ne-s rebelles

Aux peuples et communautés sur le pied de guerre

Aux esclaves émancipé-e-s

A ceux et celles qui se sentent concerné-e-s par ses positions et ces paroles…

Pour une libération totale, nous déclarons aujourd’hui une grève de la faim indéfinie comme acte d’autodétermination et d’incitation à la révolte généralisée. Parce que tout simplement, nous ne pouvons plus continuer à assister jour après jour, au génocide de nos communautés et de nos peuples.

Il existe dans cette société une réalité occulte ; la démocratie est un coup d’état qui n’embusque pas ses tanks dans les lézardes mais les remplace par des caméras de télévision et des micros de journalistes. La démocratie gouverne par le pouvoir de sa propagande et c’est pour cela que nous soutenons que la démocratie est la technique et la science qu’utilise le pouvoir pour qu’elle ne soit pas perçue comme une oppression, le capitalisme en est le chef et la démocratie son attaché de presse.

C’est pour cette raison que nous ne nous adressons ni aux médias ni aux classes dominantes, nous parlons et nous nous adressons à nos compagnon-ne-s de l’immense bagne appelé Terre, à ceux qui comme nous, sont les fils de la guerre dû au simple fait qu’ils sont nés dépourvus de tout.

Mais ces paroles n’ont aucune intention d’instrumentaliser leurs forces rebelles et encore moins de les unifier sous un quelconque drapeau, mais bien plutôt d’ouvrir un lien de communication, un espace de syntonie de luttes et de tout ce qui peut émerger de toutes parts comme contestation et actes d’auto-détermination.

Il nous semble et dans notre perspective, que là où il y a autorité la prison existe et c’est pour cette raison que la prison est bien plus qu’une simple structure physique qui s’impose à nous par l’image des murs et des barbelés. La prison, de notre point de vue est constituée par la société toute entière alors que les prisons physiques ne sont qu’une expression concrète de l’isolement social qui nourrit et légitime le pouvoir.

L’urbanisme (par exemple) est la représentation même de l’emprisonnement massif ou, ce qui revient au même, de la fortification de l’espace urbain qui s’accompagne de l’extermination des classes populaires les plus marginalisées et qui se présente aujourd’hui comme partie intégrante de la phase ultime géo-historique du capitalisme techno-industriel. (Ultime effort de restructuration dans cette étape de crise durant laquelle, la seule façon de consolider sa domination est la guerre).

Désormais nous ne pouvons plus croire à leurs mensonges parce que leur « monde merveilleux » n’existe pas autour de nous ; ils nous traitent de délinquants comme ils ont appelé sauvages les premiers habitants de l’Amérique justifiant ainsi leur génocide ; ce qui se passe quotidiennement dans nos quartiers est une guerre coloniale qui cherche à apaiser l’effervescence révolutionnaire de nos semblables par des tactiques aussi viles que le déversement massif de drogues et d’armes entraînant immanquablement l’arrivée de troupes d’occupation toujours plus nombreuses dans nos quartiers et nos communautés. Tout cela est en relation directe avec l’augmentation de la pauvreté et de la carence éducative et sanitaire dans les communautés et les quartiers populaires. Entraînant comme résultat une hausse de l’indice de criminalité ce qui justifie alors la répression par l’appareil politico-militaire de l’État, la prison devenant un monument au massacre, immense décharge sociale où l’on y élimine tout ce qui déplaît ou dérange le système capitaliste….

Il y a actuellement 226 mille prisonniers dans le pays et bien que les prisons soient surpeuplées, le taux de criminalité ne baisse pas, bien au contraire, il augmente ou reste stable. Par conséquent le problème n’est pas dans les 226 mille personnes détenues mais bien dans la société techno-industrielle qui a besoin de justifier le massacre

La prison est une entreprise qui légitime la guerre contre les pauvres et protège de l’extermination la société basée sur l’accumulation capitaliste.

Et quel est le prétexte pour mener cette intervention de façon masquée ? Il suffit que les quartiers soient dévastés par le crime, les braquages, les vols, les meurtres et les troubles, « les rues ne sont pas sûres », alors les mairies, les conseils municipaux se retrouvent d’accord avec les résidents qui demandent « plus de protection », sans prendre la peine d’analyser le contexte de cette guerre sale.

C’est un fait évident que les victimes du fléau de la drogue sont les responsables des crimes qui ont lieu dans les quartiers, on ne peut nier ce fait. Mais avant de réclamer en sautant de désespoir « plus de protection policière » souvenons-nous plutôt qui a imposé ce fléau dans nos quartiers et communautés. Il vaudrait mieux se souvenir à qui, en dernière instance, sert l’addiction des gens aux drogues ; il vaudrait mieux se souvenir que la police sont des troupes d’occupation envoyées dans nos communautés par la classe dominante, non pas pour protéger la vie des gens pauvres mais bien pour protéger les intérêts et la propriété privée des capitalistes.

La police, les politiciens et les chefs des grandes entreprises sont ravis de voir les jeunes prolétaires être victimes de ce fléau, et cela pour deux raisons, la première parce que le trafic de drogues est une entreprise économiquement rentable, la deuxième est qu’ils se rendent compte que tant qu’ils peuvent maintenir nos jeunes aux coins des rues « charbonnant » pour une dose, ils n’auront pas à s’inquiéter de nous voir livrer une bataille efficace de libération.

La police ne peut résoudre le problème car elle fait partie du problème, pas plus que les institutions du système ne peuvent résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques de la population, parce que ce sont eux qui les fabriquent et s’en nourrissent. La « guerre contre les drogues » n’est rien d’autre qu’une doctrine de contre-révolution chargée de maintenir et renforcer la domination, l’exploitation, l’emprisonnement des classes sociales les plus opprimées du prolétariat.

Nous sommes les seuls à être capables d’éradiquer le fléau de nos communautés et c’est pour cela qu’au lieu de collaborer avec cette société malade et décadente nous avons décidé d’y vivre en marge pour construire un monde de nos propres mains et cela passe nécessairement par l’organisation révolutionnaire du peuple.

Libère un espace, oKupe, arme-toi et prends soin de tes proches.

Plus il y aura d’actes de ce type, fragmentés et désordonnés sans aucun centre, mais faisant référence à mille centres, chacun auto-déterminé, alors ils sera beaucoup plus difficile de les réduire à une formalité et récupérables par le système technologique.

Nous vivons une ère technologique dans laquelle le capitalisme se restructure au travers d’applications technologiques du système de contrôle social et tout cela a modifié le monde de façon déterminante.

La réalité virtuelle de besoins fictifs s’est déjà imposée, les intérêts du prolétariat ont été brisés en mille morceaux et se perdent dans les méandres de la réalité virtuelle. La démocratie elle-même est une de ces réalités virtuelles comme toutes les autres.

Il est évident qu’un système de ce type ne peut être sauvegardé qu’à travers la transmutation des habitants du territoire en agents police du système, aucun autre appareil répressif ne saurait mieux en garantir la défense.

C’est pour cela que l’État/capital technologique/moderne ne peut être détruit sur le territoire que par la montée généralisée de l’insurrection.

La réponse est donc, on ne la trouvera pas dans les théories, mais concrètement dans les exigences et nécessités des exclus du système, les insoumis, enfin dans les lynchages sociaux qui sont les fruits naturels d’une société divisée entre privilégiés d’un côté et asservis de l’autre.

La rébellion aussi est un fait naturel qui ne vient pas d’être découvert par les anarchistes ni les autres révolutionnaires.

Mais cette rébellion n’est pas directement transposable aux vieux programmes et manuels « révolutionnaires » la rébellion de nos jours est atomisée, désordonnée, une fin en soi.

Pour nous, en tant que rebelles sociaux, l’insurrection est un rejet total des idéologies tant qu’elles font partie du système qui nous opprime.

Pourvus de cette méthodologie basée sur la pratique de l’action directe, dans le conflit permanent et l’auto-organisation des luttes, sans acceptation aucune de modérateurs, alors de larges possibilités de débouchés insurrectionnels restent ouvertes.

De ce point de vue, il est clair que l’anarchisme n’est pas une idéologie mais une forme concrète de s’opposer à ce qui existe pour en obtenir sa destruction totale et définitive.

Nous sommes donc pour la révolte permanente, pour l’insurrection généralisée, seule façon de rendre impossible l’émergence d’un pouvoir centralisé.

Nous lançons ce cri de guerre, comme une forme de défense de la lutte des prisonniers étasuniens et par là-même de solidarité avec les compas afro-américains qui comme nous, vivent le génocide de la drogue.

Solidarité avec les peuples et les communautés rebelles

Solidarité totale avec notre compagnon Luis Fernando Sotelo Zambrano.

Pour la libération totale! Pour la destruction de la société carcérale !

Trois ans après l’enfermement de Abraham Cortés Ávila, le 2 de Octobre 2013.

Fernando Bárcenas.
Abraham Cortés Ávila.

Traduit par Amparo et Les trois passants

Source Croix Noire Anarchiste de Mexico

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Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

Miguel Ámiguelflomngel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de vingt policiers. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis cinq ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions en s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux. Plus d’info

portabrahamAbraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, il est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham faisait face à une accusation de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour attaques à la paix publique en bande. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à une procédure en appel (Amparo) qu’il a mené, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour le délit d’attaques à la paix publique en bande, car l’accusation de tentative d’homicide a été rejetée. Abraham se trouve dans la Prison Nord de la Ville de Mexico. Plus d’infos

fersoteloLuis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Après 1 an et 9 mois de procès, notre compagnon Luis Fernando Sotelo a été condamné en première instance à 33 ans et 5 mois de prison et à une amende de 519 815,25 pesos (26 000€). Plus d’infos

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[Mexique] À bas la prison ! Bulletin irrégulier – Septembre 2016

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À bas la prison ! Bulletin irrégulier – Septembre 2016

Rappel

À deux ans des mobilisations en solidarité avec les étudiants disparus d’Ayotzinapa, Guerrero, on se souvient aussi des compagnons qui se trouvent actuellement en prison pour le simple fait d’avoir manifesté et mené des actions dans la rue pour la présentation en vie des étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Cela fait deux ans de manifestations, actions, piquets de protestation et pour quelques compagnons, il s’agit aussi de deux ans d’incarcération. Le gouvernemet, lui, n’a répondu que par le silence, la mascarade, la répression et la manipulation de la loi et ses médias au détriment des personnes arrêtées.

ferzamÀ ce jour, un compagnon se trouve derrière les barreaux Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, il a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.

controlDepuis 2012, le gouvernement de Mexico a approuvé et mis en place des mesures qui renforcent la machine du contrôle social : l’installation de plus de 20 mille caméras de surveillance dans toute la ville, la mise en place du Protocole de Contention des Foules, les réformes du code pénal local afin de durcir les peines, la fermeture du zocalo (place centrale) de la capitale pour empêcher l’arrivée de manifestations, l’augmentation toujours plus forte dela présence policière dans les rues, tout ceci n’est qu’une partie de ce contrôle. Le bilan de cette politique, plus de 500 personnes détenues durant différentes manifestations, actions et mobilisations (…)

Dès 2013, le gouvernement mexicain, de concert avec l’investissement privé, a démarré un projet économique permettant la construction et l’administration de prisons. Depuis lors, des sommes millionnaires commencent à concrétiser ce projet carcéral mené par les hommes d’affaires Carlos Slim, Olegario Vázquez Raña, les familles Hank Rhon et Quintana, tous bien déterminés à assurer le bon déroulement de cette affaire… Lire la suite sur : À bas la prison ! Bulletin irrégulier – Septembre 2016

Cliquez sur l’image pour télécharger le Bulletin –

Bonne lecture à tous et à toutes !

Les trois passants.

bullseptembre__________

♦ Plus d’infos sur la Rubrique : La Guerre du Mexique d’en haut

♦ Répression / Prison

[MEXICO] Fernando Bárcenas Castillo appelle à se solidariser avec les prisonnier-e-s qui vont commencer une grève de la faim aux États-Unis le 9 septembre 2016.

Depuis la Prison Nord de la ville de Mexico

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Le compagnon anarchiste Fernando Bárcenas Castillo appelle à se solidariser avec les prisonnier-e-s qui vont commencer une grève de la faim aux États-Unis le 9 septembre 2016.

Lettre ouverte aux compagnon-ne-s

Note : L’utilisation du mot prison dans ce texte, se réfère à tout les endroits artificiels dans lesquels on nous domestique pour nous insérer de force dans le système de production capitaliste. C’est une contribution pour approfondir la réflexion de tous les être vivants aux mains des puissances économiques et du projet technologique…

Compas, je vous salue d’un amour insurrectionnel pour vous faire parvenir ces paroles de guerre, tout en saluant aussi les jours de l’insurrection qui vient, parce que les idées fleurissent dans les champs comme les fleurs que nous ne devons pas arrêter de cultiver…

Nous ne savons pas si la victoire existera, mais ce que nous savons c’est qu’ils n’occuperont pas nos rêves et nos vies…

Le seul vrai moment de liberté c’est lorsque nous nous battons pour la liberté, parce que nous préférons mourir plutôt que d’accepter cette façon de vivre. Sans nous en rendre compte, nous sommes déjà libres, parce que rien n’occupe nos têtes sinon le seul désir d’incendier la réalité…

Mais qu’est qui se cache derrière la guerre destructrice, derrière la sombre obscurité de l’esprit humain ? Ne serait-ce pas le reflet et la manifestation poétique d’êtres se réappropriant leurs vies et influençant de manière active l’organisation de la vie quotidienne ?

Si chaque individu se vantait d’être “libre”, il se rendrait compte de sa condition, ce serait le début de la dernière guerre, notre dernière opportunité.

J’ai appris que c’est au cours de la vie quotidienne des peuples que les postulats d’une force réelle se concrétisent, capable de s’opposer et de nier le capitalisme.

Ceux sont de simples articulations d’idées et d’actions. Nous ne voulons pas être attirants pour les masses modernes consommatrices, c’est pour cela que je crois qu’il peut exister une forme réelle d’auto-organisation uniquement entre les gens les plus mal-traités et marginalisés, ceux qui vivent quotidiennement en guerre mus par l’instinct et le sentiment, plus que par la raison…

Puisqu’une conscience vierge est plus sauvage et n’est pas tant manipulée par les systèmes éducatifs, elle est toujours plus propice à prendre une orientation anarchique…

Comme son instinct lui en donne l’intuition, ils se sentent poussé-e-s vers la désobéissance. Il faut seulement provoquer « l’étincelle » qui allumera l’incendie…

Mais généralement, pour faire réfléchir, un prisonnier-e, par exemple, nous nous trouvons dans la situation que les simples paroles ne suffisent pas parce que c’est quelqu’un-e qui vit quotidiennement la guerre et qui connaît les scénarios, même beaucoup mieux que nous et cela n’arrive pas par des paroles, sinon par des actions et des attitudes réelles, cohérentes avec ce que nous pensons et ce que nous disons.

Beaucoup questionnent les « tactiques » et les « méthodes » comme s’il s’agissait d’une compétition et quand je dis cela je ne dis pas qu’il faille s’isoler et éviter la critique consciente, sinon bien au contraire. Le seul problème est qu’il faut que nous arrachions, tel un collier autour du cou, les influences bourgeoises qui historiquement contaminent les formes d’organisation de ceux qui se nomment libertaires…

Radicalement opposé, je pense qu’il n’est pas nécessaire de penser tout les aspects de la vie. La révolution sociale se construit quotidiennement, sans manuels, sans dogmes, tant dans la coexistence sociale, que dans l’ombre et pas parce que ça doit être ainsi par décret révolutionnaire, mais bien parce que le mot révolution signifie pour moi et pour beaucoup d’autres aussi, je le sais, prendre activement part dans cette guerre. Mais toujours à notre façon et c’est pour cela même que nous ne pouvons laisser passer aucune doctrine, idéologie scientifique ou religieuse, vu que l’apprentissage et les connaissances s’acquièrent dans les tranchées populaires, dans l’expérimentation dans la confusion, dans la spontanéité, dans la confusion. Nous ne voulons pas de normes, ni de buts fixes, vu que ce serait notre propre condamnation à l’ignorance et à l’esclavage….

Le problème des grandes civilisations qui ont existé jusqu’à présent, c’est que toutes ont basé leur vision du monde sur des sciences exactes et quantifiables…

L’humain se sent si antagonique face à l’insignifiance de son existence face à l’abandon absolu de vivre dans un régime pénitencier dans les villes et les prisons qu’il cherche alors refuge et soulagement en essayant de donner un « ordre » fictif à la vie. Il cherche à comprendre tout et à le réduire à son monde et à sa taille. Si nous ne nous focalisons pas uniquement à profiter de l’exquise existence, nous trouverons le soulagement de tous les maux générés en nous par la domestication des civilisations. Toutes les guerres et les catastrophes, que l’humain a amené à cette terre en voulant naïvement rompre l’ordre naturel de la vie, auraient pu être évitées.

Et c’est pour cela que dans cette guerre imposée, dans laquelle nous vivons et souffrons esclavage et misère aux mains de quelques uns qui, au nom du capital, s’arrogent le droit de diriger notre existence, il n’est pas encore trop tard pour se rendre compte que les siècles d’histoire qui nous précédent nous ont enseigné que peu importe la forme de gouvernement c’est toujours la même chose : la justification du droit de limiter et de punir pour exploiter…

Même le plus primitif des organismes vivants sait de manière instinctive que s’il n’est pas capable de s’adapter à son environnement, il finira par s’éteindre. Et la question serait donc : l’humain sera-t-il capable de s’adapter aux conditions de vie artificielle que lui impose l’environnement techno-industriel ?

Dans la nature sauvage et en nous-même existent les composants qui rendent possible la vie telle que nous la connaissons et c’est pour cela qu’il est absurde que nous pensions à posséder toutes les ressources naturelles et matérielles que nous rencontrons dans notre entourage. C’est une vision coloniale et anthropocentriste de voir la vie et c’est pour ça que sa reproduction mènera sous peu à l’édification du principe d’autorité et de pouvoir, avec pour conséquence l’esclavage et la guerre…

Notre participation à la guerre doit être donc radicalement différente aux méthodes impérialistes de guerre… Ce n’est pas la guerre pour la guerre, ce n’est pas la guerre pour elle-même sinon notre défense sauvage…

C’est un appel à la solidarité révolutionnaire contre l’esclavage et l’extermination que nous impose le pillage économique… en Amérique du nord, Amérique latine, Moyen-orient, Europe et dans tous les endroits qui sont atteints par la civilisation, à l’intérieur des prisons mexicaines, qu’ils sachent que nous nous préparons, mais les actions le démontreront…

En guerre aux côtés de nos frères prisonniers, esclaves des État-Unis qui sont en train de mettre en place et de coordonner une grève nationale dans les prisons d’Amérique du nord pour le 9 septembre 2016 et avec tou-te-s les autres prisonnier-e-s et esclaves dans les prison extérieures….

Jusqu’à ce que nous soyons tou-te-s libres.

Fernando Bárcenas Castillo

Traduction Les trois passants / correction Amparo

Source Croix Noire Anarchiste Mexico

+ D’infos sur Fernando Barcenas

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Appel à l’action anarchiste internationale en solidarité avec la grève des prisonnier-e-s aux États-Unis: Le 9 septembre [45eme anniversaire de la rébellion de la prison d’Attica], des prisonnier-e-s à travers les États-Unis entameront une grève qui consistera en un arrêt général du travail contre l’esclavage pénitencier. Pour faire court, les prisonnier-e-s refuseront de travailler ; illes refuseront de continuer à faire tourner les prisons par leur propre labeur. Les prisonnier-e-s ne luttent pas juste pour de meilleures conditions ou pour un changement du règlement des conditionnelles, mais contre l’esclavage pénitencier. Les prisonnier-e-s soutiennent que sous le 13è amendement qui abolit l’esclavage racial, ce-dernier permet à des êtres humains d’être exploités pour rien ou pratiquement rien tant qu’illes sont prisonnier-e-s. Les prisonnier-e-s voient ainsi le présent système d’esclavage pénitencier comme une continuation de l’esclavage racial, système qui génère des milliards de dollars de profit chaque année pour de grandes sociétés des industries clés comme celles des combustibles fossiles, les fast food, les banques, et l’armée américaine. Lire la suite sur contrainfo

[ Ville de Mexico ] Présentation du collectif de prisonnier-e-s

« CIMARRON »

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Texte lu lors de la rencontre Anti-carcérale du Bajío – Mexique.

Juillet 2016

Caché dans ce qui aujourd’hui est un semblant de campement (une loge), je me connecte à ce dialogue intime par lequel j’approfondis mon essence et c’est précisément ce moyen par lequel je peux dénuder mon âme et l’offrir, au moins tant que je me trouve dans cet endroit… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne peux être prisonnier de mes émotions si je veux pouvoir survivre… je reste vivant et en alerte, parce qu’il suffit d’une étincelle pour que la vie s’achève lorsque tu vis entassé, supportant une routine incessante de jours, semaines, mois, années et pour certains plus malheureux que moi : de décennies… Le conflit est inévitable. Il est évident que nous tous reclus ici, nous sommes une bombe à retardement… Tu ne peux jamais savoir quand explosera une de ces bombes et d’une certaine façon cette sensation d’agressivité ne me déplaît pas ; ce qui me déplaît c’est la résignation de la grande majorité ; parce que cela signifie renoncer à attaquer les puissants et si nous renonçons à les attaquer alors nous nous attaquerons entre nous…

C’est ce qui me bouleverse parce que dans certaines situations nous devons aussi maltraiter des enfants du peuple…je suis conscient que chaque fois que je sors de cette cellule, c’est l’instinct sauvage qui me guide pour me conduire comme n’importe quel bête sauvage le ferait ; avec son intelligence, son instinct et sa force physique… C’est ainsi que peu à peu je me gagne la sympathie des autres animaux, non pas pour mon argent ni mes relations ou mes influences, mais par ma détermination à ne permettre à personne de s’approprier mon existence, et de vivre toujours en marge des rapports de pouvoir… Dans un endroit comme celui-ci, quelqu’un de marginal comme moi n’a d’autre moyen que ses bras et son cerveau soutenus par son courage et la rage de l’instinct de préservation pour faire respecter ses opinions, ses idées… La vérité c’est que j’ai toujours des envies que tout explose, que j’imagine les maton-e-s , les honnêtes citoyens et leurs institutions de représentation brûlant dans les flammes… Si j’ai appris quelque chose tout au long de ce projet d’insurrection de mes idées c’est de valoriser cette sensation qui consiste à garder le contrôle sur ma vie ; une sensation que j’expérimente très souvent lorsque je me confronte au maton, lorsque je décide de ne pas être victime du système et que je retrouve ma dignité en rendant le coup de poing dans la gueule, à l’estomac, parce que cela constitue en soi un acte de guerre qui rappelle celui des animaux en cage, du compagnon bastonné, du prisonnier réduit à moins que rien, des pauvres et de tous les marginalisés du monde qui ont posé le pied dans les entrailles de la prison, tous ces être formidables qui résistent quotidiennement aux ravages de la guerre contre l’humanité et la nature, menée par l’économie globale dans les états du monde et qui de par leur politique ont condamné à mort la planète sur laquelle nous vivons.

C’est dans ce contexte que l’individualisme d’un rebelle solitaire se transforme en organisation ; car souvent il suffit juste d’impulser une légère expression de désobéissance pour contaminer les autres êtres qui se savent eux aussi humiliés, piétinés, c’est ainsi que petit à petit des actes spontanés de résistance quotidienne se reproduisent (le refus des contrôles, les agressions contre les gardiens, les insubordinations collectives, les grèves de la faim etc.) et bien que nombre d’entre elles ont été étouffées sur le champ et que nombre de ceux qui ont participé en tant que coordination informelle des prisonniers en résistance (CIPRE) ont choisi de négocier et d’obtenir certaines commodités, on ne peut ignorer que ces faits n’existaient pratiquement plus dans les prisons au moins dans la dernière décennie, surtout depuis la prolifération de ceux qu’ici nous appelons « les mules » ou « prisonniers au service des autorités ».

Cependant, depuis ces actions qui ont agité l’intérieur de la prison pendant quelques mois, un petit groupe de personnes s’est formé, qu’ils ont décidé eux-mêmes d’appeler « cimarrón »… cimarrón pouvant être tout animal domestiqué qui échappe à ses maîtres et redevient sauvage. Ce collectif a entamé un vaste travail de re-signification et de ré-appropriation de la vie à partir de la résistance culturelle, ignorant les espaces institutionnels pour mettre concrètement en place des ateliers, des discussions, une bibliothèque alternative pour construire de la sorte une vie communautaire en marge du temps et des restrictions de la prison… En effet, la majorité de ceux d’entre nous considérés comme des « criminels » nous avons démontré que nous sommes capables d’assurer la subsistance avec intelligence, instinct et force physique en les combinant parfaitement entre eux, c’est ce qui fait de nous un ennemi en puissance à écarter par ceux qui nous dominent. C’est d’ailleurs pour ce motif qu’ils nous enferment dans des cages et qu’ils nous combattent de façon si brutale…

Nombreux sont les « criminels » qui ne sont pas conscients de cela, mais d’autres comme nous l’ont perçu et sont prêts à livrer bataille contre le monstre carcéral et contre tout forme de domination….

Jusqu’à ce que nous soyons tous libres !

– Fernando Barcenas –

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liberanLe compagnon anarchiste Fernando Barcenas Castillo a élaboré plusieurs projets à l’intérieur de la prison Nord de la Ville de Mexico où il est incarcéré depuis le 13 décembre 2013. Il a créé des ateliers d’écriture, de réflexion, de musique; avec d’autres prisonniers et prisonnières écrit et diffuse le journal anticarcéral Indépendant et de combat « El Canero »; dernièrement il a mis en place une bibliothèque gérée par les propres prisonniers. Fer a également encouragé et lancé l’organisation des prisonnier-e-s en résistance, tout d’abord il encourage la formation du C.C.P.R (Coordination Combative de Prisonniers en Résistance) plus tard il participe à la coordination des grèves de la faim avec d’autres prisonniers anarchistes de la ville de Mexico. Par la suite Fer lance et encourage la formation de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) comme forme et espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire. La CIPRE étant une organisation informelle s’est dissoute et aujourd’hui s’efface non sans laisser toute une expérience organisationnelle derrière elle. Fer lance une nouvelle proposition donnant lieu au collectif des prisonniers CIMARRON, le nom « cimarron » signifie «s’échapper, fuir». Le marronnage était le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître.

Traduction Amparo et les trois passants / correction Myriam

Source Croix Noire Anarchiste de Mexico

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[Mexico] Réflexions sur le journal « El Canero » : Fernando Barcenas + télécharger le journal n°4 (en ligne)

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Réflexions sur le journal « El Canero » par Fernando Barcenas

Prison Nord de la ville de Mexico, juin 2016

Le projet « El Canero » est né durant les heures d’ennui, de partage de discussions et réflexions dans les cellules d’isolement, dans la zone 3 du module d’entrée, en observant la routine et comprenant que nous devons toujours recommencer depuis le début ; c’est ainsi qu’a surgi la nécessité de redonner du sens.

Que signifiait réellement lutter contre la domination et l’état ?

Est-ce que croire aveuglément dans mes idées avait encore réellement un sens ?

Bien des questions se bousculaient dans ma tête et j’ai compris alors que je devais trouver une forme pour ne pas me retrouver en proie à l’angoisse et au désespoir…

J’ai d’abord commencé par écrire pour débuter un dialogue avec moi-même et ensuite, lorsque j’ai conçu la façon de matérialiser ma liberté intérieure, je l’ai alors utilisée comme lieu d’introspection depuis celui où je me trouvais avec mes bourreaux, de mes prisons subjectives, de mes attitudes autoritaires et de soumission, un lieu où je n’avais de sens qu’en me cherchant moi-même et qui a en effet fonctionné comme un outil pour reprendre confiance dans mon individualité unique et libre.

Par la suite, sont venues les questions.

Est-ce que cela avait un sens de n’écrire que pour soi ?

De quoi avait-on besoin pour briser les barrières de l’isolement.

Les réponses infinies à de tels questionnements m’ont conduit à une seule réponse : Écrire !

Si la liberté est aussi indispensable, aussi appréciée que la vie elle-même, à un point tel que nous serions capables de donner notre vie plutôt que de la soumettre à l’esclavage et aux chaînes ; alors pourquoi ne pas se battre pour l’étendre et faire en sorte que d’autres puissent expérimenter ici et maintenant la sensation de liberté et de plénitude qu’elle nous procure et qui parcourt notre corps chaque fois que nous nous échappons du périmètre légal, de la norme sociale ?

Nous sommes acteurs de la révolte et pour chacun des actes décidés, nous nous assumons comme des êtres capables de nous autodéterminer, de nous réapproprier nos vies et d’avancer de façon cohérente vers l’expérimentation et la création de nouvelles formes de rapports sans pour autant nous transformer en institutions sociales. C’est pour cela qu’à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons physiques nous devons réfléchir et nous interroger : sommes-nous satisfaits de vivre soumis à de telles conditions ? Avons-nous envie de détruire la réalité ou voulons-nous seulement la transformer ? Mais surtout nous devons savoir si ce choix, c’est bien nous qui le faisons, si c’est bien le nôtre.

FERNANDO BARCENAS
Prison Nord de la ville de Mexico

Le journal El Canero, c’est quoi ?

+ d’infos / Le Canero n° 4 – Pour télécharger le journal, cliquez ici

+ D’infos sur Fernando Barcenas

Lettre lue et envoyée pour la Journée de Solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au Mexique organisée à Toulouse par les trois passants avec le soutien de la Chapelle, de l’atelier Fandango Mano y Vuelta et de copines et copains solidaires.

Traduit par Amparo et les trois passants / correction Val

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Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

La C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) a été impulsée par Luis Fernando Bárcenas Castillo : “ C’est un mouvement qui émerge des entrailles de la prison, depuis l’organisation des prisonnier-e-s qui aujourd’hui ont décidé de crier !!”

[Mexico] Voix depuis la prison : Extraits du journal anti-carcéral « El Canero n°4 »

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Extrait de l’article « La prison: centre d’intoxication » rédigé par l’équipe médicale solidaire de la CIPRE – Coordination Informelle des Prisonnier.e.s en Résistance, Ville de Mexico, Canero N° 4

C’est en prison que les délinquants se créent, et cela va des prisonniers aliénés au directeur, aux matons et aux autorités.

Les statistiques officielles récentes signalent l’existence de 420 prisons au Mexique où cohabitent 242 000 prisonniers dans un espace prévu pour en accueillir 190 000. Dans ces conditions, les prisons sont des lieux propices à la contagion criminologique. Plus de la moitié de la population carcérale est constituée d’individus qui purgent des peines inférieures à 3 ans pour délits non graves ni violents, mais ils ont bien « mérité la réponse plus « contondante » et ferme de la part de l’État Mexicain, la prison ».

Au Mexique, le code pénal se sert de la prison de façon intensive et irrationnelle. Unique endroit au monde où 95% des infractions prévoient la prison comme forme de sanction. Dans les faits, la présomption d’innocence n’existe pas ni d’autres sanctions alternatives à l’incarcération…

Selon les statistiques de 2013, 220 des 420 prisons se trouvent en situation de surpopulation. Les prisons les plus surpeuplées se trouvent dans l’État de Nayarit avec un taux de surpopulation de 188%, la Ville de Mexico avec 184% et celle de Jalisco avec 176%.

Dans la Ville de Mexico les prisons dépassent les taux de surpopulation pour plus de 200% :

-Prison Oriente avec 274.17%
-Prison Norte avec 250.85%
-Prison Sur avec 217.85%

Cependant dans la prison de Tepeaca dans l’État de Puebla, la surpopulation atteint le taux de 400% dans un espace pour 46 266 prisonniers.

58,8% des prisonniers ont des condamnations inférieures à 3 ans. En janvier 2013, on comptait un total de 101 224 prisonniers sans condamnation, en attente d’un procès, dans la majorité des cas en raison du manque de ressources économiques pour couvrir les frais nécessaires pour avoir une défense adequate. Autrement dit, la capacité répressive de l’État se déchaîne envers les couches les plus défavorisées…

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carcel5Les couloirs de la ville défectueuse

Par Tonatiuh
Depuis la prison Nord de Mexico
« Reclu Norte » (Canero n°4)

Les couloirs de la ville défectueuse; l’un des couloirs parmi les plus dangereux et effrayants que tu puisses imaginer.

Tu peux tomber sur toutes sortes de surprises; observer l’entrée et la sortie d’objets pointus et tranchants arrachant la vie des corps humains ; rencontrer des gens qui doivent survivre dans la jungle de murs ; voir des « Chineandolos » : étranglements, serrant le cou par derrière, obstruant le passage d’oxygène au cerveau, perdant connaissance, pour enfin tomber par terre à cause des convulsions et devenir ainsi une proie facile à voler par les prédateurs; se battre à cause d’un simple frottement ou d’un coup de pouce reçu au milieu de la surpopulation carcérale, et tout ça, sans compter tous ceux qui ont perdu la vie en raison d’un vol insignifiant, des tennis, par exemple, ou de trucs du « Barco » : des aliments ou des choses sans aucune valeur que les visites apportent aux détenus.

Il y a des tas de façons de survivre dans « el kilometro » la taule : en vendant « rancho » de la bouffe, des médicaments, des produits comestibles, des vêtements, des chaussures, du pain, des livres, des clés USB, des enceintes, des appareils électriques, des matelas, des couvertures, même du viagra…

On dirait un couloir du quartier d’Indios Verdes ou Pantitlan ; une cour de n’importe quelle station de bus, de n’importe quelle cité à Tlatelolco, ou à l’institut polytechnique national IPN, ou bien l’architecture de n’importe quelle école.

Ce sont les couloirs de cette ville défectueuse et quand on transite par la taule « el kilometro » on doit faire face à toutes ces adversités, en faisant semblant, en prenant l’image de chacal « gandalla » pour pouvoir se défendre de toute sorte d’adversité.

Mais nous sommes prudents pour ne pas tomber dans le jeu des autres, pour ne pas devenir une proie de la corruption des matons, pour ne pas arriver à la punition, perdre ses dents, se faire poignarder ou perdre la vie; pour pouvoir sortir de cette petite ville où t’apprends à voler à grande échelle, à extorquer, à séquestrer, à mentir…

Ce sont les prisons de la ville de Mexico; l’image et le reflet des villes urbaines.

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Depuis L’enfer…CARCELMX

Par Ivan Rodriguez Tamayo
Depuis la Prison Nord
« Reclu Norte » (Canero n°4)

Imaginez seulement la scène, une chambre de 4m x 4m, occupée par 12 individus qui avec toute la force de leurs coeurs et le peu qui reste de l’âme, se limitent à se regarder les uns les autres avec respect mais toujours en se méfiant ; peu importe combien de temps ça fait qu’ils se connaissent ils ne pourront jamais savoir véritablement ce que pense l’un de l’autre, énigmes dans les ténèbres qui rôdent dans les couloirs obscurs ; mensonge, amertume, jalousie, anxiété, peur, rancune, tristesse, insécurité, faim, froid, honte, solitude, adrénaline, colère, luxure, désespoir, orgueil, inégalité, abus, maltraitance, fatigue et surtout, douleur, beaucoup de douleur, de vide, ce sont quelques sentiments qui régnaient et gouvernaient cet endroit…

Ma maison depuis le 5 septembre 2009, je me souviens de la façon dont je suis arrivé ici, en réalité, j’avais mis du temps à arriver, mais quand ce fut mon tour, simplement je n’ai rien pu faire pour l’empêcher en touchant ainsi les portes de cet enfer…

Mes actions, mensonges, toxicomanie, jalousie, manque de confiance, peur, m’ont amené ici, dans un clin d’oeil j’ai atterri là, dans un monde nouveau avec ses propres règles, protocoles, systèmes d’organisation, totalement méconnus pour moi, un tunnel obscur où tes propres peurs et démons créent leurs propres histoires, l’imagination et le mythe urbain construisent maintenant ton chemin…

Les murmures depuis l’obscurité t’appellent, te guident ou simplement te parlent, règles qui cassent, accords qui finissent en trahison, un cercle vicieux de magouilles de tricheries que simplement commencent à nouveau, doutes, questions : Qu’arrivera-t-il demain ? Qu’est ce qui va suivre ?…

A la fin de tout, il s’agit d’un chemin sans retour qui recommence et t’enferme dans un endroit éternel, un abîme qui te regarde et toi, tu te demandes comme d’habitude, la même chose, pourquoi je suis là ? Quand est-ce que je partirai ?…

Et quand la nuit tombe, le père chronos continue d’avancer.

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Voix depuis la prison Nord de la Ville de Mexico (Canero n°4) + D’INFO

Traductions: Amparo, Les trois passants / corrections: Val, Valérie et Myriam

À lire également

+ d’INFOS ( Cliquez sur l’image )

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[Oaxaca] Qu’est-ce que c’est le temps, en prison : Miguel Betanzos

miguelflomMiguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de vingt policiers. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis cinq ans par l’ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions en s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux.

tempsbet

Lettre de Miguel Ángel Peralta Betanzos
Depuis la Cellule 2 couloir C
Maison d’Arrêt de Cuicatlán, Oaxaca.

Qu’est-ce que c’est le temps, quand, en prison, on en a trop ?
On danse avec l’ombre, on joue avec nos rêves et on rit
On marche sur la voute céleste
On pleure en silence
On est parfois morts en vie
On chante et on se révèle face à leurs murs et à leurs barreaux
On se nourrit des déchets que jette la société ; on les recycle
On aiguise nos sens.
On détruit tous les jours ce qui est en place, on dés-arme la réalité.
On s’énerve contre nos pensées et nos camarades, (mais) pas tous les jours
On marche sur la corde fragile du châtiment, on dessine des visages avec les nuages,
On s’efforce de rendre les jours plus légers et, par nécessité,
On regarde toujours le ciel, mais aussi là où on met les pieds,
On entend des voix, on discute avec elles et on aperçoit des visages dans l’obscurité
On apprécie le vol des oiseaux, on aime la vie, on se trouve toujours dans la salle d’attente,
D’attente de Justice, d’une visite ou de liberté ? Qui sait ?
On se languit des personnes que l’on aime, on y pense,
On s’endort avec la lune et on tombe amoureux de la liberté en attendant une nouvelle aube
Lutter, endurer, résister,
Saluts fraternels à ceux et celles qui se sont solidarisés cette année.

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11 lettres anti – carcérales
Le silence dans l’obscurité chante et danse la musique de
la liberté à tous les incarcérés…
L’eau coule, se gonfle et excite les grillons
qui se préparent à la révolte.
Les oiseaux dans leurs cages sortent de leur léthargie et
cessent de siffler pour toujours…
Le silence s’est rompu
Le bruit, la rage et la colère deviennent complices des sentiments
et prononcent lentement la sentence de l’écroulement de la pensée.

Miguel Peralta Betanzos

Traductions Marion et Amparo / correction Val

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MIGUELFANZINFanzine à télécharger en français :

cliquez sur l’image.

Miguel Peralta Betanzos de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón,

+ D’Infos

miguelperaltaBULLETIN D’INFORMATION (pour l’instant en espagnol / en cours de traduction) – cliquez sur l’image

Télécharger un des bulletins concernant les cas de répression qui ravagent le territoire dénommé Mexico, réalisé dans le cadre de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonni@s Anarchistes, du 26 au 30 août 2015. Ce bulletin a été réalisé par des personnes solidaires de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, alors que 12 de ses membres sont toujours emprisonnés pour avoir défendu leur territoire et les décisions politiques prises par l’Assemblée.

À lire également : [Oaxaca] À plus de 9 mois de prison ferme, Miguel Betanzos lutte pour sa liberté et celle de sa commune Eloxochitlán de Flores Magón (contexte)

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Alvaro Sebastian Ramirez, Loxicha, Oaxaca

 ALVAROSÁlvaro Sebastián Ramírez, âgé de 55 ans, est indigène zapotèque et adhérent à la Sexta zapatiste, il est originaire de la communauté indigène de Llano Maguey, municipalité de San Agustín Loxicha, district de Pochutla, État d’Oaxaca. Cela fait 18 ans qu’il est privé de sa liberté. Alvaro a été condamné à 27 ans de prison pour les délits d’homicide qualifié, tentative d’homicide, terrorisme et conspiration. Alvaro travaillait en tant qu’enseignant et il était aussi engagé dans sa communauté pour l’amélioration des conditions d’éducation et de vie en général, il a mené avec ses compagnons une lutte pour la défense de la terre contre les caciques et le gouvernement, il a toujours défendu la forme traditionnelle de gouvernement des Zapotèques, qui refuse l’ingérence des partis politiques grâce aux « us et coutumes ». Malgré l’enfermement, Alvaro Sebastián Ramírez, sa famille et ses compagnons mènent une lutte avec espoir et conviction pour sa libération.

Ecrits de prison ( Fanzine ) cliquez sur l’image.

ALVAROLOXICHA10

Lettre depuis la Prison Centrale de Oaxaca, Mexique, 8 juin 2016

Aux compañeros, compañeras Les trois Passants,
A l’Espace Expérimental politique, social et culturel La Chapelle,
Au groupe Fandango Mano y Vuelta,
Aux adhérents et adhérentes de la Sexta en France,
A tous et toutes les Solidaires.

10 juin 2016, neuvième anniversaire de la création du Réseau Contre la Répression et pour la Solidarité.

Je tiens à remercier l’espace qui m’est donné pour me permettre de participer avec mes paroles.

Je m’appelle Alvaro Sebastián Ramírez, je suis prisonnier politique et de conscience, originaire de la région de Oaxaca au Mexique.

Cela fait plus de 18 ans que je suis en prison, j’ai été victime d’enlèvement et torturé par l’État mexicain.

C’est depuis ma tranchée de lutte dans la Prison Centrale de Oaxaca que je vous envoie mes salutations fraternelles et combatives et une forte accolade pleine d’énergie à chacun de tous ces compañeros, compañeras qui participent et sont présentes à cette deuxième journée de solidarité avec les prisonnières en lutte au Mexique, qui se tient le 11 juin 2016 à Toulouse en France.

Dans la prison centrale de Oaxaca, ces derniers mois, le système pénitentiaire a encore restreint ses règles dans tous les domaines, limitant les visites des personnes qui ne sont pas de la famille, des amis des amies ; mettant des tas d’obstacles à la remise de matériel pour travailler ; distribuant une nourriture de très mauvaise qualité et en quantité insuffisante ; diminuant les médicaments pour que les médecins nous délivrent des ordonnances et que ce soient nos familles qui les achètent à l’extérieur ; nous mettant à l’isolement total pour nous détruire totalement physiquement et psychologiquement.

Je lance un appel car il est temps de nous rassembler avec tous les peuples du monde parce que nous avons tous les mêmes besoins d’être libérés de l’esclavage moderne qui nous asservit sur cette terre.

Depuis cette prison, j’envoie une digne, rebelle et solidaire embrassade à tous ceux et toutes celles qui sont présents à cette deuxième journée de solidarité des Prisonniers en Lutte.
Poursuivons nos efforts pour construire un monde meilleur.

Liberté pour Les Prisonniers Politiques !
Vive l’Espace Expérimental politique, social et culturel La Chapelle !
Vive le groupe Fandango Mano y Vuelta !
Vive le Réseau Contre la Répression et pour la Solidarité !
Vive l’Armée de Libération Zapatiste ! Vive l’EZLN !

Alvaro Sebastián Ramírez

Lettre lue et envoyée pour la Journée de Solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au Mexique organisée à Toulouse par les trois passants avec le soutien de la Chapelle, de l’atelier Fandango Mano y Vuelta et de copines et copains solidaires.

+ D’infos

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Amour pour la liberté: Fernando Barcenas

Ecrits de prison

Liberté Totale

Compagnons et compagnonnes

Il y en a, qui ne comprennent pas que lorsque nous parlons de liberté, nous ne faisons pas référence à la liberté entre guillemets, c’est-à-dire, bien sûr à la liberté – démocratique – capitaliste et cela ne m’étonne pas, car c’est la seule liberté que nous connaissons ou à laquelle on nous a laissé la possibilité de penser…

Cependant, il arrive qu’après avoir expérimenté les conditions de l’enfermement, de la surpopulation carcérale et de la violence générée par le cannibalisme social, tu te rends compte que la liberté ne se trouve nulle part et que bien sûr elle ne peut être arrachée à ceux qui l’ont vécue et expérimentée dans sa plus large expression…

– Fernando Barcenas –

fanferdernier8cliquez sur l’image pour télecharger le fanzine

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À lire également

canero-04_3Le journal El Canero, c’est quoi ?

Le Canero est une proposition lancée par le compagnon Fernando Barcenas Castillo, prisonnier anarchiste incarcéré dans la prison Nord de la ville de Mexico.

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[Oaxaca] Voix depuis la prison : Miguel Betanzos, après un an de sa détention + BULLETINS D’INFO

miguelflomMiguel Ángel Peralta Betanzos est un jeune indigène mazatèque, anarchiste et membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demi de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été perpétrée avec une grande violence par trois personnes en civil sans identification ni mandat d’arrêt, accompagnées de plus de 20 policiers « ministériels » de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui ont été perpétrées depuis 5 ans par Manuel Zepeda Cortéz. Cet ex-président municipal siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire, piétinant ainsi le système communautaire basé sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions.

Miguel est l’un des 12 prisonniers indigènes membres de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, communauté mazatèque de l’État d’Oaxaca, qui se trouvent enfermés dans les différentes geôles de cet état Mexicain. Plus de 23 membres de l’Assemblée d’Eloxochitlán, hommes et femmes, sont sous mandats d’arrêts et ont été criminalisés pour avoir défendu « les us et coutumes communautaires » qui prévoient une autre façon de choisir ses représentants, s’opposant aux partis politiques soutenus par les caciques locaux qui essaient d’imposer à tout prix leur pouvoir afin de mieux contrôler la communauté par la peur et la prison.

Lettre publique*

Depuis la Cellule 2 couloir C

Maison d’Arrêt de Cuicatlán, Oaxaca.

Alors ? Comment ça va ?

Bonjour à tous les compas, c’est une grande satisfaction de savoir qu’il existe dans l’univers des êtres solidaires avec les personnes enfermées, qui partagent expériences, luttes, résistances et qui nous accompagnent pas à pas pour atteindre le sentier de la liberté pleine ou qui la réinventent. A tous ceux qui se sont rassemblés pour développer ces activités, salutations et je vous embrasse fraternellement.

Presqu’un an que je suis enfermé et je suis encore debout grâce à vos encouragements, vous qui connaissez ma situation juridique et les autres à qui je n’ai pas raconté que mes audiences sont régulièrement reportées à des dates ultérieures. Jusqu’à maintenant et depuis le mois de décembre dernier c’est la quatrième fois, pour différents motifs, mais à la fin les prétextes sont toujours les mêmes : manque de pièces et les juges se renvoient la balle. Ces audiences doivent servir à initier le recours pour garanties individuelles (procédure d’amparo) ; si ce n’est pas le cas, alors nous devrons aller au procès avec présentation de preuves. Je sais que le chemin à parcourir sera très long mais je ne renoncerai pas. Il y a quelques jours j’ai appris qu’ils sont sur le point d’émettre d’autres ordres d’appréhension pour d’autres délits, vols et dommages à la propriété d’autrui, pour ceux qui sont déjà enfermés et pour d’autres compagnons de l’assemblée qui ont participé à la lutte pour notre liberté. Ainsi, nous nous rendons compte que ce n’est qu’un artifice supplémentaire de la part de l’Etat pour nous criminaliser en tant que peuples autochtones.

Notre village Nguixó, ce qui signifie « sous les nuages » et qu’en espagnol on appelle Eloxochitlán de Flores, se trouve enclavé dans les montagnes de la Sierra Madre occidentale dans l’Etat de Oaxaca. Nous sommes mazatecos et notre village compte environ huit mille personnes réparties dans dix-huit quartiers. Il existe une organisation communautaire pour élire nos représentants, tout se fait sur la base des décisions prises lors des discussions et des accords durant l’assemblée. Ces deux dernières décennies les femmes et les jeunes ont pris une part importante dans la participation à celle-ci ; nous faisons aussi des travaux collectifs que nous appelons “faena” (corvée, boulot), “tequio”, “mano vuelta” et qui dans notre langue s’appellent xa´mosen. C’est le travail extra (de « enmedio »), celui qui ne rapporte aucun salaire hormis la satisfaction de partager, de mettre en commun et qui est basé sur la réciprocité. Il existe différentes tâches comme le nettoyage des chemins qui délimitent notre territoire avec d’autres villages ; cela se fait tous les ans, l’appel pour ce travail se fait avec une corne ou un coquillage. C’est aussi le cas pour les semailles du maïs, on invite les amis, les compadres, la famille et le travail devient une fête et un rituel de la terre, nous faisons de la même façon pour construire une maison ou pour la réparer.

Notre village est riche en ressources naturelles, eau, bois, montagnes et c’est de ce butin que les caciques ont l’intention de s’emparer. Notre lutte va donc dans ce sens. D’abord défendre notre système communautaire pour que les partis politiques ne puissent pas entrer, et défendre les ressources naturelles ; cela a entraîné un conflit à l’intérieur du village avec divers affrontements. Les caciques ont embauché des paramilitaires pour tyranniser et punir nos compagnons. L’armée a perquisitionné des maisons sous prétexte de chercher de la drogue et des armes et ils l’ont fait dans les quartiers les plus organisés. Suite à notre emprisonnement, nos familles se sont déplacées mais elles continuent en résistance, nous savons qu’arrivera le jour où nous reviendrons. A la date d’aujourd’hui, nous sommes douze prisonniers disséminés dans les prisons de l’Etat, onze hommes et une femme.

Une autre chose que je voulais vous faire partager : il s’agit de la lutte à l’intérieur de cette prison. Tout d’abord pour l’introduction d’aliments vu qu’ils sont très limités ; pour les services de santé qui sont inexistants ; un exemple, il y a quelques jours, il y a eu une épidémie de rhume et ceux de l’Etat sont venus nous vacciner contre la grippe, nous avons aussi gagné la bataille pour obtenir des téléphones qui ne soient pas contrôlés par le système. Voilà, petit à petit nous avançons.

Bon assez bavassé, je crois que je vais réussir à vous endormir… je sais qu’un grand océan nous sépare mais nos pensées se rejoignent, c’est comme ça, la distance et le temps ne sont que des constructions mentales. Jamais nous ne serons de la chair à prison, nous détruirons le quotidien, nous ne nous habituerons pas à ces murs, notre esprit ne se convertira pas en pierre, Jamais !

Salut à tous les prisonniers du monde !
Que tout aille pour le mieux !

Cellule 2 couloir C des pourris
Maison d’Arrêt Cuicatlán Oaxaca,
Miguel Ángel Peralta Betanzos

Lettre lue et envoyée pour la Journée de Solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au Mexique organisée à Besançon par Caracol Solidario- Besançon, Le Groupe Proudhon – FA, Besançon, Le Resto Trottoir – Besançon et Les trois passants – Toulouse (9 avril 2016)

Traduit par Amparo et les trois passants

Corrections Val et Myriam

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MIGUELFANZINFanzine à télécharger en français :

cliquez sur l’image.

Miguel Peralta Betanzos de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón,


miguelperaltaBULLETIN D’INFORMATION (pour l’instant en espagnol / en cours de traduction) – cliquez sur l’image

Télécharger un des bulletins concernant les cas de répression qui ravagent le territoire dénommé Mexico, réalisé dans le cadre de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonni@s Anarchistes, du 26 au 30 août 2015. Ce bulletin a été réalisé par des personnes solidaires de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca, alors que 12 de ses membres sont toujours emprisonnés pour avoir défendu leur territoire et les décisions politiques prises par l’Assemblée.

À lire également : [Oaxaca] À plus de 9 mois de prison ferme, Miguel Betanzos lutte pour sa liberté et celle de sa commune Eloxochitlán de Flores Magón (contexte)

[Mexico] Voix depuis la prison : Luis Fernando Sotelo

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Lettre envoyée pour la Journée de Solidarité avec les prisonnier-e-s en lutte au Mexique organisée à Besançon (9 avril 2016)

Depuis la prison préventive Sud de la ville de Mexico ( lettre publique )

Bonjour, compagnones et compagnons solidaires de Caracol Solidario, du Groupe Proudhon, du Resto Trottoir, des trois passants :

Je m’étais précédemment engagé à vous écrire, il me semble honnête de m’excuser.

L’information que je souhaitais partager avec vous quand je vous ai dit que je vous écrirais concernait la vie quotidienne.

Mais après une punition imposée par les autorités du Conseil Technique Inter-disciplinaire – organe administratif de la prison – et suite à notre contestation (articles dans la presse et recours en révision), ils nous proposent maintenant d’avoir des activités comme du sport, la tenue d’un séminaire de philosophie avec un autre compagnon, le Dr. Felix Hoyo, ou encore la participation à un cinéclub.

Ce qui est en train de se passer est ce qui se passe au niveau de beaucoup de processus d’organisations et de luttes : l’autorité en place essaie de réduire les autonomies.

Je pense qu’avec deux compagnons je pourrais réaliser certains projets. Et cela bien que les autorités nous surveillent particulièrement et nous traitent différemment de la majorité de la population (carcérale). Mais nous voyons que le problème est l’imposition – de quoi ? D’une exploitation subie. La corruption de la loi et de l’ordre est soutenue par les structures même du pouvoir en place.

Nous, avec nos petits efforts, nous avons dû commencer par ne pas oublier.

En effet, bien qu’aujourd’hui ils nous traitent mieux ou simplement avec plus de respect (sachant que les puissants aussi ont peur), nous savons que les « concessions du pouvoir » ne sont que des moqueries pour nos rêves et nos dignités.

Cependant nous nous félicitons et nous apprenons à nous développer avec d’autres compagnons prisonniers d’une autre façon – sans autorisation – et sans matériel : tables, télés, salles, chaises, ballons de l’institution – c’est plus ou moins un plan sans concession.

Nous savons que la logistique fait défaut à nos projets mais nous ne voyons pas pourquoi nous devrions mettre en place un scénario de conciliation avec ceux qui sont responsables de l’injustice carcérale…

C’est ainsi que je partage avec les prisonniers la routine.

En attendant qu’un jour nous soyons toutes et tous libres.

Luttant tous les jours avec l’ennemi numéro un : soi-même.

PS : Ma situation juridique, telle que je la vois depuis ma perspective, laisse penser que le procès sert à justifier l’insoutenable (une prise d’otage de ma vie). Avec le climat de la politique d’en haut, on voit que la pantomime – démocratie s’intéresse plus à ses poches pleines d’argent qu’à la participation de tous.

Ma liberté n’a pas de prix, mais elle a une grande valeur et beaucoup de gens luttent pour la même chose : pas uniquement pour ma liberté mais, à travers elle, pour la liberté qui nous appartient à toutes et tous. Cette liberté autonome digne et rebelle que nous apprenons à semer mais aussi à récupérer des mains de l’oppresseur. Je suis content de votre soutien, compas. Et savoir que la libération des prisonnier-e-s quelles qu’ils/elles soient fait partie du projet que l’on nomme liberté m’incite à être heureux.

Fer, 20 Mars 2016.

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ferzamLuis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste,a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’atteinte à la paix publique, d’attaques aux voies de communication et dégradations. Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire. Plus d’infos

[Mexico] Fernando Bárcenas : Il n’y a déjà presque plus ni Terre ni Liberté !

Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 21 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.*

Il n’y a déjà presque plus ni Terre ni Liberté !
En hommage à Ricardo Flores Magón **
Texte de Fernando Bárcenas – Prison Nord de la Ville de Mexico
Novembre 2015

rfm1Bien des idées me viennent à l’esprit, lorsque je pense à la révolution sociale qui eut lieu sur ces terres il y a bien des années ; et comme toujours les lézardes de l’histoire cachent les choses, elles rendent muettes comme toujours les voix les plus libératrices… et il n’est pas fréquent d’avoir une conversation ouverte dans laquelle le germe du patriotisme ne soit pas inoculé ; c’est pour cela que je salue ceux qui s’enthousiasment y compris avec des rêves et des souvenirs, je les salue parce que c’est chez vous, chez nous… que se trouve la réponse…

S’il est vrai qu’ils nous domestiquent quotidiennement dans chacun de nos agissements, il est tout aussi vrai que nous contribuons quotidiennement à ce que cela ne se produise pas.

Leur système ne peut pas tous nous atteindre… et comme cela s’est produit à d’autres époques, aujourd’hui aussi, il existe des rebelles partout dans le monde, dans chaque recoin il existe des personnes disposées à peser sur leur environnement.

Tous les événements s’ils sont accidentels, ne peuvent exister que comme le résultat d’actions et de circonstances précises…

Nous sommes partie intégrante d’une totalité et nos actions quotidiennes sont celles qui déterminent ce qui arrivera dans notre environnement.

Nous en sommes là et c’est de nous que dépend nos destinées. Dans chaque partie du monde quelqu’un conspire et nous nous devons de prendre au sérieux notre action sur la terre puisque chacun des rapports sociaux peut être le début d’une révolte, cela dépend de la façon dont nous nous y prendrons pour forger nos destins… Je pense que bien des personnes soumises à ce système l’ont compris à un moment donné et c’est bien normal parce que les actes anti-sociaux, les conduites agressives, sont des ripostes naturelles à l’imposition de la soumission et à la « discipline ».

Il n’est pas besoin d’être un professionnel, ni un expert pour savoir quand la liberté nous manque, ce bien si profond, si précieux, inexplicable et indéfinissable.

Déclarons la guerre à ce système invisible qui n’existe que dans nos têtes, alors chaque obstacle, chaque acte, chaque rapport social casse les paradigmes les plus parfaits érigés sur la famine et la misère, la perte de nous mêmes et ne nous laisse plus que la haine, la rancune et la rage envers nos despotes.

Démontrons-leur de quoi nous sommes capables nous qui n’avons plus rien à perdre … en s’attaquant à leur structure idéologique..

En anéantissant leurs valeurs morales et juridiques… en agissant envers les nôtres afin de contribuer à ce que de plus en plus de personnes libérées fassent l’expérience de la révolte dans leur propre chair, pousser par leurs frères qui se rebellent et mettent en évidence la faiblesse du système, de combien il est facile et jubilatoire de vivre sans chaînes, sans ce maudit embrigadement de la pensée…

C’est pourquoi je pense que cette date, bien plus que de nous rappeler l’anniversaire de la mort d’un personnage, doit bien plus nous inciter à l’action, à la réflexion de ce que nous sommes aujourd’hui et comment nous contribuerons aujourd’hui à affronter ce qui se présente à nous, nous sommes les acteurs de cette guerre contre l’imposition du totalitarisme.

Hommage à Ricardo Flores Magón et à la trajectoire de lutte du Parti Libéral…

Il n’y a déjà presque plus ni Terre ni Liberté !

C’est pourquoi nous qui sommes ce qui reste de cette résistance, nous devons nous battre à nouveau pour freiner ce massacre économique.

Il n’y a déjà plus aucun futur pour ce monde !

Destruction de la société carcérale !

Solidarité avec tous les prisonniers humains et non humains qui souffrent des conséquences du capitalisme impérialiste.

Fernando Bárcenas

20 Novembre 2015

*Le journal anti-carcéral « El Canero » est une proposition lancée par le compagnon Fernando Barcenas Castillo Ce journal a pour but de voler, de voyager, d’être partagé avec d’autres personnes et d’autres prisonnier-e-s. Le Canero n° 3 est désormais traduit en français. Pour télécharger le journal cliquez ici Le Canero n° 4 est en cours de traduction [ bientôt en ligne ]

**Du 18 au 21 novembre 2015, dans le cadre de l’anniversaire de la mort de l’anarchiste mexicain Ricardo Flores Magon, diverses activités et rencontres ont eu lieu au Mexique. Fernando Bárcenas a écrit cette lettre en hommage à Ricardo Flores Magón.

Magón est né le 16 septembre 1873 à Eloxochitlán (État d’Oaxaca) et mort le 21 novembre 1922 au pénitencier de Leavenworth au Kansas, États-Unis. Il est à l’origine du mouvement le plus radical de la Révolution mexicaine, le magonisme. À la tête du Parti libéral mexicain (PLM), il devient le fer de lance de l’opposition au régime autoritaire et corrompu de Porfirio Díaz. Durant son exil aux États-Unis, où il fuit la répression, il manifeste son adhésion à l’idéal anarchiste. Ennemi acharné de l’autorité, du capitalisme et de l’Église, il consacre sa vie à la lutte contre l’oppression du peuple mexicain et, par extension, de l’humanité dans son ensemble. Militant politique, propagandiste, journaliste, Ricardo Flores Magón est aussi l’auteur de nombreux contes, publiés dans le journal qu’il dirige; « Regeneración » Lire la suite

Traduction Amparo/ les trois passants / correction Val

Source Cruz Negra Anarquista de Mexico

[Mexico] Lettre de Fernando Sotelo : Jusqu’à ce que nous soyons toutes et tous libres !

ferzamLuis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millons de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.

Lettre de Fernando Sotelo : « Jusqu’à ce que nous soyons toutes et tous libres ! »

RECLUSURSalut à toutes et à tous les compagnonnes et compagnons organisé-e-s autour de cette rencontre [mobilisations internationales intitulées : « Jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres » ] et dans d’autres encore, qui brisent l’imposition de cette « réalité »…Je vous salue avec la joie de savoir que vous lisez ces mots, là-bas dans d’autres endroits lointains où la rébellion s’organise.

À un peu plus d’un an de mon emprisonnement, j’aurais pu seulement m’exprimer du point de vue de la « justice » à laquelle ils me soumettent en raison de ma présumée « délinquance ». Cependant la prétendue leçon donnée par l’appareil judiciaire et ses serviteurs (juges, commissariats, policiers, matons) est beaucoup plus vaste. Il faut vivre dans une prison de la ville de Mexico pour se rendre compte d’une réalité pourrie et très similaire à la liberté relative que vit la société du dehors. En tant que prisonnier, ils m’ont séparé de la population et je survis relativement et meurs par lassitude. Dehors, c’est pareil. Je vis la violence systématique des matons et celle de la classe « délinquante » qui, au final, n’est que la reproduction de la merde de là-haut. Malgré tout cela, la solidarité ne disparaît pas, car elle est une option nécessaire et souhaitable.

Chaque argument défendu par le maton, pour justifier sa corruption et sa médiocrité, avec des mots « d’ordre social » contre le prisonnier, laisse voir l’incohérence de son éthique. Une éthique promue dans des relations « officielles » entre le maton et le prisonnier-e. Avec la capacité d’exploiter les prisonnier-e-s dans un ordre économique qui inclut les déshérités à cette participation. Le truc c’est que s’ils participent, ils le font en jouant le rôle du consommateur moderne- tel un spectateur - et le spectacle se joue sur la même scène que celle où agit le gouvernement « comme il se doit », « justement », « normalement » sur demande de la société ou, au mieux, en veillant aux intérêts de celle-ci.

Avec mon emprisonnement, ils m’obligent à vivre dans un miroir du monde-global (comme système social) représenté par ceux qui s’acquittent de leur tâche au prétexte que c’est à eux que l’on a délégué le problème de la délinquance. On dit aux gens que rendre la justice est un métier ; or ce métier ne s’exerce pas avec la conviction d’en finir avec l’inégalité, bien au contraire : on oublie cette prétendue qualité de ce qui est juste et on la vide ainsi de son humanité. Finalement, on remplit les vides laissés par l’absence de conviction au moyen de subterfuges destinés à encenser et renforcer les liens avec l’état de droit, pour :

1.-Restreindre a priori le champ de la « liberté » au choix d’être exploité par telle ou telle autre entreprise ou bureaucratie …être libre d’aimer l’esclavage au travail aliéné, être libre de remplir tous les vides que nous avons (puisque à l’intérieur de chacun se reproduit aussi le consumérisme) de produits tout aussi vides.

2.-Violenter avec les moyens officiels (ministères, juges, policiers, médias commerciaux) ceux et celles qui dénoncent la réalité de l’état actuel de cette parcelle de pouvoir capitaliste.

Accepter la délégation des problèmes sociaux aux institutions gouvernementales, c’est être complice du pillage massif dont celles-ci se nourrissent. Pour comprendre cette situation, il faut accepter que l’usage de la force, de l’économie et de la « qualité de vie » ont toujours été des instruments à disposition des institutions afin de rendre les populations indifférentes et apathiques.

Si nous ne comprenons pas que l’État mène une guerre sociale pour nous anéantir, nous resterons dans le rôle de victimes. En revanche, si nous réussissons à nous défaire de cette carcasse de victime, nous pourrons peut-être relever le défi de créer quelque chose qui en finisse avec cette civilisation pourrie qui nous a créés. La solution ne vient pas de celui qui opprime. Ce système institutionnel pourri est le leur, ce n’est pas le nôtre, ce n’est pas celui de nous toutes et tous.

Organisons la rage pour défendre la vie !

Depuis la prison préventive masculine du Sud de la ville de Mexico.

Luis Fernando Sotelo

Traduction Les trois passants, Amparo / correction Val

Plus d’infos + fanzine

Source espagnol

Fanzine à télécharger: Miguel Peralta Betanzos de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, cliquez sur l’image.

MIGUELFANZINMiguel Peralta Betanzos est un jeune anarchiste membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire, a été arrêté au centre-ville de Mexico.

luis ferécris de prisonCliquez sur l’immage pour télécharger le fanzine

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Voix depuis la prison: Fernando Sotelo

 

ferzamLuis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus depuis le 26 septembre 2014. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique [délit qui est pénalement du même type que le délit de terrorisme], d’attaques aux voies de communication et de dégradations (d’une station de Tramway, d’un distributeur de titres de transport et de caméras de surveillance). Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millons de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.

 

Lettre de Luis Fernando Sotelo depuis la Prison Sud de la Ville de México

14 octobre 2015

En guise de mise en commun à partager,

Alors qu’aujourd’hui l’État dans sa forme matérielle (son personnel et ses bureaux) contribue au spectacle de « JUSTICE », une audience se tient pour me donner un espace en guise de réponse (application de peine) … bien que je n’ai pas à me soumettre (justifier) aux moyens (de « moyens » et « fin ») en dehors des tribunaux car ce que ce dernier aimerait entendre de ma bouche c’est que je suis coupable d’être délinquant. Cependant et comme conséquence de mon refus de participer à leurs accusations forgées et préfabriquées à mon encontre, je tiens à signaler que pour moi, ce tribunal représente une pierre angulaire (la plus visible de l’édifice) de la répression en ville, s’agissant, de fait, d’un moyen « a priori » de consensus social ; la distribution de la justice comme moyen de contenir la violence non officielle (celle qui n’est pas capitaliste) n’est, selon mon expérience empirique, qu’un marché supplémentaire, un autre marché de consommation (relativement) à la portée de la majorité dépendant du niveau d’assistanat aux inégalités… c’est pour cela que demander justice à ces tribunaux n’est pas une revendication d’un quelconque droit humain (« qui serait toujours respecté »), mais ce serait revendiquer la domination des choses (bureaucratie, capital, pouvoir, autorité) sur les humain-e-s. Lire la suite

Écrits de prison, Chronologie d’une révolte anti-carcérale

 

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[Ville de Mexico] Écrits de prison
Chronologie d’une révolte anti-carcérale
Juin – Septembre, 2015

La Coordination Informelle des Prisonnier-e-s en Résistance est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus viles et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la «délinquance» par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle.

L’intention de cette coordination informelle de prisonniers n’est pas la recherche de sensationnalisme, il s’agit de la compréhension totale de notre condition d’esclaves de la société. Nous avons choisi le chemin de l’inconnu et de l’insoumission, de l’exploration libre de la vie sans médiateurs ou représentants.

Nous en avons ras le bol d’être stigmatisés et limités par l’ostracisme pratiqué à notre encontre ; l’état constant de non défense dans lequel nous nous retrouvons tous en raison de l’existence de ces structures vaines, inutiles, que sont les prisons…

Nous disons : ça suffit !

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance (C.I.P.RE)

Cliquez ici pour accéder à la brochure

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LA C.I.P.RE c’est quoi ?
Voix depuis la prison: Fernando Bárcenas Castillo
Présentation du Fanzine du compagnon anarchiste Fernando Barcenas

[Mexico] Fernando Barcenas met fin à sa deuxième grève de la faim

 

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Après 22 jours sans ingérer d’aliments, le compagnon Fernando Bárcenas a mis fin à sa deuxième grève de la faim. Le compagnon était en grève pour exiger qu’il lui soit permis de rester dans une zone ayant les conditions nécessaires à sa récupération totale, suite à la précédente grève de la faim qu’il avait menée avec d’autres compagnons de la C.I.P.RE. (Coordination Informelle de Prisonniers et Résistance) du 27 juin au 18 août dernier [53 jours de grève].

Son état de santé est délicat, puisqu’il présente une malnutrition sévère, laquelle provoque nausées, crampes et douleurs dans tout le corps. Nous rappelons que pendant sa première grève de la faim, il avait perdu environ 10 kilos et pendant la deuxième, il a perdu environ 3 kilos en plus. Selon le rapport d’un spécialiste qui l’a examiné, il a une fracture au maxillaire inférieur dû aux coups qu’il a reçus de la part des matons quand ils l’ont transféré de l’hôpital de Tepepan vers la prison Nord. La fracture nécessite une intervention chirurgicale, mais en raison de la faiblesse extrême de Fernando, les médecins de l’équipe solidaire recommandent d’abord une récupération totale.

 Fernando a décidé de mettre fin à sa grève après que la direction de la prison s’est engagée à lui permettre de rester dans la zone des arrivées jusqu’à ce que sa santé soit rétablie. Nous savons de quoi sont capables les autorités, en d’autres occasions elles n’ont pas tenu parole. Nous ne leur faisons pas confiance. C’est pour cela que nous lançons un appel à rester attentifs à la situation, en effet la santé de notre compagnon en dépend.

À bas les murs des prisons !
Croix Noire Anarchiste de Mexico

 

Lettre de Fernando après 22 jours de sa deuxième grève de la faim, depuis la prison Nord de la Ville de Mexico

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Aux compagnons rebelles :

Par ce moyen, je vous fais savoir, qu’aujourd’hui, après déjà 22 jours de cette nouvelle grève de la faim, je me permets de vous transmettre un ferme cri de guerre, d’insubordination et de refus, d’instinct contre toutes tentatives de domestication…

Alors, que je me tourne vers vous, vers la société qui combat quotidiennement la violence et les tortures marginales…

Je me tourne vers vous, pour vous encourager à répondre concrètement aux « autorités » afin de leur donner, une fois pour toutes, un coup effectif avec toute la force des énergies sociales.

Ainsi, je vous communique formellement, que j’abandonne cette grève, avec détermination et avec une posture de rejet contre toute forme de domination.

-Fernando Bárcenas Castillo-

Plus d’infos

Mexico: La santé de Fernando Barcenas se détériore rapidement.

Tradui par les trois passants et Amparo

[Mexico] Abraham Cortés, après 2 ans derrière les barreaux. Nous ne t’oublions pas !

 

portabrahamAbraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco*, il se trouve enfermé dans la Prison Nord de la Ville de Mexico.

« La prison est un instrument de destruction, elle ne te réhabilite pas, elle fait mal, elle détruit… et comme ils disent ici : elle fait de toi un enfoiré »

« Le 2 octobre 1968 est un jour d’injustice, de disparition et de mort. Maintenant, ce n’est pas seulement un jour, c’est tous les jours, ce système qui gouverne pareil à tous les précédents, c’est toujours la même chose, le peuple connaît seulement la pauvreté, ici dans la prison nous sommes punis aussi, le bourgeois n’est rien sans le peuple. Des centaines, des milliers de prisonniers, et chaque fois il y a plus de prisons, l’injustice c’est pour le peuple… ça suffit ! »

« Avant, je pensais que l’esclavage n’existait plus et je pensais que nous étions libres, mais non, la vérité c’est que nous n’avons jamais été libres, nous n’arrivons pas à l’indépendance totale, nous continuons d’être des esclaves, mais à présent nous ne sommes pas esclaves d’un seul patron, mais d’un président, de l’armée, de la police. Nous devons donner toujours notre adresse pour qu’ils aient le contrôle sur nous, sans parler de la carte d’identité, être plus surveillés ce n’est pas possible ».

« Prison, institution de répression, école de méchanceté, d’obscurité, de froideur, de crainte, d’égoïsme, de vice, le lieu de destruction dans lequel nous sommes séquestrés (…) »

– Abraham Cortés –

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Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco*, il est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013. Abraham faisait face à une accusation de tentative d’homicide, pour avoir supposément lancé des cocktails Molotov contre les lignes de policiers anti-émeutes. Ceci en plus d’une autre accusation pour attaques à la paix publique en bande. Pour ces accusations, le compagnon avait été condamné à 13 ans et 4 mois de prison ; cependant, grâce à une procédure en appel (Amparo) qu’il a mené, une nouvelle sentence a été prononcée de 5 ans et 9 mois pour le délit d’attaques à la paix publique en bande, car l’accusation de tentative d’homicide a été rejetée. Abraham se trouve dans la Prison Nord de la Ville de Mexico.

Abraham avait pris part à la grève de la faim collective qui a eu lieu du 1er octobre au 17 octobre 2014 avec les compagnons anarchistes Jorge Mario González García (à l’époque, enfermé à la prison – hôpital de Tepepan) Carlos López (qui se trouvait derrière les barreaux de la prison d’Oriente) et Fernando Bárcenas Castillo (actuellement à la prison Nord) Ensemble ils avaient déclaré, le 1er octobre 2014** : «   Motivés par un sentiment de rébellion et par un clair et véritable rejet de tous les mécanismes de contrôle et, parmi eux, de celui du système carcéral, nous, anarchistes et libertaires, prisonniers séquestrés par l’État mexicain, nous avons décidé d’utiliser l’un des outils de lutte dont nous disposons depuis l’enfermement : la grève de la faim. Et cela à partir d’aujourd’hui, 1er octobre, un an après les arrestations du 2 octobre 2013 (…) Pour nous, la grève n’est pas synonyme de faiblesse. Nous cherchons encore moins à endosser une posture de victime. Au contraire, nous assumons la grève comme une alternative de lutte que nous jugeons adéquate pour protester et proclamer dans les faits notre insoumission face à l’enfermement de nos corps, à l’humiliation, à l’isolement et à la frustration que signifie le fait d’être incarcéré dans ces centres de terreur. Nous avons choisi de passer à l’action au lieu d’accepter la prison comme une situation « normale » … »

Nous ne t’oublions pas ! Abraham a la calle !! Crève la taule !

Dernière lettre d’Abraham Lire la suite

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Mexico: La santé de Fernando Barcenas se détériore rapidement.

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La santé de Fernando Barcenas se détériore rapidement. Rapport médical et message depuis la Prison Nord fer

Fernando Bárcenas ainsi que d’autres prisonniers de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance avaient entamé une grève de la faim qui a duré 53 jours en tout, quinze jours plus  tard, le jeudi 10 septembre 2015, le compagnon Fernando Bárcenas s’est à nouveau déclaré en grève de la faim, il est dans un état critique.

19 septembre 2015

Message de Fernando Barcenas depuis la Prison Nord

Après 9 jours de cette grève de la faim, je suis dans un état un peu diminué mais avec la détermination et la conviction qui grandissent comme augmente la haine sous la pression et le sentiment permanent de bellicosité et d’esprit insurrectionnel. L’attitude de l’institution qui continue de harceler et d’allonger les délais pour répondre aux propositions qui reflètent notre conviction a fait que cette grève doit se prolonger.

Cependant cela ne doit pas nous décourager, au contraire nous devons continuer à pratiquer et à propager la solidarité révolutionnaire.

En avant ! La victoire ou la défaite, peu importe !
En avant ! Même si lors de notre marche pour la vie nous trébuchons sur la mort !
Pour la destruction de la société carcérale.
Avec rage et amour pour l’anarchie.

Fernando Barcenas

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La santé de Fernando Barcenas se détériore rapidement – Rapport médical – Croix Noire Anarchiste de Mexico

Cela fait 9 jours que Fernando Barcenas a repris sa grève de la faim, l’équipe des médecins solidaires qui l’ont examiné le 18/09 rapporte que sa santé est dans un état critique, il présente une perte excessive de sa masse musculaire et suite à une analyse d’urine ils ont déterminé qu’il souffre d’une dénutrition sévère. De plus le compagnon présente des douleurs, des crampes et des nausées.

Hier, il devait être conduit devant le Conseil Technique, avec un autre compagnon de la CIPRE lui aussi en grève de la faim, pour un examen de sa situation et qu’une décision soit prise concernant son exigence de pouvoir rester dans la zone des arrivées pendant son rétablissement. Cependant cela n’a pas eu lieu. L’institution a utilisé comme prétexte la soi-disante agression contre un gardien de la part des compagnons de la CIPRE.

Quand les proches de Fernando ont interrogé à ce sujet les représentant de la Commission des Droits de l’Homme de la Ville [de Mexico], ces derniers se sont limités à répondre qu’il y a un règlement intérieur et que dû au comportement rebelle des compagnons, ceux-ci avaient perdu l’opportunité de passer devant le Conseil. De plus ils ont accusé Fernando d’être responsable de sa propre situation : « S’il est dans cet état, c’est du fait de sa propre décision ».

Il est urgent de montrer notre solidarité.
Aucun prisonnier-e n’est seul !

Croix Noire Anarchiste de Mexico

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Fernando Bárcenas et Jose Hernández, ainsi que d’autres prisonniers de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance avaient entamé une grève de la faim qui a duré 53 jours en tout. À coup de matraques, les compagnons ont été transférés de l’hôpital vers la prison Nord, alors qu’ils étaient dans une situation de santé délicate, perte de pois, faiblesse musculaire, douleurs dans tout le corps… les conditions médicales ont été plus que déplorables, leur accès à la consommation de liquides, d’électrolytes, de miel et d’agrumes a été réduit considérablement. Il leur a été uniquement permis de consommer 1 litre d’eau, 3 cuillères de miel et 1 citron par jour. Un rapport médical établi par les médecins solidaires démontre un arbitraire sans limite, une complicité total entre le personnel, les médecins d’office et la commission des droits de l’homme, tous à la solde des autorités pénitentiaires. La consigne : faire payer Fernando coûte que coûte

Rapport sur l’état de santé de Fernando Barcenas Lire la suite

Chronique de la Grève de la Faim Collective – Coordination Informelle de Prisonnier-e-s en Résistance du 27/06/2015 au 18/08/15

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Je [Fernando Barcenas] souhaite manifester ma satisfaction devant les résultats de cette grève de la faim collective que nous avons réalisée à travers la proposition organisationnelle informelle de la C.I.P.RE. (Coordination Informelle de Prisonniers en Résistance).

Le but principal a été atteint, puisque nous avons montré tant à nos bourreaux qu’aux compagnon-nes « compas » de même affinité que nous, que nous, les prisonnier-es, même dans des conditions brutales d’internement, nous gardons l’initiative de nous organiser, de nous solidariser et de nous lancer dans la lutte pour rejeter et ignorer ceux qui nous torturent quotidiennement et essaient de nous humilier pour nous contrôler et pour nous domestiquer.

Je dois dire aussi que, avant tout, la dimension collective a été le fruit du travail préalable d’organisation avec la bande recluse (des ateliers de lecture, des cercles d’étude autogérés par les prisonnier-es, et aussi un travail ardu de diffusion et d’agitation à l’intérieur de la prison). Il faut mentionner que le numéro 3 du journal de combat « El Canero » a été photocopié et diffusé par un groupe de compagnon-nes « compas » qui a trouvé un espace pour s’organiser, déterminé à casser la passivité qui règne dans la prison et devant un mouvement anticarcéral extrêmement faible dans les rues (à l’exception de quelques collectifs et ami-e-s qui ont toujours appuyé les luttes individuelles de certain-e-s prisonnier-e-s anti-autoritaires)

Cependant, c’est réel, ce mouvement s’est forgé au sein de la prison grâce à la cohérence et la détermination de certain-e-s prisonnier-es en lutte qui n’ont pas trébuché et qui ont donné naissance à ce que, aujourd’hui nous connaissons comme la Coordination Informelle de Prisonniers en Résistance. [CIPRE]

Je ne mentionnerai pas leurs noms pour sauvegarder leur intégrité, puisque le caractère informel est précisément destiné à éviter le suivi et la dissolution sociale. En plus de cela, il ne s’agit pas de créer des héros [protagonistes], des porte-parole, ou des leaders charismatiques. Cependant, ils savent qu’ils étaient là, présents, et je leur envoie une chaleureuse accolade pleine d’amour, de révolte et de solidarité.

Des victoires partielles suite à la grève de la faim collective : Lire la suite

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Présentation du Fanzine de notre compagnon anarchiste Fernando Barcenas Castillo

À un an de réclusion:
« Là où commence l’État, la liberté de l’individu prend fin »

ferFANCIN2Ce fanzine a été diffusé à l’intérieur de la prison Nord « Reclusorio Norte » de la ville de Mexico. Le but : créer une réflexion au sein de la population carcérale sur le fait que la prison va au-delà des barreaux, sur l’État et son rôle dans le conditionnement de la liberté, une et indivisible, sur les délits, le terrorisme d’État ; ces thèmes sont les lignes d’analyse de notre compagnon. Par ce genre de fanzines, Fer cherche à lancer le débat, la réflexion sur la prison qui, pour lui, se prolonge au-delà des murs et se répand à travers les institutions, et sur les appareils de répression dont dispose l’État. A part le journal « El Canero » crée aussi par Barcenas, un projet de bibliothèque à l’intérieur de la prison nord commence à prendre forme, toujours en coopération avec les copains qui se bougent à l’extérieur.

« Je voudrais défendre ici ma posture en tant qu’anarchiste et l’anarchisme en tant que tel, suite à une série de critiques qui ont été formulées à son encontre. Beaucoup savent (grâce aux médias de désinformation) que j’ai été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, accusé d’avoir incendié une publicité commerciale ayant pour forme un arbre de noël. Non contents de l’étalage public de ces faits, ils ont utilisé cette information pour diffamer et salir une fois de plus le concept d’anarchie. Premièrement et sans tomber dans des concepts ambigus ou intellos, je commencerai par dire que je ne cherche pas me présenter comme « le gentil de l’histoire ». Je ne me considère ni coupable, ni innocent; en effet, accepter l’un ou l’autre impliquerait une complète reconnaissance de l’utilité et de la pertinence du système pénitentiaire et de ses outils légaux, ce qui n’est pas mon intention étant donné que je nie complètement tout ordre légal et répressif imposé à la liberté afin de la détruire et de construire une longue et interminable chaîne d’oppression… » Cliquez ici pour télécharger le fanzine

Nous remercions vivement Caracol Solidario et Val pour les corrections et relectures, merci à la Croix Noire Anarchiste de Mexico, le groupe de soutien de Mario Gonzalez, et surtout merci à Fer de nous avoir fait  confiance !

Bonne lecture !

Les trois passants

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Mexico: Communiqué du transfert des compagnons de la C.I.P.RE et rapport médical.

 

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Communiqué du transfert des compagnons de la C.I.P.RE [Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance] vers la prison Nord de la ville de Mexico et rapport médical.

Par Fernando Bárcenas

Il y a quelques jours, je menais une grève de la faim qui aura duré 53 jours en tout ; cette situation a compliqué mon état de santé et j’ai dû être transféré à la tour médicale de Tepepan [prison-hôpital]. J’ai fait face aux mauvais traitements de la part du personnel administratif qui à plusieurs reprises a cherché à nous faire abandonner la grève de la faim, au harcèlement policier et à la négligence du personnel médical (médecins et infirmières),qui a essayé de nous changer de dortoir. Il a fallu nous confronter aux gardiens de prison, qui utilisent la force pour nous dissuader de défendre nos droits.

Par la suite, le personnel a menacé de nous mettre à l’isolement ou bien de nous transférer, c’est-à-dire se défaire du problème sans se préoccuper de l’état de santé de personne.

Dans la nuit du 31 août, ils sont venus nous informer de notre sortie de l’hôpital. Cela a été décidé arbitrairement par le personnel de sécurité, sans la moindre explication d’un médecin. J’ai contesté cette procédure : comme le médecin n’est jamais venu, j’ai refusé de manière pacifique de quitter l’hôpital. Les matons de Tepepan ont répondu comme d’habitude par l’intimidation ; comme nous ne cédions pas à leur chantage institutionnel, ils ont appelé des renforts en provenance de la zone féminine ainsi que des agents de sécurité de l’unité de réaction immédiate (URI). Au total, nous étions entourés par environ huit matons accompagnés de la sous-directrice de la prison ; tous ont essayé de nous faire sortir mais face à notre refus, ils m’ont poussé par terre avec un autre compagnon.Une fois par terre,ils nous ont tabassés à plusieurs reprises, sur le dos, les jambes et la tête ; ils ont essayé de nous séparer mais nous nous sommes serrés les uns contre les autres. Ils nous ont relâchés un moment en nous disant que nous allions tous y passer. Lire la suite

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Mexico: Des nouvelles de la C.I.P.RE- Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance

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Croix Noire Anarchiste- Mexico (CNA) : Des compagnons de la C.I.P.RE- Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance ont été transférés à la prison Nord. Ils dénoncent avoir reçu des coups de la part des matons.

1er septembre 2015

Lors d’une conversation téléphonique, les compagnons Fernando Bárcenas et José Hernández ont informé qu’à l’aube du 1er septembre ils ont été transférés à nouveau à la prison Nord, bien qu’ils soient toujours en train de récupérer de la grève de la faim qu’ils ont réalisé durant plus de cinquante jours.

Les compagnons ont raconté que lorsqu’ils ont refusé ce transfert ils ont été frappés par les gardiens. Le compagnon José a parlé d’une douleur forte aux côtes. Lire la suite

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Mexico: La grève de la faim, une stratégie de lutte, Fernando Barcenas

Mexico: La grève de la faim, une stratégie de lutte, Fernando Barcenas

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Ville de Mexico, Fernando Barcenas Castillo

La grève de la faim, une stratégie de lutte, Fernando Barcenas

Nous devons voir la grève de la faim comme un outil de lutte à disposition des prisonnier-e-s, une façon de commencer le combat qui se développera au sein de la prison. C’est aussi une fenêtre vers l’extérieur, que nous pouvons utiliser pour étendre et propager la lutte anti-carcérale.

En ce sens la grève de la faim organisée de manière informelle à l’intérieur des prisons du District Fédérale [Ville de Mexico] et qui a commencé le 27 juin dernier avec 8 compagnons, cherche à être une incitation à l’action précise, tout de suite et maintenant !

C’est un cri de guerre contre les autorités pénitentiaires, un cri de ras-le-bol de devoir survivre enterré vivant, et qui vise aussi à clamer que malgré la soumission et le servilisme de la masse carcérale, il y en a certain-e-s qui se rebellent quand même et résistent et refusent d’être rabaissé-e-s et humilié-e-s.

Parce que la société tente de dominer nos vies et que nous ne voulons pas l’accepter, parce que malgré cela il existe encore plus de dignité, de sensibilité et de compassion pour ce qui est humain et pour la vie, dans les coeurs de ces rebelles solitaires mais solidaires.

J’espère que ceux et celles qui lirons ces paroles pourront comprendre que mon intention réelle et personnelle de coordonner une grève collective à travers la proposition informelle de la Coordination Informelle des Prisonnier-e-s en Résistance (C.I.P.R.E.) était principalement de sortir du calme routinier de la prison. Une initiative où chacun et chacune des personnes qui y ont participé comme à bien d’autres actions que nous avons mises en place à l’intérieur, a pu exprimer cette élévation exquise de la rébellion par le corps et l’esprit, aspirer à avoir la capacité réelle de s’auto-déterminer, être libre et oser défier les chaînes et les barreaux tant physiques que mentaux qui nous entravent et nous emprisonnent. Lire la suite

 

Oaxaca: Voix depuis la prison, Miguel Peralta Betanzos

SOLIDAYA

Un jour de plus, c’est toujours un jour de moins

Par Miguel Betanzos

La prison ou centre de réadaptation sociale ? Ah ! Ah ! Ah ! Laissez-moi rire.
Un espace de ségrégation des individus-personnes, de discrimination, de non personnes, d’exclusions, de sans droits, de sous-alimentation, de non accès à la santé, un espace d’isolement, sans éducation, certainement pas un espace d’épanouissement de la sexualité.

Toujours obéir à des ordres, à des règles “de bon comportement ou de bonne conduite”, à des horaires établis et des appels à cause de la fameuse fuite, l’évasion ; des espaces mal organisés, ou plutôt pas d’espace, pour les loisirs, le travail ou pour faire du sport et des installations en très mauvais état, bref, un lieu de détenus et de surveillants, de policiers et de directeur, de balances, pourquoi ne pas le signaler.

Selon les dires du directeur et des surveillants nous sommes au paradis mais pour nous qui nous trouvons ici et pour ceux qui ont été dans d’autres centres pénitentiaires, toutes les prisons sont les mêmes.

En ces lieux, la faune est diverse et habituellement l’agitation commence à 6:00.

Les cinq chargés de préparer les aliments ouvrent la cuisine, le bruit commence avec le son des casseroles et des cuillères, tout un orchestre, même les oiseaux les accompagnent. On commence à entendre les premiers bonjours, dans le petit couloir entre la cuisine, la menuiserie et les toilettes.

7:00 du matin, c’est l’appel, toujours ponctuel, les yeux baissés, ça c’est leur discipline. Après l’appel on se met en rang pour la distribution des outils de travail dans la cage, ils ouvrent la menuiserie, ils allument la scie circulaire et la radio s’y mêle aussi. Parfois on n’arrive pas à faire la différence entre un son et un bruit, il y en a toujours un pour siffler une chanson du coin, une chilienne pour changer un peu et diversifier… On se réunit aussi dans l’espace fumeur pour partager une cigarette et raconter les histoires qui nous arrivaient là-bas quand on était dehors et il y a aussi l’ouverture de la petite boutique où l’on peut acquérir divers articles pour l’hygiène personnelle, savon, dentifrice, rasoir, et aussi des gâteaux secs, des chips, des tartes, des bonbons, etc.

Aux environs des 7:30 on entend la voix de celui qui est chargé de distribuer les tâches de nettoyage des toilettes, des douches, couloir et cuisine, manaaaaaaaaaaaaaards, manaaaaaaaaards (tâcherons). Comme des moutons que le berger appelle pour leur donner du sel, ceux dont c’est le tour accourent et on distribue les tâches : recycler les poubelles, ramasser les papiers des toilettes, pour German et Mario les fourneaux (comal), laver et passer la serpillière, pour Carlos nettoyer le couloir, pour Torres nettoyer la table, pour Ernesto laver les casseroles. C’est comme ça pendant tout un mois, chacun essaie de se réveiller avec son activité et la musique de l’eau commence, on rince, on arrose et on rassemble les seaux, chaque goutte tape sur un tambour. Et quand c’est fini tout s’en va et il ne reste que notre corps. Mais ce que l’on peut faire comprendre c’est que notre esprit, nos pensées, nos rêves sont libres, eux ne rentreront jamais dans la routine qu’impose le système. Les barreaux se diluent et on traverse les murs, les chants des oiseaux accompagnent l’eau, s’assemblent avec les coups de tonnerre et les éclairs dans le ciel…

Et ainsi la journée s’en va, ils nous l’ont prise, ils nous l’ont volée.

Écrits de prison, Miguel Betanzos
Juillet 2015, écrits envoyés pour la IIIe Rencontre contre l’emprisonnement et pour la liberté qui a eu lieu à Oaxaca, Mexique cet été.

 

Traductions : Amparo, Patxi et Les trois passants
Corrections : Myriam et Val

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Mexico: Paroles de Luis Fernando Sotelo Zambrano

Paroles de Luis Fernando Sotelo Zambrano, prisonnier dans la prison Sud de la ville de Mexico pendant la présentation du livre « La pensée critique face à l’hydre capitaliste » ( El Pensamiento Crítico frente a la Hidra Capitalista)*

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Tout d’abord, je vais commencer par saluer mes compagnons et mes compagnonnes, mais également ceux et celles qui ne le sont pas ; bonjour et merci pour votre temps. On m’a invité à parler de ce que je vois : de ce que je vois ici où je me trouve, en espérant que ce que je dis (ces idées) puisse servir de graines. J’espère que ce que je vais vous dire ne sera pas perçu comme des mots vides mais comme des paroles qui puissent être utiles dans différents espaces.

Bon, le livre « La pensée critique face à l’hydre capitaliste » ( El Pensamiento Crítico frente a la Hidra Capitalista) je l’ai lu de mardi à vendredi . A cause du peu de temps dont je dispose, je ne sais pas si je pourrais transmettre l’essentiel ; si ce n’était pas le cas, je veux partager avec vous qu’il s’agit d’un message parmi d’autres et non du seul message que je pourrais envoyer sous forme de lettre publique.

A propos de la géographie où je vis actuellement

Sans que cela soit une évidence ou un fait accompli, je veux partager avec vous ma vision de notre société, comment elle bouge, se reproduit et prend forme en ses fondements qui, pour l’essentiel à travers le monde, s’appellent capitalisme. Ces fondements génèrent des problèmes essentiels dans notre « société ». L’un d’entre eux est que les personnes produisent de manière isolée leurs outils ou moyens.

Au niveau de la société et du terrain, la société se polarise. C’est-à-dire, qu’il y a deux types de personnes : ceux qui ont l’argent et qui commandent, et les autres, ceux qui travaillent pour les premiers. Et ces derniers collaborent sans se poser de question, par convenance, par ignorance ou parce qu’ils préfèrent l’ignorer parce que l’existence quotidienne elle-même est très souvent insupportable, crue ou moche à tel point que l’on se demande si ce n’est pas une conspiration. Mais cette fois-ci, il est nécessaire, si l’on veut sortir de l’immobilité, de se poser la question : Pourquoi je vis dans cette situation ?

Revenant sur comment est configurée la société, je ne peux que penser que « ce n’est pas une situation isolée ». La manière dont les institutions font les choses doit répondre à une logique, qui actuellement répond à l’économie qui domine le monde. Les bénéfices au dessus de la vie. L’ordre au-dessus de la dignité. La paix et la vie de ceux, qui même s’il ne le veulent pas, donnent leur vie ou vivent au profit du nouvel ordre : l’ordre capitaliste.

Bon, j’espère qu’il n’est pas trop tard pour me présenter. Je suis Luis et cela fait huit mois que je suis prisonnier ; je pense que ma situation dépend aussi de comment tourne la société et comment fonctionne le capitalisme. Laissez-moi vous dire pourquoi je pense cela ; avant cela, je veux signaler que les responsables de ce que je vis sont les administrations gouvernementales. A cause d’elles, plus que prisonnier, j’affirme être séquestré. Mes preneurs d’otage évitent de le présenter ainsi ; ce qu’ils font c’est de le présenter comme une procédure judiciaire, pour selon eux faire appliquer la justice.

Ici la question – pourquoi alors s’il s’agit de justice est-elle sélective ? – vient d’en haut, de ceux qui nous vendent le « progrès ». Cette justice vient des mêmes cercles politiques qui manipulent les lois pour dire « nous sommes sur le bon chemin » ; mais en réalité ils administrent le pillage, le mépris, la répression et l’exploitation.

Parce que tout ce dont je parle ne m’affecte pas seulement moi personnellement, et de la même façon que je vois les choses, d’autres aussi les voit comme moi. Ce ne sont pas non plus des choses aussi isolées que l’on pourrait croire… Parce que bon, pour certains et certaines d’entre vous, vous êtes déjà organisés et je me rends compte de la portée que cela constitue, et selon moi s’organiser est la première des choses.

Depuis que j’y pense – Bon, je suis prisonnier, et maintenant ? Je ne peux pas faire comme si je ne connaissais pas la réponse. Il est très facile d’assembler le puzzle de la réalité, la regarder ou l’analyser pourvu qu’on le veuille bien. C’est évident qu’actuellement nous ne décidons pas tous comment devrait être la société, c’est pour cela qu’il est important de retrouver une organisation.

Et oui, cela peut être répétitif, mais si je ne vois pas ce qu’il y a de commun entre moi et les autres prisonniers, c’est-à-dire la corruption, l’oubli et la solitude qui se cachent derrière la procédure légale, alors oui je pourrais faire semblant de voir et ne rien voir.

Corruption parce que on sait que l’on peut sortir en payant le juge ou le MP (Ministère Public) pour qu’ils arrêtent de t’emmerder…

Solitude, parce que pour tous les fonctionnaires impliqués, policiers, MP [Ministère Public], juges, techniciens, gardiens, le procès n’est que la justification de leurs salaires et donc ils ne se préoccupent pas de la justice mais plutôt de continuer à se faire grassement payer pour leur soit-disant « travail ».

De mon point de vue c’est ainsi parce que, dans le capitalisme, le pouvoir judiciaire ne sert pas à régler les problèmes sinon à les contenir. Dans son code pénal, il est écrit que la prison a pour objectif la réhabilitation du condamné au moyen d’un type de traitement pénitentiaire. Mensonges et encore plus de mensonges pour justifier qu’ils volent à quelqu’un sa vie, son temps et ses relations.

Peut-être que je ne questionnerais pas la manière dont « ils appliquent la loi » ou sa propre nature si je n’étais pas prisonnier.

Et je critique aussi cette partie : en effet la plupart du temps ceux d’en haut (gouvernements et riches) font des lois pour maintenir, comme ils le disent, l’économie, la politique ou quoi que ce soit, en ordre. Et le peuple parfois l’ignore parce qu’abrutis ou distraits, ils oublient ce qu’ils étaient en train de faire : Vendre la patrie ! C’est à dire la terre, ceux qui travaillent, leur culture, leur histoire et beaucoup d’autres choses. Ne vous trompez pas sur ce que je dis , je ne suis pas en train de dire avec d’autres mots que je suis un patriote et je ne le prétendrai pas pour gagner en sympathie.

A propos de ce qui fait mal mais aussi réveille

Des résistances naissent pour diverses raisons face à la logique de la globalisation-néolibérale-capitaliste et il y a aussi de la répression mais je vois qu’il est nécessaire de voir où on prétend aller. Organiser une autre société est très loin de nous, mais elle le sera encore plus si nous ne nous préoccupons pas du comment. Effectivement cette société fonctionne déjà, si excluante et si éphémère dans ses accords qui, à mon avis, n’ont ni les arguments ni la force pour contre-attaquer la pensée critique face à l’hydre capitaliste. Mais ce scénario, dans lequel la résistance à ce monde a un espoir, est uniquement formé par d’autres relations telles que la solidarité.

Enfin, je souhaite partager avec vous que ce que je dis de la solidarité est vérifiable. Se voir depuis l’intérieur et aussi se demander d’où on vient, vers où on chemine et avec qui, va définir la solidarité. Bien, en vérité tout le monde peut le vérifier dans ses propres espaces. Je l’ai vu parce qu’on résiste aussi par engagement éthique en voyant d’autres luttes.

Pardonnez-moi si à nouveau je me dirige vers vous avec des idées partielles et sans relation. J’ai du mal, après avoir lu le livre, à poser comme un fait accompli que en s’organisant on répond à la question : et maintenant ?

Merci pour votre attention.

Luis Fernando Sotelo Zambrano

Prisonniers politiques Liberté !

18 juillet 2015.
(Participation du compagnon lu par sa mère, Mme Celia Zambrano)

Traduit par Les trois passants et Amparo

Source Croix Noire Anarchiste Mexico

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*La pensée critique face à l’hydre capitaliste » (el pensamiento critico frente a la hidra capitalista) est le titre d’un séminaire convoqué par les zapatistes du 3 au 9 mai 2015 qui a eu lieu au CIDECI-Université de la Terre, à San Cristóbal de las Casas, Chiapas et où un peu plus de 1500 participants et participantes sont venus de différentes régions du Chiapas et du monde. Infos

ferzamLuis Fernando Sotelo Zambrano, âgé de 20 ans, est adhérent à la sexta et étudiant. Il a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Les accusations portées contre Fernando se basent uniquement sur la déclaration du chauffeur du bus qui a été incendié lors de la troisième journée de solidarité avec les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le 10 novembre 2014, le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’attaques à la paix publique, d’attaques aux voies de communications et dégradations. Cela signifie que le compagnon sera sujet à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico, car ce type de délit ne permet pas la liberté sous caution. Plus d’infos

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Mexico: Communiqué de la C.I.P.R.E, fin de la grève de la faim

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Communiqué de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance – C.I.P.R.E, fin de la grève de la faim

17 août 2015

Aujourd’hui, nous les prisonniers en résistance qui nous maintenons en grève de la faim depuis le 26 juin de cette année, avons pour le quatrième jour consécutif reçu une quantité de plus en plus petite de miel, qui depuis samedi avait été réduite au minimum. Une quantité qui ne représente même pas une cuillère à soupe de cet apport en calorie vital pour nous. C’est clairement une réponse au jeûne que nous maintenons depuis déjà plus de 50 jours et à la situation critique très avancée dans laquelle nous nous trouvons à cause de la grève.

Il faut signaler qu’on nous a refusé la possibilité d’ingérer des bonbons, de l’eau aromatisée ou même du glucose sous le prétexte du Protocole de Malte, que nous suivons (avec de l’eau, du miel et des citrons), cependant la quantité limitée de glucose auquel nous avons accès tous les jours – en effet ils ne permettent à ceux qui nous visitent d’en faire entrer – met en évidence la ferme intention de l’institution de freiner à peu de frais cette forme de protestation.

La diminution de la quantité de miel que nous recevons par jour et qui doit nous durer 24 heures, a fait que certains d’entre nous, afin d’en obtenir plus, ont dû prendre d’autres mesures de pression. Des mesures tel que le refus de prendre des médicaments, le refus des examens vitaux et même le refus de prendre le miel qu’ils nous avaient fourni les jours précédent. Cependant, ils nous ont ignorés, en effet le personnel médical et de la cuisine se limitent à dire que cela n’est pas de leur ressort et que ce sont les instructions du docteur, en d’autre terme ils se refilent la patate chaude.

Dans ce contexte nous annonçons aujourd’hui l’arrêt de cette grève de la faim, car dans l’état où nous nous trouvons il est très compliqué pour nous de faire l’effort de lutter pour du glucose sans glucose et avec tant d’autres bâtons dans les roues pour nous faire abandonner cette grève, telle que nous la faisons aujourd’hui.

C’est un fait que nous étions, sans aucun doute, très près de l’arrêter, mais certainement pas aujourd’hui, c’est pourquoi l’unique satisfaction qui nous reste est que c’est avec des méthodes si peu éthiques et sans aucun principe qu’ils ont réussi, après que nous ayons résisté 52 jours à leurs pièges minute après minute et le plus important… Quelle est la suite ? Nous sommes déjà en train de penser à nos prochaines actions anticarcérales et impatients déjà de les commencer. Premièrement nous allons nous remettre sur pied, ici où peu importe où ils nous enverront, parce que nous sommes prêts pour ce qui suit. Une fois que nous aurons récupéré, nous redémarrons à fond par des actions directes à l’intérieur de la prison en cherchant à réduire le joyau le plus précieux du monde carcéral : la corruption.

Important ! Ceci est le communiqué officiel de l’arrêt de notre grève de la faim à l’intention du peuple en général de manière sincère et fraternelle, en effet nous n’élaborons aucun écrit pour cette institution, comme nous nous refusons à le faire depuis le début.

Source Cruz Negra Anarquista de Mexico

Traduit par Les trois passants

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C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) « est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus viles et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle ». [CIPRE]

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Mexico: 50éme jour de Grève de la faim de la C.I.P.R.E.

FERPORT
Hier 14 août, Fernando Bárcenas, José Hernández et Julián Barrón ont été transférés à l’Hopital Général de Tetepan* pour être examinés. Après avoir été examinés Julian a été renvoyé à la Prison Nord, le compagnon a en effet décidé d’arrêter la grève de la faim depuis le 11 août dernier.

Fernando et José ont été internés à la Tour Médicale*, ils continuent de ne pas s’alimenter, de plus leur santé est fragile à cause des 3 jours de grève de la soif qu’ils ont réalisés en solidarité avec Jesse Montaño, qui avait été tabassé par les matons de la Prison Sud.

L’état de santé des compagnons est délicat selon l’équipe médicale solidaire, qui a enfin pu entrer hier pour les examiner, après en avoir été empêché pendant des heures par le personnel de la Tour Médicale.

José et Fernando sont ensemble, bien que surveillés par des gardiens et le personnel de l’hôpital. Ce matin ils ont pu entendre les cris et les slogans lancés par les personnes solidaires qui s’étaient donné rendez-vous à l’extérieur de l’hôpital pour leur dire qu’ils n’étaient pas seuls.

Nous appelons à rester attentifs et attentives, nous ne pouvons pas écarter le fait que le personnel de l’hôpital tente de renvoyer les compagnons à la Prison Nord, prétendant qu’ils sont en bonnes conditions.

Que la solidarité continue à s’étendre !

Source: La Cruz Negra Anarquista – Mexico (CNA)

Traduit par les trois passants

« Ce texte peut contenir des erreurs d’orthographe, mais étant donné l’urgence de la situation nous avons décidé de le publier ainsi. Le texte est en cours de correction, il sera publié bientôt. En vous remerciant de votre compréhention. »

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* L’Hopital Général de Tetepan est une prison-hôpital située dans la prison de femmes de Tetepan dans la ville de Mexico. La Tour Médicale est le bâtiment à l’intérieur de la prison, où est situé l’hôpital et les chambres-cellules où sont enfermés les prisonniers.

Note :

C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) « est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus viles et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle ». [CIPRE]

Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

La C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) a été impulsée par Luis Fernando Bárcenas Castillo : “ C’est un mouvement qui émerge des entrailles de la prison, depuis l’organisation des prisonnierxs qui aujourd’hui ont décidé de crier !!”

Voir : La grève de la faim, une stratégie de lutte par Fernando Barcenas

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Mexico: La Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance (C.I.P.RE) annonce une grève de la soif à partir du 10 août 2015

Le 27 juin 2015 plusieurs prisonniers de la ville de Mexico ont entamé une grève de la faim. Les revendications de la grève visent l’arrêt des tortures et des abus à l’intérieur des prisons, ainsi que la dénonciation du comportement de la Commission des Droits de l’Homme de la ville, institution complice des autorités pénitentiaires.

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Communiqué de la C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance)

[après 48 jours de grève de la faim]

L’intention de cette coordination informelle de prisonniers n’est pas la recherche de sensationnalisme, il s’agit de la compréhension totale de notre réalité comme esclaves de la société.

Nous sommes conscients que dans ce système, nous ne pouvons aspirer à être libres et donc à pouvoir exercer l’auto-détermination : la vie « civilisée », cette tentative de « société » de babiole pour ceux qui ont le pouvoir, pour ceux qui peuvent jouir de cela… ce n’est pas une vie, c’est un façon de végéter, d’être condamné aux chaînes étouffantes de l’esclavage domestique et du travail.

Nous refusons de devenir des serfs dociles d’un quelconque système autoritaire, quelque soit celui qui essaie de nous enfermer et nous faire taire…

Nous avons choisi le chemin de l’inconnu et de l’insoumission, de l’exploration libre de la vie sans médiateurs ou représentants.

Nous sommes ceux qui essaient de vivre aux dépens des riches et de leurs usines d’esclaves et ceux qui n’acceptons pas d’être apprivoisés, ceux qui font face à la société avec les mêmes armes, sans baisser la tête; parce que cela reste la manière la plus digne de faire face à cette réalité pourrie et comme il n’y a pas d’avenir mais une autodestruction silencieuse, nous décidons d’attaquer et de détruire le système qui a attaqué et détruit nos vies et nous a condamnés à l’esclavage carcéral.

La révolte ne se prépare pas, ni ne s’organise, elle surgit comme sa nature violente et désordonnée, nous faisons référence à l’éclatement d’insurrections quotidiennes propagées de manière diffuse par les rebelles qui se trouvent en tous lieux.

La révolte est une réalité sociale qui existe dans chaque coin de la terre et l’intention est de pouvoir la coordonner et ainsi la propager et canaliser les énergies collectives contre la vraie cause qui gêne l’être humain : l’État.

C’est cela la base de l’organisation informelle et diffuse, laissons de côté « les acronymes » et « les sigles ».

Nous ne nous connaissons pas, et si ça se trouve nous n’aimons même pas les mêmes choses, mais nous nous reconnaissons comme oppressés et cette seule affinité, quand elle nous prend et nous fait coïncider, nous rend sensibles à l’autre et par conséquent nous ressentons le besoin de dire à l’autre qu’il n’est pas seul, que même devant la soumission la plus abjecte, il existe quelqu’un qui partage encore le plaisir exquis de la dignité et de la révolte.

Pour cette raison, nous nous solidarisons avec le compagnon Jessi Alejandro Montaño.

Face à une action, une autre répond ; parce qu’ainsi nous communiquons et nous nous renforçons les uns aux autres.

À partir du 10 août 2015 nous cesserons d’ingérer des liquides et nous nous déclarons en désobéissance, comme un moyen de revendiquer notre liberté et notre droit à l’autodétermination face à n’importe quel système qui abuse de l’individu.

Les « compas » [compagnons] en grève de la faim qui participent à cette action sont : Julián López Barrón, Fernando Bárcenas Castillo depuis la prison nord de la ville de Mexico, et nous invitons ceux qui désirent se joindre à ce jeûne solidaire de 3 jours pour dénoncer les conditions d’isolement et de répression psychologique et physique que subissent ceux qui osent se rebeller et résister aux tortionnaires et domestiqueurs.

Pour l’extension de la révolte.

Parce que la solidarité entre prisonniers ne reste pas lettre morte.

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance – C.I.P.RE.

 

Traduction Les trois passants et Caracol Solidario
Correction Amparo

Source : Croix Noire Anarchiste de Mexico

Note :

C.I.P.RE (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) « est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus viles et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle ».

Fernando Bárcenas Castillo, militant anarchiste, a été arrêté le 13 décembre 2013, accusé d’avoir brûlé un arbre de Noël de Coca-Cola. Il a été condamné à de la prison ferme pour délits d’attaque à la paix publique et association de malfaiteurs. Un recours (Amparo) a été présenté par sa défense, cependant, le 11 décembre 2014, Fernando a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme. Fernando, âgé de 20 ans, est étudiant au Collège de Sciences Humaines (CCH) de Vallejo et travaillait pour aider sa famille. Il a été arrêté alors qu’il participait à une manifestation contre la hausse de 67% des tarifs du métro décidée par le Gouvernement de la Ville de Mexico. Fernando est très actif à l’intérieur de la prison, il a participé à la création du journal anti-carcéral « el Canero » et élaboré un long fanzine : « Un an après l’arrestation – la prison »

Jesse Alejandro Montaño Sánchez, a été condamné le 12 janvier 2015 à 7 ans et 7 mois de prison pour le délit d’outrages à l’autorité.

Note de la CNA-Mexico : au delà des divergences de méthodes et de stratégies (pour notre part, la prison ne doit être ni améliorée ni réformée mais elle doit être détruite), nous nous solidarisons avec la lutte que mènent les compagnon-es et nous appelons les organisations, les collectifs et individus sympathisants à exprimer leur solidarité. (Grève de la faim de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance)

Voir : MEXIQUE – La Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance (CIPRE) après 33 jours de grève de la faim.

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[Mexico] Déclaration de Fernando Barcenas Castillo à propos de la grève de la faim.

FERPORT

Déclaration de Fernando Barcenas Castillo à propos de la grève de la faim.

La répression silencieuse, l’isolement prolongé et l’impossibilité de communiquer sont des formes de torture pratiquées par l’administration pénitentiaire afin d’assassiner la résistance, tuer la force morale et faire plier les volontés.

Cette grève de la faim collective est un signal, un « J’accuse » collectif qui fait connaître et dénonce l’absurde supercherie qu’est la prison. L’inexistence de ce que l’on appelle “ré-insertion sociale” pour justifier et mettre en place l’exploitation des prisonniers, commerce obscur et vil mis en place par des syndicats du crime, dont la politique est la conséquence d’une soumission absolue du prisonnier à la classe gouvernante de la prison.

Nous nous rejoignons dans le refus de reconnaître les “autorités” pénitentiaires, car nous ne sommes pas disposés à les laisser continuer à nous assassiner en silence…

Nous dénonçons aussi la collaboration et la complicité de la CDHDF (Commission des Droits de l’Homme de la ville de Mexico), puisque les visiteurs ont dit qu’il ne leur était pas permis de rendre visite aux membres de la Coordination Informelle des Prisonnier-e-s en Résistance.

En plus de cela, l’administration nous a effrayés et menacés pour nous faire renoncer aux dénonciations pénales et aux plaintes que nous avons déposées, en envoyant aussi des groupes de choc qu’elle promeut à cause des mesures d’austérité.

Nous ne sommes disposés à reconnaître l’autorité d’aucun criminel de l’État. Nous sommes fatigués d’être marginalisés sous le prétexte d’être des “délinquants”, alors que le premier à utiliser la violence est le système.

Hier samedi 27 juin, lorsque nous nous sommes déclarés collectivement en grève de la faim, le passage à la zone de gouvernement nous a été refusé, et nous nous sommes confrontés aux gardiens qui ont répondu de manière agressive et violente.

Il faut aussi souligner que notre compagnon en grève José Santiago Hernández a été emprisonné et condamné 8 mois avant sa majorité.

Suite à cela, nous avons été emmenés à l’isolement dans la zone 1 des arrivées. Ils prétendent nous maintenir toute la journée en isolement à l’intérieur de la cellule, ce que nous assimilons à une mesure répressive supplémentaire. Il nous a été interdit d’avoir accès à la radio et à nos instruments de musique, qui n’ont d’autre objet que la récréation culturelle. Ils veulent ainsi nous épuiser mentalement.

Nous n’avons rien d’autre à dire que cela : nous ne nous rendrons pas tant que séviront les abus et la domination, tant que les prisons (commerce de la mafia de l’État) ne seront pas à terre et que les murs ne seront pas réduits en miettes…

Pour la dignité, la vie et la liberté !
Parce que la solidarité entre prisonnier-e-s n’est pas un simple mot !

Fernando Bárcenas Castillo
(A)
Que tombent les murs des prisons ! Que la peur change de camp !

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Traduit par les trois passants
Correction Valérie
Diffusé par la Croix Noire Anarchiste de Mexico (CNA- Mx)

Des nouvelles de Fernando Bárcenas

Voir le Message de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance + Actualisation de la situation de Fernando Bárcenas

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[Mexico] Déclaration collective. Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance en Grève de la faim

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Déclaration collective. Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance en Grève de la faim :

Il ne fait aucun doute que le désintérêt général et l’indifférence des “autorités” ont fait de mesures violentes comme la torture, l’abus de pouvoir et les mauvais traitements des procédures communes de l’activité pénitentiaire.

Dans ce contexte de répression silencieuse et cachée, nous avons commencé diverses actions pour ne pas reconnaître ces pratiques autoritaires et dénoncer, avant tout, les irrégularités dont nous sommes l’objet. En effet, certains de nos compagnons ont déjà par le passé porté plainte au niveau pénal contre des serviteurs et fonctionnaires de l’État qui n’ont pas respecté le règlement et les articles de la Constitution, tels que nos garanties et droits humains consacrés dans la Constitution et les traités internationaux.

Nous reprenons le slogan “la réinsertion sociale n’existe pas”, puisqu’en prison se crée et se fomente la fabrication de la “délinquance” à des fins d’exploitation politique et économique, qui la convertit en un commerce de l’État. En prison, on extorque la population carcèrale par des ponctions écononiques et on fait payer illégalement les prisonniers pour être inscrit sur la liste des prisonniers autorisés à recevoir des visites et il y a bien d’autres anomalies.

La cruauté, la torture, l’enfermement et la sur-population n’apportent aucune solution au problème majeur de l’inégalité sociale, de l’opulence de certains et de la misère de la majorité…

Ils nous ont menacés et intimidés pour nous réprimer et nous essouffler, et pour que nous retirions nos dénonciations et nos plaintes. C’est pour cela que nous rendons responsables de notre intégrité physique et psychologique les autorités administratives pénitentiaires de la prison où nous nous trouvons – la Prison Préventive des Hommes Nord – son directeur Lic. Rafael Oñate Farfán, le sous-secrétaire du Système Pénitentiaire Hazael Ruiz et le chef de gouvernement de la ville de Mexico Miguel Ángel Mancera, puisqu’à partir du 27 juin 2015 et de manière indéfinie, nous nous déclarons en grève de la faim, moyen pacifique et légitime de protester face à l’arbitraire auquel nous sommes confrontés : en effet, nous ne sommes pas disposés à tolérer ni à accepter plus d’abus ni de violations institutionnelles.

C’est pour cela que nous disons : « ça suffit ! »
Parce que la solidarité entre prisonniers n’est pas un simple mot !

Julián López Barrón (dortoir 3 bis)
Brayan Reyes Rodríguez (anexe 3-1-8)
Irwin García Freire (anexe 8-2-3)
Luis Lozano Urgell (dortoir 8 bis)
Luis Fernando Bárcenas Castillo (anexe 3-1-8)
José Santiago Hernández (dortoir 3 bis)

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Traduit par les trois passants
Correction Valérie

Diffusé par la Croix Noire Anarchiste de Mexico (CNA-MX)

Voir: [Mexico] Grève de la faim de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance

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MEXIQUE : Message de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance + Actualisation de la situation de Fernando Bárcenas

Diffusé par la Croix Noire Anarchiste de Mexico (CNA- Mx)

Note CNA- Mx : A propos de Fernando Bárcenas : Il aurait théoriquement dû être présenté à partir du 24 juin durant la séance du Conseil Technique du Pénitencier Nord pour déterminer s’il devait ou non être sanctionné. Cependant, la matinée s’est terminée sans que le compagnon ne soit appelé. A l’extérieur du pénitencier les compagnon-es solidaires se sont rassemblés pour dénoncer les tortures, les abus et mauvais traitements qui ont lieu quotidiennement derrière ces murs. Des mots d’ordre en solidarité avec Fernando ont été criés élargissant les liens de solidarité avec Fernando et la lutte qu’il mène. La session du CT (Conseil Technique) s’est conclue à 14 h, sans que le compagnon ne soit appelé. Le rassemblement a pris fin à la même heure, nous continuons cependant à êtré vigilants à ce que qui pourrait se passer avec nos compagnons séquestrés et enfermés dans le pénitencier Nord.

Le message suivant nous est parvenu de l’intérieur de la prison afin que nous le diffusions.

« Ils essaient de m’accuser de façon arbitraire et mensongère à cause du travail d’organisation qui est en train de surgir ces derniers mois à l’intérieur de la prison. Il y a eu des affrontements continus avec la police et les administrations ; il faut qu’il soit clair qu’il ne s’agit pas de situations isolées, parce que comme membres de la Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance dispersés dans différents pénitenciers du District Fédéral (Ville de Mexico) nous avons été réprimés pour avoir mené des actions de désobéissance et de rejet ignorant les fonctions pénitentiaires car nous les considérons non seulement inutiles mais aussi préjudiciables ». Fer Barcenas

C.I.P.R.E (Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance) est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimés et torturés par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus viles et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’état car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle.

Nous en avons ras le bol d’être stigmatisés et limités par l’ostracisme pratiqué à notre encontre ; l’état constant de non défense dans lequel nous nous retrouvons tous en raison de l’existence de ces structures vaines, inutiles que sont la prison… Nous autres nous n’acceptons pas leurs « traitements » parce que nous ne reconnaissons pas la légitimité « morale » de ces bandits et voleurs organisés en syndicats du crime qui fondent leur critère sur l’acceptation de la soumission et de l’obéissance de nous envers eux et elles. Nous disons ça suffit et c’est pour cela que nous nous organisons pour faire cesser la répression et la torture, l’exploitation à laquelle nous sommes soumis pour que ne se répètent jamais plus les situations similaires ni en prison ni dans aucun autre lieu occupé par l’avant garde fascistoïde déguisée en gouvernement démocratique.

Pour la liberté et le respect à la vie
Parce que solidarité entre prisonnier-e-s n’est pas seulement un vain mot écrit
Nous vous encourageons à rompre avec l’inertie et la passivité

Mercredi 24 juin à 10 h auront lieu les audiences définitives qui détermineront la sanction ou l’acquittement des charges qui pèsent sur ma personne [Fernando Bracenas], sans oublier le compagnon Bryan Reyes Rodríguez qui a reçu un avertissement pour avoir déposé une plainte dénonçant un harcèlement sexuel ; la compagnonne Jacqueline Selene Santana López à qui l’on a confisqué du matériel de diffusion informatif au prétexte qu’il s’agissait d’incitation à la rébellion ; n’oublions pas non plus le compagnon Jessi Alejandro Montaño qui se trouve à l’isolement et privé de visites pour avoir mené une journée de désobéissance et de répudiation à l’autorité pénitentiaire en faisant appel à son humanité et en refusant de porter l’uniforme de prisonnier.

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance

Traduction Amparo

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Fernando Bárcenas Castillo, militant anarchiste, a été arrêté le 13 décembre 2013, accusé d’avoir brûlé un arbre de noël de Coca-Cola. Il a été condamné à de la prison ferme pour délits d’attaque à la paix publique et association de malfaiteurs. Un recours (Amparo) a été présenté par sa défense, cependant, le 11 décembre 2014, Fernando a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme. Fernando, âgé de 20 ans, est étudiant au Collège de Sciences Humaines (CCH) de Vallejo et travaillait pour aider sa famille. Il a été arrêté alors qu’il participait à une manifestation contre la hausse de 67% des tarifs du métro décidée par le Gouvernement de la Ville de Mexico. Fernando est très actif à l’intérieur de la prison, il a participé à la création du journal anti-carcéral « el Canero » et élaboré un long fanzine : « Un an après l’arrestation – la prison ». Plus d’infos

Dans le cadre des manifestations pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa de nombreuses personnes ont été arrêtées, dans ce contexte, le 15 novembre 2014, deux étudiants Jacqueline Santana et Bryan Reyes ont été arrêtés pour le délit de vol à un agent fédéral. Le 22 novembre une sentence à de la prison ferme leur a été dictée.

Jesse Alejandro Montaño Sánchez, a été condamné le 12 janvier 2015 à 7 ans et 7 mois de prison pour le délit d’outrages à l’autorité .

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[OAXACA] Voix depuis la prison : Miguel Peralta Betanzos

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Lettre de Miguel Peralta Betanzos à l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón

Comment va compañeros ?

J’aimerais bien pouvoir vous serrer la main mais malheureusement ces quatre murs nous en empêchent. Croyez bien que dans le lieu où ils m’ont maintenant enfermé, ce n’est pas facile de supporter le froid, ils ne me laissent pas sortir, même pas pour prendre le soleil, je suis au mitard, la nourriture est infecte, la nourriture du village me manque, les plantes que notre terre produit, les galettes de maïs que seule ma mère sait faire. Vous aussi vous me manquez.

Je sais que cette lutte n’a pas été et ne sera pas facile, nous avons trébuché trop souvent, mais nous avons aussi appris à nous relever. Le gouvernement nous a mis face à de nombreux obstacles parce que nous sommes des gens humbles mais nous avons un grand cœur, un esprit inébranlable et une pensée commune ; je dis « nous » parce que je me sens avec vous qui luttez et résistez depuis votre tranchée : notre peuple.

J’espère que cette rage, ce courage, cette nécessité que nous soyons bientôt tou-te-s réuni-e-s ne se perde pas en simples paroles et que, dans les faits, nous continuions d’exiger la liberté de tous nos compañeros qui sont en prison.

Comme vous le savez, l’ennemi veut tous nous voir derrière les barreaux afin de se sentir maître de notre village, mais il n’y arrivera pas, car ses mensonges, il ne peut pas les soutenir, ni les justifier. On sait bien qu’il y en a beaucoup qui vont nous montrer du doigt, c’est pour cela que nous devons faire très attention et que nous devons prendre soin de nous.

Je pense que le plus important à présent est que malgré tout, nous apprenions à rester uni-e-s. Cela va être la tâche la plus difficile pour tout le monde, d’arriver à discuter de nos différences tout en continuant à aller de l’avant. Ne nous laissons pas intimider, bien que les menaces soient quotidiennes, ne nous arrêtons pas, marchons ensemble dans nos quartiers et dans nos hameaux.

Je salue mes ami-e-s, mes cousins, oncles, tantes, ma famille où qu’elle se trouve, mon père, Pedro Peralta Carillo, qui continue de résister depuis la prison de Cuicatlán et qui nous a tant appris, les compañeros emprisonnés à Ixcotel, les enfants, les jeunes, les femmes et nos grands pères et grand mères de l’Assemblée Communautaire qui nous maintiennent en vie.

12 mai 2015
Tlaxiaco, Miguel

Traduction Patxi

Voir le contexte, communiqués et d’autres lettres …

miguelflomMiguel Peralta Betanzos est un membre de l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée Communautaire a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été exécutée sans identification et sans mandat d’arrêt, avec une grande violence, par trois personnes habillées en civil accompagnées de plus de 20 policiers ministériels de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui sont perpétrées depuis 5 ans par Manuel Zepeda Cortéz, ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire en piétinant ainsi le système communautaire basée sur les « us et coutumes indigènes » dont l’Assemblée Générale est l’organe de prise de décisions. Le cas de Miguel Peralta Betanzos commence à sortir de l’ombre et à se diffuser au Mexique et ailleurs.

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[Chiapas] Voix depuis la prison : Alejandro Diaz à 16 ans de son emprisonnement

ez_otra-presos SANTIZ LIBRE

Lette d’Alejandro Diaz à 16 ans de son emprisonnement

À l’opinion publique
Aux médias de l’État, nationaux et internationaux
Aux médias alternatifs
A la Sexta
Aux organisations indépendantes
Aux défenseurs des droits humains et aux ONGs
Au Congrès National Indigène et à l’EZLN

Injustement emprisonné, appartenant à l’organisation [de prisonniers] Les Solidaires de la Voix de l’Amate, adhérent à la Sexta. Je suis enfermé dans la prison numéro 5 de San Cristóbal de Las Casas au Chiapas.

La justice ne se vend pas, ni ne s’achète, mais dans notre pays, c’est tout le contraire, ceux qui ont suffisamment d’argent font ce que bon leur semble. Le fruit de l’injustice fait que aujourd’hui, 11 mai 2015, cela fait 16 ans que je suis prisonnier, et ce malgré la promesse faite par le gouverneur Manuel Velasco Coello le 4 juillet 2013. Il s’était alors engagé à revoir mon cas auprès des autorités de l’État de Veracruz pour ma remise en liberté, mais depuis un an et 11 mois se sont écoulés et aucune réponse ne m’a été donnée. Une fois de plus j’exige que le gouvernement tienne parole et me libère, ainsi que les 6 prisonniers du terrain communal de San Sebastian Bachajon. En même temps, j’exige du président de la république qu’il fasse le nécessaire pour que le gouverneur de l’État de Veracruz me libère, ainsi que mes compagnons prisonniers de l’Etat d’Oaxaca, Puebla, Tlanixco dans l’État de Mexico, ainsi que les compagnons de la Tribu Yaqui dans l’État de Sonora.

Finalement, j’invite tous les compagnons, compagnonnes et organisations indépendantes à continuer d’exiger la justice véritable et la liberté de tous et de toutes les prisonnier-e-s politiques et de conscience dans le monde. Ensemble nous pouvons gagner la justice véritable.

Fraternellement
Solidaires de la Voix de l’Amate
ALEJANDRO DÍAZ SÁNTIZ,
Prison numéro 5, San Cristóbal de las Casas, Chiapas, 10 mai 2015.

Alejandro Díaz SántizAlejandro Díaz Sántiz, 34 ans, est un indigène Tzotzil originaire de Tsoeptic, Chiapas, il a été arrêté dans l’état de Veracruz il y a 16 ans, accusé d’homicide et condamné à 29 ans de prison, il est aujourd’hui incarcéré au centre pénitencier numéro 5 de San Cristobal de las Casas dans le Chiapas au Mexique.

Comme de nombreux détenues et détenus dans les prisons de cet État, Alejandro a été arrêté parce qu’au moment de sa détention il ne parlait pas espagnol, il a été brutalement torturé et contraint de signer une fausse déclaration, il n’a pas bénéficié d’un traducteur et comme beaucoup il n’avait pas d’argent pour payer un avocat.

Le cas d’Alejandro est exemplaire du fonctionnement de la justice au Chiapas et au Mexique en général, où le fait d’être indigène et pauvre est puni par de nombreuses années d’emprisonnement.

Alejandro a cherché sa liberté de différentes façons, en s’organisant avec les autres prisonniers au sein du Collectif « Les solidaires de la Voix de l’Amate », en adhérant à la Sixième déclaration de la Forêt Lacandonne, en participant aux jeûnes et grèves de la faim, dans le même temps il a prêté sa voix pour dénoncer les violations commises par les autorités à l’intérieur de la prison contre lui-même et contre les autres détenus.

L’organisation « Les Solidaires de la Voix de l’Amate », créée en 2009 regroupait au départ 1 femme et 8 hommes exposés aux mêmes injustices et arrêtés arbitrairement parce qu’ils et elles sont indigènes. Les Solidaires de la Voix de l’Amate sont devenus une référence organisationnelle au sein du surpeuplé Centre de Réinsertion Sociale des Condamnés n°5, dans la zone rurale de San Cristóbal de Las Casas, à présent Alejandro Diaz est le seul prisonnier de cette organisation, les autres compagnon-ne-s ont été libéré-e-s le 4 juillet 2013.

Traduction les trois passants / correction Val

Sources :
kolectivozero
noestamostodxs
komanilel

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[Bachajón-Chiapas] Voix depuis la prison : Juan Antonio Gómez Silvano

bachajonres2Chiapas : Voix depuis la prison, lettre envoyée pour la soirée du 11 avril en solidarité avec les prisonnier-e-s des Amériques.

Lettre envoyée par le GT No Estamos Todxs, Chiapas, mois d’avril 2015

 

Prison Nº12 Yajalón,Chiapas

Compagnons et compagnonnes de la Sexta International, recevez une salutation cordiale depuis la prison de Yajalón, Chiapas.

Je m’appelle Juan Antonio Gómez Silvano, je suis adhérent à la Sexta, je suis injustement emprisonné depuis le 16 septembre 2014. Cela fait 7 mois que je suis ici, enfermé. Des délits de tentative d’homicide et port d’arme ont été fabriqués de toute pièce à mon encontre, alors que je ne connais pas les armes à vraie dire. C’est pour cette raison, compagnons et compagnonnes, que je vous demande de faire quelque chose pour nous [ aussi pour Mario Aguilar Silvano, prisonnier de San Sebastián Bachajón arrêté pour la même chose que moi et qui appartient également à la même organisation].

C’est parce que nous avons la même couleur que la terre qu’ils nous emprisonnent et nous maltraitent, moi j’ai été torturé et tabassé dans l’enceinte du Ministère publique.

Depuis la prison nº12 Yajalón, Chiapas.

Recevez une salutation cordiale.

C’est tout compas, s’il vous plaît je vous demande de diffuser ce petit message.

Merci compagnons et compagnonnes,

Signé par le prisonnier politique Juan Antonio Gómez Silvano

Le contexte:

Bachajon, histoire de résistance, répression et prison

bachajonlib1

Juan Antonio Gómez Silvano, ainsi que ses compagnons de lutte Mario Aguilar Silvano et Roberto Gómez Hernández, ont été arrêtés le 16 septembre 2014.

Les compagnons luttaient depuis de nombreuses années pour les droits légitimes de leur communauté au territoire, pour le respect de leur mode d’auto-gouvernance et d’organisation communale, sans l’ingérence des partis politiques corrompus. Les trois compagnons et le terrain communale de Bachajon sont adhérents à la Sexta depuis le début. Tous les trois sont aujourd’hui enfermés pour s’être opposés à la tentative du gouvernement de les dépouiller de leur terre où se trouvent les Cascades d’Agua Azul, en vue du futur méga-projet touristique CIPP-CAA (Centre Intégralement Planifié – Cascades d’Agua Azul). Les compagnons organisés du terrain communal de Bachajon ont dénoncé sans cesse depuis des années la persécution politique et le pillage de leur terres. Tous les trois ont été arrêtés le 16 septembre 2014.

Le terrain communal de Bachajón est situé dans la zone de la forêt – centre du Chiapas, dans la municipalité officielle de Chilón. Cette zone abrite l’un des paysages naturels les plus beaux du monde : les Cascades d’Agua Azul. Il est important de mentionner la technique de contrôle territorial utilisée par l’État dans cette zone depuis les treize dernières années, qui consiste à encercler les « ressources stratégiques » (terre, eau, biodiversité de la flore et de la faune, les connaissances culturelles, etc.) dans des « capsules de protection » que l’État nomme zones de Protection de la Flore et la Faune (APFyF).

Le complexe touristique CIPP-CAA a été, depuis 20 ans, l’objet de spéculation financière de la part des grands groupes hôteliers. En mars 2008, les entreprises Norton Consulting, INC et EDSA Construction, obéissant au Projet méso-américain (Plan Puebla-Panama), présentent le projet pour « développer l’économie à partir du tourisme dans la zone de la forêt du Chiapas ». L’étude a eu pour objectif de développer un plan stratégique pour identifier les espaces et les projets qui peuvent augmenter l’offre touristique. C’est-à-dire « plus de visiteurs et plus de frais » pour le futur CIPP-CAA.

La première étape du projet, consiste à développer une chaîne hôtelière basée sur le concept de « Long’s Retreat », et convertir les Cascades d’Agua Azul, en une « des expériences de resort la plus originale existante dans l’hémisphère Ouest ». Cela en développant quatre concepts d’hôtels-resorts dans lesquels investiront les chaînes de tourisme mondial les plus luxueuses : l’Hôtel Boutique de classe mondiale, de Lodge/retreal – près des Cascades d’Agua Azul -, l’Hôtel de marque européen cinq étoiles, le Resort, avec hôtel, centre de conférences et golf.

Les opérateurs pour de tels investissements sont : Luxury Collectión, Orient Express, Arman. Leurs tarifs par chambre vont de 300 à 1000 dollars la nuit (3.800 à 10.800 pesos). Des hôtels européens se font aussi remarquer comme : Sonesta, Barcelo, Sol Melia, Kempinsky. Pour hôtel, conférences et golf : Camino Real, Posadas, Park, Royal, Marriot, Hyatt, Westin…

…Dans ce contexte les membres du terrain communal de Bachajon n’ont jamais cessé de se battre contre ces intérêts et contre l’État lui même, le prix de la rébellion a été depuis toujours la répression, la prison et l’assassinat…

Le 24 avril 2015, des hommes, femmes et enfants du terrain communal de Bachajon organiseront une cérémonie en mémoire de l’un des leurs, leur compagnon Juan Vázquez Guzmán, indigène tzeltal de 32 ans, défenseur des droits humains et du territoire, assassiné à son domicile, la nuit du 24 avril 2013.

Cliquez ici pour lire l’article complet + les Dernières nouvelles ( Vidéos – Témoignages des habitants de Bachajon, Chiapas dont Juan Vázquez avant de se faire assassiner, sous-titres en français)

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[Mexico] Voix depuis la prison : Fernando Barcenas

ferLettre de notre compagnon anarchiste Fernando Barcenas, envoyée pour la journée de solidarité avec les prisonniers des Amériques qui a eu lieu le 11 avril à Paris

Aux compagnons et compagnonnes

Il y en a, qui ne comprennent pas que lorsque nous parlons de liberté, nous ne faisons pas référence à la liberté entre guillemets, c’est-à-dire, bien sûr à la liberté – démocratique – capitaliste et cela ne m’étonne pas, car c’est la seule liberté que nous connaissons ou à laquelle on nous a laissé la possibilité de penser…

Cependant, il arrive qu’après avoir expérimenté les conditions de l’enfermement, de la surpopulation carcérale et de la violence générée par le cannibalisme social, tu te rends compte que la liberté ne se trouve nulle part et que bien sûr elle ne peut être arrachée à ceux qui l’ont vécue et expérimentée dans sa plus large expression…

Et donc, rien, ni personne, ni les dieux, ni la nature ne donnent à l’être sa liberté, il/elle se la donne à elle – même/lui- même, il ou elle construit sa vie, ses règles, sa « loi ».

Aucun tyran ne peut nous arracher cela et si l’un d’eux essaie, il devra alors nous assassiner comme ils le font de nos jours en se moquant de nous ceux qui n’avons rien…

Cependant nous ne sommes pas des êtres inoffensifs, nous avons de la haine, de la rancœur et du ressentiment, mais tout cela n’est pas ce qui nous rend dangereux, mais la guerre déclarée à laquelle nous participons et que nous assumons comme telle. Notre amour pour la liberté, nous fait devenir les ennemis de l’autorité.

Nous, les anarchistes, nous transgresserons toujours les normes, nous sommes illégaux, clandestins parce que nous croyons au droit de chacun et chacune à se rebeller contre ceux qui nous font du mal…

Quand l’État et les législateurs essaient et cherchent à soumettre et à convertir les opprimés en simples esclaves au service de leurs privilèges et leur volonté, à partir de ce moment les opprimés entrent en guerre contre eux [l’état et les législateurs], et en ce moment le peuple en a marre de leur obéir .

La destruction du pouvoir politique nous concerne et c’est notre mission et elle continue à travers leurs murs et leurs barreaux. Pour que commence une révolution il est nécessaire qu’il y ait des rebelles et aujourd’hui, une fois encore, nous déclarons la guerre après avoir refusé et détruit la « paix » de puissants.

Fernando Barcenas

Prison Nord de Mexico

10 avril 2015

Ndt: Fernando Bárcenas est un militant anarchiste, il a été arrêté le 13 décembre 2013, accusé d’avoir brûlé un arbre de noël de Coca-Cola. Il a été condamné à de la prison ferme pour les délits d’attaques à la paix publique et association de malfaiteurs. Un recours (Amparo) a été présenté par sa défense, cependant, le 11 décembre 2014, il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme pour les délits d’attaques à la paix publique, délit qui l’empêche de sortir sous caution. Fernando, âgé de 20 ans, est étudiant au Collège de Sciences Humaines (CCH) de Vallejo et travaillait pour aider sa famille. Il a été arrêté alors qu’il participait à une manifestation contre la hausse de 67% des tarifs du métro décidée par le Gouvernement de la Ville de Mexico. Ensuite il s’est vu accusé d’avoir brûlé un arbre de noël appartenant à Coca-Cola. Il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Voix depuis la prison Nord de Mexico : Fernando Bárcenas Castillo

Traduit par les trois passants / correction Valérie

Lettre envoyée par Le comite de Solidaridad con Mario Gonzalez, qui accompagne et suit le cas de Fernando Barcenas

 

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* Voir également la dernière lettre de notre compagnon Carlos Lopez : Quelque part dans un coin du monde et la dernière lettre de Fallon : de retour au quartier, ici

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[Oaxaca] Voix depuis la prison : Alvaro Sebastian

ALVAROS

Oaxaca : Voix depuis la prison, lettre envoyée pour la soirée du 11 avril en solidarité avec les prisonnier-e-s des Amériques

Prison Centrale de Oaxaca, Mexique, 10 avril 2015

Aux Compagnons et compagnonnes de la Sexta Internationale,

Aux Compagnons et compagnonnes solidaires qui luttent pour la liberté des prisonniers politiques dans le monde.

10 avril 1919 – 10 avril 2015, 96ème anniversaire de la mort du Général Émiliano Zapata au Mexique.

« Il n’est pas nécessaire de conquérir le monde. Il suffit que nous le refassions, nous, aujourd’hui. » [EZLN]

Je suis Alvaro Sebastian Ramirez, prisonnier politique et de conscience. Je suis indigène Zapotèque, originaire de la Région Loxicha dans l’État de Oaxaca au Mexique.

Je suis emprisonné depuis plus de 17 ans par l’État mexicain.

Depuis ma tranchée de lutte dans la prison centrale de Oaxaca, j’envoie un salut fraternel et combatif ainsi qu’une forte accolade de courage et de joie à chacun et chacune des compagnons et compagnonnes de la Sexta Internationale ainsi qu’aux personnes solidaires qui luttent pour la liberté des prisonniers politiques dans le monde.

Avant de continuer, je veux vous remercier et vous féliciter, toutes et tous, de tout mon cœur, parce que vous êtes sensibles à notre emprisonnement en contribuant par vos efforts, tous les ans, à la réussite de la Semaine Internationale de Solidarité avec les prisonniers politiques dans le monde (Paris, France).

J’en profite pour nommer quelques-uns de ces prisonniers : Mumia Abbu Jamal, Leonard Peltier aux États-Unis, Enrique, Carlos et d’autres révolutionnaires en Colombie, les révolutionnaires en Turquie qui résistent à l’intérieur des prisons de type F, les frères Yaquis, les frères de Tlanixco, les frères Loxicha, les 500 prisonniers politiques dans les différentes prisons du Mexique.

Ce 17 avril, cela fera un an que je suis revenu de la Prison Fédérale, le Centre Fédéral de Réadaptation Sociale N° 13. Cette prison appartient à la nouvelle génération de laboratoires d’extermination, où l’isolement et l’incommunication sont utilisés pour détruire lentement l’être humain.

Grâce à la solidarité nationale et internationale, l’État a été obligé de trouver les mécanismes nécessaires pour justifier mon retour à la Prison Centrale de Oaxaca.

Ce retour a eu lieu exactement durant les activités de la Semaine Internationale de Solidarité avec les Prisonniers Politiques qui se tenait à Paris en France.

Donc, pour moi, la SOLIDARITÉ est un principe universel essentiel pour ceux d’en Bas et à Gauche, pour nous qui luttons pour la dignité humaine, et cela bien que nous parlions des langues différentes, que nous ayons des cultures différentes et que nos géographies soient séparées par de grandes distances.

Mais la dignité, la résistance et la rébellion se vivent dans toutes les parties du monde.

Les luttes politiques qui, partout dans le monde, exigent la liberté de tout être humain emprisonné pour avoir lutté pour les droits de l’Humanité, sont des actes qui traversent les frontières, les océans, les barrages et les murs de la prison, et arrivent à toucher nos cœurs, nous qui sommes les otages du système capitaliste, nous qui sommes emprisonnés pour avoir lutté.

Au Mexique et dans le monde, le système néolibéral capitaliste et ses serviteurs, les narco-gouvernements, souffrent (dans leur mémoire) d’une maladie chronique qui s’appelle : l’enrichissement exorbitant. Cette maladie les oblige à s’acharner et à causer des destructions massives de la nature et de l’humanité.

Leur ambition démesurée est de gagner le plus d’argent possible en un minimum de temps. Peu leur importe, pour accomplir ces objectifs, d’endommager la nature, de provoquer la mort de milliers de personnes et de laisser dans une pauvreté extrême le reste des peuples du Mexique et du monde.

Pour accomplir leur plan machiavélique, ils approuvent des réformes structurelles et des lois en leur faveur en faisant croire au peuple du Mexique qu’il s’agit d’avancées importantes pour la société.

La vérité est que leur objectif n’est pas le bien-être des Mexicains, mais l’augmentation de leurs revenus en capital, en général en détruisant de plus en plus la nature et en exterminant l’espèce humaine.

Pour avancer sans contre temps dans leurs projets et contrôler les peuples et les secteurs non-conformes de la société, ils sèment la terreur et la peur à travers leurs forces militaires, policières, para-militaires, leurs gardes blanches, leurs sicaires et leurs narcotraficants.

Ainsi des cas les plus récents : de Ayotzinapa dans l’État du Guerrero, de Tlatlaya dans l’État de Mexico, du massacre des migrants à San Fernando dans l’État de Sonora, de la disparition de plus de 22 000 Mexicains et Mexicaines, des assassinats et de l’emprisonnement des militants sociaux.

Nous exigeons la présentation en vie des 43 étudiants normaliens disparus, et le châtiment des responsables des assassinats et des disparitions forcées qui ont eu lieu les 26 et 27 septembre 2014 à Iguala, dans l’État du Guerrero au Mexique.

À propos de Mumia Abu Jamal : Je lance un appel urgent et solidaire pour exiger un traitement digne et le respect de sa santé et de sa vie. Nous exigeons sa liberté immédiate et inconditionnelle. Nous devons tous montrer notre soutien et notre solidarité avec notre frère Mumia.

Depuis tous les coins du monde, rendons visible ce que d’en haut ils veulent rendre invisible.

Liberté, tout de suite, pour Mumia Abu Jamal !!!

Liberté, pour les prisonniers politiques du monde entier !!!

Pour la liberté des prisonniers dans le monde, globalisons la SOLIDARITÉ dans tous les coins du Monde !!!

Alvaro Sebastian Ramirez

Prisonnier Politique et de Conscience de la région Loxicha, État de Oaxaca, Mexique.

Traduit par les trois passants/ correction Valérie

Lettre envoyée par le Comité de Soutien « La Voix des zapotèques xiches en prison », mois d’avril 2015.

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Le contexte: La région Loxicha – Oaxaca

Campagne internationale pour la liberté d’Alvaro Sebastian+vidéo de lancement

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[Chiapas] Voix depuis la prison : Alejandro Díaz Santiz

Chiapas : Voix depuis la prison, lettre envoyée pour la soirée du 11 avril en solidarité avec les prisonnier-e-s des Amériques

ALEJANDRODAlejandro Díaz Santiz est un Indigène Tzotzil originaire du Chiapas, il a été arrêté il y a 15 ans, accusé d’homicide. Díaz Sántis a été condamné à 29 ans de prison ferme. Pour lever la voix et mener une lutte anticarcérale tout en étant prisonnier, il fait partie de l’organisation de prisonniers “Les solidaires de la voix de l’Amate”, créée en 2009. Cette organisation est devenue une référence organisationnelle au sein du surpeuplé Centre de Réinsertion Sociale des Condamnés n°5, dans la zone rurale de San Cristóbal de Las Casas au Chiapas.

Lettre d’Alejandro Diaz, envoyée pour cette soirée du 11 avril en solidarité et pour la liberté des prisonniers et prisonnières des Amériques et des prisonniers du monde entier :

A tous ceux et celles et qui sont réunis aujourd’hui 11 avril 2015 à Paris en France.

Votre compagnon de lutte, l’indien tzotzil Alejandro Dias Santiz, Solidaire de la Voz del Amate, adhérent à la Sexta, vous salue, toujours incarcéré dans la prison N°5 de San Cristobal de las Casas au Chiapas.

Je profite de cette occasion pour vous envoyer mon salut fraternel et embrasser bien fort chacun d’entre vous ainsi que vos précieuses familles. Que la bénédiction de dieu illumine toujours vos activités.

Je vous remercie du plus profond du cœur de m’avoir toujours soutenu et de me motiver à poursuivre le chemin de cette lutte contre les mauvaises autorités qui ont fait beaucoup de mal et continuent à en faire à l’humanité entière. Dans ce cachot il s’est passé beaucoup de choses et depuis que je suis resté seul après la libération de mes compagnons Solidaires de la Voix de L’Amate, j’étais un peu triste et en même temps, tellement content de savoir qu’ils s’occupent de mon cas.

Bien que nous soyons très loin les uns des autres nous voyons que la distance n’existe pas et qu’il n’y a pas de barrière, la douleur et les causes nous unissent toujours.

Je n’envoie que ces quelques lignes [si vous avez vu la vidéo] car il m’est difficile de m’exprimer en espagnol, mais je fais l’effort pour pouvoir me communiquer avec vous tous et toutes. Quand j’ai été arrêté dans l’État de Veracruz, je ne savais ni parler ni écrire l’espagnol. Aujourd’hui je remercie Alberto Patishtan Gomez*, qui m’a enseigné à écrire et à parler espagnol pendant que nous étions prisonniers ensemble. S’il n’avait pas été là je continuerais comme avant.

Compagnons il ne me reste qu’à vous remercier mille fois pour le soutien que vous m’avez apporté pour ces emprisonnements injustes, qui m’ont conduit à être prisonnier pendant 15 ans et 10 mois sans avoir commis le délit dont on m’accuse.

Grâce à dieu le peu que j’ai appris je suis en train de le partager avec d’autres compagnons prisonniers pour qu’eux aussi puissent se défendre et montrer à la société du monde entier ce qui se passe à l’intérieur de cette prison, dans cette tranchée, lieu de lutte.

Je continuerai d’exiger de véritables justices et libertés pour toutes et tous les prisonniers et prisonnières politiques et de conscience du monde entier.

Frères et sœurs, ne vous découragez pas, courage à tous et à toutes !

ENSEMBLE NOUS POUVONS GAGNER LES VÉRITABLES JUSTICES

FRATERNELLEMENT:

Alejandro Díaz Sántiz, 24 Mars 2015.

* Patishtan a été arrêté le 19 juin 2000 et accusé d’embuscade, de port d’armes et d’homicide qualifié d’agents de la police d’État. C’est grâce à la forte mobilisation des organisations, collectifs, individus et avocat-e-s solidaires entre autres, que son cas est sorti du placard et qu’il a été libéré le 31 octobre 2013. Pendant les 13 ans passés en prison, Patishtan a créé l’organisation de prisonnier-e-s « la Voix de l’Amate». Cette organisation de prisonniers, appartenant à la Sexta, est née en 2006 pour dénoncer le fonctionnement arbitraire du système carcéral mexicain, par la suite il a encouragé la création d’autres organisations de prisonnier-e-s. Il donnait également des cours en prison pour apprendre aux prisonnier-e-s à lire, à écrire et à parler espagnol pour qu’ils puissent lever leurs voix et faire sortir leurs paroles de la prison.

Lettre envoyée par le Le comité de soutien à Alejandro Díaz Sántiz : Grupo de Trabajo « No estamos Todxs »- Chiapas.

Traduit par Amparo/correction Myriam

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Voix depuis la prison Nord de Mexico : Fernando Bárcenas Castillo

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Depuis la prison Nord de Mexico : lettre publique de Fernando Bárcenas Castillo

Aux compagnons rebelles
Au peuple en général

Avant tout, un salut fraternel, plein de santé et d’anarchie, une embrassade combative pleine de passion active, d’une tendresse subversive. Aujourd’hui s’ouvre un nouveau panorama, et bien que l’horizon ne soit pas clair, nous devons affronter avec audace et avec valeur tout ce qui pourrait arriver.

Ce sont des temps difficiles de lutte et de guerre sociale, l’heure est venue de forger un nouveau monde, puisque les circonstances sont propices pour la révolution sociale ; nous savons que nous sommes condamnés à vivre la cupidité immonde de ces mêmes privilégiés qui ont opté pour la domination et la conspiration pour maintenir la gouvernabilité et la soumission des majorités.

Agissons ensemble, insurgeons-nous depuis le néant telle la terreur de la nature qui se déchaîne avec violence et effrayant subitement les grands et petits propriétaires, en montrant cette énergie féroce qui a la même intensité que celle de l’esclave qui a brisé ses chaînes.

En 14 mois de prison, j’ai appris à regarder avec haine, mais avec sérénité, l’appareil dominant, j’ai réellement appris l’aberration des institutions et ses propos vils et inhumains qui ont réussi à dégrader l’humanité et la signification de la liberté. Cependant, la prison est le lieu que l’État offre à ses esprits les plus libres et les moins soumis, les prisons sont les lieux où nous trouvons la criminalité, la dissidence et la dignité, réunies conjointement dans cet espace obscur et séparé de la société, mais plus libre et honorable, où l’État place ceux qui ne sont pas avec lui, mais contre lui, et c’est la seule maison au sein d’un État répresseur et criminel, dans laquelle l’homme libre reste debout avec honneur.

Et si quelqu’un pense que notre influence se perdrait à l’intérieur de la prison, si quelqu’un osait penser que nos voix cesseraient d’affliger l’oreille de l’État et que nous ne serions plus un ennemi à l’intérieur de ses murailles, c’est parce qu’ils ne savent pas combien on devient plus fort, efficace et éloquent pour combattre l’injustice quand on l’a vécue dans sa propre chair. Quant à moi, j’ai cessé de voir l’État comme un colosse indestructible et fort, et je me suis mis à le regarder comme une absurdité autoritaire, qui ne pouvant se doter d’honnêteté et d’intelligence, finit par recourir au châtiment physique et violent, comme un idiot solitaire qui a peur de perdre ces bijoux d’or et d’argent, c’est alors qu’au lieu de la peur, j’ai éprouvé de la pitié pour lui [l’État] et j’ai complètement perdu le peu de respect que j’ai eu parfois envers lui.

Je ne suis pas né pour être violenté, je suis d’une souche trop élevée pour me convertir en esclave, en subalterne soumis à une tutelle, en serviteur docile, en instrument d’un quelconque État souverain du monde.

¡ Presos a la calle o que todo estalle !
Salud, anarkía y revolución social
Prisonniers dans la rue ! Santé, anarchie et révolution sociale
Fernando Bárcenas Castillo

 

Traduit par Les trois passants et Caracol Solidario
Source: Comité de Solidarité avec Mario Gonzalez
Cruz Negra Anarquista de Mexico
Qui est Fernando Bárcenas Castillo ?

Voix depuis la prison Nord : Abraham Cortés

25 février 2015
portabrahamDepuis la prison Nord (Reclusorio Norte del DF)
Lettre d’Abraham Cortés Ávila

C’est un nouveau jour de lutte, un nouveau jour de résistance, un nouveau jour pour élever la voix, un nouveau jour avec le poing levé, un nouveau jour pour rendre visible l’injustice des institutions, institutions créées pour exercer la répression et l’exploitation, institutions qui tentent de faire taire, de pervertir et détruire la population. Cela fait 16 mois que je suis séquestré dans cette institution, au départ j’étais dans le quartier d’arrivée, à présent je suis dans la zone de la population dite tranquille, bien qu’ils aient essayé de magouiller pour nous envoyer dans le quartier dangereux, comme quand ils nous ont déplacés dans le Centre d’observation et de Classification, où ils nous ont assignés dans une zone dangereuse, un quartier disciplinaire pour la population dite normale.

Maintenant, ils essaient de nous donner discrètement en pâture à la population [carcérale générale], utilisant des stratégies diverses qui touchent les compagnons, et nous pointent du doigt cherchant à nous rendre responsables de la dégradation des aménagements de condition de détention, mais pour nous cela n’a pas d’importance, ici nous avons d’autres tâches et d’autres options de lutte, car du mal peut sortir le bien. Compagnons, dans ce jour de lutte, je ne demande pas seulement ma liberté, ni celle de mes compagnons, mais celle de tous ici dedans ; je ne veux pas seulement qu’ils révisent bien mon dossier, mais que ces institutions n’existent plus, parce que je suis et nous sommes conscients que ce sont des centres d’exploitation et d’esclavage.

Prison, institution de répression, école de méchanceté, d’obscurité, de froideur, de crainte, d’égoïsme, de vice, le lieu de destruction dans lequel nous sommes séquestrés depuis 16 mois par un gouvernement corrompu, plein de mensonges, plein d’ambition ; pendant ces 16 mois je ne suis pas le seul à vouloir sa prétendue libération, il y a plus de 12 mille internés qui cherchent la même chose, comme ceux qui arrivent chaque jour, ignorant tout d’ici. Mais ce qui est clair pour moi c’est que bien qu’ils nous « libèrent », nous ne serons pas « libres », car avec tant d’institutions nous ne savons plus à qui faire confiance, de plus avec leurs maudites stratégies pour éloigner la population en général, car ce qui est vécu n’est pas de l’indifférence,ce que l’ont ressent c’est la crainte des gens, la crainte qui peu à peu cesse d’exister, depuis ici, dedans, c’est ce que je peux voir, entendre et sentir, même si cette institution répressive essaie de nous faire taire, de nous faire disparaître, de nous séquestrer, ou de nous tuer, nous n’avons plus peur, nous ne la sentons plus.

Prison égal répression
Répression égal institution
Institution égal gouvernement
Gouvernement égal prison

Abraham Cortés

 

Taduit par les trois passants, correction Amparo

Source: Comité de solidarité avec Mario González + photos du rassemblement en solidarité avec Abraham à Mexico.

Ndt: Notre compagnon Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, et condamné à plus de 13 ans de prison ferme. Abraham est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013, et c’est lui qui a la sentence la plus lourde, il n’a pas de famille dans la ville de Mexico. Abraham se trouve actuellement à la Prison Nord de la Ville de Mexico, il partage certains moments de sa journée avec le compagnon Fernando Barcenas, lui aussi condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme. Depuis leurs arrestations ils sont devenus copains de lutte à l’intérieur de la taule, ensemble ils ont décidé de se battre pour obtenir leur liberté.

Voir aussi: Ville de Mexico: Voix depuis la prison Nord
Ville de Mexico: Voix depuis la prison, lettre d’Abraham Cortés

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Quelque part dans un coin du monde : lettre du compagnon Carlos López “Chivo”, 5 avril 2015

huirCompagnons,

J’écris ces quelques lignes dans l’intention de faire connaître ma condition actuelle de vie, que j’ai décidé de mener d’une perspective très particulière, suite à une série d’évènements qui ont surgi dans le contexte récent de la lutte individuelle et/ou sociale et de la répression contre celle-ci.

Ces derniers temps, nombreux sont les compagnons et compagnonnes harcelés et enquêtés en raison de leur activité anarchiste, ici dans le pays, plus particulièrement dans le centre et le sud. Ils ont été pris en filature, surveillés afin d’observer leurs mouvements et les personnes avec qui ils s’organisent.

Des crétins de balances dégueulasses ont été envoyées pour obtenir des informations, dénoncer les camarades étrangers en disant qu’ils finançaient les luttes…

Lors de l’arrestation qui m’a conduit en prison avec mes campagnonnes d’affinité Amélie et Fallon, on a essayé de mêler à notre affaire (5E) de nombreuses personnes de la mouvance libertaire/anarchiste. Des perquisitions ont eut lieu dans certaines maisons pour trouver des « indices », sans y parvenir, et avoir ainsi plus d’arguments pour monter un coup décisif à l’intérieur du petit monde anarchiste(acrate). Cela a conduit à l’arrestation du camarade « tripa » (et à la persécution de bien d’autres camarades qui ont eux dû aussi s’éloigner). Heureusement, nous avons pu compter sur la réaction opportune des camarades du GASPA* pour le libérer immédiatement, vu que l’accusation n’était pas bien fondée.

Par la suite, sa décision de fuite à été immédiate.

Il n’avait de toute façon pas beaucoup d’autres choix. Les accusations d’antécédents délictueux, la citation dans des enquêtes sur des faits de terrorisme, sabotage ou autres conneries qu’ils voulaient nous faire porter ne lui laissaient que cette alternative.

Pour des raisons similaires évidentes et ayant la possibilité de choisir librement, j’ai décidé de prendre le chemin de la fuite. Principalement pour ma propre sécurité mais aussi pour celle de mes autres compagnons, en raison de la série de filatures qui s’en est suivie. Je ne serai pas le premier ni le dernier à le faire, à prendre le chemin de la lutte qui comporte la réappropriation de ma vie, avec aussi son côté violent, frontal et réfractaire à toute autorité.

Il n’y a pas besoin d’être un érudit pour se rendre compte que tu seras toujours dans le viseur de ces enquêteurs et contrôleurs qui essaieront toujours de te lier ou de t’impliquer dans tout type d’action directe qui se passera sur le champ de bataille.

Et dans mon cas, sortant sous contrôle judiciaire devant aller signer régulièrement, il est évident qu’ils m’auront à leur merci pour me reprendre dès qu’ils en auront envie, plaisir que je ne pense pas leur donner, au moins dans la mesure de mes possibilités.

En plus de ne pas avoir la moindre intention de collaborer avec ce foutu petit théâtre juridique qui suivra immanquablement après mon ex-carcération, c’est depuis le premier jour de ma libération physique que j’ai décidé de n’être plus leur proie, controlé à travers des visites périodique m’obligeant à aller apposer mon horrible signature et ce, pendant un an et demi de plus.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi, dès le lendemain, de ne pas me présenter au tribunal, cherchant ainsi à rompre ce que je considère comme une procédure de filature.

Ce qui ne signifie pas que je m’éloigne de la lutte ou que je refuse ce que je dois vivre pour pouvoir mener cette lutte jusqu’au bout ; bien au contraire, celle-ci reste le facteur personnel principal qui me pousse vers cette face insurrectionnelle, cette face cachée de la liberté, du « dehors » où l’on peut aussi continuer la quotidienneté de l’attaque permanente sous ses multiples formes et contenus ; cherchant à poursuivre mes projets en d’autres lieux mais avec les mêmes visions, sachant parfaitement que je n’ai pas la prétention de mener ma lutte volontairement de façon clandestine ni de chercher une forme spécialisée ou supérieure d’attaque, mais sachant que cela fait partie des conséquences que nous devons affronter et assumer lorsque l’on emprunte ces sentiers du conflit, faire les choses pour ce que à quoi nous croyons et de la façon dont elles nous semblent possibles et nécessaires. J’ai toujours su que s’opposer résolument aux formes de subordination et aux contenus idéologiques que les techniciens du mensonge démocratique emploient pour garder leurs privilèges et l’état des choses, signifie des conditions de vie très éloignées de ce à quoi n’importe quelle personne normale aspire pour sa propre vie.

Mais comme je ne veux pas être ce type de personne normale, ni accepter d’être un esclave de plus, j’ai choisi de faire les choses de cette façon, comme agirait n’importe quel irréductible cherchant à vivre selon sa façon de voir les choses.

Du point de vue de la commodité, il aurait été bien plus confortable pour moi une fois sorti de prison et avoir foulé les rues, de voir ma famille, mes amis et d’être aux côtés de ma très chère fille.

D’être aussi aux côtés des compagnons, compagnonnes et affinités de diverses tendances pour, ensemble, continuer à agir.

Mais comprenant qu’il ne s’agit pas d’un jeu et que la lutte doit se mener jusqu’à ses ultimes conséquences, il est nécessaire de lui donner tout le sérieux requis et qu’en certaines occasions, il est nécessaire de prendre des décisions qui peuvent être douloureuses à cause de l’éloignement physique d’avec les êtres aimés.

C’est pour cela que je considère la fuite non pas comme l’unique issue mais comme la plus proche de la vision que j’ai concernant la situation. J’ai considéré qu’il était correct d’agir ainsi, pour entre autres choses ne pas, comme je l’ai déjà dit auparavant, permettre les filatures et ne pas prêter le flanc aux tentatives de m’associer à de futurs actes violents, similaires à ceux pour lesquels j’ai été arrêté et pour éviter qu’y soient associés d’autres camarades que je pourrais croiser sur mon chemin. Nous connaissons tous les méthodes de l’État et de ses sbires de la loi et de l’ordre ; c’est clair, ce n’est pas de la peur, je considère que le fait de prendre soin des nôtres est aussi un acte insurrectionnel.

Une partie de mon insurrection individuelle consiste en une rupture avec toutes les formes de liens. Un des aspects primordiaux est la destruction systématique de tout type de relation personnelle/sociale qui provienne de l’odieux ennemi État/Capital et de n’importe quelle autorité contre lesquels je continue à me déclarer en guerre à l’échelle de mes modestes possibilités.

Ces rapports sont inscrits dans la société aliénée qui se contente de reproduire à des fins de domination ce que l’on apprend dans ses instituts éducatifs et religieux, les moyens d’informations et de production économique/technologique, ainsi que dans les manières de se comporter dans les divers aspects de la vie quotidienne. C’est pour cette raison que je m’obstine à ne pas participer à leur jeu juridique ni à en être « un bon citoyen » qui pourrait démontrer que la punition prévue par les lois et leurs mentors fonctionne. Merde à tout ce cirque !

Je préfère mourir en essayant de me rebeller, plutôt que de chercher à faire des concessions, médiations, soutien ou un pacte avec l’ennemi que je cherche justement à détruire. Je comprends que chacun a ses propres perspectives et manières de faire les choses, je respecte ce que chacun fera de ses luttes, et je soutiens celles avec lesquelles j’ai des affinités ou qui du moins présentent un caractère d’hostilité envers l’ennemi.

Mais ma forme de lutte est celle-ci et c’est à celle-ci que je veux me tenir.

N’ayant rien d’autre à ajouter, une très forte accolade à ceux qui parviendront à me lire, tout particulièrement mes amis, mes compagnons et compagnonnes de lutte, ma famille et tous ceux qui se reconnaissent dans cette lutte contre le pouvoir sous toutes et chacune de ses multiples facettes.

La lutte continue, cette situation n’est pas le début de la fin, mais seulement la poursuite de la liberté d’agir.

POUR LA LIBERTE DE TOUS LES PRISONNIERS ET PRISONNIERES DANS LE MONDE !
POUR LA SOLIDARITE DES COMPAS EN FUITE, QUE LE VENT EFFFACE LEURS TRACES !
POUR LA DESTRUCTION DU POUVOIR SOUS TOUS SES ASPECTS !
SOLIDARITE AVEC LES COMPAS EN GREVE DE LA FAIM !
GUERRE SOCIALE PARTOUT !
VIVE L’ANARCHIE !

Carlos López “Chivo”
Quelque part dans un coin du monde
5 avril 2015

Traduit par Amparo et Les trois passants/correction Val

*GASPA : Grupo de Abogados en Solidaridad con los Presos Anarquistas [Groupe d’avocats en solidarité avec les prisonniers Anarchistes]

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Carlos Lopez : La Liberté n’arrive pas par hasard, elle se construit.

Texte de Carlos Lopez.
Prison Oriente, DF. (Reclusorio Oriente, DF)carloslopez

J’entends l’État comme une entité régulatrice des privilèges qui servent les intérêts d’une classe politico-économique, comme un fidèle laquais du capital techno-industriel et de toutes les formes de manipulation sociale qui en découlent. Il n’est pas difficile de comprendre qu’il se sert du châtiment imposé à tout individu qui se rebelle face à ses lois et à ses règles de contrôle, puisqu’il dispose parmi tout son ample éventail de possibilités répugnantes, du système juridique pénitentiaire.

La principale caractéristique de la dite institution est qu’elle devient, comme s’il s’agissait d’un jeu de hasard, la détentrice de la décision concernant l’avenir de l’inculpé, en le vouant à la brutalité de la surveillance policière et administrative, en mettant en œuvre un traitement pervers et malsain d’usure physique, morale et spirituelle tant sur celui qui est directement impliqué que sur sa famille, sur ses amis et sur les compagnons qui l’entourent.

C’est ainsi que l’on fait du «délit» un réel instrument pour poursuivre et réaliser les plans du pouvoir dominant. En plus, c’est une affaire économique juteuse, conséquence des multiples extorsions administratives, parmi lesquelles le paiement de cautions, d’amendes, de pot-de-vin et autres énormités. En plus de tout cela il faut aussi subvenir aux besoins du prisonnier (au moins dans les prisons latino-américaines).

A propos de ce dernier point il faut souligner l’énorme mensonge qui prétend que c’est l’État qui subvient aux besoins de la personne en captivité. En effet, quand «officiellement» on prétend consacrer en moyenne 150 pesos par personne, la réalité est toute autre.

À propos du «délit» à juger, il semble assez hypothétique de lui accorder de la crédibilité car n’oublions pas que ce sont les institutions elles-mêmes et leurs gouvernants qui font et défont les lois par le biais de leurs politiques démocratiques et réformistes, eux qui, pourtant, vivent une réalité si différente de ceux qui ne jouissent pas des privilèges des cercles du pouvoir. Ce qui nous amène à nous interroger sur le fait de devoir nous soumettre à ce que eux considèrent comme délit et comment il doit être corrigé, et de devoir accepter que ce soit la société elle-même qui perpétue ce qu’ils ont conçu. Nous ne pourrions pas parler d’introduire des gens du peuple dans la législation, car ce serait reproduire le modèle que l’on cherche à détruire.

C’est ainsi que des juges, des magistrats et des tribunaux se chargent d’exécuter des sentences sévères, même quand la loi et son arsenal de sanctions n’y suffiraient pas. Sanctions qui, semble-t-il, se plaisent à offrir des années d’enfermement et à mettre dans une poubelle grillagée tout ce qui ne cadre pas avec les idées d’une société capitaliste.

Nous, les anarchistes, ne nous plaignions pas que les juges soient injustes, ni ne misons sur leur faculté à juger justement, car nous savons qu’il ne peut y avoir de justice là où on prétend seulement imposer un ordre démocratique aberrant instauré grâce à des structures de contrôle déguisées en moyens de réinsertion sociale.

C’est pour cela que nous n’implorons pas la clémence dans les sentences de la justice, pas plus que nous ne mendions la pitié pour nos prisonniers. Mais nous exigeons la mise en liberté immédiate et la fin de la séquestration, car nous n’acceptons pas la légalité de leurs tonnes de lois puisque nous refusons l’argumentation d’innocence ou de culpabilité, ce qui est très différent du fait d’assumer la responsabilité des actes de celui qui en décide ainsi.

Nous luttons pour la destruction des prisons, mais le simple désir de démolir les murs physiques ou de ressentir une haine viscérale contre les pratiques de l’enfermement n’est pas suffisant. En revanche il faut commencer à nous détacher totalement de la propagande d’Etat qui nous a abreuvé depuis l’enfance à travers ses institutions civiles et éducatives où l’on inculque les notions d’infraction et de châtiment, et ensuite rompre et détruire progressivement dans nos têtes et dans nos façons d’être les relations avec des personnes et un entourage imposé.

Par exemple, il nous faut abandonner le langage juridique, de même que sa pratique comme quand nous condamnons les actes des compagnons qui décident de passer à l’action et que nous ne nous identifions pas avec leurs méthodes ni avec leurs revendications, car alors nous devenons nous mêmes juges et bourreaux, rendant ainsi plus facile la récupération de la lutte. Car, ce n’est pas la même chose de critiquer le pouvoir que de faire une critique constructive à un compagnon ou que de faire une critique médisante qui ne fera que diviser et freiner l’élan libertaire ; ou aussi quand nous demandons la liberté pour nos prisonniers et la prison pour les «coupables» qui troublent notre tranquillité et nos espaces de lutte, tombant ainsi dans une inquiétante contradiction ; de même quand nous persistons dans notre soif de justice pour demander la sortie de prison en reconnaissant, même si ce n’est pas délibéré, que le système juridique peut être juste ou injuste, lui accordant ainsi une légitimité.

Il y a autre chose : continuer à parler de compagnons détenus comme de «prisonniers politiques» terme qui s’utilise d’ordinaire comme quelque chose de privilégié qui les différencie des prisonniers de droit commun, vieille pratique rouge, alors que la lutte anarchiste n’est pas politique et ne cherche pas non plus à tirer des profits grâce à des intermédiaires, des accords ou des pétitions. Mais elle est plutôt une rupture avec la moindre parcelle d’autoritarisme, et le fait d’être inculpés juridiquement n’implique pas forcément d’accepter le terme de prisonniers politiques qui est une distinction que nous cherchons à détruire. C’est pour cela que nous préférons nous revendiquer comme prisonniers anarchistes, unique voie pour continuer la lutte choisie aux côtés de toute individualité en rébellion, et ceci par affinité.

Alors, la liberté n’arrive pas par hasard, elle se construit.

Solidarité avec le compagnon Abraham Cortés Àvila et avec tous les compagnons et compagnonnes prisonnier(e)s en lutte sur toute l’étendue de la planète terre.

Carlos Lopez «Chivo»
Prison Oriente, DF. (Reclusorio Oriente, DF)

Ndt: Finalement, après avoir été acquittés le 27 février 2015 de l’accusation fédérale pour le délit de dommages à la propriété sous forme d’incendies et après avoir payé une caution pour la sentence de 2 ans 7 mois pour les délits d’atteinte à la paix publique avec dommages, les compagnons Amelie Trudeau et Fallon Roullier, ainsi que Carlos Lopez « Chivo » ont été mis en « liberté sous caution » le 13 mars 2015.

Traduit par Michèle

Source: Cruz Negra Anarquista de Mexico

 

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Ville de Mexico: Voix depuis la prison Nord, la grève de la faim continue.

Fernando Barcenas et Abraham Cortés ont été transférés dans la zone de classification [ zone où les prisonniers sont amenés pour une période d’observation quand ils arrivent en prison ], la grève de la faim continue dans la prison Nord de la ville de Mexico.

Note de CNA-Mexico : Nous diffusons ce communiqué qui nous a été envoyé par les compagnons prisonniers de la prison Nord de la ville de Mexico (Reclusorio Preventivo Norte). Jusqu’ici, nous savons que la Coordination Combative de Prisonniers en Résistance est formée par des prisonniers des différentes zones de cette prison. Une des premières actions lancée a été la grève de la faim échelonnée qui a été initiée le 12 février par deux prisonniers : Julio César Nuñez Delgadillo et Elías Landín Bautista. Ceux-ci ont été isolés du reste de la population carcérale, dans des cellules de la zone d’admission.

reclusorionorte

Communiqué de la Coordination Combative de Prisonniers en Résistance (C.C.P.R)

Aux rebelles de la lutte sociale
Au peuple en général

( Prison Nord de la ville de Mexico, 16 février 2015 ).

La société est un contrat qui repose sur la peur, sur la peur de l’exclusion, la peur de la justice, la peur de la police, la peur de l’autorité…

Et celui qui transgresse les normes sera sanctionné de manière exemplaire pour maintenir l’état de choc, tentant de terroriser les individus dans le seul but de maintenir leur domination en même temps que l’exploitation économique.

Mais nous devons nous demander…est-ce-que la justice existe ? Qu’est-ce que la faute ?

Du point de vue religieux, la culpabilité est nécessaire pour maintenir la soumission de l’individu face au régime autoritaire qui réprime depuis un absolu (dans ce cas, Dieu), qui soumet l’individu au joug de l’oppression, de la rigueur morale, du mensonge existentiel.

Une caractéristique particulière de l’homme moderne comme être historique dans un espace temporel est sans aucun doute le désintéressement envers tout, qui le pousse à chercher les manières d’éviter de faire face à sa réalité.

L’angoisse générée par le fait de comprendre et d’assimiler la liberté provoque la peur, peur de la finitude de son existence, peur de choisir, peur de la responsabilité qu’implique être libre.

La hiérarchie qui le modèle, le réduit à l’esclavage et le condamne à une vie banale et sans aucun sens, car en signant le contrat social, par le seul fait d’acquérir un état civil ou une nationalité, l’individu accepte sa sentence qui l’oblige à vivre attaché aux chaînes de l’autorité en échange de quelques « garanties », « droits » et lois qui entravent et mutilent sa liberté, la restreignent, la conditionnent …

C’est pour cela que des institutions diverses et variées existent. Le travail réel d’une institution est d’annihiler toute trace de conscience et de liberté qui pourrait avoir existé dans l’esprit de l’individu.

Avec l’institutionnalisation commence le projet de domestication : la famille, l’école, les tribunaux, la prison … toutes ces institutions fidèles et impliquées dans la reproduction et le soutien au système social administré par une élite privilégiée, qui se présente de manière hypocrite avec la promesse d’une « vie digne », d’un travail salarié, avec l’utopie de la démocratie et un mensonge appelé « paix sociale » qui implique un endormissement, une vie enchaînée mais avec la possibilité de choisir la couleur de ses chaînes.

Et alors … : que faire ? Quand l’idée virtuelle de la légalité se trouve dépassée par le besoin et la détresse, par l’expérience quotidienne du conflit avec les lois d’exclusion, par la réalité inévitable qui est vécue dans les rues des grandes villes et dans les campagnes ; la réalité à laquelle nous appartenons, nous les opprimé-e-s, et à laquelle nous faisons face jour après jour….

Il est facile de prononcer le mot faim, mais ce n’est pas la même chose de la sentir, et dans des conditions contraires et devant la pétrification de l’appareil dominant l’illégalité est pratiquée et assimilée comme forme de vie et de survie. Et après être entré dans celle-ci, afin de chercher des alternatives à un système en décadence, tu te rends compte qu’existent des voies distinctes qui démasquent le mensonge d’une société et d’un État pacifiques composés de citoyens honorables …

Et voilà que tu découvres que la corruption est la voie de l’illégalité que l’état propose comme alternative pour ceux qui vivent la pauvreté … Avec la promotion de la délinquance et la permissivité pour sortir du paramètre légal en complicité régulière avec l’autorité, son silence, son appui, en échange d’un gain monétaire. Les droits sont à la vente et une lutte précaire commence pour les acquérir et générer un état de privilèges et de bien-être, un mensonge similaire à un anesthésique social, qui fait que l’individu se concentre sur la compétitivité, en oubliant qu’il s’est subordonné en acceptant de devenir un simple outil de production, qui l’attache à l’esclavage perpétuel, en effet il a ainsi été formé. Ils lui ont appris à être un rebelle incomplet, à piétiner ceux de sa classe opprimée et à tolérer la violence de ceux d’en haut. Ils lui ont appris à être soumis à l’autorité. L’individu est converti en animal dressé qui veillera aux intérêts de son maître et les défendra quand cela lui sera demandé.

De cette façon, la corruption qui perpétue le système, ne peut pas être une voie de lutte et encore moins dans la prison, puisque bien qu’apparemment elle « casse les schémas », au fond, elle ne fait rien de plus que de répéter les cycles du système et par conséquent aide à sa croissance et à son renforcement.

Cependant, il existe encore des rebelles, qui font face à l’obscurité des institutions, sans aucun médiateur, en n’obéissant à personne qu’à eux-même et en se rebellant d’une manière consciente face aux racines des problèmes.

Et c’est pour tout ceci que nous avons décidé de créer et de partager des moments de lutte dans un espace commun, où se retrouvent les esprits les plus libres et les moins soumis. Organisés par affinité, nous déclarant libres à chaque instant et en tout lieu, nous avons décidé d’agir et de rejeter l’idée même de toute forme d’autorité. Nous nous inscrivons en un front combatif et direct, dans la lutte anti-autoritaire, avec la même détermination que dans les rues, nous la continuons et la faisons nôtre ici dans notre vie quotidienne en prison.

Aujourd’hui nous choisissons notre camp en ne reconnaissant plus les autorités pénitentiaires, en les assimilant à nos ennemis immédiats dans cette étape de guerre où nous sommes à notre tour prisonniers.

Pour la liberté de tous et toutes les individus et les êtres vivants !

Contre la répression, l’isolement et les mauvais traitements à l’intérieur des prisons.

Coordinación Combativa de Presos en Resistencia (C.C.P.R)

Coordination Combative de Prisonniers en Résistance (C.C.P.R)

Traduit par Les trois passants et Caracol Solidario/ correction Myriam

Ville de Mexico, diffusé par la croix noire anarchiste de Mexico

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Quatre saisons derrière les barreaux. Première partie.

Fernando Bárcenas Castillofer est un jeune anarchiste, musicien et étudiant du Collège de Sciences Humaines, siège Vallejo – ville de Mexico. Il a 20 ans et a été arrêté le 13 décembre 2013, dans le cadre des protestations contre l’augmentation du prix des billets du métro. Il a été accusé d’avoir mis le feu à un l’arbre de Noël de l’entreprise Coca-Cola, depuis lors il se trouve dans la prison Nord à Mexico. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal. En décembre 2014 il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison pour les délits d’attaques à la paix publique et association délictueuse, il a fait appel et il est dans l’attente de la décision. A l’intérieur de la prison, Fernando a élaboré plusieurs projets de diffusion et d’information tels des fanzines et le journal anti-carcéral “El Canero”.

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Quatre saisons derrière les barreaux. Première partie.
Par Fernando Barcenas Castillo
11 février 2015.

Tout à coup, tout semble changer d’une façon radicale, tout s’assombrit et tu te rends compte qu’une bataille a commencé et que tu devras la livrer par toi même.

En marchant sur le trottoir, tu vois au loin quelques types en uniforme, alors tu préfères ne pas courir pour ne pas attirer leur attention. Grave erreur ! Ils s’approchent et les esclaves en uniforme t’interceptent, te font subir un contrôle de routine et si tu refuses, alors ils essaient de te soumettre, tu te débats avec eux, mais un homme corpulent en uniforme arrive et t’étrangle par derrière, tu essaies de résister… mais c’est impossible à ce moment là ; trois personnes te soutiennent et le cameraman qui disait « appartenir aux médias indépendants » apparaît sur les lieux en collaborant avec la police, alors tu te rends compte qu’en réalité il s’agissait d’un policier des renseignements généraux..

Tout arrive en une seconde

Tu te demandes si cette détention correspond à un acte arbitraire ou bien s’il s’agit d’une détention sélective ; après quelques instants et après les spéculations de la police, tu te rends compte qu’il s’agit bien de la deuxième option. Ils t’arrêtent et t’encerclent avec six autres manifestants, seuls deux d’entre eux se retrouvent dans la voiture de police, ce sont deux mineurs, ils ont l’air paniqués. Alors tu essaies de les rassurer et de les calmer pour qu’ils n’aient pas peur, puisque sans doute dans leur cas, il s’agit d’un acte arbitraire et ils sortirons le lendemain matin. Finalement, tes affirmations s’avèrent correctes puisque c’est seulement toi qu’ils cherchent.

Après être sortis de la voiture de police, ils commencent à t’insulter, ils communiquent par radio, et tu ne sais pas quoi penser, peu à peu tu observes ce qui se passe autour et tu vois les sacs à dos de ceux et celles qui ont été arrêtés être fouillés et tu continues d’observer fixement pour vérifier qu’ils n’introduisent pas des drogues ou des balles dans tes affaires ; une habitude connue chez la police.

Ils essaient de t’intimider et alors le débat, la confrontation idéologique commencent ; tu sais que tu es entre leurs mains et tu n’arrives pas à réaliser que tout ce qui t’arrive est réel, tu est détenu entre les mains de ton ennemi, tu ne penses qu’à t’échapper mais ce serait une lâcheté de laisser tomber les autres camarades.

Les questions commencent, ils insistent et essaient de te faire tomber dans leur jeu. Pourquoi l’as-tu brûlé ? Qui te paie ? Es-tu anarchiste ? Quel est ton nom complet ? Et si jamais tu donnes un faux nom qui ne colle pas, alors ils te giflent très fort et… tu vois les visages des mineurs effrayés, et ben, tu réponds avec ton nom complet.

Ils te menacent et certains coupent la cartouche de leurs armes devant toi pour essayer de t’intimider, mais tu es ferme, tu ne peux pas céder et encore moins accepter ce qu’ils t’imputent, cela, ce n’est pas une détention aléatoire, ça fait partie d’une guerre sociale.

Ils appellent leurs collègues et une femme commandante arrive, ils te jettent dans le fourgon et surveillent tous tes mouvements, tu ne peux pas bouger, les genoux te brûlent à cause de la tôle chauffée à blanc par le moteur. Pendant ces instants là, tu voudrais que la camionnette heurte ou se renverse pour pouvoir ainsi t’échapper, mais bien que le chauffeur conduise mal, le fourgon ne se renverse jamais. Tu arrives à un commissariat, ils ont trop nombreux en uniforme. Ils te font descendre du véhicule, alors tu croises le regard du compagnon et de la fille avec qui tu étais quand ils t’ont arrêté.

Les policiers se comportent d’une manière infantile et se mettent à plaisanter entre eux ; ils te traitent à la fois comme le pire qu’ils aient jamais vu, et en même temps il semblerait qu’ils profitent de toi, tu es une sorte de trophée pour eux, tu es celui qu’ils espéraient tant arrêter.

Ils essaient de te prendre en photo et se moquent, tu ne peux que baisser le visage et essayer de fuir les caméras.

Après tu réussis un peu à t’évader du contrôle policier, ils te jettent de nouveau dans le fourgon et l’immobilité recommence ; après 40 minutes environ, tu arrives à l’autre commissariat, d’autres policiers et agents attendent ton arrivée et le même processus se répète. Dès qu’ils le peuvent ils essaient de te mettre dans un coin obscur, pour comme ils disent : « te donner une bonne leçon » et « pour que l’on t’apprenne à te comporter comme il faut »,  » alors tu te disais un putain d’anarchiste hé » – te crie un vieux moustachu et voilà que tu es arrivé au Ministère Public et que la bataille commence !!

Traduit pat les trois passants et Myriam/correction Val

Source
Voir aussi: Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas à un an de sa détention.
Le compagnon anarchiste Fernando Barcenas, condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme

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Notre compagnon Abraham Cortés Ávila a été arrêté le 2 octobre 2013 pendant la manifestation commémorant les quarante-cinq ans du massacre de Tlatelolco, et condamné à plus de 13 ans de prison ferme. Abraham est le seul à rester en prison après les arrestations du 2 octobre 2013, et c’est lui qui a la sentence la plus lourde, il n’a pas de famille dans la ville de Mexico. Abraham se trouve actuellement à la Prison Nord de la Ville de Mexico.

Dernière lettre du compagnon anarchiste Abraham Cortés Ávila

Janvier 2015

portabrahamLe 2 octobre 1968 est un jour d’injustice, de disparition et de mort. Maintenant, ce n’est pas seulement un jour, c’est tous les jours, ce système qui gouverne pareil à tous les précédents, c’est toujours la même chose, le peuple connaît seulement la pauvreté, ici dans la prison nous sommes punis aussi, le bourgeois n’est rien sans le peuple. Des centaines, des milliers de prisonniers, et chaque fois il y a plus de prisons, l’injustice c’est pour le peuple… ça suffit !

Avant, je pensais que l’esclavage n’existait plus et je pensais que nous étions libres, mais non, la vérité c’est que nous n’avons jamais été libres, nous n’arrivons pas à l’indépendance totale, nous continuons d’être des esclaves, mais à présent nous ne sommes pas esclaves d’un seul patron, mais d’un président, de l’armée, de la police. Nous devons donner toujours notre adresse pour qu’ils aient le contrôle sur nous, sans parler de la carte d’identité, être plus surveillés ce n’est pas possible.

Mais quelle liberté avons-nous ? Si dans les rues nous sommes surveillés pareil qu’en prison, la prison est un instrument de destruction, elle ne te réhabilite pas, elle fait mal, elle détruit… et comme ils disent ici : elle fait de toi un enfoiré. Cela faits déjà 6 mois que je suis ici en taule et je suis en lutte, je ne vais jamais me mettre à genoux, mon poing reste levé et mon esprit fort.

Bientôt j’aurais la réponse du troisième tribunal collégial en matière pénale du premier degré à propos de mon dernier recours, j’espère seulement qu’ils feront leur boulot, car nous savons tous qu’ils sont en train de piétiner mes droits, c’est abusé, c’est le même système qui m’a mis ici en prison, qui m’a séquestré avec une sentence très lourde de 13 ans et 4 mois. Eux et nous savons qu’ils n’ont pas les éléments pour me maintenir ici en prison, il s’agit d’une stratégie pour faire peur au peuple, mais ces histoires nous n’y croyons plus, il ne s’agit pas de la liberté d’une seule personne mais de celle de tous, parce que ici en prison il y en a beaucoup d’autres qui veulent leur liberté.

Liberté à tous et à toutes les prisonniers/ères
À bas les institutions !
Abraham Cortès

*Acte célèbre passé en loi anglaise, qui accorde à tout accusé le droit à un jugement.

Traduit par les trois passants

Source Comite de Solidaridad con Mario Gonzalez  et Proyecto Ambulante
Voir aussi la rubrique Prisonnier-e-s anarchistes et prisonnier-e-s de la Ville de Mexico

Depuis la prison centrale de l’État d’Oaxaca, Mexique

ALVAROSDepuis la prison centrale de l’État d’Oaxaca, Mexique

22 janvier 2015

Aux compagnons et compagnonnes solidaires qui promeuvent et mènent la lutte pour la liberté des prisonniers politiques dans le monde.

Alvaro Sebastian Ramirez, prisonnier politique et de conscience de la région loxicha, Oaxaca. Depuis la prison centrale, qui est ma tranchée de lutte, je vous envoie des salutations fraternelles et combatives, et une forte accolade à chacun et chacune d’entre vous qui êtes en train d’organiser cette journée solidaire pour la liberté à Paris, France. Malgré la distance, malgré la différence de culture, malgré la différence de langue. La dignité, la résistance et la rébellion sont partout, dans chaque coin du monde. La Solidarité est la langue universelle des gens pauvres et marginaux, des oubliés, de ceux d’en bas et à gauche.

N’importe quelle action, dans n’importe quelle partie du monde, qui exige la liberté de n’importe quel être humain enfermé pour le fait de lutter pour les droits de l’humanité, est un acte qui dépasse les frontières, les mers, les océans et les murs de la prison. C’est un acte qui touche les cœurs de nous qui sommes otages du pouvoir et du système, de nous qui sommes des prisonniers pour avoir lutté. Lire la suite

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Lettre du compagnon anarchiste Fernando Bárcenas

 Le 13 décembre 2013, suite à une manifestation contre la hausse des tarifs du métro où un arbre de Noël appartenant à la multinationale Coca-Cola a été incendié, Fernando Barcenas Castillo a été arrêté et se trouvait en prison préventive dans la prison Nord de la ville de Mexico où il attendait avec impatience son procès. C’est ce 11 décembre que nous avons appris qu’il a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme pour les délits d’attaques à la paix publique, délit qui l’empêche de sortir sous caution. Fernando a 19 ans, avant d’être arrêté il était étudiant au Collège de Sciences Humaines (CCH), siège Vallejo, établissement appartenant à l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM).

15 décembre 2014

Aux esprits libres et rebelles
Aux opprimés et marginaux
Au peuple en général

ferAujourd’hui, cela fait officiellement un an qu’a démarré ma réclusion. Le 10 décembre 2014, j’ai été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, accusé d’attaques à la paix publique et d’association délictueuse. Ces accusations sont fondées sur de simples suppositions et sans preuves réelles qui montrent ma culpabilité. Pour ce qui est du délit d’association délictueuse, le seul fait que signale l’accusation est le port d’objets avec des inscriptions de protestation et de revendication anarchiste, ce qui laisse voir clairement qu’il s’agit d’une criminalisation idéologique à tendance diffamatoire et discréditant les idées anarchistes et libertaires.

Historiquement, à toutes les époques, une série d’idées, de pensées, d’informations en général ont été occultées pour que les individus n’aient pas à y réfléchir. Cependant, il y a toujours des personnes, des individus qui refusent d’être aligné-e-s, non-conformes avec ce qu’il est permis de faire, d’être et de penser. Nous avons choisi de risquer nos vies dans la recherche d’une liberté authentique.

Et quand nous avons fait face aux mal-être social, produit de la hiérarchie, nous avons été appelés auteurs du désordre et ils nous ont envoyé peupler les prisons.

Or, dans la prison, la rébellion ne s’achève pas, car c’est dans la prison que le rebelle s’assume complètement et tout doute ou contradiction qu’il pourrait y avoir dans ses pensées se dissipe, il finit par être encouragé et par devenir plus fort idéologiquement. En rentrant dans la prison un cycle de lutte finit et un autre, nouveau, commence, mais cette fois ci plus radical, plus cohérent et plus complet.

À bas les murs des prisons et que la liberté continue son cours inexorable, jusqu’à ce que nous soyons tous libres !

Fernando Bárcenas

Traduit par les trois passants et Caracol Solidario

 source
Voir aussi la rubrique Prisonnier-e-s anarchistes et prisonnier-e-s de la Ville de Mexico

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Communiqué des personnes arrêtées le 20 novembre lors de la cinquième journée de solidarité avec les 43 étudiants disparus.

aerop5 décembre 2014

Aux dépossédés, Aux exploités, Aux opprimés

Face au lynchage médiatique et à la campagne de diffamation contre les mouvements émergents qui luttent pour un changement des fondements sur lesquels la société est érigée, nous vous exhortons à percevoir le but ultime de cette stratégie de l’État mise en oeuvre à travers les mass-médias assujettis aux intérêts de la classe dominante.

Il s’agit d’une tactique qui entraîne plus de préjudices que la simple diffamation des méthodes de lutte employées par les compagnons organisés, son objectif n’est pas simplement de déformer la lutte, elle cherche à justifier et à légitimer la répression inhérente à l’État, envers le mécontentement général des travailleurs, nos frères de classe.

De telles tactiques menées par l’État ont aussi pour objectif de renforcer le préjugé absurde selon lequel nous ne nous assumons pas comme sujets historiquement capables de changer notre réalité objective. Le résultat obtenu est la méfiance collective générée par la paranoïa et la peur suscitées par le discours ridicule – mais néanmoins dangereux – qui présente les encagoulés à l’opinion publique comme étant synonymes d’infiltrés, étrangers aux intérêts du prolétariat, dans le but de démobiliser et de limiter la portée des revendications qui surgissent du peuple qui fait monter le ton de la protestation sociale en l’éloignant chaque fois plus du cadre de la légalité bourgeoise, celle-ci étant violée par la sphère dominante elle-même, systématiquement, jour après jour.

En revanche, la majeure partie de la classe ouvrière, dans laquelle les étudiants se trouvent immergés, choisit de développer et de légitimer par la parole et les actes, le fait que les modes d’actions révolutionnaires sont légitimes et nécessaires compte tenu de la crise actuelle, en ne se limitant pas aux moyens constitutionnels comme la création de partis politiques [qui détournent des vrais objectifs et des tâches immédiates de notre classe]. Au contraire, on laisse de côté la parole faussée des opportunistes, des « révolutionnaires » hypocrites de bureau, qui sous couvert du pacifisme, de la légalité, de leurs analyses pourries où « les conditions ne sont jamais réunies », tentent de pénétrer le mouvement par le réformisme, pour renforcer l’État, redonner du souffle au modèle actuel et, essayer, de cette façon, de désarticuler le processus révolutionnaire.

La violence structurelle et systématique que l’État exerce en faisant partie de la bourgeoisie organisée, qui condamne les travailleurs à l’insatisfaction de leurs besoins matériels essentiels [condamnation exercée à partir de la propriété privée]; perpétue son existence même, ainsi que l’exploitation d’une classe sur l’autre ; en empêchant une transformation radicale des relations sociales de production.

Au fur et à mesure, les instruments de répression et de pression se perfectionnent contre l’ensemble du prolétariat. Ainsi l’appareil juridique s’abat sur nous pour nous soumettre au système carcérale, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, avec la récurrente « liberté conditionnelle » qui nous soumet au harcèlement et à l’espionnage au plus près avec les procédures juridiques ouvertes. Cela se traduit aussi par les stratégies de soit disant réhabilitation qui cherchent à nous forcer à accepter le profil du citoyen par excellence, soumis et peureux ; ou au contraire à casser nos idées par des mesures de tortures, d’isolements, etc..

C’est dans ce contexte que nous devons étendre la solidarité au sein de notre classe, une solidarité vivante, en cessant de reproduire les discours qui émanent de la bourgeoisie et au contraire en analysant les formes et les méthodes par lesquelles ils essaient de nous diviser à tout prix et de nous polariser plus que ce que nous sommes déjà. Nous pourrions alors nous poser les questions : le discours qui généralise et qualifie de voyous, d’infiltrés, les personnes qui optent pour d’autres méthodes de protestation : à qui bénéfice t-il ? Qui est-ce que cela dérange que des dizaines d’hommes et femmes élèvent le ton de la protestation et attaquent la propriété privée et les symboles de la marchandisation, les bâtiments qui défendent le capital, qui représentent le pouvoir et l’oppression ? Nous, les exploités, nous ne perdons rien quand tout ceci est attaqué lors d’une manifestation de rage légitime, ce sont eux qui perdent ; la police n’a pas besoin de provocateurs dans les manifestations, elle suit des ordres et si l’ordre est donné d’attaquer un cortège de gens pacifiques, elle le fera sans aucun remord, comme elle l’a toujours fait.

Nous devons nous organiser en dressant le drapeau de la vie sur la mort imposée par le système, nous devons nous tenir la main, exploités que nous sommes, en marchant libres, en marchant ensemble, en s’attaquant à toute mystification social-démocrate – qui émane nécessairement de l’État et du capital – n’importe lequel de leur discours est manigancé avec malhonnêteté, nous ne devons pas perdre de vue qui nous sommes et qui ils sont, il n’y a pas de position intermédiaire, il n’y en a jamais eu.

Fraternellement ex-prisonniers politiques aujourd’hui en procès
Que la révolte éclate, prisonnier-e-s dans la rue !

personnes arrêtées le 20 novembre

Traduit par Les Trois passants et Caracol Solidario

Note dT: Les 11 personnes qui ont été arrêtées le 20 novembre dernier lors de la manifestation unitaire pour la présentation en vie des 43 étudiants disparus, se rendaient à l’aéroport de la ville de Mexico pour manifester, elles ont été attaquées et matraquées par la police de la ville de Mexico qui les a ensuite arrêtées. Les 11 personnes sont actuellement sous contrôle judiciaire après avoir payé une caution pour le délit d’attaques à la paix publique. Huit d’entre elles sont suivies par le collectif d’avocats zapatistes ce qui permet de recevoir des nouvelles régulièrement. Hélas, la situation actuelle de répression et d’intimidation ne facilite pas le suivi des informations concernant tous les cas des personnes arrêtées. Il faut mentionner que le gouvernement de la ville de Mexico, avec à sa tête Miguel Angel Mancera, a engagé depuis son investiture une forte répression contre les manifestants. De ce fait, les arrestations sont sélectives, systématiques et massives pouvant comprendre de 70 à 100 personnes arrêtées d’un seul coup ; les cautions sont cumulables selon les délits attribués et très élevées.

Source :
Comunicado de lxs detenidxs el pasado 20 de noviembre en el aeropuerto- Regeneracion Radio
Voir aussi la rubrique Prisonnier-e-s anarchistes et prisonnier-e-s de la Ville de Mexico

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Les compagnonnes anarchistes Amélie et Fallon sont accusé-e-s d’avoir lancé le 5 janvier 2014 des pierres et des cocktails Molotov sur des installations du Secrétariat de Communications et Transports et sur une concession NISSAN. Le 31 octobre 2014, la sentence concernant le procès fédéral qu’affrontent Carlos López, Fallon Roullier, Amelie Trudeu, accusé-e-s d’atteinte à la propriété en la modalité d’un incendie, a été prononcée. Cette sentence est de 7 ans et 6 mois de prison ferme. En suite, le 6 novembre dernier, la sentence concernant les accusations d’attaques à la paix publique et dégât aggravé en bande qu’affrontent parallèlement Amelie, Fallon et Carlos, a été prononcée, cette sentence est de 2 ans, 7 mois et 15 jours de prison ferme, et une amende pour réparation de 108 mille pesos. La sentence de 7 ans et 6 mois est actuellement en cours d’appel.

Lettre d’Amélie et Fallon depuis le Centre de Réinsertion Sociale Féminin Santa Martha Acatitla, Mexico
AMELIEFALLON

Novembre 2014

Aujourd’hui, cela fait plus de 10 mois* que nous sommes ici, en taule. Ces dernières semaines, nous avons reçu les résultats des deux procès ; un concernant le délit fédéral et l’autre concernant le délit commun. Le 1er novembre [2014] le juge Manuel Muñoz Bastida du huitième tribunal de la prison sud a prononcé contre nous une sentence de 7 ans et 6 mois de prison pour l’accusation « d’incendie sur un bâtiment public avec des gens à l’intérieur » pour les dégâts qu’il y a eu au ministère des communications et des transports [STC] à Mexico.

Les « gens à l’intérieur » ce sont les porcs fédéraux en charge de la sécurité du lieu. Plus tard, le 7 novembre, nous avons reçu la deuxième sentence pour les accusations d’ordre commun pour «  dommages à propriété en bande organisée » et « attaques à la paix publique ». Ces accusations font référence à l’attaque qui a eu lieu contre le concessionnaire de voitures Nissan qui se trouve de l’autre côté de la STC et et du lieu où nous avons brûlé les voitures. La juge Margarita Bastida Negrete du tribunal en charge des délits communs, numéro 18 de la prison oriente, a prononcé contre nous une sentence à 2 ans et 7 mois de prison, en joignant les deux délits [fédéral et commun], donc les dommages à propriété se sont transformés en réparation des dommages, ce qui équivaut à 108 000 pesos [d’amende]. Selon les lois, toutes les sentences inférieures à 5 ans concernant les primo-délinquants donnent le droit à certains aménagements. Dans notre cas, si nous payons l’amende de 43 000 pesos, la liberté immédiate est prononcée. Nous pouvons aussi sortir sous caution en payant 10 000 pesos chacune et en nous signalant chaque mois au tribunal pendant les 2 ans et 7 mois que durent la sentence.

Or, les deux procès sont actuellement en appel, parce que le ministère public a fait appel concernant la sentence d’ordre commun et nous avons fait appel de la sentence d’ordre fédéral. Dans 5 mois, nous allons recevoir les résolutions. En réalité, la sentence fédérale est celle qui nous maintient ici, prisonnières. Pour pouvoir sortir, la sentence fédérale devra être inférieure à 5 ans. Nous verrons dans les mois à venir si nous avons la possibilité de sortir.

Nous avons été informées de la publication d’un article de Philippe Teisceira-Lessard, publié dans le journal québécois «  la Presse », l’un des journaux les plus lus au Québec. Nous sommes très énervées par la publication de cet article qui parle de notre cas, cite en partie les lettres publiques et ce que notre avocat a dit au journaliste. Nous n’avons jamais fait appel à aucun média massif pour diffuser notre cas, nous n’avons jamais autorisé notre avocat à communiquer nos informations à aucun journaliste. Si nous avons quelque chose à communiquer, nous préférons le faire nous-mêmes. Les médias de communication massifs sont nos ennemis -au même titre que la police- ce sont des outils très puissants pour le contrôle social actuel. C’est pourquoi nous disons à ce salaud de Philippe Lessard qu’il arrête de harceler nos familles et aussi que ce soit bien clair, nous n’avons pas besoin de ses articles pour parler de notre situation.

Alors, nous sommes toujours là, avec courage dans notre cœur et chiant sur la justice et l’Etat.

Nous n’attendons rien de la justice, même si nous avons très envie de sortir dans la rue.

Nous souhaitons du courage à notre complice Carlos Lopez Marin (arrêté dans la prison d’Oriente), au compa Luis Fernando (dans la prison sud), à Fernando et à Abraham (dans la prison Norte). Et nous envoyons également une salutation à Mario Gonzales, à présent libre, et une très forte accolade à Felicity, Tripa et la Bruja.

Feu à la civilisation et guerre à la société, pour la liberté et au-delà !
Amélie et Fallon

Traduit par les trois passants/ correction Val

Ndt: Finalement, après avoir été acquittés le 27 février 2015 de l’accusation fédérale pour le délit de dommages à la propriété sous forme d’incendies et après avoir payé une caution pour la sentence de 2 ans 7 mois pour les délits d’atteinte à la paix publique avec dommages, les compagnons Amelie Trudeau et Fallon Roullier, ainsi que Carlos Lopez « Chivo » ont été mis en « liberté sous caution » le 13 mars 2015.

* le 5 janvier 2015 cela a fait un an qu’Amélie, Fallon et Carlos Lopez ont été arrêtés, ils sont en attente de la résolution dans les deux cas (pour délits fédéral et commun). Le suivi juridique est assuré par les avocats zapatistes du CAZ, dernièrement les cas d’Abraham et Fernando Barcenas ont été également pris en charge par les avocats du CAZ.

Source

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Mexico : fin de la grève de la faim des prisonniers anarchistes

Communiqué sur la fin de la grève de la faim des prisonniers anarchistes

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Aux gens solidaires
Aux médias libres

17 octobre 2014

De manière collective et coordonnée, nous avons décidé, ce 17 octobre, de mettre fin à notre grève de la faim. Nous estimons que nous avons formulé notre revendication de négation et de mépris profond envers les prisons et le système pourri qui depuis ses racines les régit, et nous continuerons de le nier depuis la quotidienneté de nos vies, à l’intérieur ou à l’extérieur de la prison.

Le but de cette action a été de casser l’isolement et la dispersion, pour soutenir, pour créer un lieu de lutte et pour démontrer que même si nous sommes derrière les barreaux, ils n’ont pas pu refroidir nos esprits rebelles.

En tant qu’anarchistes, une part de la rupture que nous choisissons de réaliser consiste à nier le contrôle et la régulation qu’essaie d’exercer l’état et n’importe quelle forme d’autorité sur nos corps et nos vies. C’est nous, d’une manière individuelle et consciente, qui devons décider pour nous mêmes, et personne d’autre. Pour cela nous avons repris le contrôle de nos corps, la grève de la faim a été un clair exemple de cela.

Nous pouvons résumer notre action comme un petit apport à la guerre irréductible contre la domination du pouvoir établi, pour la dignité de ceux et celles qui peuvent regarder en face l’ennemi sans baisser les yeux. Un acte de révolte et de désobéissance et non un acte de victimisation ; un acte qui unit nos coeurs et qui nous fait sentir partie prenante d’une lutte conséquente qui ne s’arrêtera pas.

Nous n’écartons pas la possibilité de recommencer à employer la grève de la faim ou n’importe quel autre outil que nous considérons nécessaire pour mener à bien nos luttes.

Nous remercions profondément toutes les personnes qui ont été attentives pendant notre protestation, pour leur accompagnement et leur solidarité, en leur rappelant que les prisons n’arrêteront pas notre révolte.

Parce qu’il ne suffit pas de parler d’anarchie, nous devons être l’expression de cette dite anarchie.

Jusqu’à ce que tous nous soyons libres!!

Mario González García
Carlos López “Chivo”
Fernando Bárcenas
Abraham Cortés

Source

Traduit par les trois passants/correction Myriam

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Mexique : Des prisonniers anarchistes se déclarent en grève de la faim. Solidarité !

Communiqué de Jorge Mario González García, Carlos López “El Chivo”, Fernando Bárcenas Castillo et Abraham Cortes Ávila

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Aux médias libres
Au peuples du monde
Aux opprimé-e-s

1er octobre 2014

Motivés par un sentiment de rébellion et par un clair et véritable rejet de tous les mécanismes de contrôle et, parmi eux, de celui du système carcéral, nous, anarchistes et libertaires, prisonniers séquestrés par l’État mexicain, nous avons décidé d’utiliser l’un des outils de lutte dont nous disposons depuis l’enfermement : la grève de la faim. Et cela à partir d’aujourd’hui, 1er octobre, un an après les arrestations du 2 octobre 2013, dix mois après la séquestration de Fernando Barcenas et neuf mois après celle d’Amélie, Carlos et Fallon.

Pour nous, la grève n’est pas synonyme de faiblesse. Nous cherchons encore moins à endosser une posture de victime. Au contraire, nous assumons la grève comme une alternative de lutte que nous jugeons adéquate pour protester et proclamer dans les faits notre insoumission face à l’enfermement de nos corps, à l’humiliation, à l’isolement et à la frustration que signifie le fait d’être incarcéré dans ces centres de terreur. Nous avons choisi de passer à l’action au lieu d’accepter la prison comme une situation « normale ».

L’État cherche à former des citoyens dociles et serviles pour maintenir son « ordre social » établi et pouvoir ainsi soutenir la structure de production capitaliste qui ne bénéficie qu’à la classe dominante. Les prisons jouent un rôle primordial dans la configuration de ces bons citoyens et c’est la société bourgeoise qui cherche la réadaptation de la ou des prisonnier-e-s.

Nous rejetons la supposée fonction de réinsertion que la prison peut exercer dans nos vies. Nous la considérons non seulement comme inutile, mais aussi comme largement nocive. C’est pour cela que nous avons décidé de continuer à lutter pour la détruire, en commençant par de petites actions de négation et de non-reconnaissance de son influence dans nos vies.

Nous déclarons cette grève de la faim pour un temps indéfini, sans demander ou clamer quoi que ce soit. Nous ne cherchons pas l’amélioration des conditions en prison. Il s’agit simplement de ne pas accepter ni reconnaître sa fonction dans nos vies, en agissant de façon coordonnée et solidaire.

Par cette action nous accompagnons la manifestation de protestation du 2 octobre, 46 ans après le génocide de Tlatelolco, sans oubli ni pardon et menant la guerre jusqu’à la fin de l’oppression.

Nous ne cesserons jamais d’aspirer à la liberté !
Nous n’abandonnerons pas la lutte pour elle !

Jorge Mario González García (Torre Médica del Reclusorio de Tepepan)
Carlos López “El Chivo” (Reclusorio Oriente)
Fernando Bárcenas Castillo (Reclusorio Norte)
Abraham Cortes Ávila (Reclusorio Norte)

Traduit par les trois passants/correction Valérie

Source 1
Source 2

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Les compagnonnes anarchistes Amélie et Fallon sont accusé-e-s d’avoir lancé le 5 janvier 2014 des pierres et des cocktails Molotov sur des installations du Secrétariat de Communications et Transports et sur une concession NISSAN. Le 31 octobre 2014, la sentence concernant le procès fédéral qu’affrontent Carlos López, Fallon Roullier, Amelie Trudeu, accusé-e-s d’atteinte à la propriété en la modalité d’un incendie, a été prononcée. Cette sentence est de 7 ans et 6 mois de prison ferme. En suite, le 6 novembre dernier, la sentence concernant les accusations d’attaques à la paix publique et dégât aggravé en bande qu’affrontent parallèlement Amelie, Fallon et Carlos, a été prononcée, cette sentence est de 2 ans, 7 mois et 15 jours de prison ferme, et une amende pour réparation de 108 mille pesos. La sentence de 7 ans et 6 mois est actuellement en cours d’appel.

Lette de Carlos Lopez

1° Juillet 2014

Je commence cette lettre en adressant un franc salut aux compagnon-ne-s qui sont hors ces murs, en espérant que leurs cœurs continuent à battre au même rythme que la rébellion et que cette rébellion transparaisse au quotidien dans leurs actions.

La secarloslopezmaine dernière j’ai reçu avec un grand plaisir une attention délicate mais quand même de taille que les compagnon-ne-s m’ont fait parvenir en m’en ayant averti auparavant. Au milieu de la vie quotidienne monotone et pénible de l’enfermement on attend que “quelque chose” arrive qui brise la routine, et, c’est pour cela qu’à peu près à l’heure dite j’ai fixé le ciel et qu’un salut m’est arrivé sous forme de feu d’artifice. Dans chaque fusée qui explosait je pouvais ressentir leurs salutations amicales. Ce fut impossible de les voir physiquement, mais j’ai pu les sentir si proches de moi que j’ai pu me sentir en pleine complicité avec leur acte de solidarité, et que j’ai même pu imaginer leurs visages souriants et espiègles qui se moquaient des risques possibles. Car en fait, il m’apparait clairement que lorsqu’un(e) compagnon-ne est séquestré(e) par l’État, la lutte se propage depuis chaque côté, -intérieur et extérieur-, des murs. Et chaque côté, selon ses moyens, se débrouille pour faire des attaques qui peuvent rendre cette lutte plus fonctionnelle (là, je précise que pour moi, parler d’attaque ne signifie pas seulement détruire quelque chose de matériel, mais c’est aussi la désobéissance iconoclaste à ce qui est imposé à l’intérieur d’un système).

Ainsi il est clair que lorsqu’il y a une arrestation ce n’est pas la personne prisonnière la seule à en être affectée, car selon la dureté du coup reçu, l’effet peut s’étendre à d’autres compagnon-ne-s qui peuvent vivre la même situation, voire plus dure que celle de la personne prisonnière elle-même.

Donc, pendant que je voyais et écoutais les fusées exploser, je pensais que j’aurais aimé partager la joie que je ressentais avec d’autres compagnon-ne-s, en particulier Bruja, Tripa, le Skin, Benja et Justine –qui sont les seuls dont j’ai entendu parler- et qui, d’une façon ou d’une autre passent un mauvais moment pour avoir été associés avec le cas 5E, affaire dans laquelle Amélie, Fallon et moi sommes accusés.

Profitant de cette lettre je les embrasse tous les cinq, et tous ceux et celles qui au cours de l’enquête ont dû supporter perquisitions et harcèlements. Pour vous toute ma solidarité, et je redis qu’ici on ne vous oublie pas et on pense toujours à vous ! Vous n’êtes pas seul(e)s, nous ne sommes pas seul(e)s !

En ce qui concerne l’organisation j’ai peu de choses à dire …

En tant que révolutionnaires c’est une nécessité pour nous de nous trouver toujours dans le conflit là où la domination cherche à imposer et maintenir son infâme présence. Et pas seulement en prison, mais aussi dans tous les endroits où existent des rapports de pouvoir et d’autoritarisme. Pour cela, pas besoin d’être une masse qui brûle d’une envie de changement. Je crois qu’avec des petits groupes bien organisés on peut voir des résultats satisfaisants, mais … Que se passe-t-il lorsqu’au lieu de se battre pour réussir à être vraiment gênants pour l’ennemi, on se lance, entre révolutionnaires,  dans des querelles personnelles, des polémiques pas constructives et même des trahisons ? Et bien, le résultat est évident, division, pas seulement entre les groupes, mais aussi entre des compagnon-ne-s qui étaient en affinité, rupture de projets, manque de solidarité des uns pour les autres. Et voilà que le petit juge que certain(e)s portent en eux ressort, et on commence à chercher des coupables au sein du mouvement, donc confusion, etc., etc. Et plus évident encore, on fait comme ça le boulot de l’État en affaiblissant un mouvement qui, sûrement, était en pleine croissance.

Car, bien sûr, personne ne cherche à être un ange et à ne pas créer de problèmes entre compagnon-ne-s, car il y en aura toujours, mais oui, je considère qu’il faut s’en occuper quand c’est le moment, et s’il le faut, couper totalement la relation avec la personne un point c’est tout. Mais pas le faire quand on a la corde au cou et qu’on peut réduire à néant les efforts des autres.

Il n’y a pas, comme je l’ai dit avant, de recette magique pour résoudre des problèmes, cependant je pense que la première phase de l’attaque c’est la conscience immédiate.

Parfois une question me taraude, elle est peut-être bête, mais me semble logique : pourquoi, lorsqu’on se dit très contestataires, qu’on ne se tait pas face aux injustices, pourquoi, alors, le fait-on entre compagnon-ne-s ? Que cela reste dans la conscience de chacun, mais, face à des situations de cette ampleur il y a beaucoup de choses à faire, la restructuration est toujours possible et les projets vont de nouveau de l’avant.

C’est pour cela qu’en tant qu’organisation concrètement anarchiste, je continue à miser sur quelque chose d’informel. Et c’est à travers les tensions, les débats et les approfondissements (de type personnel et de problématiques sociales) que nous identifions nos affinités, c’est-à-dire les personnes avec lesquelles nous obtiendrons la connaissance mutuelle et probablement avec qui nous réaliserons certains projets. Ça me paraît très compliqué de concrétiser quelque chose avec quelqu’un qui n’a pas d’affinité avec nous. Une amie m’a demandé une fois : et alors, comment on mesure l’affinité ? Je lui ai répondu que plus on approfondit ensemble, plus on se connaît mutuellement, plus la confiance grandit, plus on réalise d’actions communes, et ainsi plus il y a d’affinité.

J’en profite aussi pour envoyer un salut fraternel au groupe de Mexicali, pour le soutien reçu et en avant, les mecs et les nanas !
C’est tout pour le moment, en espérant être en contact avec plusieurs d’entre vous (je voudrais bien que ce soit avec vous tous mais ça n’est pas possible) et j’envoie des bises et des saluts à tous et à toutes.

Guerra Social por Siempre!!!
Vivamos la Anarquía!!!
Carlos López “Chivo”

Traduit par Michèle
Source
Voir aussi la rubrique Prisonnier-e-s anarchistes et prisonnier-e-s de la Ville de Mexico

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Fernando a été arrêté le 13 décembre 2013 et accusé d’avoir mis le feu à un arbre de Noël appartenant à la multinationale Coca-Cola, dans la ville de Mexico. Avec rage, nous venons d’apprendre que ce compagnon a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison ferme.

Suite à la première mobilisation contre la hausse de 67% du tarif du métro, Fernando a été arrêté et accusé d’attaques à la paix publique et association délictueuse, la possibilité de payer une caution et de suivre son procès dehors lui a été refusé. Il se trouvait dans la prison Nord de la ville, et jusque là, il était dans la zone pénitentiaire réservée à tous les prisonniers attendant un procès. Maintenant le compagnon Fernando devra s’adapter à la zone de « population carcérale », qui est encore plus difficile. Fernando a 19 ans, avant d’être arrêté il était étudiant au Collège de Sciences Humaines (CCH), siège Vallejo, établissement appartenant à l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) et travaillait dans une usine de meubles pour aider sa famille.

ferÉcrits du compagnon anarchiste Fernando Barcenas Castillo depuis la prison préventive masculine – Nord de la ville de Mexico au mois de juin 2014

Aux individus libres et conscients, à tous ceux qui malgré toutes les adversités continuent à résister depuis les tranchées de bataille, depuis les tranchées clandestines, depuis les prisons préventives et fédérales.

Nous sommes nés de la haine, nous avons grandi dans la solitude et l’exil. Dans la précarité d’une piaule oubliée et sale, nous avons appris à haïr tous ceux qui nous gouvernent, les fausses démocraties, l’autorité en général.

Qui sommes-nous réellement ?

Pour quoi ils ne peuvent pas nous acheter avec l’argent ?

Pourquoi nous nous donnons à fond et mourons sur le champ de bataille ?

Nous sommes la jeunesse qu’ils enferment dans des écoles, en essayant de nous tromper avec les faux nationalismes, les préjugés et le patriotisme qui sont les composants de leur mensonge, leur soumission et leur obédience.

Nous sommes les jeunes humiliés et harcelés par les CRS, les renseignements généraux et tout type de forces répressives « qui construisent leur démocratie »

Nous sommes la cible quotidienne de leur abus de pouvoir.

Nous sommes les blessées lors des manifestations ; on nous a cogné la tête contre le béton, nous avons été humiliés, et notre dignité a été piétinée sous leurs bottes, ils nous ont cassé les jambes à coup de matraques et nous ont rempli les poumons de gaz lacrymogène.

À présent, nous savons que nous mourrons en avance, virilement assassinés, virilement soumis , massacrés sans pitié pour le simple fait de ne pas être d’accord avec des lois qui nous volent la vie, la liberté et la dignité.

Nous sommes les détenus, nous sommes ces prisonniers de guerre que l’état a capturé, et qui traînent depuis un bout de temps par les cours et les tribunaux.

Nous cassons leurs banques, nous affrontons la police, nous détruisons leur paix publique qui se construit jour et nuit par le lavage de cerveau des citoyens afin qu’ils obéissent et se taisent.

Aujourd’hui nous cheminons avec la chaleur de notre dignité et de notre rage, pendant toutes les nuits froides qu’ils nous ont fait passer en prison.

Nous continuons de taguer les murs de la prison avec des slogans qui dès aujourd’hui et plus tard seront le souvenir vivant de ces jeunes rebelles qui paralysent la ville, de ces jeunes conscients qui vengent leurs camarades tombés sur les barricades…

Ce ne sont pas les mots écrits ici qui sont crus, mais leur réalité…

Frappez-nous alors, arrêtez-nous, tirez sur nous des balles en caoutchouc ou de vraies balles, mobilisez les appareils étatiques et tous les journalistes vendus ; ceux qui sont des fidèles charlatans et qui répètent comme des perroquets tout ce qu’on leur a ordonné. Cachez les images de la violence policière, occultez avec des mensonges et des matchs de football les scandales économiques et politiques qui approuvent vos réformes structurelles – néolibérales.

Tuez-nous, comme vous assassinez et exterminez les peuples. Et voilà, nous n’avons rien à perdre, nous n’avons rien à attendre et nous sommes conscients de notre réalité ; nous ne nous laissons pas tromper en pensant qu’ils auront pitié de notre vie.

Nous mourrons jeunes, mais toujours debout, toujours rebelles, toujours indépendants et conscients de mener une lutte sans fin.

Depuis le Reclusorio Preventivo Varonil Norte
Ni les balles, ni les prisons ne pourront nous arrêter !
Fernando Barcenas Castillo

Traduit par Les trois passants/ Correction Myriam

Source
Regeneracion Radio
Voir aussi la rubrique Prisonnier-e-s anarchistes et prisonnier-e-s de la Ville de Mexico

Mexico: Communiqué de Jorge Mario González García, première et deuxième partie.

MARIOLB

Jorge Mario González García, Ville de Mexico, mai 2014.

Aujourd’hui, je veux envoyer une salutation aux gens pauvres, rebelles, conscients, solidaires, dépossédés, dissidents, exclus, qui cheminent à contre-courant, inadaptés à cette société malade, aux gens exploités, nobles, humbles, sensibles, misérables, malheureux, prisonniers, différents de l’exploiteur, trompés, désespérés, attrapés, tristes, maltraités, frappés, humiliés, discriminés, piétinés et à ceux qui lisent ces simples lignes de quelqu’un qui pense que toute cette injustice ne peut pas continuer.

Une excuse pour mon silence, je sais qu’il est très important de maintenir la communication, bien que je n’ai pas écrit depuis longtemps, c’est grâce à l’aide de ma compagne que mes lettres peuvent se répandre ailleurs, j’essaierai d’écrire plus souvent, j’ai beaucoup de choses à dire, bien que parfois il m’est difficile de le faire.

Un mois est passé à peu près depuis que j’ai reçu le résultat de l’appel déposé, qui a confirmé la sentence du juge. A partir de cet instant, j’ai commencé à comprendre que ma réclusion allait durer un bon moment, peut-être jusqu’au recours qui vient d’être déposé, à une autre instance, ou même jusqu’à 50 ou 60 % de ma condamnation à 5 ans 9 mois de prison ; le fait d’y penser a été difficile pour moi, puisque la réclusion est une méthode de répression qui implique beaucoup de choses négatives à tous points de vue. Je pense aux autres prisonniers et prisonnières politiques qui sont en train de vivre des moments difficiles, comme Álvaro Sebastián et bien d’autres ex-prisonniers qui ont montré une grande force : Alberto Patishtan, condamné à 60 ans et emprisonné pendant 13 ans, ou encore, les prisonniers et prisonnières d’Atenco qui ont été condamnés à de lourdes peines de prison après avoir vécu une forte répression pour défendre leurs terres, tous ont été libérés grâce à la solidarité, je les salue tous et toutes. Ces histoires témoignent de la lutte impressionnante menée pour changer l’ordre des choses.

Ces dernières semaines j’ai reçu des bonnes nouvelles puisque plusieurs compagnons qui étaient prisonniers dans la prison nord et qui avaient été arrêtés suite à la répression du 2 octobre 2013, ont été libérés.

J’ai aussi été mis au courant qu’apparemment, les personnes arrêtées le 1er décembre 2012 seront indemnisées du fait que l’État les a torturées et arrêtées arbitrairement, comme il a l’habitude de le faire et continuera de le faire, puisque la répression est son unique fonction professionnelle ; cyniquement l’État pense qu’avec l’indemnisation tout finira par être oublié, alors que la mort du compagnon Kuy n’est même pas mentionnée. Les seuls qui veulent oublier ce sont eux, les gens du pouvoir. Et que dire d’Almeida ? Qu’après la répression qui s’est abattue contre la marche silencieuse de mardi dernier en protestation contre les lois de télécommunications, on prétend que la police de la ville de Mexico est démocratique -comme si cela pouvait être crédible- et que cette ville protège la liberté d’expression, alors que nous savons que tout cela est dit seulement pour satisfaire les oreilles du pouvoir et pour tromper les ingénus.

À quelques jours du XVe anniversaire du début de la grève de l’UNAM de 1999, je veux exprimer mon admiration à cette génération qui a marqué l’histoire par sa grande conviction solidaire, rebelle, et combattante, qui a influencé les générations suivantes.

J’ai reçu la revue « Rebeldia Zapatista » dont une bonne partie est consacrée aux lettres anarchistes avec diverses réflexions, parmi ces lettres il y a celle d’un collectif de compagnons solidaires du Costa Rica qui m’a mentionné, je remercie cette revue d’avoir inclus cette lettre, ainsi qu’une photo où l’on voit une banderole portée par deux compagnons sur laquelle est écrit qu’ils réclament ma liberté depuis Guadalajara. Aux compagnonnes et compagnons de l’EZLN, je vous envoie une forte salutation et ma solidarité dans les moments difficiles et répressifs que vous êtes en train de traverser.

Je remercie pour leur inestimable solidarité, les compagnons et de compagnonnes prisonnier-e-s et ex-prisonnier-e-s politiques, les individus et organisations en tout genre et du monde entier, cela me fait plaisir de voir toute cette solidarité envers moi : communiqués, banderoles, slogans criés, manifestations, blocages et tagues dans la rue, rassemblements, assemblées, évènements, flyers, affiches, émissions de radio, notes dans les espaces de médias alternatifs, les vidéos qui parlent de ma situation, les livres, les fanzines que m’ont été envoyées, les lettres reçues, le soutien économique et juridique… tout cela m’encourage à ne jamais abandonner pour me relever après être tombé, je remercie beaucoup tous ceux et toutes celles qui ont soutenu la lutte pour la liberté de prisonnier-e-s.

Beaucoup de gens disent que personne ne peut rien faire contre le gouvernement ni en venir à bout, que mes objectifs sont utopies et qu’il faut seulement me préoccuper de moi-même, que si je continue en agissant ainsi, je vais rester enfermé ou je vais finir par disparaître ou par mourir. C’est probablement vrai, mais partout où je regarde, je vois la cruelle réalité dans laquelle nous nous trouvons coincés. Les motifs de nous révolter ne manquent pas et les motifs pour être heureux ne manquent pas non plus, je pense que vivre en se révoltant est la seule façon d’être heureux, c’est pourquoi parfois je suis à l’aise malgré les conséquences. C’est le chemin que je veux prendre, parce que pour moi, une petite dose de solidarité, de folie, de joie et de liberté, donne plus de satisfaction qu’une vie pleine de regrets, de tristesse, de lassitude, de résignation et d’oppression.

Est-ce qu’il est possible de « ne pas chercher des ennuis », de vivre « tranquille », sans risques et confortablement ? Peut-on être « impartiale » dans un monde comme celui-ci où il y a celui qui galère et celui plein de billets, celui qui arnaque et celui qui est arnaqué ? Est-il normale et plus convenant d’être une partie du problème et non pas une solution ? Est-ce que c’est mieux de se résigner parce que nous pensons que nous ne pouvons rien changer plutôt que de se battre et en finir avec tout ce qui nous opprime ? Nous vivons tranquillement tandis que les ressources naturelles sont sur-exploitées en condamnant les générations futures à (sur)vivre sur une planète privée des belles ressources naturelles que nous voyons encore ? Est-il préférable de supporter tant d’injustice, d’exploitation, de misère et d’hypocrisie qui nous entourent ?

Est-ce qu’il vaut mieux fuir toute cette réalité ou l’ignorer, alors qu’elle est tout le temps sous notre nez ? Quelle est la meilleure méthode pour combattre tout cela ? Si l’on choisit de faire face à l’exploiteur, chacun, selon les différentes situations et raisons, choisit sa méthode ; pour certains il est plus important de diffuser l’information, pour d’autres c’est l’action (qui peut être considérée aussi comme une forme de diffusion), et autres moyens. L’important est de choisir de quel côté on est, ou si on reste juste spectateur / position dans laquelle normalement tu ne risques pas grande chose sauf que tu peux subir les conséquences de la guerre, même si tu n’as pas décidé d’y participer.

Ce serait bien si tout cela n’existait pas, mais bien que nous soyons nombreux à le vouloir, malheureusement cela ne se passe pas ainsi : si tu ne fais pas partie de la solution, tu fais partie du problème. Je pense que faire partie de la solution c’est chercher et se battre pour l’émancipation : la solidarité de l’humanité pour et par l’humanité. Je suis sûr que c’est ça la solution : essayer de lutter pour tout cela, tout le temps, à travers l’action, la parole, l’écriture, la réflexion, la pensée, l’écoute, l’entraide, la lecture, le partage, l’observation, les cris, la lutte, la chanson, les pleurs, le rire, la danse et l’amour.

Pour tous et toutes, anarchie, santé et révolution sociale !
Solidarité avec Carlos, Amélie, Fallon et tous les prisonnier-e-s politiques dans le monde !

Communiqué de Mario González , mois de mai 2014.

Traduit par les trois passants et Caracol Solidario

Source

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Alvaro Sebastian : RESISTER C’EST VAINCRE !

 

Aux compagnons et compagnonnes de la Sexta Internationale d’Europa Zapatista.*

Alvaro Sebastian Ramirez, Prisonnier Politique et de Conscience de la Région de Loxicha, État d’Oaxaca, Mexique, emprisonné dans le pénitencier fédéral de Haute Sécurité N°13, CPS-Oaxaca. Lire la suite

Mario González: Les liens de solidarité nous permettront de vaincre la peur pour défier cet ordre imposé.

marLettre de Mario González, lue le 20 mars 2014 dans le cadre du Kafé Disjonc’thé au Transfo,
en solidarité avec les prisonnièr-e-s anarchistes incarcéré-e-s à Mexico.

Bonjour compagnons et compagnonnes,

Je souhaite vous envoyer une forte accolade et vous remercier pour votre solidarité avec moi et les prisonniers et prisonnières anarchistes d’ici.

Avant de vous donner des informations sur mon cas, je voulais vous dire que, pour moi, ces liens qui sont en train de se construire sont très précieux. En effet, pour en finir avec le système « globalitaire », il est nécessaire de l’affronter depuis chaque coin de la planète, et cela toujours dans l’esprit libertaire.

Ces liens de solidarité nous permettront de vaincre la peur pour défier cet ordre imposé.

Au Mexique, une vague de répression s’est déchaînée contre toutes les luttes sociales en les qualifiant de violentes et de criminelles, et en les accusant d’attenter « aux intérêts de la société ». À chaque fois, les puissants créent de plus en plus de mécanismes pour criminaliser et contenir les protestations, et ils justifient auprès de la société la nécessité de les réprimer en prétendant protéger la sécurité de cette même société. Lire la suite

Mexico: Lettre de Mario González

mar
Après quatre mois d’enfermement et dans l’attente de la prochaine audience en appel, l’espoir de sortir ne m’a pas abandonné. Depuis le lit de l’hôpital, j’imagine la pseudo-liberté en dehors de la prison, ce qui arrivera tôt au tard, inévitablement ; c’est le sort qui attend la majorité des prisonnier-e-s de tout type, sans pour autant soigner la douleur d’être ici.

Cinq ans et neuf mois d’enfermement, c’est ce que l’État veut que je lui paie. C’est un clair exemple de sa violence légitimée juridiquement, qui s’abat principalement sur les dissidents-e-s et les exclu-e-s.

Mais comme l’écrit un ami, malgré cela, « nous savons qui nous sommes, nous savons ce que nous faisons, et nous devons avoir confiance en cela » ; nous sommes des rêveurs déterminés, incorrigibles et incorruptibles.

Mario González (09/02/14)

Traduit par les trois passants
Correction Val
Source

Communiqué de Mario González à propos de sa condamnation

Audiencia-Jorge-Mario-González-García-26-de-noviembre-2013-2
Vendredi 10 janvier j’ai été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, sans droit à caution. Je dois purger cette peine à la prison de Santa Martha Acatitla. Sur le plan juridique, nous ferons appel. Celui-ci aura pour objectif d’annuler la condamnation ou de la réduire afin de pouvoir sortir sous caution.

La position d’extrême droite de la juge est claire. Avec ses lois elle nous condamne à l’enfermement grâce à des éléments risibles, sous notre nez, elle se moque de nous avec ces procédures ridicules. Lire la suite

Braulio Durán est sorti de prison!

Le 24 septembre 2010, l’anarchiste -vegan Braulio Arturo Durán González a été arrêté à León par la Police de l’Etat de Guanajuato au Nord du Mexique, après avoir été suivi de près par la police qui le soupçonnait d’actions de sabotage.

La nuit du 9 octobre 2013, notre frère et compagnon Braulio Durán est sorti de prison, après avoir passé trois ans et quinze jours enfermé au CERESO de la ville de León, condamné pour le délit de dégradation par incendie. À la porte de la prison l’attendaient sa famille et certain-es compagnon-nes solidaires qui l’ont reçu avec des embrassades et des sourires.

brau

Paroles de Braulio Lire la suite

Chiapas: les prisonnier-e-s ont tracé pendant de nombreuses années une radiographie du système carcéral

carcelDepuis leur front de lutte derrière les barreaux de la prison numéro 5 de San Cristóbal de las Casas au Chiapas, huit compagnons et une compagne de la Sexta- adhérents à la Sixième déclaration de la forêt Lacandone de l’EZLN- incarcérés, nous communiquent leur nouvelle action de lutte: depuis le mercredi 30 janvier ils ont commencé un jeûne et une prière de 12 heures quotidiennes durant 7 jours afin d’exiger leur libération immédiate.

Alberto, Rosario, Pedro, Juan Collazo, Alejandro, Juan Diaz, Rosa, Juan Lopez et Benjamin ont passé entre 6 et 13 ans en prison sans aucune justification, la seule raison évidente c’est qu’ils sont pauvres, ou bien indigènes ou militants sociaux dans leurs villages. La machine infernale de la justice étatique, non seulement les a arrêté sans preuves ni évidences, mais les a torturé, transféré, frappé, menacé en leur rendant la vie impossible dans les différentes prisons où ils ont été enfermés. Lire la suite

Chiapas: Les prisonnier-e-s dénoncent le manque d’attention médicale

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Les prisonniers de la Voix de l’Amate et les Solidaires de la Voix de l’Amate dénoncent le manque d’attention médicale portée au compagnon Manuel Gómez Gutiérrez

À L’opinion publique
Aux Médias de communication de l’Etat, Nationaux et internationaux
Aux médias alternatifs
À la Sexta
Aux Organisations Indépendantes
Aux défenseurs de droits humains et aux ONG

Nous, les prisonniers politiques de l’organisation de la Voix de l’Amate et Solidaires de la Voix de l’Amate adhérents à la Sexta -Sixième déclaration de la forêt lacandone de l’EZLN, enfermés dans la prison numéro 5 de San Cristóbal de Las Casas au Chiapas, déclarons :

Les autorités pénitentiaires manquent à leurs obligations envers nous tous qui sommes privés de nos libertés, en négligeant systématiquement d’apporter des soins médicaux à ceux qui en ont besoin, en prison.

À cause de cette négligence, les maladies qui pourraient normalement être soignées et curables deviennent, par le manque d’attention adéquate, des maladies incurables.

Telle est la situation du compagnon professeur intérimaire Manuel Gómez Gutiérrez à qui, depuis plus de trois mois, on a détecté deux tumeurs au niveau de son dos, du coté gauche. Depuis que cette  maladie a été découverte, il a subi des traitements inadéquats qui ne lui ont servi strictement à rien ; loin de soulager sa maladie, ils ont au contraire aggravé la situation en lui paralysant la main gauche, devenue immobile. Le compagnon ne peut plus parler, ne peut pas se lever et il a perdu la flexibilité de tout son corps.

C’est pour cette raison que nous rendons publique cette dénonciation. En même temps, nous exigeons du gouvernement de l’Etat du Chiapas de Manuel Velasco Coello qu’il trouve une solution immédiate à ce sujet et qu’il intervienne afin que le compagnon puisse bénéficier d’une opération le plus tôt possible, d’autant plus que ce malade a droit à la sécurité sociale en tant qu’inscrit à l’institut de la Sécurité sociale des travailleurs de l’État (ISSSTE), institution qui tient notre compagnon dans l’oubli.

Fraternellement
Les Prisonnier-e-s politiques de la Voix de l’Amate et les Solidaires de la Voix de L’Amate, prison numéro 5, San Cristóbal de Las Casas au Chiapas, 8 février 2013.

Traduit par les trois passants

Source

Communiqué des prisonnier-e-s du Chiapas suite à l’opération policière dans la prison n°5

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À L’opinion publique
Aux Médias de communication de l’Etat, Nationaux et internationaux
Aux médias alternatifs
Aux Adhérents à l’Autre Campagne de l’EZLN
A la Sexta Internationale
Aux Organisations Indépendantes
Aux défenseurs de droits humains et aux ONG

Nous, prisonniers politiques :

Base d’Appui de l’EZLN, organisation de la Voix de l’Amate, adhérents à l’Autre Campagne de l’EZLN, enfermés dans la prison numéro 5 de San Cristóbal de las Casas au Chiapas, déclarons :

Dans les centres pénitentiaires de notre État du Chiapas, il existe des opérations menées par les autorités qui, selon celles-ci, ont pour but le bien-être de la population interne. Concrètement dans la prison nº5, le 16 janvier dernier à environ 7h40 du matin est arrivé un groupe de policiers appelés des « loups », commandés par le commandant Reinol, et qui se sont mis au travail : d’abord ils nous ont enfermés dans la cour de sport, tandis qu’ils se dirigeaient vers les cellules  pour les fouiller et soi-disant vérifier s’il n’y avait pas quelque chose qui pourrait affecter la prison ou la population interne. Nous sommes conscients qu’ils doivent faire leur travail, nous sommes toutefois contre le fait qu’ils ne  respectent pas nos droits et garanties individuelles, le plus triste c’est qu’ils viennent seulement voler nos affaires. Lire la suite

CHIAPAS: Patishtán dénonce des vols durant l’opération policière dans la prison n°5

violenciacarcelariaAlberto Patishtán Gómez, au nom des prisonniers de l’Autre Campagne incarcérés dans la prison de San Cristobal, a dénoncé le fait que des membres du Groupe « Lobo » (groupe qui réalise des opérations de sécurité dans les prisons de l’État du Chiapas) ont soustrait aux détenus des effets personnels et de l’argent liquide leur appartenant, durant la grande opération exceptionnelle de fouille qui a eu lieu durant la matinée.

« Une chose est qu’ils fassent leur travail, une autre est qu’ils volent », a dit ce défenseur des droits humains des prisonniers. « Il semblerait que cela soit arrivé à beaucoup de compañeros, mais ils préférent ne pas donner leur nom par peur des représailles ». Patishtán s’est lui-même fait voler un ensemble de stylos dans leur étui, d’une valeur de 500 pesos.

Les détenus de la Voz del Amate et les Solidaires de la Voz del Amate exigent que leur soient rendus leur argent et leurs objets, ainsi que ceux de toute la population pénitentiaire. Ils exigent aussi « le respect des droits humains durant ces opérations ». Lire la suite

Communiqué des prisonnier-e-s du Chiapas pour le 19 ème anniversaire de l’EZLN

 

ANNIVERSAIRE2À L’opinion publique
Aux Médias de communication de l’Etat, Nationaux et internationaux
Aux médias alternatifs
Aux Adhérents à l’Autre Campagne de l’EZLN
A la sexta Internationale
Aux Organisations Indépendantes
Aux défenseurs de droits humains et aux ONG

Nous, les prisonniers politiques de la Voix de l’Amate adhérents à l’Autre Campagne de l’EZLN, enfermés dans la prison numéro 5 de San Cristóbal de las Casas Chiapas, déclarons :

En raison de l’exploitation par quelques capitalistes néolibéraux des ouvriers et des paysans qui travaillent du lever au coucher du soleil,  pour seulement subvenir aux besoins de leurs familles, nos soeurs et frères zapatistes de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale se sont soulevés en 1994 et sont sortis de leurs maisons avec leurs machettes, leurs bâtons et leurs armes sans faire cas de leurs vies. Ils sont sortis parce qu’ils ne supportaient plus l’exploitation, la discrimination, le pillage de la terre, l’inégalité, les mauvais traitements, les emprisonnements, la pauvreté, la misère. Lire la suite

VII Anniversaire de l’organisation de prisonniers de la Voix de l’Amate

ANIV7AMATELe compagnon Alberto Pathistan Gómez a créé l’organisation de prisonniers « la Voix de l’Amate » Il s’agit d’une organisation de prisonniers appartenant à l’Autre Campagne, née en 2005 pour dénoncer le fonctionnement arbitraire du système judiciaire mexicain, la torture physique et psychologique que les matons font subir à ces prisonniers, ainsi que la corruption qui sévit dans les prisons de l’État du Chiapas.

Actuellement, Alberto Pathistan Gómez et Rosario Díaz Méndez sont les seuls membres qui restent de cette organisation. Ensemble ils ont encouragé  les autres prisonniers à s’organiser et ont largement soutenu la création de l’organisation des Solidaires de la Voix de l’Amate, composée de prisonniers et prisonnières qui luttent à l’intérieur de la prison pour leurs droits et leur dignité. Lire la suite

Vidéo sur Rosa López Díaz : Koltavanej (Libération)

Rosa-Lopez-hor-web-texturasRosa López Díaz est la seule femme qui fait partie de l’organisation des Solidaires de la Voix de l’Amate et qui est prisonnière, elle est aussi adhérente à l’Autre Campagne au Chiapas. Elle se bat jour et nuit en prison pour sa liberté et celle de ses camarades de lutte. Rosa est très active au sein de la prison et a participé à plusieurs actions de protestation à l’intérieur. Cela fait sept ans qu’elle est privée de sa liberté. Pour elle les conditions en tant que prisonnière, militante, mère et femme ne sont pas faciles du tout, cependant il n’est pas question d’arrêter de se battre. En hommage et contre l’oubli nous vous présentons une vidéo sur la compagne Rosa et nous lui souhaitons un bon anniversaire… La lutte continue pour sa libération.

Vidéo sous-titrée en français sur Rosa López Díaz , intitulée Koltavanej qui en tsotsil veut dire : libération. Cette vidéo a été réalisée par la compagne et militante de l’Autre Campagne Concepción Suárez que nous remercions pour nous avoir permis de diffuser cette vidéo en France.

Des prisonniers du Chiapas demandent les services médicaux nécessaires

La maladie d’Alberto Patishtán et son long cheminement vers une prise en charge médicale et le respect de ses droits humains ont mis en évidence les conditions de santé des prisonniers dans les prisons du Chiapas, ainsi que l’attention déficiente qu’ils reçoivent en étant sous la garde de l’État.

Le porte-parole des prisonniers de l’Autre Campagne dans la prison numéro 5 de San Cristóbal de las Casas, Pedro López Jiménez, parle des maladies non traitées des compagnons Alejandro Díaz Sántiz, Alfredo López Jiménez et de lui-même et il a demandé que leur soient apportés les soins médicaux nécessaires dont ils ont tous besoin.

Le porte-parole a ajouté que les prisonniers et les solidaires de l’organisation « la Voix d’Amate » demandent au juge de Simojovel de prononcer une fois pour toutes la sentence qui, selon eux, devra être absolutoire,concernant les accusations contre Rosario Díaz Méndez, accusations dont les témoins à charge l’ont déclaré innocent. Comme lui-même l’a exprimé, personne ne l’accuse de l’assaut ni du meurtre perpétrés dans la communauté Huitiupán en 2005, faits pour lesquels sept autres personnes ont été condamnées, sans avoir aucune relation avec Díaz Méndez. Lire la suite

 +D’infos ( Voix depuis la prison ) :

ferialibroanarquistalisboa2013 Prisonnier.e.s du Chiapas (BACHAJON) ( les solidaires de l’organisation « la Voix d’Amate »)

Prisonnier.e.s d’Oaxaca (La région Loxicha) (région d’Eloxochitlán de Flores Magón)

Ville de Mexico ( Fer Barcenas) (Luis Fer Sotelo) (CIPRE)